Pourquoi un président peut-il perdre la foi ? P. KLOBOUKOFF - Académie du gaullisme

Académie du Gaullisme
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Secrétaire générale Christine ALFARGE
Président-fondateur Jacques DAUER
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Pourquoi un président peut-il perdre la foi ?





par Paul KLOBOUKOFF,
Des controverses sur la croyance en Dieu
D’excellentes raisons de ne pas croire en Dieu
Plusieurs sondeurs l’ont déjà affirmé à plusieurs reprises : moins d’un Français sur deux croit maintenant en Dieu, et cette proportion ne cesse de baisser. Pourquoi tant de Français  se détournent-ils de la foi, qu’est ce qui les y pousse ? En juin 2021, un article sur le blog Prima Integra a révélé « Les cinq meilleures raisons de ne pas croire en Dieu » (1)… ou d’arrêter de croire en Dieu. Voulant « être franc », son auteur explique : « mon espoir et mon objectif sont que la croyance en Dieu et les religions qui la sous-tendent soient effacées de la surface de la terre. Je pense qu’ils sont pernicieux, faciles et malveillants, et je pense que le monde serait un meilleur endroit sans eux. Si je peux apporter une contribution… cela en vaut la peine ».
Les premières raisons de ce « contre-croyant » sont de poids et en résonnance avec ce que pensent beaucoup de citoyens : - « il n’y a aucune preuve que Dieu existe ». Souvent, « la croyance en Dieu est le produit de l’éducation, des conventions sociales et culturelles, d’un désir de confort et de paresse intellectuelle » ; - en l’absence de preuves, cette croyance « est illogique ».  Ainsi, comme le philosophe Thomas d’Aquin, Saint Thomas, l’auteur ne croirait que ce qu’il voit et/ou en ce qui peut être démontré rationnellement.
Il souligne aussi la contradiction entre la croyance en un Dieu tout puissant, « bon et attentionné » et la grande quantité de souffrances inutiles qu’il a, par définition, créées et permises.
La morale humaine n’a pas besoin de lui. « La plupart des Etats occidentaux fonctionnent sur la base d’une constitution et de l’état de droit et n’ont rien à voir avec la religion ou la Bible ». Faux !  Les religions et leurs règles ont inspiré les législateurs de nombreux Etats, et ont même pu laisser des traces profondes, comme aux Etats-Unis d’Amérique, ainsi que nous le verrons ci-après.
Il reproche (à Dieu et/ou aux croyants ?) les méfaits, les horreurs commises au nom des religions. Et il est vrai que l’Inquisition et les « guerres de religions » hantent toujours notre mémoire collective.
La vie serait meilleure sans Dieu, elle serait plus libre et n’aurait pas à se plier à toutes ces règles imposées par la religion. La personne pourrait se conformer à « son propre code moral ».
La Foi, confiance en Dieu
 
Au fait, « c’est quoi la foi ? ». La théologienne Catalina Costa a apporté une réponse intéressante à cette question sur son blog (2). La foi est « un bien spirituel, un trésor du cœur qui est en lien avec la confiance ». Pour définir la foi, la Bible renvoie  à la notion de confiance en Dieu. Dans le texte original, que ce soit en grec ou en latin, le mot Foi peut être traduit par le mot confiance. Lorsque Jésus rencontre des personnes et qu’elles lui demandent de faire quelque chose pour elles, il leur demande : « Est-ce que tu as la foi ? », autrement dit : «  as-tu suffisamment  de confiance en toi, en la vie, en Dieu pour recevoir ce tu demandes ? Une parole, que je vais te dire. Un geste d’Amour, de guérison, de paix ou de réconciliation que je vais t’offrir ? »
La foi est donc aussi une posture intérieure de vie, qui, forte de la confiance en Dieu, nous aide à surmonter les épreuves et les obstacles auxquels nous sommes confrontés.
A propos de la perte de la foi, Mme Costa cite les paroles du pasteur français Wilfred Monod : « Quand les gens me disent qu’ils ont perdu la foi, je me demande, mais qu’avez-vous fait pour la retrouver ? ».
Il n’y a pas que les Grecs et les Latins qui ont traduit le mot Foi par confiance en Dieu. Depuis une loi votée en 1956, la devise des Etats-Unis d’Amérique est : « In God we trust », soit « Nous avons confiance en Dieu ». C’est également la devise de l’Etat de Floride. Elle figure aussi sur le drapeau de l’Etat du Mississipi depuis 2021. La croyance en Dieu n’est pas en chute libre partout dans le monde.
 
Perdre la foi… et la retrouver ?
Dans un article de La Croix, d’abord publié en décembre 2012 puis repris en juin 2019, intitulé « Peut-on perdre la foi ? » (3), Sophie de Villeneuve explique que la perte de la foi  est souvent un processus lent  et progressif. Parfois après une épreuve trop lourde ou une cruelle déception. On ne croit alors plus à un Dieu « personnel », à ce que l’Eglise enseigne ainsi qu’aux « grandes affirmations du Credo ». On doute, on s’interroge et, à la longue, la foi laisse place à l’indifférence. C’est plausible ! Seules des personnes l’ayant vécu peuvent l’attester. Et ce serait le cas de beaucoup de grands saints qui ont traversé cette épreuve douloureuse et déroutante, aussi appelée « nuit des sens » et/ou « nuit de l’esprit », qui peut conduire à la dépression, voire jusqu’è la tentation du suicide. Pour l’auteure, tous les croyants connaissent cette expérience un jour ou l’autre, « ne serait-ce qu’à travers les souffrances de la vie ». Deux possibilités s’offrent alors : soit s’engager dans l’éloignement, soit affronter le « combat », selon les termes de Saint Paul, et continuer à croire quand même, prier et rechercher dans l’obscurité à retrouver la confiance en Dieu. Ce n’est pas facile, avec un Dieu qu’on ne voit pas, qu’on ne « sent » pas et qui ne parle pas le langage des hommes. En cas de succès, la foi retrouvée serait pus pure, plus radicale et plus simple.
Pour moi, il y a bien d’autres circonstances, plus prosaïques, qui conduisent ou aboutissent à l’anesthésie ou à la perte de la foi en Dieu. Sur les questions de la religion (notamment), les Français sont assez influençables  et préfèrent se trouver du côté du camp majoritaire, qui grossit et gagne du terrain, plutôt que de celui qui décline et s’affaiblit. Aussi, la baisse de la proportion de croyants que les sondages nous indiquent depuis des années est un phénomène cumulatif qui s’auto entretient, qui « fait boule de neige ». A ceux qui sont élus pour représenter les citoyens, il est « difficile » de ne pas en tenir compte, de ne pas s’afficher du « bon côté ». Ceci afin de soigner sa cote de popularité, surtout à l’approche de nouvelles élections. En France, l’exemple vient souvent d’en haut.
Emmanuel Macron a-t-il entièrement perdu la foi en Dieu ?
Macron, Jupiter au dessus du Roi Soleil ?
 
Emmanuel Macron est friand de symboles, souvent révélateurs d’aspects de sa personnalité. Il a rebaptisé son parti « Renaissance ». Ce terme désigne l’époque du renouveau artistique, intellectuel et scientifique qu’a connu l’Europe au sortir du Moyen Âge. Débutée au XIVe siècle dans la nord de l’Italie, elle s’est étendue jusqu’à la fin du XVIe siècle. Durant cette période, qui a connu les règnes de François 1er et d’Henri IV, notamment, et au cours du siècle qui a suivi, le pouvoir du roi de France s’est considérablement accru pour atteindre son apogée sous la férule de Louis XIV, le Roi Soleil, monarque absolu, de droit divin (4)…  Curieuse coïncidence !   
C’est à Louis XIV que l’on doit la grandeur et la splendeur du château de Versailles où il avait élu domicile et gouverné la France, comme ses successeurs jusqu’à Louis XVI en 1789. C’est un haut lieu touristique et aussi pour accueillir et « traiter » somptueusement les visiteurs de marque… tels Vladimir Vladimirovitch  Poutine, honoré « sous les ors de Versailles » le 29 mai 2017. Ce dernier a également été reçu « en grande pompe » au fort de Brégançon, résidence d’été présidentielle, le 19 août 2019.
Autoproclamé « Jupiter » dès son élection en 2017 à la présidence de la France, Macron a instauré une monarchie républicaine qui, si elle n’a pas le lustre de la royauté sous Louis XIV, lui a assuré un premier quinquennat sans contrepouvoir parlementaire et lui a permis de pratiquer une gouvernance verticale faisant fi de tous les corps intermédiaires, ainsi que des opinions des Français, non sans mépris pour eux.
 
« Macron, ce que l’on sait de son rapport à la religion »
En 2018, puis en 2023, Anne Cabana, journaliste qui a épousé Jean-Michel Blanquer, ex ministre de l’Education dans les gouvernements de Philippe puis de Castex, a publié un article dans le JDD au titre alléchant « Macron, ce que l’on sait de son rapport à la religion » (5).On peut y lire que pour « un familier du chef de l’Etat », « Emmanuel Macron est un objet spirituel non identifié, mais ce qui est sur c’est que le mysticisme est au cœur du macronisme ». Quand, en septembre 2016, on lui a demandé s’il croyait en Dieu, il aurait répondu exactement : « C’est une vraie question, une question compliquée. Je crois sans doute à une transcendance. Je ne suis plus sur de croire en un Dieu. Oui, je crois en la transcendance. »
D’après notre Larousse, la transcendance est « l’existence des fins du sujet en dehors du sujet lui-même, le caractère d’une cause qui agit sur quelque chose qui est différent d’elle, qui lui est supérieur ». Tout simplement !
Selon un « proche », Macron, « c’est un agnostique spiritualiste ». L’absolu est inaccessible pour un agnostique, sceptique vis-à-vis de la religion et de la métaphysique. En même temps (et d’un autre côté), le spiritualisme est un courant philosophique qui affirme la supériorité ontologique de l’esprit sur la matière, la spiritualité étant la recherche d’une vie bonne et vertueuse, d’après Wikipédia.
« Il a toujours des arrière-pensées spirituelles », aurait « décrypté » un de ses conseillers. Macron lui-même aurait indiqué : « j’assume la dimension de verticalité et de transcendance, et en même temps elle doit s’accrocher à de l’immanence complète, à du matériel. Je ne crois pas à une transcendance éthérée. Il faut tresser ensemble l’intelligence et la spiritualité. La spiritualité n’est pas un mot qui me fait peur ».
La rédactrice rappelle que, jeune, Macron était assez croyant pour choisir de se faire baptiser à l’âge de 12 ans lors de son entrée à la Providence, école de Jésuites d’Amiens. « Après », il aurait moins pratiqué… er aurait perdu la foi.
Elle évoque aussi son hésitation lors des funérailles grandioses de Johnny Halliday à l’église de la Madeleine le 9 décembre 2017. Macron s’est retenu de bénir le cercueil contenant le corps du défunt. Il a saisi le goupillon et l’a reposé aussitôt… refusant soudain de laisser penser, devant l’immense foule qui se pressait à l’intérieur et à l’extérieur de l’église, qu’il pouvait avoir la faiblesse de croire en Dieu.
L’image que l’on désire donner de soi vaut elle mieux que ce que l’on est réellement ?
Wikipédia rapporte (6) que le jeune Macron, né le 21 décembre 1977, a demandé à être baptisé à l’âge de 12 ans contre l’avis de son père et a déclaré : « Je suis allé tout seul à l’église. Ce fut le début d’une période mystique qui a duré plusieurs années. Après quoi je me suis éloigné de la religion ».
Pendant presque toutes ses études secondaires, de la sixième à la première, Emmanuel Macron a été scolarisé au lycée privé catholique jésuite d’Amiens.  C’est là qu’en 1993, en classe de seconde à l’âge d’une quinzaine d’années, il a rencontré et s’est épris de Brigitte Trogneux, « professeur de lettres classiques, de 24 ans son aînée, qui avait eu trois enfants d’une union précédente avec André Louis Auzière » (dont elle a divorcé en 1994). Y eut-il alors un détournement de mineur ? En tout cas, le père d’Emmanuel a voulu détourner son fils de Mme Trogneux et l’a éloigné d’Amiens en l’envoyant poursuivre ses études au lycée Henri IV à Paris. L’avenir (ou le passé) a montré que c’était un coup d’épée dans l’eau. Brigitte Trogneux et Emmanuel Macron ont été unis le 20 octobre 2007 au Touquet. Une cérémonie religieuse n’était pas de rigueur.

Paul KLOBOUKOFF Académie du Gaullisme  le 25 septembre 2023
 
NB : Samedi 23 septembre, le président Macron était à la messe célébrée par le pape François à Marseille. Il s’en était justifié la veille, expliquant qu’il ne le ferait pas en tant que catholique, mais de président d’un pays laïque… qui se devait d’honorer de sa présence le chef de l’Etat pontifical.
Complément d’info
Les médias ne manquant pas d’une discrétion complice à propos des élections sénatoriales et de leurs résultats, je « rappelle » que le 24 septembre ont eu lieu les élections par les « grands électeurs » visant au renouvellement de la moitié des titulaires des sièges de sénateurs. 78 000 électeurs, représentants des collectivités territoriales (comptant une majorité de conseillers municipaux) ont voté. La droite a consolidé sa position majoritaire et la gauche s’en en sortie honorablement. Les Républicains ont « raflé » 47 sièges et l’UDI, 13. Le PS en a récupéré 33 et le PCF, 11. EELV n’en a obtenu que 7 et le RN 3. Pas en odeur de sainteté auprès des électeurs, la Macronie et ses soutiens ont encore enregistré un « bide » : 7 élus pour Horizons, 4 pour Renaissance et 3 pour le Modem (7). Le Sénat va donc pouvoir conserver son rôle, trop modeste mais indispensable, de contrepouvoir parlementaire

Sources et références
(1) Les cinq meilleures raisons de ne pas croire en Dieu » promocionales-integra.com/fr/les-cinq-meilleures-raisons…   le 15/06/2021
(2) C’est quoi la foi ? carolina-costa.com/cest-quoi-la-foi  le 15/08/2023
(3) Peut-on perdre la foi ? lacrois.com/Définitions/Lexique/Doute/Peut-on-perdre-la-foi  décembre 2012, modifié le 14/06/2019
(4) Du prince de la Renaissance au roi absolu  lumni.fr/dossier/la-renaissance
(5) Macron, ce que l’on sait de son rapport à la religion lejdd.fr/macron-ce-que-lon-sait… religion-3971493  le 12/02/2018, m.a.j. le 30/01/2023
(6) Emmanuel Macron  wlkipedia.org/wiki/Emmanuel_Macron
(7) Sénatoriales 2023 : les résultats pour chaque élu, parti et département     msn.com/fr/actualite/other/senatoriales-2023-les-resultats pour chaque…     le 25/09/2023

© 01.10.2023

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