Peut-on séparer la France de la Russie ?Pierre de Gaulle, - Académie du gaullisme

Académie du Gaullisme
Président Jacques Myard
Secrétaire générale Christine ALFARGE
Président-fondateur Jacques DAUER
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Entretien exceptionnel avec Pierre De Gaulle
 
(Petit-fils du Général De Gaulle)
 
Peut-on séparer la France de la Russie ?


Irina Dubois :
 
Bonjour Monsieur De Gaulle. Merci d’être avec nous aujourd’hui au dialogue franco-russe. Vous faites du conseil en stratégie et finance d’entreprise, vous avez 15 ans d’expérience en direction des banques privées et il est sans doute inutile de rappeler les hauts faits de votre grand-père le général De Gaulle. On est en 2022 et c’est une année sans précédent et très complexe, difficile pour les relations franco-russes. C’est en quelque sorte une année antirusse, je dirais, sans parler de la politique.
 
Et quand même à partir du mois de septembre-octobre, il y a de plus en plus de personnalités, modestement, qui se prononcent pour la normalisation de nos relations entre la France et la Russie, et vous en faites partie. Pourquoi pensez-vous que ce soit si important pour la France de ne pas se séparer de la Russie ?
 
 
Pierre De Gaulle :
 
Bonjour Madame. Je vous remercie de votre accueil et de me donner l’occasion de m’exprimer dans cette maison de la culture qui célèbre tout ce qui unit le peuple français et le peuple russe par la culture.
 
Bien entendu je pense que c’est extrêmement important pour la France de garder et de préserver, de promouvoir une relation d’entente et de coopération avec la Russie tout d’abord par les liens historiques de la communauté de destins qui nous unit et aussi parce que préserver et garder une relation avec la Russie est la garantie d’une stabilité et de la prospérité en Europe et dans le monde et que malheureusement les conséquences subies de la crise actuelle se répercutent en Europe dans le monde et en France et que tout le monde en souffre et que ça fragilise grandement cet équilibre que mon grand-père s’est toujours efforcé de préserver, même au moment les plus difficiles de l’histoire et tout au long de la guerre froide, mais partant aussi, de la deuxième guerre mondiale. La Russie étant un des pays dans le camp des vainqueurs avec la France contre l’occupant nazi, mon grand-père s’est toujours efforcé de préserver cette relation avec la Russie, toujours.
 
Et je pense qu’il est de l’intérêt de la France de continuer cette politique et de continuer cet équilibre parce que c’est essentiel à la stabilité de l’Europe. Je pense que l’opinion publique commence à prendre conscience du jeu pervers et des mensonges américains et en particulier de l’OTAN, d’utiliser cette crise ukrainienne pour déstabiliser l’Europe, que l’Europe alliée avec la Russie représente un bloc fort aussi bien politiquement, qu’ économiquement, que culturellement, que socialement, d’environ 500 millions de personnes, que depuis la guerre du Vietnam et depuis les crises économiques qui se sont succédées, liées notamment à l’abandon de l’étalon or sur le dollar, les Américains ont toujours essayé par la force, par la ruse, et par leur politique, de rattraper cette perte d’influence à la fois économique, à la fois politique, de rattraper la perte d’influence du dollar comme seule monnaie d’échange dans le monde et que cette politique continue.
 
Je voudrais dire… Je me révolte et je m’insurge contre cette malhonnêteté intellectuelle dans la crise ukrainienne parce que les déclencheurs de guerre sont les Américains, les déclencheurs de guerre sont l’OTAN, et je voudrais citer comme preuve les déclarations récentes de Madame Merkel qui a dit qu’elle n’avait jamais eu l’intention d’appliquer les accords de Minsk, les accords de Minsk qui ont été négociés et signés pour garantir la sécurité, l’intégrité et le respect des populations russophones du Donbass et que les Allemands et les Français se sont portés garants de ces accords pour l’équilibre, la stabilité et la protection des populations dans cette région.
 
Madame Merkel, en disant qu’elle n’avait jamais eu l’intention d’appliquer les accords de Minsk a tout fait pour laisser l’OTAN armer l’Ukraine, a tout fait pour poser les bases de ce conflit et je trouve que c’est grave parce qu’il y a des millions de personnes qui en souffrent.
 
En autorisant cette expansion nationaliste ukrainienne, elle a laissé entrer 16000 et 18000 personnes se faire tuer, être bombardées. Elle a laissé ces populations ukrainiennes nationalistes annihiler la culture russe, annihiler le sentiment même de leur appartenance à la Russie. Elle a annihilé leur possibilité de pratiquer la langue et elle a laissé malheureusement ces crimes s’installer. Ça veut dire que sciemment ils ont contribué à cette guerre et sciemment ils ont contribué à cette escalade. Les États-Unis continuent malheureusement cette escalade militaire dont les populations ukrainiennes sont les premières à souffrir mais aussi les populations européennes.
 
L’ampleur le nombre et la profondeur des sanctions montrent que tout ça a été organisé très longtemps à l’avance et qu’il s’agit en fait d’une guerre économique aussi, dont les Américains sont les bénéficiaires. Les Américains vendent leur gaz 4 à 7 fois plus cher aux Européens qu’il ne le font pour leur propre pays et malheureusement chacun dans son quotidien en souffre en Europe parce que tout cela provoque une crise économique et financière qui est absolument sans précédent et ma foi on vous dira : mais c’est la faute des Russes, très bien, mais les Russes se défendent, parce que c’est 11000 sanctions qui ont été prononcées contre eux, plus un neuvième train, encore de sanctions, qui a été décidé hier et bien ma foi c’est tout à fait légitime et normal que les Russes se défendent.
 
 
 
On est dans le modèle je dirais actuel où les qualités fondamentales du patriotisme, de l’amour de la patrie et de la défense du peuple sont considérés comme anormales je pense que c’est très grave et encore une fois je suis heureux qu’un certain nombre de personnalités politiques du monde intellectuel, du monde économique et des élites reviennent à des considérations d’équilibre, reviennent à une certaine logique et reviennent à ce qui a toujours fait l’historique des relations entre la France et la Russie, c’est-à-dire préserver cet équilibre, préserver l’entente, préserver la coopération, préserver le dialogue des civilisations et je pense à l’approche de Noël à tout ce qui nous unit pour le futur et pour notre communauté de destin.
 
Donc pour moi cette nécessité, cet impératif de garder une bonne relation avec la Russie et, ma foi, c’est non seulement parfaitement légitime mais c’est aussi un devoir pour l’Europe et la stabilité dans le monde et en Europe.
 
 
Irina Dubois :
 
Exactement puisque vous parlez de la stabilité, nous, au dialogue franco-russe on parle beaucoup de souverainisme, de souveraineté des États. Cette fameuse formule du général De Gaulle, « l’Europe des nations » n’existe plus, n’existe pas. Comment peut-on construire une relation internationale indépendante dans le monde globalisé d’aujourd’hui ?
 
 
Pierre De Gaulle :
 
Alors en ce qui concerne l’Europe mon grand-père était effectivement partisan d’une « Europe des nations » c’est à dire où chaque pays coopérerait en vue d’une Union européenne à la fois économiquement et politiquement, mais aussi avec une certaine autonomie évidemment politique et de décision.
 
On se retrouve dans un système même où il s’agit d’une technocratie qui impose des directives qui doivent être appliquées dans chacun des États membres, une technocratie qui est malheureusement extrêmement corrompue. On n’en parle plus maintenant, mais à l’époque, lorsque la présidente de la Commission européenne avait été nommée elle a quand même laissé derrière elle une ardoise d’environ 100 millions d’euros de frais inexpliqués en ce qui concerne l’emploi de consultants extérieurs, de cabinets de conseil, lorsqu’elle était ministre de la défense.
 
Ces questions sont passées sous silence. On a parlé beaucoup aussi des liens qui unissaient la présidente de la Commission européenne avec les industries pharmaceutiques. Je rappelle que son fils travaille pour une entreprise de biotechnologie américaine et que récemment en ce qui concerne les liens entre madame Van der Leyen et le PDG de Pfizer, par deux fois le PDG de Pfizer a été appelé à témoigner, à se prononcer devant la Commission européenne. Par deux fois il a refusé.
 
J’aimerais bien qu’il y ait un peu plus d’honnêteté, de transparence au niveau de la Commission européenne qui édicte certaines lois. Eux qui sont des gens qui ne sont pas élus, qui n’ont en aucun cas le respect de la parole donnée. C’est malheureusement là le mal, les dirigeants européens d’aujourd’hui. J’aimerais bien qu’il y ait un peu plus de transparence.
 
Récemment on a vu dans l’affaire du Qatar, des valises de billets qui s’étaient étrangement retrouvées au domicile d’une des présidentes de la Commission européenne.
 
Donc au moment où on est dans une crise majeure, une crise politique, une crise économique, encore une fois parfaitement voulue et orchestrée à dessein par les Américains et par l’OTAN, je voudrais encore une fois un peu plus de transparence et d’honnêteté dans le dialogue et surtout le respect de la parole donnée. Encore une fois si l’Allemagne, si la France, si l’OSCE, qui s’étaient portés garants des accords de Minsk avaient respecté leur parole, nous ne serions pas dans la situation actuelle.
 
 
Irina Dubois :
 
Le général voulait toujours poursuivre, et vous venez de le dire, la relation avec la Russie à toute époque. Et dans ses Mémoires de guerre, justement hier avant notre rencontre, je lisais les extraits de son voyage en Russie, en 1944 quand il a rencontré Staline et je me permets donc de citer :
 
« Je notais à quel point le fait que la Russie et la France s’étaient séparées l’une de l’autre avait influé sur le déchaînement des ambitions germaniques. Face au danger germanique l’action commune de la Russie et de la France était dans la nature des choses. »
 
Le général considérait la relation franco-russe naturelle, ce qu’il répète à plusieurs reprises dans différents extraits de ses mémoires.
 
J’ai envie de vous demander est-ce que vous pensez que le gaullisme actuellement est encore vivant en France ? Qui sont ces politiques peut-être à votre avis, si vous voulez les nommer ou pas, ou justement comme l’héritage du général.
 
 
Pierre De Gaulle :
 
Ecoutez je ne vais pas prendre parti pour un homme politique en particulier en France, si ce n’est que je suis contre la politique qui est pratiquée actuellement par le Président de la République et son gouvernement, notamment en ce qui concerne la relation avec la Russie. Je pense que comme j’ai dit souvent dans des interviews on ne fait pas du « en même temps » avec des pays aussi forts, aussi entiers, aussi importants que la Russie, que la Chine ou que même l’Algérie.
 
C’est ne pas comprendre la culture russe et ne pas comprendre la mentalité. C’est aussi ne pas respecter tout l’historique, toute l’ancienneté, toute la proximité des relations que l’on a eu avec la Russie.
 
Quant au gaullisme, et bien c’est un héritage, c’est un exemple, c’est la capacité en toute chose de promouvoir la grandeur de la France, de la nation et du pays, qui sont des valeurs normales et fondamentales, qui sont malheureusement décriées aujourd’hui.
 
Votre président justement avait lancé une émission, je crois que ça s’appelait valeurs essentielles ou réalités essentielles, vis-à-vis de la jeunesse russe, où on honorait la patrie, le lever du drapeau et les valeurs patriotiques et d’amour de la nation. C’est tout à fait normal. J’ai été élevé dans cet environnement.
 
Dans beaucoup de pays comme l’Algérie, comme la Chine, comme le Royaume-Uni, les États-Unis, on célèbre la levée des couleurs, le drapeau, l’amour de la patrie. C’est tout à fait normal et maintenant c’est érigé en anormalité par un système qui tend à déconstruire les valeurs essentielles qui sont la famille, la tradition et la religion, et heureusement dans votre pays le président Poutine maintient ces valeurs et j’aimerais bien qu’en France il y ait un leader politique qui fasse la promotion de ces valeurs et de la grandeur de la France.
 
L’héritage du général de Gaulle c’est effectivement une certaine idée de la France. La France présente sur la scène internationale, mais aussi la France qui se donne les moyens de sa politique. C’est aussi l’héritage d’un leader charismatique avec une vision, une véritable stratégie et une légitimité républicaine.
 
Je pense que développer une relation à l’international de façon indépendante, c’est avoir évidemment les moyens de sa politique mais avoir aussi toute cette perspective d’anticipation de décision, c’est avoir une stratégie claire, c’est avoir une vision claire, c’est avoir des messages francs, des messages précis, une véritable stratégie pour les Français et pour le peuple, que c’est ce que ces leaders représentent puisqu’ils sont au service du peuple.
 
Ils sont au service de la nation, ils sont au service de la patrie et ils doivent en toute chose promouvoir et porter les valeurs de leur pays.
 
Malheureusement je ne vois pas de figures émergentes en France qui reprennent ce flambeau, mais mon grand-père a œuvré toute sa vie pour la grandeur de la France, il a aussi laissé un héritage et cet héritage, il est entre les mains des Français. Il est écrit par l’histoire et il nous appartient, à chacun, de continuer cette œuvre et de reprendre le flambeau.
 
 
 
Irina Dubois :
 
La société en France est fractionnée par rapport à la situation du conflit en Ukraine, en catégories de gens qui pensent que de toute façon peu importe ce que fait la Russie, ils sont contre parce qu’ils la considèrent comme une dictature, un pays qui n’a rien à voir
 
 
 
avec les valeurs démocratiques de l’Europe, il est une autre catégorie qui pense que finalement les intérêts économiques de la France ne sont pas en Ukraine et ne sont pas liés avec ce conflit-là, et bon, il y a ceux qui, je pense, sont assez indifférents par rapport au conflit. Et il y a une catégorie de gens qui croit vraiment que c’est le combat de civilisation, quelque chose qui dépasse juste la guerre en Ukraine et vous en avez parlé juste au tout début est-ce que vous pourriez développer un petit peu plus cet aspect ?
 
 
Pierre De Gaulle :
 
Oui, alors ce conflit a des répercussions dans le monde et dans l’Europe. C’est provoqué par la volonté des Américains et de l’OTAN et largement entretenu par la Commission européenne. Une crise fondamentale et majeure qui touche le quotidien de tous.
 
Oui, j’ai eu des témoignages de petits artisans, de petits commerçants, de gens qui souffrent de cette situation, des boulangers. À peu près 50% d’entre eux sont en faillite aussi bien en France qu’en Belgique et en Europe parce que leur facture d’électricité est passée de 1500 euros par mois à 5000, ce qui rend la poursuite de leur activité totalement impossible et ce qui va jeter des centaines de milliers de personnes en Europe au chômage et dans la crise.
 
Cette crise est grave parce que les répercussions vont beaucoup plus loin, ce que malheureusement les journalistes occultent, et la communauté intellectuelle qui catégorise pour éviter tout débat ou tout dialogue avec les gens entre prorusses ou pro-américains ou pro-Poutine, ou évoquent je ne sais quelle dictature. Et bien il faut savoir que moins de 50 % de l’aide qui est…, enfin de l’aide, ou plus exactement des subventions qui sont accordées aux Ukrainiens arrive aux Ukrainiens. Il faut savoir que 50% des armes qui sont données aux Ukrainiens sont revendues sur les marchés internationaux pour alimenter les terroristes, pour alimenter des crises politiques, des conflits, pour alimenter des révolutions. Récemment, le gouvernement ukrainien a publié un catalogue de près de 1000 pages d’armes qui sont destinées à être vendues en Amérique du Sud, en Afrique, dans les pays arabes, et qui vont alimenter le terrorisme partout dans le monde. Il s’agit d’armes lourdes et d’armes légères.
 
C’est un des pays malheureusement les plus corrompus au monde. Je ne critique en aucun cas les Ukrainiens, mais le régime qui a été mis en place par les Américains en 2014 avec ce fameux coup d’état ou Madame Nuland, qui est d’origine ukrainienne, tout comme Biden, elle s’est exprimée en disant « Fuck UE ! ». Pardonnez-moi, je la cite, je la cite textuellement, c’est à dire qu’au mépris de toute considération, même pour les Ukrainiens elle a instauré une dictature.
 
Je m’insurge et je suis scandalisé qu’en France et en Europe on fasse l’apologie d’un bataillon qui s’appelle Azov, qui utilise les mêmes emblèmes que ceux de la division Das Reich !
 
Mes parents ont combattu le nazisme, mes grands-parents, ils ont même été déportés pour des raisons de résistance et pour moi c’est absolument scandaleux que l’on fasse la promotion de gens qui ont massacré, tué, discriminé des populations dans le Donbass.
 
En 2019 déjà les déclarations du plus proche conseiller de ce qui allait être le président Zelenski, Arestovitch, disait dans une interview de février 2019 qu’il fallait absolument faire une guerre contre la Russie, qu’il la souhaitait et que de toute façon ils allaient recevoir subventions, armement, soutien de l’Europe et de l’Union européenne, soutien de l’OTAN et que l’Ukraine ne pouvait pas perdre.
 
Les Américains ont d’ailleurs totalement trompé la population ukrainienne et le gouvernement ukrainien en ce qui concerne la victoire tout à fait à mon avis irréaliste de l’Ukraine dans cette guerre parce que de toute façon le grand perdant de cette guerre c’est la population ukrainienne elle-même et aussi par effet de conséquence l’Europe avec toute la crise dans laquelle elle s’est engouffrée de par la volonté des politiques.
 
 
Irina Dubois :
 
C’est très triste en fait, c’est la souffrance de l’Europe, c’est la souffrance du peuple…
 
 
Pierre De Gaulle :
 
C’est triste, mais je crois à cette résurgence, à ce retour aux réalités, c’est pour ça que c’est très important pour moi de dénoncer tous ces mensonges et toute la logique qui a conduit à ce conflit.
 
Mais dans ce conflit on essaie de nous faire croire que la Russie est isolée.
 
C’est totalement faux d’abord parce qu’il y a des gens qui sont conscients des enjeux et des réalités à la fois en France en Europe et dans le monde, parce que ces personnes sont chargées de rétablir les vérités fondamentales, de dénoncer les mensonges et de dénoncer la logique qui a conduit à cette guerre.
 
Maintenant je crois aussi au renouveau, je crois aussi à la reconstruction qui suivra tout simplement parce que je reviens à ce que vous disiez de mon grand-père : on ne peut pas se passer de la Russie, on ne peut pas se passer de ce continent en soi. Ce n’est pas tout à fait un continent mais c’est en tout cas le plus grand pays du monde qui par sa géographie, sa culture et son histoire, représente un potentiel économique, politique, industriel, géopolitique et culturel absolument considérable.
 
La Russie dans cette crise tire parti à mon avis à juste titre d’une réorientation des centres d’intérêts politiques, économiques et financier vers l’Est et sera un des arbitres de ce qu’on appelle l’Eurasie, c’est-à-dire un continent fantastique qui réunit à la fois l’Europe et l’Asie et qui verra émerger des nouveaux centres de décision.
 
Malheureusement, l’Europe va rater le train de cette opportunité qui est absolument fantastique, sachant que l’Eurasie est un continent qui se suffit à lui-même.
 
Alors je voudrais aussi dénoncer dans ce régime des sanctions l’hypocrisie puisque on continue à acheter du pétrole russe, évidemment on ne peut pas s’en passer. On continue à acheter du gaz russe, on continue à acheter des métaux industriels. 60% des métaux industriels sur les marchés mondiaux sont, je dirais, dominés par la Russie.
 
On continue à acheter l’uranium. Les Américains aussi ont continué à fournir, à acheter des aimants pour les réacteurs nucléaires de nouvelles générations et heureusement on continue dans ce qui nous unit c’est-à-dire le destin commun historique et tout ce qui fait la communauté scientifique, ce qui fait les échanges de la communauté intellectuelle.
 
La Station spatiale internationale se poursuit grâce à cette coopération qui va au-delà de ce conflit et c’est ce qui nous unit et c’est ce qu’il faut absolument continuer.
 
 
Irina Dubois :
 
Justement il y a encore des choses qui nous unissent et c’est notamment la culture à la veille des célébrations de Noël. Les Français vont célébrer Noël un petit peu plus rapidement, c’est à dire avant Noël russe orthodoxe, qu’on va célébrer le sept janvier et justement au dialogue franco-russe comme on croit à nos liens historiques et culturels très forts on organise un concert de Noël le 22 décembre prochain. Et est-ce que ce n’est que la culture qui nous reste en ce moment, qui nous unit ?
 
 
Pierre De Gaulle :
 
Il y a beaucoup d’autres choses qui nous unissent. Je vous le disais et c’est ce que soulignait mon grand-père : que la France et la Russie étaient toutes les deux filles de l’Europe, avaient des origines communes et étaient liées par une communauté de destin et d’intérêts.
 
 
Ça va bien au-delà de la culture. Ceci étant, la culture et les échanges économiques, c’est ce qui rapproche les nations, c’est ce qui nous unit et c’est ce qui reste au-delà des conflits et des divergences d’intérêts.
 
Ce que je voudrais dire aussi, c’est que dans cette histoire commune, il faut faire la paix, il faut faire la paix et la paix est inévitable.
 
 
 
La paix succède à tout conflit. C’est la paix qui relie les hommes.
 
Cette paix passe nécessairement par une restauration du dialogue, puis une entente, puis une coopération économique.
 
C’est ce qui a refait, je dirais ce qui a fait une continuité même au moment de la guerre froide, c’est ce qui fait la continuité entre les peuples et je voudrais donner un message d’espoir et d’union parce que je crois en cette communauté de culture et de destin.
 
Je crois que ce qui nous unit, les relations entre la France et la Russie sont extrêmement anciennes, et tout le monde parle de paix actuellement.
 
J’ai été un des premiers à dénoncer les mensonges, l’injustice et la spoliation dont votre pays, dont votre peuple fait l’objet, ce que je trouve absolument scandaleux parce qu’on ne peut pas punir une nation, on ne peut pas punir un peuple pour des raisons de crise, sachant que c’est contraire non seulement aux libertés fondamentales, c’est contraire au droit international et c’est une très grande injustice.
 
Je pense que nulle autre nation depuis les persécutions juives pendant la deuxième guerre mondiale n’a subi autant de spoliation que le peuple russe actuellement.
 
Pour moi ça me choque, c’est une grande injustice. Je pense qu’au-delà des crises actuelles il faut voir l’équilibre des peuples, il faut voir l’équilibre des nations, il faut voir l’équilibre du monde et de l’Europe.
 
Bien évidemment la culture c’est une des voies je dirais préférée et universelle pour rapprocher nos deux peuples.
 
Je pense que ce qui nous unit c’est aussi notre histoire commune et ce qui nous unit c’est le reste, comment vous dire l’amour, l’immense considération que je porte, que ma famille porte à la richesse de la culture russe, à la richesse du monde russe.
 
Récemment un prix Nobel de physique disait :
 
"On veut détruire la culture russe mais comment peut-on détruire un pays qui est responsable de plus de la moitié des découvertes fondamentales en chimie, en physique et en mathématiques ?"
 
Vous êtes un grand pays, vous êtes un pays qui a une histoire fantastique et malheureusement le modèle néo-néolibéral inspiré des Américains vise à détruire quelque chose de bien plus fondamental que gérer un équilibre économique et politique, mais aussi vise à détruire toute une culture et comme je vous l’ai indiqué on sape les fondements, on sape la conscience d’un peuple parce qu’on veut détruire les deux piliers de la civilisation qui sont la religion et la foi pour le remplacer par une culture du court terme, de la satisfaction personnelle.
 
On s’attaque au fondamentaux, et je viens de le voir, même dans l’éducation, et je pense que c’est quelque chose de grave et il faut garder ses remparts et c’est ce qui nous unit traditionnellement depuis longtemps avec la culture russe.
 
C’est cette notion je dirais, comment dire, un petit peu irrationnelle, un petit peu folle que Dostoïevski décrivait très bien et c’est ce qui fait la foi. En fait la foi c’est un des piliers, c’est un des piliers de la Russie et je crois que Dostoïevski le citait :
 
« Nul ne peut arracher au Russe sa foi si ce n’est lui-même »
 
C’est ça qui fait votre force et votre cohésion c’est ce qui fait aussi la force des Français, c’est ce qui fait la force de chaque nation de chaque pays européen, tout comme les notions de patriotisme, d’amour de la nation, la famille et la religion qui sont malheureusement des valeurs qu’on tend à vouloir détruire pour mieux réduire la capacité des peuples, des individus à s’émanciper, qui vise à détruire leur intégrité et donc à mieux les manipuler parce que ça aboutit à une perte de repère.
 
 
Irina Dubois :
 
Merci beaucoup pour ce message d’espoir. On va poursuivre nos actions dans les années qui viennent, je dis bien les années qui viennent, parce qu’on aura besoin de ces relations fortes, stratégiques et cordiales entre la Russie et la France et parce que le dialogue ne doit jamais cesser. Merci beaucoup.
 
 
Pierre De Gaulle :
 
Sachez en tout cas que vous n’êtes pas seuls, qu’il y a beaucoup de gens dans le monde, encore une fois, deux tiers de la population mondiale, en France et en Europe, qui sont avec vous et qui continueront ce travail avec vous et vous pourrez compter sur mon soutien et ma coopération pour poursuivre cette reconstruction dans l’espoir et dans le renouveau. Merci Madame.
 
 
16/12/2022 source : Dialogue Franco-Russe

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