Paul KLOBOUKOFF Président des riches, ennemi des retraités - Académie du gaullisme

Académie du Gaullisme
Président Jacques Myard
Secrétaire générale Christine ALFARGE
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Président des riches, ennemi des retraités
                                                                                En résumé
Les questions relatives aux retraites ne sont pas subalternes. Elles concernent 15 millions de retraités et leurs familles. C’est une partie déterminante du corps électoral, plus participative lors des scrutins que les plus jeunes. Pour s’attacher leurs voix aux élections de 2022, les candidats auront intérêt à les informer correctement, à s’engager à ne pas perpétuer le laminage de leur pouvoir d’achat ainsi que l’attitude hostile à leur encontre, qui ont encore prévalu depuis 2017, et à présenter des propositions de réformes des retraites réalistes.
Dès son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron a manifesté son hostilité envers les retraités en portant le taux plein de la contribution sociale généralisée (CSG) s’appliquant à leurs pensions de 6,6% à 8,3% à compter du 1er janvier 2018, sans contreparties. Pendant le quinquennat précédent, les retraites avaient été quasiment gelées et avaient perdu en moyenne - 0,6% de leur pouvoir d’achat par an. Mais ce n’était pas suffisant. Il fallait frapper un grand coup (de Jarnac). Les nombreuses et vives réactions, dont celles des gilets jaunes, l’ont forcé à rétropédaler et à rembourser en 2019 une partie du butin aux retraités dont les revenus fiscaux entraient dans des limites ouvrant droit à un (nouveau) taux de CSG « médian » de 6,6%.  
Entretemps, très insuffisamment préparée et à la faisabilité non vérifiée, la réforme promise, qui prétendait refondre complètement notre très complexe système de retraites, s’est heurtée aux réalités dès qu’elle a été dévoilée. Macron avait eu les yeux plus grands que le ventre. Confié aux bons soins d’un Haut-commissaire à la réforme des retraites (HCRR), le projet de réforme, livré à l’improvisation et à de multiples consultations, malmené par les critiques et les oppositions, a piétiné. Le dépôt d’une proposition de loi a été reporté d’échéance en échéance jusqu’à décembre 2019, et n’a pu aboutir faute d’accord des partenaires sociaux, notamment. En même temps, coupable d’omissions de déclarations d’intérêts, le HCRR a démissionné. La Covid 2019 sévissant, la réforme des retraites, rare « grand » projet de la Macronie, a été reporté au prochain quinquennat. Dans un contexte de fort déficit public et d’endettement colossal, espérons qu’il sera redessiné par un gouvernement compétent, avec une large participation réelle, sans écarter d’emblée l’éventuelle introduction d’une dose de capitalisation…
En attendant, les restrictions sur les retraites se sont poursuivies. De 2014 à 2019, les retraites n’ont été revalorisées que de + 1,5% au total en euros courants. Pendant ce temps, les bases des retraites des fonctionnaires de la fonction publique d’Etat ont été revalorisées de + 5,5%, tandis que les salaires bruts dans le secteur privé et les entreprises publiques ont augmenté en moyenne de + 7,7%. De leur côté les prix à la consommation ont cru de + 4,7% en 5 ans. Aussi, le pouvoir d’achat des retraites a baissé en moyenne de - 3,2% hors CSG et de presque de - 4% avec la hausse de la CSG, le pouvoir d’achat des fonctionnaires d’Etat a très peu bougé, de + 0,8%, tandis que le pouvoir d’achat des salaires du privé et des EP a progressé en moyenne de + 3,0%.
Ces chiffres Illustrent bien les choix politiques des gouvernants et leurs impacts sur les pouvoirs d’achats. Ils invitent aussi à écouter avec circonspection les annonces de mirobolants gains de pouvoir d’achat des ménages.
La réputation de Macron président des riches, fervent pratiquant de la « théorie du ruissellement », n’est plus à faire. La suppression de l’ISF et son remplacement par l’IFI, la création de la « flat tax » de 30% sur les revenus financiers, ainsi que la baisse de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IS) en témoignent très clairement.
Il faut être patient pour voir des évaluations chiffrées des effets de la politique des gouvernants sur les niveaux de vie, car les statistiques sur la redistribution monétaire sont très tardives. 2019 est la dernière année « connue ».
La première moitié du quinquennat a été marquée par un accroissement notable des inégalités entre le haut et le bas de l’échelle des niveaux de vie (NDV) avant et après redistribution monétaire.
Entre 2016 et 2019 : - avant redistribution, le NDV moyen des 10% des personnes aux NDV les plus bas (décile D1) a augmenté de + 5,8% en euros courants, tandis que le NDV moyen des personnes aux NDV les plus hauts (décile D10) a cru de + 9,6% ; - après redistribution, les croissances de ces NDV ont été respectivement de + 3,4% et de + 6,5%.
Ainsi, le rapport inter déciles des NDV D10/D1 est monté de 5,62 en 2016 à 5,83 en 2019
Beaucoup plus élevés que les prestations sociales redistributives dont bénéficient les ménages, les prélèvements obligatoires jouent un rôle majeur dans la redistribution monétaire. Entre 2016 et 2019, leur poids s’est un peu alourdi. La hausse de la CSG en 2018 a eu un impact très « négatif » sur les pouvoirs d’achat et sur la redistribution.
En France métropolitaine, le taux de pauvreté est monté de 14,0% en 2016 et 14,1% en 2017 à 14,6% en 2019. C’est environ 400 000 personnes pauvres de plus en 3 ans. Avec l’Outremer, le nombre de pauvres a été chiffré à 10 millions pour la France entière en 2019. C’est une indication supplémentaire du caractère « asocial » de la politique économico-financière et de celle de redistribution de la Macronie avant la « crise » de la Covid. Avec les restrictions aux activités que la France a subies depuis, la situation ne s’est sans doute pas améliorée.
On peut donc souhaiter que les gouvernants qui accéderont au pouvoir en 2022 aient une autre vision de la solidarité, entre générations, en particulier, ainsi que du partage des fruits de la croissance, dans une société plus libre et une économie plus dynamique dont le ressort et la bouée de sauvetage ne seront plus le surendettement.
Continuer de laminer les retraites sans réformer ?
 
Réputés « frileux », beaucoup de retraités ont voté pour Macron et LREM en 2017. Sont-ils bien informés sur les bienfaits de la Macronie à leur égard depuis plus de quatre ans ? Leurs attitudes aux présidentielles et aux législatives de 2022 dépendront en partie de la réponse à cette question… ainsi que de propositions réalistes plus amènes à leur égard pour les années à venir.
Pas de nouvelle réforme des retraites depuis 2010
 
« Notre » dernière réforme des retraites, qui a été orchestrée par Eric Woerth, ministre de Nicolas Sarkozy, date de novembre 2010. Ses mesures phares, qui ont provoqué de vives oppositions à l’époque, ont été : - l’augmentation de l’âge légal de la retraite de 60 ans à 62 ans par majoration de + 4 mois par an à compter de 2011. A partir de 2017, l’âge légal de la retraite a atteint 62 ans ; - le relèvement progressif de 65 ans à 67 ans à partir de 2016 de l’âge ouvrant droit au taux plein. Si le départ à la retraite intervient avant cet âge, une décote est appliquée.
Pendant la campagne des présidentielles de 2017, le candidat Macron avait promis une très ambitieuse réforme du système complexe des retraites comptant 42 régimes organisés en grande partie par professions et comprenant des régimes spéciaux. Il s’agissait de simplifier et de converger vers un système « universel », un système à points où « 1 euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il est versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé ». Et ce, sans toucher à l’âge de la retraite et au niveau des pensions.   
Cette promesse alléchante, du moins en apparence, d’un système unique et supposé juste a indiscutablement contribué à le faire élire. Bien que, lors du fameux débat télévisé du 3 mai 2017 avec Marine Le Pen, Emmanuel Macron avait fait montre d’hésitation et avait reculé en indiquant que la réforme ne concernerait que les 37 régimes de base et pas les régimes complémentaires (1). Cochon, qui s’en dédit ? Cette importante restriction du champ de la réforme ainsi annoncée [qui allait dans le bon sens] a été oubliée aussitôt le chantier de la réforme ouvert.
Il s’est vite avéré qu’un projet de réforme précis et concret, à la faisabilité établie, n’avait pas été véritablement préparé. En septembre 2017, un Haut-commissaire aux retraites (HCR), Jean-Paul Delevoye, a été désigné. Face à la multitude des interrogations, des problèmes soulevés et des oppositions, le recours aux « consultations », des syndicats et autres acteurs sociaux, ainsi que des citoyens a été largement utilisé. Le temps passant, le projet n’étant pas à maturité, l’échéance du dépôt d’une proposition de loi a été repoussé jusqu’à décembre 2019. La mouture alors présentée s’est heurtée à des désaccords de fond, en particulier avec la CFDT, syndicat « réformiste » influent. Presque en même temps, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique a révélé que la déclaration d’intérêts du HCRR Delevoye était incomplète (plus de 10 mandats n’avaient pas été déclarés) et problématique. Ces « oublis » ont conduit le HCRR à démissionner en décembre 2019. Ensuite, le gong de la Covid 19 a retenti. Le projet de réforme a été suspendu jusqu’à ce que le président Macron décide en 2021 qu’il était reporté au quinquennat 2022-2027.
Sa « reprise en main » sera l’une des tâches majeures et délicates du futur président et de son gouvernement… dans des conditions très difficiles vu l’ampleur du déficit public et de la dette accumulée.
Un choix « courageux » : laminer les pensions de retraites
En l’absence de nouvelle réforme des retraites (ne serait-ce que « paramétrique »), les gouvernants actuels (et les gestionnaires des différents régimes) se sont employés, comme les années précédentes, à limiter autant que possible les « dépenses » de pensions.
Ainsi, les revalorisations successives des retraites de base de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) ont été limitées à : + 0,1% en 2015, + 0,8% en octobre 2017 ; + 0,4% au début 2019 ; en 2020, + 1,0% pour les retraités (de « catégorie 1 ») dont les retraites totales (de base et complémentaires) n’excédaient pas 2 000 € par mois, ou + 0,3% pour celles (de catégorie 2) qui dépassaient 2 014 € ; puis à + 0,4% au 1er janvier 2021.
Pendant toute la période de décembre 2014 à août 2021, les hausses successives de l’Indice des prix à la consommation (IPC) ont été un peu supérieures aux taux de revalorisation, faisant perdre du pouvoir d’achat aux retraités. Du début à la fin de cette période, les revalorisations totales ont été de + 2,7% pour les retraités de catégorie 1 et de + 2,0% pour ceux de catégorie 2… pendant que les prix (IPC) ont augmenté de + 7,1%, l’inflation accélérant en 2021. Depuis fin 2014, les pertes de pouvoir d’achat des retraites de base de la CNAV ont ainsi atteint - 4,4% pour les retraités de catégorie 1, et de - 5,1% pour ceux de catégorie 2. Pourquoi le cacher ?
Soit dit en passant, les Macronistes ont fait en 2020 de la revalorisation des retraites un instrument de plus de la vaste boite à outils de la redistribution monétaire et, en même temps, du mélange des genres porteur de confusion.  
Du côté des complémentaires, la valeur du point de retraite Agirc-Arrco est restée gelée à 1,2513 € depuis 2014 jusqu’à octobre 2018. Elle a été majorée de + 0,6% en novembre 2018 pour atteindre 1,2588 €. En novembre 2019, une nouvelle majoration de + 1,0% l’a portée à 1,2714 €.  C’est aussi sa valeur en octobre 2021.
De 2014 à août 2021, année après année, les retraites complémentaires Agirc-Arrco ont perdu du pouvoir d’achat. Vu l’augmentation de l’IPC, en août 2021, la perte enregistrée était de - 5,5% du montant des retraites.  
Concernant l’ensemble des retraites, en janvier puis en mai 2021, la DREES du ministère des Solidarités et de la Santé a présenté deux tableaux montrant la Revalorisation annuelle des pensions de retraite brutes depuis 2008 jusqu’à 2019 (2). Y figurent en glissements annuels les revalorisations en euros courants et en euros constants, tenant compte de l’IPC.
Sur la période 2014-2019, en euros constants, les évolutions moyennes annuelles ont été respectivement de : - 0,8% pour les retraites de base, - 0,7% pour les retraites Agirc-Arrco, - 0,8% pour les RSI complémentaires des commerçants et des artisans, - 0,8% pour les retraites de l’IRCANTEC et - 0,4% pour les pensions de Retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP). Pour l’ensemble des régimes, la baisse moyenne annuelle a été de - 0,7%. En d’autres termes, de 2014 à 2019, au total, les pensions des différents régimes ont baissé en moyenne de - 3,5% en valeur réelle… et en pouvoir d’achat.
Coup de Jarnac de la CSG contre les retraités en 2017, le gouvernement Macron a alors décidé de relever le « taux plein » de la CSG sur les pensions de retraite de 6,6% à 8,3%, sans aucune compensation. Cette majoration de + 1,7% a été vivement contestée par les retraités et les gilets jaunes, notamment, provoquant un rétropédalage partiel des Autorités et le remboursement d’une partie des « trop perçus ». Pour 2019 et 2020 (au moins), entre le taux réduit de 3,8% pour les plus faibles pensions (resté inchangé) et le taux plein de 8,3%, un « taux médian » de 6,6% a été introduit (3). Ont pu en bénéficier les retraités dont le revenu fiscal de référence (RFR) allait de 14 782 € à 26 941 € pour 1 part fiscale, de 22 974 € à 36 190 € pour 2 parts fiscales…
Je n’ai pas trouvé d’évaluation globale de l’impact de cette décision sur le niveau de vie moyen des retraites. L’examen des chiffres de la Fiche 09 de la DREES (4) portant sur le niveau de vie (NDV) des retraités en 2018 suggère que de l’ordre de 40 % des retraités (aux NDV annuels supérieurs à 23 760 € par unité de consommation n’auraient pas pu bénéficier de la réduction de leur taux de CSG de 8,3% à 6,6%. Ils auraient donc perdu - 1,7% de leurs pensions. De la sorte, à la suite du rétropédalage, la hausse de la CSG aurait eu un impact sur le niveau moyen des retraites d’au moins - 0,7%. C’est autant de perte supplémentaire de pouvoir d’achat pour les retraités.
Une comparaison révélatrice entre salaires et pensions de retraites
Selon la DREES, en euros courants, la revalorisation moyenne des pensions de retraite a été au total de + 1,5% de 2014 à 2019… hors impact de la CSG.
Pendant ce temps, la valeur du point d’indice des fonctionnaires d’Etat a très peu bougé. Gelée depuis 2010, elle a été majorée de + 0,6% en 2016, puis encore de + 0,6% en 2017. Inchangée depuis, elle est de 4,686 € brut par mois (5). Par contre, l’indice de traitement brut de la grille indiciaire (ITB-GI) a été périodiquement relevé. L’ITB-GI était de 112,18 en moyenne en 2014. Il est monté à 117,03 en 2019, gagnant ainsi + 4,3% (6). Avec les petites hausses du point d’indice, la base de la rémunération a ainsi été revalorisée de + 5,5% de 2014 à 2019.
Au 1er trimestre 2021, la revalorisation par rapport à 2014 est de + 6,4% en euros courants.
Dans le secteur privé et les entreprises publiques, en euros courants, le salaire brut moyen annuel en équivalent temps plein (ETP) est monté de 35 480 € en 2014 à 35 865 € en 2016, puis à 38 200 € en 2019 (7). La progression a été de + 7,7% au total de 2014 à 2019.
Sur ces 5 années, en euros courants, les revalorisations ont été en moyenne de + 1,5% pour les pensions de retraites brutes, de + 5,5% pour les bases salariales des fonctionnaires d’Etat et de + 7,7% pour les salaires bruts du privé et des entreprises publiques (EP). Ces trois chiffres résument assez bien les politiques suivies et les « discriminations » entre (ou les préférences exprimées envers) les trois catégories de populations concernées.
L’indice des prix (IPC) ayant augmenté de + 4,7%, le pouvoir d’achat des retraites a baissé en moyenne de - 3,2% hors CSG et presque de - 4% avec la hausse de la CSG, le pouvoir d’achat des fonctionnaires d’Etat a très peu bougé, de + 0,8%, tandis que le pouvoir d’achat des salaires du privé et des EP a progressé en moyenne de + 3,0%.
Il est bon d’avoir ces chiffres à l’esprit lorsque sont louées les fabuleuses hausses de pouvoir d’achat pendant la première moitié du quinquennat Macron. Elles ne proviennent que peu des salaires et absolument pas des retraites.
Un prétexte oiseux et dépassé pour justifier cette maltraitance des retraités
Il était de bon ton jusqu’ici de répéter aux Français que le niveau de vie (NDV) moyen des retraités était supérieur à celui de l’ensemble de la population, et qu’il y avait peu de pauvres parmi eux. Cela pouvait être présenté comme des anomalies d’autant plus facilement qu’en comptabilité nationale les retraites sont classées dans le lourd fourre-tout des « prestations sociales », que les personnes non averties sont tentées de regarder comme des aides sociales… et les retraités comme des profiteurs de la société.
Les pratiquants de ces comparaisons se gardaient de préciser que la population comprend des proportions non négligeables d’autres « inactifs » (que les retraités), dont certains n’ont jamais travaillé, et de chômeurs.
En ce qui concerne les NDV, les choses ont changé. En 2018 [derniers chiffres publiés par l’Insee (8)], en France métropolitaine, le NDV annuel moyen de l’ensemble des 49,193 millions d’individus de 18 ans et plus était de 25 360 € et dépassait celui des 14,480 Mi de retraités, d’un montant de 24 880 €. Ce changement n’est pas étonnant, puisque de 2014 à 2018, le niveau de vie moyen de l’ensemble de la population a augmenté de + 9,0% en euros courants, tandis que celui des retraités n’a progressé que de + 3,9%.
Parmi les 28,448 Mi d’actifs, les actifs occupés (salariés et indépendants) avaient un NDV moyen de 27 350 € en 2018. Celui des 2,487 Mi de chômeurs était de 17 520€ et celui des 6,264 Mi d’autres inactifs (bénéficiaires de pas mal d’aides sociales), de 21 350 €.
Au début octobre 2021, l’Insee a publié des évaluations portant notamment sur les taux de pauvreté selon le statut d’activité en France métropolitaine en 2019 (9). Le taux de pauvreté d’ensemble est de 14,6%, « plombé » par celui des chômeurs, de 38,9%, par celui des autres inactifs (dont des étudiants), de 32,5%, et des enfants de moins 18 ans [en réalité, de leurs parents], de 20,2%.
Le taux de pauvreté des retraités est de 9,5%, en 2019, contre 7,6% en 2014 (10). Le taux des salariés est de 6,8%.
Ces évaluations montrent une augmentation du taux de pauvreté des retraités de 2014 à 2019 supérieure à celle du taux de pauvreté d’ensemble, qui était de 14,1% en 2014.
Macron président des riches en chiffres
Entre 2016 et 2019, les inégalités entre les niveaux de vie se sont accrues
 
La réputation de Macron, président des riches, n’est pas usurpée. La suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) et son remplacement par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) a exonéré de taxation les gros patrimoines financiers. La création de la « flat tax », prélèvement forfaitaire unique (PFU), a limité à 30% l’imposition des revenus du capital alors que les autres revenus, dont ceux du travail, pouvaient être imposés jusqu’à environ 45%. La baisse de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IS) est un autre cadeau témoignant son empathie à l’endroit des actionnaires.
Les données de l’Insee de décembre 2020 (11) sur la redistribution monétaire en France métropolitaine en 2019, rapprochées de données antérieures portant sur l’année 2016 (12), montrent qu’entre 2016 et 2019 les niveaux de vie moyens (par unité de consommation) les plus élevés ont augmenté nettement plus que les NDV les plus faibles. De plus, entre 2016 et 2019, la progression des niveaux de vie après redistribution a été moindre qu’avant redistribution, le poids des prélèvements (cotisations sociales, CSG et impôts) sur les NDV s’étant alourdi entre 2016 et 2019 tandis que le poids des sommes allouées aux prestations familiales et sociales a diminué.
. Avant redistribution, le NDV moyen des 10% des personnes aux NDV inférieurs (décile D1) a augmenté de + 5,8% en euros courants, et celui des 20% des personnes aux NDV les plus faibles (quintile Q1) de + 6,2%, tandis que le NDV moyen des 20% des personnes aux NDV supérieurs (quintile Q5) a cru de + 9,1%, et celui du décile D10, de + 9,6%.
. Après redistribution, le NDV moyen des personnes du décile D1 a augmenté de + 3,4% en euros courants en trois ans et celui des personnes du quintile Q1, de + 4,2%, tandis que le NDV moyen du quintile Q5 a cru de + 6,4% et celui du décile D10, de + 6,5%. Ainsi, le rapport inter déciles des NDV D10/D1 est monté de 5,62 en 2016 à 5,83 en 2019, indiquant un accroissement des inégalités.
Par définition, le taux de redistribution (TR) est égal au rapport (NDV B après redistribution - NDV A avant redistribution) / NDV A avant redistribution. Traduisant un effort un peu moins important en faveur des personnes aux NDV les plus modestes, le TR de D1 a été abaissé de + 220,1% en 2016 à + 212,9% en 2019. En même temps, une contribution un peu plus forte a été demandée aux personnes des 4 quintiles supérieurs de NDV. Au total, le TR d’ensemble, qui était de - 7,5% en 2016 est passé à - 9,0% en 2019, le poids des prélèvements subis dépassant davantage celui des prestations reçues. Le poids total des prélèvements est monté de - 13,8% du NDV A en 2016 à - 15,0% en 2019, tandis que celui des prestations a diminué de + 6,4% à + 6,1% du NDV A.  
Le poids des contributions sociales (CSG…), est monté de - 3,6% du NDV A en 2016 à - 5,0% en 2019. Au contraire, le poids des prestations familiales est descendu de + 2,9% en 2016 à + 2,5% en 2019, et celui des aides au logement, de + 1,4% à + 1,2%. Le poids des primes d’activité et des minima sociaux est monté, lui, de + 2,1% à 2,4% du NDV A.
L’IFI désormais pris en compte dans la redistribution, les taxes foncières pas encore
Les évaluations de la redistribution sont « améliorées » périodiquement. Ainsi, les prélèvements de l’année 2019 incluent 2,105 Mds € de recettes de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), alors que ceux portant sur l’année 2016 ne comprenaient pas les 5,051 Mds € de l’ISF (13). Corriger cette dernière omission conduit (si mes calculs sont corrects) a minorer d’environ - 100 € le niveau de vie B après redistribution de l’ensemble de la population de l’année 2016, qui prend alors la valeur de 23 600 €.
 
A ce niveau, la correction est faible. Elle l’est moins sur les NDV des 10% des personnes les plus « riches » du décile D10, de loin les principaux payeurs des 5 Mds € d’ISF en 2016. Le NDV moyen des personnes de ce décile D10 doit être minoré de l’ordre de - 450 €, ce qui le porte à 55 380 €. Etant monté à 59 440 € en 2019 (12), sa progression a été plus proche en réalité de + 7,3 % que de + 6,5% entre 2016 et 2019. Les inégalités entre les NDV des personnes des déciles D10 et D1 ont été accrues d’autant.
Il faudrait que les Autorités compétentes ne tardent pas à rectifier une autre anomalie (que j’ai pointée plusieurs fois) et introduisent les taxes foncières payées par les ménages dans le calcul de la redistribution monétaire.
Confirmation en octobre 2021 de la croissance des inégalités de NDV entre 2016 et 2019
De nouvelles informations sur les niveaux de vie et leurs évolutions ont été apportées par l’Insee au début octobre 2021 (14). Comme les précédentes, leur champ est la France métropolitaine, les individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante. Mais les ménages concernés vivent « en logement ordinaire ». Les NDV sont exprimés « en euros 2019 constants ».
Les montants des NDV ainsi présentés sont assez différents de ceux de décembre 2020 en euros courants. En 2019, euros courants = euros 2019 constants. Pourtant, le NDV moyen des personnes du décile D1 est de 8 710 € en euros constants 2019, contre 10 200 € en euros courants. Pour le décile D10, les chiffres sont respectivement de 60 170 € et 59 440 €. Pour le NDV moyen d’ensemble, les chiffres sont très proches : 25 190 € et 25 240 €.
Autres similitudes : - l’augmentation plus forte, + 2,9% entre 2016 et 2019, du NDV moyen des personnes de D10, contre + 0,0% pour celles de D1 ; - la majoration de l’indicateur D10/D1, de 6,71 en 2016 à 6,91 en 2019, qui confirme un accroissement des écarts entre hauts et bas NDV pendant la 1ère moitié du quinquennat Macron.  
La pauvreté a augmenté de 2016 à 2019
La publication la plus récente de l’Insee sur la pauvreté jusqu’en 2019 date d’octobre 2021 (9). Calculé avec un seuil de pauvreté égal à 60% du NDV médian, le taux de pauvreté d’ensemble en France métropolitaine, de 14,0% en 2016, est monté à 14,1% en 2017 (malgré la forte croissance du PIB), puis à 14,8% en 2018 avant de « redescendre » à 14,6% en 2019. Une augmentation de ce taux de + 0,6% signifie qu’en FM le nombre de pauvres s’est accru de près de + 400 000 personnes entre 2016 et 2019, pour atteindre près de 9,5 millions, sans compter la multitude de pauvres de l’Outremer. Le chiffre de 10 millions pour la France entière a pu être avancé. C’est une indication de plus du caractère « asocial » de la politique économico-financière et de  celle de redistribution macroniste.
*Paul KLOBOUKOFF Académie du Gaullisme le 25 octobre 2021
Nota bene
La dévalorisation de l’épargne populaire a réduit les pouvoirs d’achat
Le livret A, « placement préféré des Français » prend du plomb dans l’aile depuis le début du quinquennat, surtout quand sa rémunération est nettement inférieure au taux de l’inflation, comme en 2018 et en 2021, De 2016 jusqu’à janvier 2020, le taux de rémunération du livret A (et du livret bleu) a été de 0,75%. Pendant ce temps, l’indice des prix à la consommation a été de + 1,0% en 2017, de + 1,8% en 2018 et de + 1,1% en 2019. Chacune de ces trois années, l’encours de l’épargne porté par ces livrets a été dévalorisé d’au moins : - 0,25% en 2017, - 1,05% en 2018 et - 0,35% en 2019. Fin 2017, l’encours total du livret A était de 238,2 Mds € (15). Aussi, en 2018, les titulaires du livret A ont vu cette épargne totale dévalorisée d’au moins - 2,41 Mds €… et, ensemble, ont subi une perte de pouvoir d’achat de ce montant.
En février 2020, le taux de rémunération du livret A a été abaissé à 0,50%. En 2020, crise du coronavirus et baisse des prix de l’énergie aidant, l’inflation a été limitée à 0,50%. Par contre, en 2021, elle est repartie de plus belle : + 2,2% depuis un an en septembre. Sur l’année 2021 entière, la hausse des prix à la consommation par rapport à 2020 ne devrait pas être inférieure à + 2,0%. L’encours des livrets A, qui était de 326,4 Mds € à fin 2020, connaîtra une dévalorisation d’au moins - 1,5% en 2021. La perte totale de pouvoir d’achat en résultant pour les 55,7 millions de livrets sera d’au moins - 4,9 Mds €, soit environ - 88 € par détenteur d’un livret en moyenne. Une partie d’entre eux se consoleront peut-être avec le généreux chèque énergie de 100 €.
 
Sources et références
(1) Présidentielle 2017 : le programme d’Emmanuel Macron pour les retraites  toutsurmesfinances.com/retraite/presidentielle-2017…  le 03/03/2017, mis à jour le 19/07/2018
(2) Fiche 04 - la revalorisation des pensions individuelles  DREES ministère des Solidarités et de la Santé      2021 - 01
+ Fiche 04 - La revalorisation des pensions individuelles   DREES ministère des Solidarités et de la Santé     2021 - 05
(3) Les taux de CSG sur les pensions de retraite  tacotax.fr/guides/impot-sur-le-revenu/csg…  le 29/06/2021
(4) 09 Le niveau de vie des retraités  drees-solidarités-sante-gouv.fr/sites/default/2021-05/Fiche-09-le-niveau…  2021 - 05
(5) Rémunération : comment est calculé le traitement de base du fonctionnaire  emploipublic.fr/article/remuneration…   le 14/08/2021
(6) Indice de traitement brut - grille indiciaire (ITB-GI) fonction-publique.gouv.fr/indice-du-taitement-brut-grille-indiciaire-itb-gi 10/2021
(7) Les salaires dans le secteur privé et les entreprises publiques en 2019 insee.fr/fr/statistiques/542152 ?sommaire=5418718&…  le 05/10/2021 + Les salaires dans le secteur privé… en 2016 insee.fr/fr/statistiques/4211382 ?sommaire=4204504&…  le 26/09/2019
+ Les salaires dans le secteur… en 2014  insee.fr   le 07/09/2017          
(8) Revenus, niveaux de vie et pauvreté en 2018   insee.fr/fr/statistiques/4774594  le 18/10/2020.
(9) En 2019, le niveau de vie médian augmente nettement et le taux de pauvreté diminue  insee.fr/fr/statistiques/5431993       le 05/10/2021
(10) Revenu, niveau de vie et pauvreté en 2014  insee.fr/fr/statistiques/2121597 ?sommaire=2966826   le 06/09/2017
(11) Figure 1 - Montants moyens des prélèvements et prestations par unité de consommation en 2019   France, portrait social - édition 2020  insee.fr/fr/statistiques/4797610 ?sommaire=4928952  le 03/12/2020
(12) Redistribution monétaire en 2016 insee.fr/fr/statistiques/3797281 ?sommaire=3197289  le 21/11/2017
(13) Recettes de l’impôt de solidarité sur la fortune 2006 - 2009    fr.statista.cpm/statistiques/477514/revenu-collecte-impot-sur…  10/2021
+ Recettes fiscales 2017 : le détail par impôts  legifiscal.fr/actualites-fiscales -2017-detail-impots…
(14) Niveau de vie moyen par décile Données annuelles de 1996 à 2019 insee.fr/fr/statistiques/2417897#tableau-figure1 le 05/10/2021  
(15) L’épargne réglementée   Rapport annuel 2020 banque-france.fr/sites/default/files/media/2021/09/07/rapport_er_2020.pdf
+ Banque de France L’épargne réglementée Rapport annuel 2018     le 04/07/2019

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