1942-1944, les USA voulaient Alain Kerhervé - Académie du gaullisme

Académie du Gaullisme
Président Jacques Myard
Secrétaire générale Christine ALFARGE
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1942-1944, les USA voulaient
vassaliser la France libérée
Par Alain Kerhervé,
Échaudé par les dispositions imposées par les anglo-saxons au lendemain du débarquement en AFN – Opération Torch (voir ci-après) en novembre 1942, le général de Gaulle analyse lucidement la situation et comprend que la vassalisation de la France est l’objectif non avoué des USA, au lendemain de la prochaine libération du territoire métropolitain.
Il affine sa stratégie d’indépendance au service des intérêts de la France qu’il ne cessera d’appliquer jusqu’en 1969 :
Mise en échec de l’AMGOT en juin-août 1944 ; refus de la « Communauté de défense européenne » (1950-1954) ; rejet du projet d’une Europe soumise aux USA souhaitée par les atlantistes incarné par Jean Monnet, agent direct de Roosevelt à partir de 1942 pour contrer de Gaulle ; mise en place d’une diplomatie libre et indépendante qui s’appuie sur une armée disposant de la dissuasion nucléaire ; défense des peuples à disposer d’eux-mêmes ; refus des blocs ; mise en cause de l’Otan ; etc…

La monnaie américaine était prête à inonder la France dans le cadre de l’AMGOT
Le gouvernement militaire allié des territoires occupés, en anglais Allied Military Government of Occupied Territories (AMGOT), est la suite envisagée par les alliés anglo-américains au débarquement du 6 juin 1944 sur les côtes de Normandie. Ce gouvernement militaire d'occupation constitué est chargé d'administrer les territoires libérés au cours de la Seconde Guerre mondiale.
C’est une page peu connue de la seconde guerre mondiale. Il convient donc, pour la compréhension de l’histoire de la France gaulliste, d’en rappeler les principaux éléments.
L’opération torch
Validée le 5 septembre 1942, l’Opération Torch est initiée par Churchill qui impose à Roosevelt la création d’un nouveau front en Afrique du Nord. Depuis le poste de commandement établi à Gibraltar, territoire britannique, le général Dwight D. Eisenhower est chargé de sa mise en œuvre.
Exclu de l’Opération Torch, de Gaulle est avisé par Churchill au dernier moment. Il craint une opposition physique armée entre vichystes et Résistants. Au général Catroux qui le représente à Alger, de Gaulle adresse le message suivant : « N’oubliez pas que toute l’affaire se joue, non point entre nous et Giraud, qui n’est rien, mais entre nous et le gouvernement des États-Unis ».
De Gaulle a pris la mesure des enjeux, il est conscient que l’avenir de la France, son unité, son indépendance future et sa souveraineté sont engagés. C’est pourquoi sur les ondes de la BBC, de Gaulle appelle tous les Français à soutenir les Alliés engagés dans l’Opération Torch : « Joignez-vous à eux sans réserve. Ne vous souciez pas des noms ni des formules. »
À Alger, les résistants favorisent la réussite du débarquement en occupant les points stratégiques de la ville, dont Radio-Alger, et en procédant à l’arrestation de l’amiral pétainiste François Darlan. Au nombre de ces résistants, estimés à 400 personnes, royalistes, gaullistes, ou de gauche, signalons la participation de 270 jeunes patriotes français juifs, regroupés autour de José Aboulker[1].
Le 8 novembre 1942 au soir le cessez-le-feu est signé, mais la Résistance intérieure française exige que le destin de l’AFN libérée soit remis entre les mains du général de Gaulle.
L’AFN vichyste avec le soutien des Américains
Quelques jours après le cessez-le-feu et la signature des accords Darlan-Clark du 22 novembre à Alger, Darlan annonce que les Américains assurent la défense de la population française et musulmane en Afrique du Nord au terme d’accords passés par les parties, et réclament l’entière application et disciplines de tous pour respecter les engagements arrêtés : « Chacun à son poste ! Vive le Maréchal, vive la France ! »
Le rejet de cet accord par la résistance et le général de Gaulle est notamment motivé par le fait que ces accords cèdent aux Américains des droits, des avantages, des privilèges exorbitants qui ne sont que la mise en œuvre du système arrêté aux USA en 1941-1942, l’AMGOT, qui prévoyait d’imposer aux territoires libérés un statut de protectorat.
L’opposition de la France gaulliste à l’AMGOT
Dès fin 1942, au lendemain de l’Opération Torch, l'administration américaine avait prévu d'imposer à la France, comme aux futurs vaincus, Allemagne, Italie, Japon, un protectorat qui aurait aboli toute souveraineté, y compris le droit de battre monnaie. Mais la raison essentielle des USA était d'annexer l'empire colonial français riche en matières premières et en bases militaires stratégiques.
Si ce gouvernement militaire a été établi avec succès dans certains pays, dans d'autres il a été considéré comme illégitime et attentatoire au droit des peuples. C'est le cas de la France.
Opposition en France
Soutenu par une très large majorité de Français, le général de Gaulle, à la tête du "Comité français de la Libération nationale" (CFLN), puis la France du "Gouvernement provisoire de la République française" (GPRF), s'oppose vigoureusement à l'AMGOT et à son destin funeste.
Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle évoque cette affaire : "Les troupes et les services qui s'apprêtent à débarquer sont munis d'une monnaie soi-disant française, fabriquée à l'étranger, que le Gouvernement de la République ne reconnaît absolument pas."
Il convient de noter l'implication de Michel Debré, jeune membre du Conseil d'État (32 ans) au sein du Comité général d'études créé à la demande du Général. Le futur premier ministre de Charles de Gaulle premier Président de la Ve République organisa la désignation et la mise en place des préfets ou commissaires de la République en remplacement de ceux nommés par Vichy.
Ces commissaires de la République institués par le Gouvernement provisoire de la République française furent chargés du rétablissement de la légalité républicaine lors de la Libération de la France en 1944 jusqu'au 22 mars 1946. Ils furent les représentants du général de Gaulle.
Leur mission consistât à rétablir les libertés républicaines et l'autorité de l'État, en empêchant toute vacance du pouvoir, afin d’échapper aux pressions politiques, administratives… des USA, et par là, l'installation d'une administration militaire alliée AMGOT dans la France libérée.
 
                                                                                                                               Alain Kerhervé & Gérard Quéré Auteurs de « Découvrir, comprendre DE GAULLE

© 01.12.2021

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