Georges Pompidou, la présidence de la connaissance Christine Alfarge - Académie du gaullisme

Académie du Gaullisme
Président Jacques Myard
Secrétaire générale Christine ALFARGE
Président-fondateur Jacques DAUER
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Georges Pompidou, la présidence de la connaissance

        
(5 juillet 1911 – 2 avril 1974)               
par Christine Alfarge,    
« Il y a chez quelques hommes, je ne parle que des grands, une sorte de don magnétique. Certains savent le faire passer dans les mots, qui sont poètes, en vers ou en prose. D’autres s’en servent pour guider un peuple et l’entraîner vers une Terre promise. » Georges Pompidou.
On est face à son devoir comme on est face à son destin.
« Je n’ai pas d’ambition et ne demande rien d’important, ni de lucratif, mais ce pays aura besoin de tout le monde et je me sentirais diminué de ne rien faire…Je n’apporte aucun génie, mais de la bonne volonté et, je crois, du bon sens. » Extrait de la lettre de Georges Pompidou à son ami René Brouillet l’un de ses camarades de l’Ecole normale supérieure alors directeur adjoint du cabinet du général de Gaulle auquel ce dernier avait demandé quelqu’un qui savait écrire pour rédiger des notes et des rapports. Georges Pompidou commence sa carrière politique, dès 1944. L’année suivante, le général le chargera d’une tâche administrative très précise, la création de la fondation Anne-De-Gaulle. C’était avant tout une grande marque de confiance à la hauteur de l’homme de cœur Georges Pompidou qui rédigera les statuts de l’institution et sera toujours présent auprès d’Yvonne De Gaulle dont il sera très proche.
La réforme, oui, la chienlit, non !
En sortant du palais de l’Elysée le 20 mai 1968 où il rencontre le Président de la République à son retour d’un voyage officiel en Roumanie, le Premier ministre Georges Pompidou dévoile l’état d’esprit du chef de l’État face aux évènements de mai 1968. Pompidou est chargé de remettre de l’ordre dans cette France en grève et paralysée, où presque tout fonctionne au ralenti. « Je peux vous dire que le général de Gaulle a conclu la réunion par ces paroles : la réforme, oui, la chienlit, non ! »
Si le dialogue avec les étudiants est rompu, celui avec les syndicats s’effectue lors d’une négociation historique entre les 25 et 27 mai, dans la grande salle des commissions du ministère des Affaires sociales, rue de Grenelle. Épaulé, entre autres, par Édouard Balladur et son jeune secrétaire d’État aux Affaires sociales, Jacques Chirac, le Premier ministre fait face aux grands leaders syndicaux et ceux du patronat. « Faut-il redire combien la notion de patrie a perdu toute valeur pour beaucoup de jeunes et souligner l’illusion de ceux qui voudraient lui substituer purement et simplement la notion de l’Europe. » écrira Georges Pompidou.
Avec au bout de cette discussion marathon, des résultats non négligeables qui sont obtenus pour les salariés, revalorisation du SMIG de 380 à 520 francs de l’époque, réduction de la durée du travail à 40 heures par semaine, abaissement progressif de l’âge de la retraite. « J’estime que nous avons atteint un résultat de première importance et qui doit permettre la reprise du travail dans des conditions aussi rapides que le permet la technique », disait Georges Pompidou grâce aux accords de Grenelle le 27 mai 1968. « Je crois d’ailleurs que les organisations syndicales souligneront le caractère fécond de cette négociation. Puisse-t-il être fécond pour les travailleurs, puisse-t-il être fécond pour la France. »
« Je conviens que mon gouvernement n’a pas trouvé aussitôt la solution face au pays désemparé », concédera De Gaulle en septembre 68 pour analyser la révolte du mois de mai. Il faudra quelques jours encore pour que le pays reprenne un cours normal et les élections législatives des 23 et 30 juin 68 (suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, le 30 mai 1968) pour que De Gaulle retrouve la stabilité politique qui lui a tant manqué pendant ce printemps 1968.
En lui recommandant de « se sentir prêt à accomplir toute mission et à assurer tout mandat qui pourrait un jour lui être confié par la nation », le général De Gaulle savait qu’après lui, Georges Pompidou serait son digne et fidèle successeur auprès des Français. Il deviendra l’homme qui a modernisé le pays dans la continuité de la politique gaullienne de la France. « Certes le Parlement vote des lois mais les parlementaires se trouvent souvent en présence de textes que seuls des techniciens, travaillant avec l’aide de spécialistes de toutes sortes et l’appui des ordinateurs, ont pu mettre au point. » écrira-t-il.
Georges Pompidou succèdera au général De Gaulle à l’Élysée en juin 1969.
Il fallait une personnalité forte et expérimentée pour gouverner la France, Georges Pompidou fut un Président de la République exceptionnel qui connaissait bien son pays et aimait les Français qui lui ont toujours témoigné leur confiance. « C’est en fréquentant les hommes, en mesurant leurs difficultés, leurs souffrances, leurs désirs et leurs besoins immédiats, qu’on se rend capable de gouverner, d’assurer à un peuple le maximum de bonheur » disait-il.
Avec un sens de l’honneur et de la fidélité à servir son pays, Georges Pompidou s’exprimera ainsi, « Je ressens terriblement le poids de la succession et les responsabilités de mes actes et de mes paroles. J’ai heureusement le don de l’obstination, mais je supporte mal la solitude qui s’empare d’un seul coup des chefs d’État. »
La vision humaniste de Georges Pompidou.
« Mais en tout temps, le peuple veut avoir devant lui quelqu’un qui soit sincère et humain. » Georges Pompidou était un visionnaire optimiste, la politique française meurt de ne plus avoir des hommes tel que lui. « La République doit être celle des politiques au sens vrai du terme, de ceux pour qui les problèmes humains l’emportent sur tous les autres, ceux qui ont de ces problèmes une connaissance concrète, née du contact avec les hommes. » écrivait-il.
Le nouvel homme fort du régime s’appelle Georges Pompidou.
Peu croyait que les institutions de 58 et 62 mises en place par le général De Gaulle allaient tenir sans lui, Georges Pompidou fut à la hauteur magnifiquement et mit fin au soulèvement étudiant de 68. Pour lui « c’est l’intérêt de tous de comprendre qu’on ne peut pas demander à des travailleurs dont le niveau intellectuel ne cesse de s’élever, d’accepter d’être, huit heures par jour et plus, des robots sous prétexte de gagner leur vie. L’homme est fait, ou, en tout cas, croit être fait pour être heureux et la première condition de son bonheur est qu’il puisse aimer son travail. » De surcroît Georges Pompidou pensait au regard de la justice sociale, « Il n’y a aucune raison pour que l’augmentation normale et réelle des salaires ne se poursuive pas dès lors que la politique économique assure le maintien de l’expansion. »  
« Les réunions quotidiennes de mai 1968 ont transformé mes rapports avec Georges Pompidou. Je connaissais son intelligence, sa culture, son enracinement dans le terroir d’Auvergne. Maintenant dans la crise, je vois qu’il est aussi un homme d’Etat. Il sait où il veut aller et avec quels moyens » écrira Pierre Messmer.
Comme le général De Gaulle, la force de Georges Pompidou, c’était aussi de savoir rassurer les Français. Le fils d’instituteur et petit-fils d’agriculteur, natif de Montboudif dans le Cantal, savait que la France demeure attachée au terroir. « Il incarnait une certaine idée de la France, celle du sens de l’honneur, érigeant le devoir en vertu et faisant appel quotidiennement à un bon sens terrien qui puise ses racines au plus lointain de notre histoire. » disait Bernard Pons à propos de Georges Pompidou.
Un président humble et proche du peuple !
« Ce qui comptait pour mon père, c’était le bonheur des Français » disait son fils Alain Pompidou.
Lors d’une conférence de presse en 1969, Georges Pompidou s’exprimait : « Les peuples heureux n’ont pas d’histoire, je souhaiterais que les historiens n’aient pas trop de choses à dire sur mon mandat, pas de guerre, pas de révolution notamment. Je souhaiterais en revanche qu’on lise dans les manuels d’histoire que, de l’année 1969 à l’année 1976, la France a connu une période d’expansion, de modernisation, d’élévation du niveau de vie, que grâce au progrès économique et social, elle a connu la paix intérieure, que l’étranger l’a respectée… Que mon nom soit mentionné ou ne le soit pas n’est pas très important. »
L’idéal de Georges Pompidou pour son pays, une évolution lente et sans heurts, selon lui, son propre exemple démontrait que le progrès social était possible dans cette République où il suffisait de se donner du mal. Il était heureux d’avoir connu De Gaulle en 1945. L’amabilité de Georges Pompidou, par ailleurs très appréciée et soutenue par la confiance que le général De Gaulle lui accordait publiquement, facilita l’insertion de son équipe dans le monde politique et administratif déjà aux affaires.
Le 2 septembre 1972, aux cérémonies inaugurales du congrès interparlementaire à Versailles, les mots du Président de la République Georges Pompidou résonnent encore plus aujourd’hui sur l’équilibre des pouvoirs.
« Là est sans doute le rôle essentiel du parlementaire obligé par sa fonction à se tenir au contact de ses électeurs, informé mieux que quiconque des besoins, des aspirations, des difficultés des hommes, il peut et doit rappeler sans cesse au pouvoir exécutif que sa mission n’est pas de rechercher des solutions théoriques idéales, mais d’adapter constamment son action aux réalités vivantes. »
Poursuivre résolument une politique de progrès social guidait Georges Pompidou dans sa perception du monde, espérant la réalisation du bonheur humain sur terre. « Lorsqu’on a la responsabilité de gouverner un peuple, on n’a pas le droit de le précipiter dans l’inconnu sous prétexte que c’est amusant de détruire et que ce qui viendrait ensuite pourrait être meilleur. » écrivait-il.
  
« Il faut monter à ces hauteurs intellectuelles où l’œil contemple le passé, domine le présent et peut entrevoir l’avenir. » écrivait le poète Lamartine auquel Michelet lui écrivit un jour, au temps de Louis-Philippe : « Vous aurez été notre prophète, notre précurseur. Vous êtes celui que nous attendons. »
Nul doute qu’à son époque, Georges Pompidou qui aimait par-dessus tout la poésie aurait apprécié cet échange entre grands esprits, ce qui lui correspondait si bien !
       
               *Christine ALFARGE Secrétaire générale de l'Académie du Gaullisme.
               

© 01.04.2023

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