204klobo - Académie du Gaullisme

 Président-fondateur
Jacques Dauer

Académie du Gaullisme
La Lettre du 18 JUIN Vingt- sixième année – n° 204 – février 2018
"Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde."
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204klobo

par Paul KLOBOUKOFF
UN PROJET DE LOI SUR LES « FAKE NEWS »
PRO DOMO ET LIBERTICIDE ?

En bref : beaucoup d’interrogations, de critiques et d’oppositions

Lors de ses vœux à la presse, le 3 janvier, Emmanuel Macron a annoncé un projet de loi pour lutter contre les « fake news » en période électorale, pour en finir avec « des bobards inventés pour salir ». Il a évoqué un « combat commun » à mener par les démocraties libérales contre les « démocraties illibérales », visant, visiblement, des pays de l’est et, en particulier, la Russie, ainsi que le média Russia today (RT), qui vient d’ouvrir un site en France, et Sputnik (1). Mais ce sont « les plateformes » qui sont le plus directement mises en accusation et visées.
Ainsi : - « Les plateformes se verront imposer des obligations de transparence accrue sur tous les contenus sponsorisés afin de rendre publiques l’identité des annonceurs et de ceux qui les contrôlent mais aussi de limiter les montants consacrés à ces contenus » ; - « En cas de propagation d’une fausse nouvelle, il sera possible de saisir le juge au travers d’une nouvelle action en référé qui permettra, le cas échéant, de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur, voire de bloquer l’accès au site Internet » ; - « Le CSA pourra lutter contre toute tentative de déstabilisation par les services contrôlés ou influencés par des États étrangers », ce qui entrainera « la suspension ou l’annulation » de leurs conventions avec le régulateur (2). Pourquoi cette désignation étrangère « fake news », qui n’a pas de traduction précise et admise en français, et non pas, simplement, « fausse nouvelle » ? Parce que la France disposerait déjà d’une législation opérationnelle contre la propagation des fausses nouvelles, comme l’affirment des juristes spécialisés en la matière ? Pour ne pas limiter le contrôle à des informations inexactes et élargir les possibilités de réprimer ? Jusqu’où ? Et en faveur de qui ? Tous les types de médias sont concernés par l’émission et la diffusion de fausses informations. Pourquoi viser spécialement les « plateformes » ? Elles sont déjà « sous pression », et les plus grandes, les Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft), font des efforts méritoires pour stopper les nouvelles pouvant être jugées nuisibles. Mieux vaudrait s’attaquer aux principaux problèmes que posent de telles plateformes aux audiences considérables, qui sont la concentration des marchés, l’accaparement des richesses ainsi que l’évasion fiscale à grande échelle. D’après un sondage réalisé en janvier, sur lequel nous reviendrons, 79 % des Français seraient favorables, à une loi sur les « fake news ».
Et ce serait le cas des sympathisants de tous les bords politiques, de La République en marche (LREM) à La France insoumise (LFI), de Jean-Luc Mélenchon et au FN de Marine Le Pen. Bizarre ! Avant le sondage, les deux derniers avaient dénoncé en termes vifs le projet de loi, tout comme des responsables des Républicains (LR), du Parti socialiste (PS) et le président du Centre national des Indépendants et Paysans (CNIP). De nombreuses autres réactions expriment de la méfiance, des réticences et/ou une opposition déterminée au projet.
De la vingtaine d’avis que je cite plus loin, ressortent notamment : - « fake news » est un mot inexorablement dévoyé, utilisé pour discréditer une information et son auteur ; - le projet de Macron est un nouveau pavé pour l’enfer : il est historiquement redondant, juridiquement incertain et démocratiquement périlleux ; - la loi de la presse fonctionne bien et s’applique parfaitement à l’ère des réseaux sociaux ; - le grand danger, c’est de donner la responsabilité à l’État de dire le vrai du faux ; - la liberté d’expression est menacée… et pire encore, une ombre encore plus redoutable se met à planer sur internet et sur l’information, le délit d’opinion ; - contrôle de la parole libre, judiciarisation supplémentaire de la société : la France, est-elle encore une démocratie si elle musèle ses citoyens. Très inquiétant ; - seuls les régimes autoritaires prétendent au contrôle de la vérité ; - le rêve de Macron est loin d’être vierge d’arrières pensées politiques ; - les « fake news », ca vient aussi des Présidents de la République… circonspection face à la volonté présidentielle de faire taire en période électorale une opposition dont les propos déplairaient par trop au pouvoir en place ; - les propositions de Macron visent à museler les informations non estampillées par le pouvoir ; - les « fake news » sont révélatrices d’une offre politique trop peu séduisante et d’une offre médiatique trop peu attrayante.
Celles-ci doivent se renouveler en valorisant l’information de qualité ; - légiférer sur les « fake news », en plus d’être liberticide, ne résoudra pas la crise de la presse… Les subventions de l’État aux médias leur sont nuisibles, les rendant dépendants et peu motivés pour améliorer leur offre ; - la solution ne peut reposer que sur deux piliers, la formation pour aider les jeunes à évaluer la crédibilité d’une information et le pluralisme. Ces avis me paraissent très pertinents. En fait, les annonces, les nouvelles, les informations, les déclarations « complaisantes » ou « bienveillantes » qui ont pour but d’enjoliver, de vanter, de faire la promotion d’un politicien, de programmes et de projets de partis… sont très nombreuses. Lorsqu’elles sont injustifiées, déséquilibrées, et s’écartent de la réalité des faits, elles devraient être considérées comme des « fake news ».
Il en est de même des « news » hostiles, malveillantes, des dénigrements et des désinformations, également trop nombreuses pratiquement sur tous les vecteurs médiatiques. Pour étayer et illustrer ces propos j’ai présenté quelques cas récents et d’actualité montrant que si les magistrats devaient être saisis de telles « affaires », ils seraient très vite submergés et auraient bien des difficultés à se prononcer sur l’inexactitude ou la véracité des « news ». Ils se trouveraient aussi Pour illustrer son propos, il prend l’exemple de la plateforme de diffusion de vidéo très fréquentée You Tube… et indique que celle-ci est un maillon de la plateforme Google, « qui inclut aussi des services comme Gmail, Google Docs, Google Maps, et ainsi de suite ». devant pas mal de dossiers concernant des « news » exagérément « flatteuses » pour l’actuel président, des affaires mettant en cause des « cadres » de son parti, LREM, et d’autres « news » indument « agressives » envers des adversaires politiques.
Si la proposition de loi, très vaguement esquissée, garde le même cap, je ne pense pas qu’elle aura un grand avenir. Si elle est adoptée, du fait que LREM détient la majorité des sièges à l’Assemblée nationale, son application sera très complexe et ne se fera pas sans remous. Je n’y crois donc pas. Toutes les parties concernées doivent cependant rester vigilantes et actives pour défendre nos libertés d’expression, d’opinion et de pensée, déjà très malmenée.
Décryptage : « fake news » et plateformes numériques, c’est quoi ?

La signification de « fake news » mérite d’être précisée, au moins pour les juges qui seraient chargés de les sanctionner. Littéralement, le qualificatif « fake » ne veut pas dire « faux », qui est traduit par « wrong » ou « false ». Le verbe « fake » signifie truquer (des calculs, des sondages…), maquiller, et « fake up », inventer une histoire. Aussi, pour « fake news », « nouvelles bidon » serait plus approprié que « bobards ». À la mode depuis les « affaires » Trump, la panoplie des « fake news » présumées s’est vite enrichie, incluant notamment : les informations fallacieuses, les désinformations, les réalités alternatives, les bobards et les canulars, les calembredaines, les affabulations, les rumeurs, les pastiches humoristiques, les articles franchement orientés, la propagande, les publicités qui reprennent le nom ou le graphisme de vrais médias, etc.
Bien d’autres devraient s’ajouter à cette liste, telles les « promesses intenables » de politiciens, comme cette récente déclaration du gouvernement : « Il n’y aura pas de nouvel impôt d’ici la fin du quinquennat ». En attendant qu’elle soit éventuellement qualifiée de « fake news », 90 % des soixante mille premiers avis sur le sujet enregistrés par lefigaro.fr montrent que peu de contribuables croient encore au père Noël fiscal (3). Les usages de « concepts trompeurs » mériteraient aussi d’entrer dans les « fake ».
Le « reste à charge », en est un, de retour dans l’actualité car le président a fait la promesse que d’ici « la fin du quinquennat, les Français ne doivent plus rien avoir à débourser (de leur poche) pour leurs lunettes, prothèses dentaires ou auditives. D’après l’article « Dépenses de santé : le casse-tête du reste à charge zéro » (4), la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, « va devoir mettre en musique la promesse d’Emmanuel Macron concernant les restes à charge en matière de soins dentaires, d’audioprothèse et d’optique ». Les Français y sont bien sûr massivement favorables (92 %), selon une enquête Odoxa… Rien d’étonnant, car la plupart d’entre eux ne savent pas ce qu’est le « reste à charge ».
Or, « le reste à charge » est défini comme la part du coût total de la prestation qui reste à payer par les ménages après déduction des dépenses « prises en charge » par la Sécu ainsi que par les mutuelles santé, les institutions de prévoyance et les sociétés d’assurance… qui sont présentées comme « finançant » une partie des dépenses de santé. En réalité, ces dépenses sont « financées » par les cotisations que les entreprises et les ménages assurés leur versent. Là est le leurre dû à l’abus de langage du « reste à charge ». Il n’est pas fortuit ou innocent.
Il permet de minimiser le coût « apparent » pour les ménages… et de faire des promesses « apparemment » généreuses. Pour info, en 2016, les mutuelles et les autres assurances santé ont « remboursé » 74 % des dépenses d’optique et 41,3 % des dépenses de soins dentaires… (5)… pas comptés dans les « restes à charge » des ménages.
Le « concept » de plate forme numérique est complexe et évolutif. La définition qui m’est apparue la plus concrète est celle d’Aurélien Duthoit, de XERFI, datant d’octobre 2014 (6) : « Une plateforme est une offre technique et parfois commerciale permettant l’accès à des services à distance gratuits ou payants. Cette offre est essentiellement alimentée par une communauté de contributeurs soumis aux règles d’une entreprise pivot qui est en quelque sorte le chef d’orchestre de cette plateforme. Le rôle de la plateforme est notamment de développer et de fournir les outils essentiels de développement et de mise en relation pour les contributeurs, et d’héberger, filtrer, qualifier, organiser tous les contenus générés par la communauté ».
Les principaux problèmes posés par les plateformes ne sont pas les « fake news »
De telles plateformes, aux fonctionnalités multiples et aux audiences considérables, posent d’importants problèmes de concentration des marchés et d’accaparement des richesses. C’est particulièrement le cas des « Gafam ».
Mais il y a aussi Twitter, Linkedin, AirBnB et toutes celles, de dimensions et d’ambitions variables, qui apparaissent chaque mois. Car le « modèle économique » plateforme numérique séduit et se propage à la vitesse V. Chez nous, une des dernières nées, la nouvelle plateforme « Parcoursup » d’inscription pour les études post-bac (qui prend le relais d’APB) vient d’être lancée. Elle suscite des craintes de mise en œuvre d’une « sélection déguisée » (7). Au-delà de cette question, c’est l’intrusion des « Gafam », avec la bénédiction de nos Autorités, dans les établissements scolaires et universitaires, qui soulève l’émoi et provoque des mobilisations. Ces plateformes vont pouvoir mettre la main sur les données personnelles rassemblées de millions de jeunes scolarisés : parcours scolaires, notes, motivations des élèves, appréciations des profs, etc. Des infos qu’elles pourront utiliser et redistribuer à leur guise, moyennant finances et/ou autres contreparties. Ainsi, le « repérage » et le « suivi » de jeunes « prometteurs » par des puissances étrangères, civiles, industrielles et/ou militaires seront grandement facilités. « L’école vend les données de nos enfants : où est l’éthique numérique ? » dénonce une pétition sur MesOpinions.com, qui réclame un « Pacte numérique pour l’Indépendance et la Sécurité Internet en France » (8).
Un des autres reproches adressés aux « Gafam » est d’être de grands champions de l’optimisation fiscale et de ne laisser que des miettes de leurs bénéfices en France. En raison, notamment, de notre trop lourde fiscalité ? En tout cas, il semble que la réforme fiscale fédérale simplificatrice de Trump, comprenant une baisse du taux d’imposition des sociétés de 35 % à 20 %, porte ses fruits. Apple a décidé de « rapatrier » des activités et des bénéfices.
Elle va payer 38 Mds $ au fisc américain et créer vingt mille emplois aux États-Unis dans les cinq ans (9). Nos gouvernants ne devraient-ils pas chercher plus activement comment la France peut « bénéficier » aussi des emplois créés et des cagnottes engrangées par les géants du Net ? Des lois font déjà pression sur les opérateurs des plateformes Depuis plusieurs années déjà, des pressions sont exercées sur les « opérateurs » des plateformes.
La loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique a prévu de les obliger à « délivrer au consommateur une information loyale, claire et transparente » sur un certain nombre de sujets, parmi lesquels : - « l’existence d’une relation contractuelle, d’un lien capitalistique ou d’une rémunération à son profit, dès lors qu’ils influencent le classement ou le référencement » des contenus, des biens et des services auxquels la plateforme donne accès ; - « la qualité de l’annonceur et les droits et obligations des parties en matière civile et fiscale lorsque les consommateurs sont mis en relation avec des professionnels et des non professionnels » (10). Des précisions devaient être apportées sur les conditions d’application de cette loi. Ce texte « s’applique à toute personne physique ou morale dont l’activité consiste, à titre principal ou accessoire, à collecter, à modérer ou à diffuser des avis en ligne provenant de consommateurs ».
Sachant que, déjà, selon l’article L. 111-7-2 du code de la Consommation, ces personnes sont tenues, notamment, de « délivrer aux utilisateurs une information loyale, claire et transparente sur les modalités de publication et de traitement des avis mis en ligne ». Que peut apporter de plus le nouveau projet de loi sur les « fake news »? En fait, la traque de tous les « producteurs » et émetteurs de telles nouvelles est quasiment impossible. Aussi, il vise à accentuer la pression sur les opérateurs des plateformes pour les pousser à faire davantage la police eux-mêmes en « filtrant » les messages mis en circulation. Les grandes plateformes font déjà des efforts méritoires dans ce sens, non sans difficultés, notamment parce que les nombres de news « suspectes » émises sur leurs réseaux se comptent en dizaines de milliers.

Un combat personnel de Macron ?
Selon certains médias, le projet de loi contre les « fake new »s serait un « combat personnel de Macron », qui aurait très mal pris et vivement réagi aux « nombreuses attaques », de caractère personnel, en particulier, qu’il aurait subi depuis 2016. Dès mars de cette année, alors qu’il était ministre de l’Économie, il se serait « adjoint les services de trois avocats dédiés à traquer des propos diffamatoires le concernant sur La Toile. Me Jean Ennochi, l’un des grands spécialistes du droit de la presse, épaulé de deux jeunes lames du barreau… multipliant mises en demeure et autres procédures judiciaires. Et ce afin d’obliger les hébergeurs à supprimer les insultes ou de les contraindre à dévoiler l’identité des auteurs d’injures et autres insinuations… » (11).
Macron ne voulait rien laisser passer, selon leparisien.fr, qui rapporte ces propos d’un de ces avocats « Il souhaitait systématiquement riposter à toutes les attaques ». La convention d’assistance juridique liant Macron à ses avocats se serait retrouvée sur La Toile deux jours avant le second tour de la présidentielle, et c’est la revue italienne Formiche qui l’a repéré en août 2017. Ce n’est qu’en janvier 2018 que quelques-uns de nos médias en ont fait état. Ainsi, sur lepoint.fr, un article du 10 janvier est intitulé « Avant la loi, le commando ‘’anti-fake news’’ du candidat Macron ».
Il commence par « Le président n’a pas attendu d’être élu pour s’inquiéter de fausses nouvelles. Surtout celles le concernant » (12). Il corrobore les infos (en partie de même source) de l’article de leparisien.fr. Il indique aussi que, d’après un courriel du 4 mars 2017 intitulé « Projet de contrat d’assistance avocats », l’équipe des trois juristes devait comptabiliser le temps de travail consacré à En Marche afin d’en évaluer la valeur dans les comptes de campagne tout en travaillant « sur une base pro bono », c'est-à-dire gratuitement pour le candidat. On peut lire ce projet de contrat sur wikileaks.org (13)).
Ces infos ont elles échappé à la vigilance de nos médias grand public ? Le président aurait fait de la nouvelle loi une priorité de la rentrée et désirerait qu’elle s’applique dès les élections européennes de mai 2019. Comme il est mal vu de modifier le Code électoral dans l’année précédant les scrutins, ses collaborateurs seraient priés de faire vite (11).
Un calendrier électoral dense que le Pouvoir voudrait « remodeler » à sa convenance
Le calendrier prévisionnel des élections politiques d’ici 2022 montre que « la période électorale » est quasiment permanente en France, surtout à partir de 2019 : élections européennes en mai 2019, élections municipales en mars 2020, sénatoriales (renouvellement de la moitié des élus) au début de l’automne 2020, départementales au début du printemps 2021, régionales en décembre 2021, présidentielles en avril et mai 2022 et législatives en juin 2022. Sans compter les éventuelles élections partielles faisant suite à des invalidations de résultats… ainsi que les « sollicitations » de l’opinion, les propagandes et les manifestations qui accompagnent le vote ou l’adoption de certaines lois, qui ressemblent à de véritables campagnes électorales (cf. les ordonnances sur le Code du travail) .
L’Exécutif semble d’ailleurs mal à l’aise avec ce calendrier. En fin d’année 2017, le ministre Gérard Collomb aurait indiqué que les élections municipales pourraient être décalées de 2020 à 2021, pour faire de 2020 « une année blanche » (14).
Ce serait aussi une façon de donner un an de plus à LREM, mal implanté localement, pour consolider ses positions. Cela permettrait également de rapprocher les dates des élections locales de celles des présidentielles et des législatives suivantes, concentrant ainsi le calendrier (et les campagnes électorales) autour de l’élection reine, celle du président, qui deviendrait alors l’élection déterminante (que Macron entend bien gagner) de l’ensemble des élections nationales. Des élections « tout en un » de mauvaise augure pour le pluralisme et la démocratie. Il est fort possible que la plupart des autres partis politiques fassent campagne contre une telle manœuvre.
Macron n’a pas été et n’est pas la seule victime de « fake news » à visée politicienne. En revanche, il a bénéficié et continue de connaître pas mal de sollicitude, de soutien, voire de complaisance de la part de médias apparemment plus ou moins « engagés » à ses côtés ou derrière lui. En février 2017, déjà, un auteur de Le vent se lève exposait « Comment les médias ont fabriqué le candidat Macron » (15). À l’appui de sa thèse, il indiquait que « les quotidiens Libération, l’Obs, Le Monde et l’Express totalisent plus de 8.000 articles évoquant Emmanuel Macron de janvier 2015 à janvier 2017 ; à titre de comparaison, la totalité des articles évoquant Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon dans les mêmes quotidiens et sur la même période de temps ne s’élève qu’à 7.400 ». Avec un message revenant avec insistance : Macron incarne « le renouveau » et « la modernité ». Le 4 avril 2017, sur le site de Boursorama, un forum était consacré à « Cette honteuse propagande pour Macron » (16). Des signes montrant que la promotion médiatique du candidat ne passait pas inaperçue. Depuis son élection, cette sollicitude n’a pas faibli, au contraire. Et nous verrons que la flatterie frise parfois la « fake news ». D’ailleurs, à mon avis, un des problèmes majeurs de nos presses traditionnelle et numérique est précisément le manque de rigueur et d’objectivité de trop de médias, « l’engagement » de leurs rédactions, de leurs « lignes éditoriales », le service d’intérêts de leurs actionnaires ou d’autres membres influents, qui conduisent nombre de « consommateurs » à s’en détourner. Leurs « clientèles » tendent à devenir celles de leurs « sympathisants ». À ce propos, un chroniqueur de Contrepoints notait en janvier : « Quel que soit le média, il est plus ou moins proche ou éloigné des idées du pouvoir en place. Certains sont de fait plus prompts que d’autres à vanter ses mérites qu’à s’épancher sur ses travers et vice versa ».
En outre, si des médias s’autorisent à distiller des nouvelles « déformées », pourquoi d’autres médias et des acteurs sur les réseaux sociaux ne feraient-ils pas de même ? Or le projet de loi est sensé viser particulièrement les plateformes et les réseaux sociaux et non porter sur l’ensemble du « système » médiatique. Il risque fort de ne rien apporter à la qualité et à la fiabilité des « news » diffusées par les principaux vecteurs de l’information. En tout état de cause, la propagation de « fake news » nocives ralentira si la minorité des « consommateurs » (des jeunes, surtout, paraît-il) qui y participent sur les réseaux sociaux et via Internet adoptent des comportements plus matures et responsables. Lorsqu’ils refuseront de « relayer » des infos bidon qu’ils recevront. Mais aussi lorsque la majorité des consommateurs se méfieront davantage des titres « accrocheurs » d’annonces, d’articles ou de messages, lorsqu’ils décideront de lire, de regarder et d’écouter « activement », en faisant appel à la mémoire, à la réflexion et à l’esprit critique… à l’égard de tous les médias. Lorsqu’on ne pourra plus les prendre pour des gogos prêts à gober tout et n’importe quoi. Il faut y travailler avec insistance et persévérance. Des sites existent pour les aider à déceler des « hoax », des fausses nouvelles et autres mensonges. Ils méritent d’être mieux connus.
Il faut aussi regarder avec circonspection les informations portant sur des réactions recueillies dans la précipitation, notamment lors de sondages, avant que les sondés aient eu le temps (ou les moyens) d’analyser les implications des réformes (par exemple) sur lesquelles ils sont invités à se prononcer. Ainsi, en novembre 2017, on pouvait lire sur lefigaro.fr : « Les entrepreneurs jugent positives les réformes de Macron ».
Pour 60 % d’entre eux, la réforme du Code du travail était « bonne », et pour 60 %, elle « favorisera l’emploi » (17). Deux mois plus tard, le 24 janvier 2018, le son des cloches avait un peu changé, comme le révélait un autre sondage sur lefigaro.fr : « Les Français ne croient pas aux effets des réformes » (18). Ils seraient majoritairement favorables aux futures réformes de l’assurance chômage, de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Mais, concernant les effets des réformes (y compris celles du Code du travail), pour 60 % des « décideurs », le chômage devrait rester stable en 2018 (autour de 9,7 % de la population active) et pour 19 % des décideurs, il devrait augmenter. Du côté du « grand public », ces pourcentages sont respectivement de 50% et 31 %. Seuls 19% des décideurs et 14% du grand public penseraient que le chômage peut baisser durablement. Entre les deux enquêtes, le temps, plus d’information, l’observation et la réflexion ont pu faire leur œuvre. En attendant !
Levées de boucliers et avalanche de critiques contre le projet de loi
François Kalfon, membre de la direction collégiale du PS a réagi dès le 3 janvier sur BFMTV (19). Ironique, il a souligné que le candidat Macron, pourrait être sanctionné pour avoir promis qu’il n’y aurait plus de sansabris. Puis, il a surtout insisté sur les limites du contrôle voulu par le Président : ce n’est pas si « simple de légiférer sur ce genre de choses ». « Où commence la « fake news », où s’arrête-t-elle ? ». Le lendemain, un article de lepoint.fr titrait : « Fake news : une loi pour rien » (20). M e Basile Adler, avocat au barreau de Paris et directeur de la rédaction de la revue Légipresse, y explique devant l’agence FrancePresse que « a loi de 1881 a déjà prévu tout cela depuis fort longtemps avec le délit de fausse nouvelle et le délit de diffamation qui encadrent correctement aujourd’hui les choses ». Seul le procureur peut déclencher les poursuites dans le cas de délit de fausse nouvelle. Le magistrat peut « tout à fait le faire lorsqu’il estime qu’une ‘’fake news’’ est susceptible de troubler la paix publique, ce qui est notamment le cas lorsque cela fausse les résultats d’une élection. La loi est ‘’bien sûr’’ opérationnelle contre les fausses infos diffusées sur Facebook ou Twitter.
Si la loi n’est pas utilisée par les parquets, c’est qu’ils ont ‘’autre ‘’ chose à faire, affirme-t-il, ajoutant que les particuliers peuvent aussi initier une procédure en diffamation et, qu’en outre, depuis la loi pour la confiance dans l’économie numérique de 2004, il est également possible d’agir en référé en cas d’urgence. Enfin, il rappelle que ‘’les fausses nouvelles existent depuis que la presse exist’’ et que la loi de 1881 s’est toujours adaptée aux moyens de communication. Aussi, le projet de loi ne lui paraît pas ‘’d’une urgence absolue’’». Pour le président du Centre national des Indépendants et des Paysans (CNIP), le 5 janvier, « La loi anti-‘’fake news’’ annoncée par le président Macron lors de ses vœux à la presse constitue une grave atteinte à la la liberté d’expression et à la liberté de la presse » (21). La loi de 1881 est suffisante, et les lois « mémorielles » mises en place par MM. Pleven, Gayssot et Taubira ont déjà mis à mal la liberté d’expression. Se référant à Jean-Jaurès, il recommande de supprimer toutes les subventions à la presse « officielle ».
La liberté de la presse réside aussi dans la liberté financière. Il termine en ajoutant que « la France est déjà classée par Reporters sans frontières au 39e rang mondial pour la liberté de la presse… Nul doute que les propositions du président Macron visant à museler les informations non estampillées par le pouvoir la relègueront plus loin encore dans ce classement » « Revue de presse – Loi contre les ‘’fake news’’ : attention, danger ! » est une mise en garde exprimée par lepoint.fr le 5 janvier dans un article qui commence par : « Selon les éditorialistes, si Emmanuel Macron a raison de s’alarmer de la prolifération des ‘’bobards 2.0’’, il s’attaque au problème de la pire des manières » (22).
L’article fait le tour d’avis de rédactions qui s’inquiètent d’un projet qu’ils jugent « inutile et contreproductif ». Pour Le Monde, dans son édito, « Ce type d’ambition législative, dans un domaine aussi mouvant et complexe que les technologies numériques et sur un sujet aussi crucial que la liberté de la presse est périlleux. La sauvegarde de la qualité et de la crédibilité de l’information est un combat de fond. Il commence par l’éducation et passe par la défense des modèles économiques des médias d’information ». La Croix se demande si une telle loi est nécessaire et voudrait, notamment, « éviter qu’une telle loi puisse être instrumentalisée par un pouvoir en place pour assurer sa propre préservation ».
Pour L’Opinion, Macron répond au problème « de façon paradoxale : renforçons le contrôle de l’État ; plaçons la liberté d’expression sous surveillance accrue de la loi, des juges ou du CSA […] Le dispositif a tout pour être contre-productif face aux personnes réceptives aux ‘’fake news’’ […] La solution ne peut reposer que sur deux piliers. L’éducation, pour aider les jeunes à évaluer la crédibilité d’une information, et le pluralisme… » Pour L’Union/L’Ardennais, « La proposition de certifier conformes des sites et médias… pourrait aboutir à l’effet inverse de celui espéré ». Pour une partie de la population qui « ne prend jamais l’information officielle pour argent comptant », une « fake news » a d’autant plus de valeur qu’elle est interdite. Pour La Charente libre, « … le rêve d’Emmanuel Macron d’une presse déontologiquement certifiée, gardant une saine distance avec le pouvoir, est loin d’être vierge d’arrières pensées politiques ».
Les commentaires des lecteurs de l’article sont très peu amènes pour Macron et son projet de loi. Le même jour, un article de fr.reuters, « La loi anti-‘’fake news’’ de Macron fait débat », faisait état des réactions de responsables politiques et d’une juriste (23). Pour Bruno Retaillaud, chef du groupe Les Républicains au Sénat, « … Emmanuel Macron commet un faux pas qui peut nous entraîner très loin, beaucoup trop loin. En démocratie, mieux vaut une information erronée qu’une information étatisée.Seuls les régimes autoritaires prétendent au contrôle de la vérité. On sait ce qu’il peut en coûter ». Il a aussi estimé que la législation actuelle était suffisante. Sur ce dernier point, Christelle Coslin, avocate spécialisée dans la législation d’internet a souligné qu’une loi de 1881 sur la propagation des fausses nouvelles existait, mais qu’elle n’était pas utilisée contre les abus des réseaux sociaux. Et, pour elle, « Donner le pouvoir aux juges si ce n’est pas techniquement faisable, ce n’est pas forcément garant d’une régulation efficace ».
Pour Marine Le Pen (ex avocate), « Contrôle de la parole libre sur internet, judiciarisation supplémentaire de la société : la France est-elle toujours une démocratie si elle musèle ses citoyens. Très inquiétant ». Jean-Luc Mélenchon s’est insurgé contre « le risque d’une législation liberticide », la diffusion des fausses nouvelles étant déjà punie par la loi, « Que faudrait-il ajouter à ce sujet ? Et qui décidera de la vérité ? ». Sur francetvinfo.fr, le 6 janvier, un article était intitulé « Loi sur les ‘’fake news’ : Le grand danger, c’est de donner la responsabilité à l’État de dire le vrai du faux » (24). C’est l’avis de Pascal Froissart, enseignantchercheur, qualifié de « spécialiste de la rumeur ». « D’accord pour mettre des garde-fous, mais de là à renforcer les pouvoirs de l’État sur l’information, c’est moins satisfaisant. « En plus, la loi de la presse fonctionne bien et s’applique parfaitement à l’ère des réseaux sociaux. Il y a des problèmes plus criants à résoudre. Il n’y a qu’une poignée de gendarmes et de policiers affectés à la cybersurveillance, par exemple ». Pour lui, l’impact des « fake news » en matière électorale est aussi à relativiser, et « Votre mère, votre ami ou même votre boucher ont plus d’importance en matière d’opinion électorale que David Pujadas ».
Le 8 janvier, dans un article de Thierry Benne publié par l’IREF et intitulé « Les ‘’fake news ‘’ (fausses nouvelles), ça vient aussi des Présidents de la République » (25), l’auteur se demande si, vue avec du recul en début d’année 2018, la déclaration de Macron selon laquelle il n’y aurait plus de SDF sans toit à la fin de 2017, si peu conforme à la réalité, ne serait pas une « fake news ». Se référant aux dires d’un avocat spécialiste de la presse, il rappelle « que les lois sur la presse, les médias et internet permettent déjà à tout procureur d’enquêter sur des informations dont la fausseté peut s’avérer dangereuse pour l’ordre public ».
La législation l’autorise en tout temps, et pas seulement en période électorale. « On ne peut donc qu’être très circonspect face à la volonté présidentielle de réserver les périodes électorales pour faire taire une opposition dont les propos déplairaient par trop au pouvoir en place ». Le même jour, sur contrepoints.org, un article de Yannik Chatelain (26) avait pour titre : « ‘’’Fake news’’ : un alibi pour une censure étatique mondiale ? » L’auteur signale que « ‘’fake news’’ » est un mot » inexorablement dévoyé », abusivement utilisé pour disqualifier une information et son émetteur, suffisant pour jeter l’opprobre et le doute, sans avoir à passer par la « case juridique ».
Il s’inquiète de ce que : « … sous couvert de faire la chasse aux fausses informations, soit qualifiée de’’ fake news’’ toute information dérangeante »… « Se pourrait-il que la notion de «’’fake new’’ soit appliquée demain à tout support ou information « contrariante » ? Il conclue par : « Au pays de ‘’JeSuisCharlie’’ lorsque j’entends le président de la France Emmanuel Macron évoquer la notion de propagande positive (comme si le terme propagande pouvait tolérer un adjectif), fût-ce pour lutter contre le fléau du terrorisme, permettez-moi d’exprimer quelques inquiétudes quant au devenir de la liberté d’expression. Pire encore, dans la configuration actuelle hystérisée, de mettre en garde vis-à-vis d’une ombre encore plus redoutable qui se met à planer sur Internet et sur l’information : le délit d’opinion ».
Le 10 janvier sur Contrepoints, dans un article de « Trop libre », intitulé « Légiférer sur les ‘’fake news’’ est inutile et dangereux » (27), Erwan Le Noan juge que « comme toute bonne intention », le projet de Macron « est un nouveau pavé pour l’enfer : il est historiquement redondant, juridiquement incertain et démocratiquement périlleux. Ce jugement résume à lui seul nombre des critiques et de réserves exprimées dans les premiers jours de janvier. Il rappelle que la loi de 1881 sur la liberté de la presse prévoit depuis son origine que « la publication ou reproduction de nouvelles fausse sera punie si elle trouble « la paix publique ». Alourdir le contrôle et confier au juge le pouvoir de sanctionner, c’est rendre le juge arbitre de la vérité. « Dans une démocratie, les citoyens devraient être libres de croire ce qu’ils veulent. Que l’État prétende les accompagner, comme s’ils étaient immatures, est révélateur d’un paternalisme malvenu ». « Les ‘’fake news’’ ne sont ainsi pas révélatrices d’un problème de demande, mais d’offre politique trop peu séduisante, d’offre médiatique trop peu attrayante. Celles-ci doivent se renouveler en valorisant l’information de qualité.
Ce sera bien plus efficace que la régulation et la sanction qui risquent de donner à un gouvernement moins ‘’progressiste’’ les armes juridiques pour réaliser un programme néfaste ». Le même jour, sur Contrepoints, dans « Contre les ‘’fake news’’, vive le marché libre de l’info » (28), Nathalie M.-P. abonde dans le même sens : « légiférer sur les ‘’fake news’’, en plus d’être liberticide, ne résoudra pas la crise de la presse ». Parlant de l’obsolescence des médias, et citant Le Monde et Le Figaro, elle estime que les subventions « plus ou moins camouflées » de l’État sont nuisibles aux médias. Ils ne feraient pas acte d’indépendance et d’audace. Assurés de ces ressources, ils ne feraient aussi pas les efforts nécessaires pour améliorer leur offre. Ces exemples des levées de boucliers montrent la quantité, la qualité et la variété des personnes méfiantes, réticentes ou frontalement opposées au projet. J’ai tenu à les présenter car ils constituent des indices palpables contredisant un « sondage » annonçant une très forte adhésion des Français au projet de loi sur les « fake news ».
Des sondages « valorisants » : rigoureux ou « bidons »?
 « 79% des Français favorables à une loi sur les ‘’fake news’’ » Quand je lis ce titre d’un article du 11 janvier sur lefigaro.fr (29), je me demande si autant de Français ignorent l’existence de lois dédiées à la poursuite et à la sanction des auteurs et des propagateurs de « fausses nouvelles ». Trop souvent, les questions posées lors d’enquêtes par sondages sont ciselées de telle façon qu’un sondé honnête soit poussé à répondre « positivement », comme il est souhaité.
Cela semble bien être le cas ici. Aussi ne faut-il pas trop s’étonner du résultat « flatteur » affiché. En revanche ou en contrepartie, ce résultat est loin de correspondre à un soutien ferme et massif du projet de loi Macron, dont la teneur n’est même pas évoquée dans l’enquête. Question posée et pourcentages de réponses : « Emmanuel Macron a annoncé que le Gouvernement allait présenter une loi visant à lutter contre les ‘’fake news’’, c’est-à-dire les fausses nouvelles pendant les campagnes électorales. Vous personnellement pensez-vous plutôt que c’est une bonne initiative, qu’il faut mieux responsabiliser l’information sur les réseaux sociaux et les plateformes internet ou que c’est une mauvaise idée car elle risque de porter atteinte à la liberté d’expression ? » Réponse à la première question : 79 %, à la seconde : 21 %.  Qui peut répondre qu’il n’est pas « plutôt » bon de mieux garantir l’exactitude de l’information ? Et que comprendre par « responsabiliser l’information » ? C’est « plutôt » vague ! Les deux options proposées ne sont, en fait, pas « opposées », exclusives l’une de l’autre.
On peut souhaiter moins de « fausses nouvelles », et pas seulement sur Internet et les réseaux sociaux, tout en étant attaché à la liberté d’expression. Et le sondeur joue sur du velours. Il ne risque pas d’être démenti par la suite, puisque les Français ne seront invités à voter ni sur une telle alternative, ni sur un projet de loi sur les « fake news ». Le parlement s’en chargera. Ce sondage a-t-il donc un autre intérêt que de faire la promo de « l’initiative » ? Des doutes pourraient aussi être exprimés sur le choix de l’échantillon « représentatif » de ce sondage qui fait état des avis (tous très favorables) des « sympathisants » des différents partis (du FN à LREM). Ceci, dans un contexte politique nouveau, très instable, et sans que des sujets analogues ou proches aient fait l’objet de nombreuses études pouvant servir de repères et de références (comme les sondages sur les intentions de vote, par exemple). En totale contradiction avec ce que suggère cette enquête, nous avons aussi vu dans les pages précédentes « l’importance » de l’opposition au projet, qui comprend des leaders des principaux partis politiques, hors LREM et le Modem, des juristes de renom et, faut-il s’en étonner, des chroniqueurs et les rédactions de médias.
« Les Français aimeraient boire une bière avec… Emmanuel Macron »
C’est le titre d’un article sur lefigaro.fr du 4 janvier (30) évoquant le résultat d’un sondage Ifop pour l’agence de communication CorioLink. 44 % des sondés auraient tout à fait ou plutôt envie de boire un verre de bière avec E. Macron, 37 % avec E. Philippe, 28 % avec J-L. Mélenchon,
25 % avec M. Le Pen… et 17 % avec L. Wauquiez, dernier des dix politiciens proposés aux mille neuf personnes de 18 ans et plus sondées en ligne du 15 au 18 décembre 2017. Leurs motivations principales : « tester leur connaissance de la ‘’vraie » vie’’ », pour 51 % des sondés, « connaître ‘’sa vision de l’avenir de notre pays’’ », pour 61 %, et « ‘’demander un coup de pouce’ »’, pour 12 %. Un classement « normal » et révélateur des interrogations des sondés sur les deux politiciens au pouvoir dont ils dépendent le plus. Ce sondage se révèle ainsi être davantage un test de curiosité ou de quête d’information qu’un test de « popularité » ou de « convivialité » comme le qualifie CorioLink dans un communiqué du 5 janvier intitulé : « L’indice de convivialité des Hommes politiques » (31) et sous-titré : « Après son succès américain, le ‘’Beer test’’arrive en France ».
En effet, les communicants et les médias français sont prompts à se saisir de nouvelles pratiques si elles viennent des États-Unis. « Quoi de mieux pour tester sa popularité auprès des Français, qu’un sondage autour d’un élément fédérateur de leur quotidien : la bière ? » s’extasie, se pâme, Vanity fair le 5 janvier (32). Les Américains aiment la bière, et chez eux, la consommation moyenne annuelle (en 2016) par habitant est de 77 litres. En Allemagne, elle est de 106,1 l, et au Danemark, de 143,6 l. Dans ces pays, les « beer tests » peuvent être significatifs. La France est au quarante et unième rang mondial, avec 30 litres (consommation des moins de 18 ans comprise). Ceci, bien que : « 76 % des Français consomment de la bière », résultat affiché en juin 2017, d’une enquête de l’observatoire C10/Ifop auprès de 1.028 personnes de 18 ans et plus (33) (et non de tous les Français). Mais, seulement un tiers des consommateurs « dégustent » de la bière au moins une fois par semaine, et plus l’été quand il fait chaud. Ce qui confirme que le verre de bière n’est pas vraiment « la tasse de thé » de la majorité des Français. Excusez-moi de « traiter » ici de ce type de sondages, que certains (dont je suis) pourraient considérer comme dérisoires. Mais si on a payé pour les réaliser et si des dizaines de médias ont décidé d’en parler, avec plus ou moins de précision, on ne peut douter qu’ils soient réellement importants pour la France… et son Exécutif.
Au « Top 50 » des personnalités, Emmanuel Macron est 34e
L’Ifop pour le Journal du Dimanche publie périodiquement un classement des 50 personnalités préférées des Français. Au classement général de décembre 2017 (34), nous trouvons des habitués, avec en tête, Jean-Jacques Goldman (44,4 %), Omar Sy (39,8 %), Teddy Riner (29,8 %), Dany Boon, Sophie Marceau, Jean Reno, Michel Cymes… suivis par d’autres vedettes du « show-biz ». Macron est 34e (14,4 %), entre Thomas Pesquet et Julien Doré. Marine Le Pen est 46e (9,5 %), entre Line Renaud et Nicolas Hulot ! Des classements des dix personnalités préférées des sympathisants de la droite, de la gauche et de LREM sont aussi présentés. Pour ceux de droite et de gauche, sans surprise, les noms cités plus haut se retrouvent en tête, dans des ordres peu différents de celui du classement général. Par contre, pour les sympathisants LREM, (sans surprise ?) le préféré est… Emmanuel Macron (56 %), devançant largement Goldman, Cymes, Riner, Boon… Autre « curiosité », les 50 préféré(e)s des Français comprennent 16 femmes et 34 hommes. Et parmi les 10 préférés des sympathisants de LREM, il n’y a aucune femme. Nous sommes loin de la parité. Les ministres concernées doivent-elles s’en émouvoir, demander de légiférer ?
Autres procédés pour enjoliver une image ou nuire à un adversaire
Bien d’autres procédés« classiques » que des sondages sont utilisés à ces fins, presque chaque jour, en toute « innocence », sans que nous ne nous en apercevions. Voici quelques exemples récents ou encore d’actualité.
Airbus : annonces « flatteuses » pour Macron, publicité mensongère ou « fake news » ?
Sur le portail d’Orange, on pouvait lire le 9 janvier l’annonce : actualités « Moisson de contrats en Chine pour Emmanuel Macron ». Quel internaute se limitant à la lecture de cette annonce n’aurait pas aussitôt compris que Macron avait signé une multitude de contrats qui lui étaient plus ou moins attribuables ? En cliquant sur l’annonce en question, l’internaute accédait à un article dont le titre, « Chine : moisson de contrats en perspective à l’occasion de la tournée d’Emmanuel Macron », ne disait pas tout fait la même chose (35).
En fait, il était attendu et/ou espéré que la « tournée » (moins de trois jours sur place) soit l’occasion de la signature d’importants contrats par Airbus (pour une centaine d’avions), Areva (construction d’une usine de retraitement de déchets radioactifs, Orpea (construction de maisons de retraite), Thales et d’autres, en négociation depuis plus ou moins longtemps. Récidive enthousiaste le lendemain, 10 janvier ! Annonce : actualités « Chine : le contrat faramineux décroché par Emmanuel Macron », et renvoi à un article intitulé : « La Chine commande 184 Airbus A320 pour livraison en 2019-2020 » (36).
Le montant de la « commande » (estimé, mais pas encore négocié) serait de l’ordre de 18 Mds $ . De l’article, il ressort que la Chine a l’intention de respecter la parité dans ses commandes d’avions entre Airbus et Boeing. Deux citations du président Macron l’attestent : « C’est quelque chose qui sera totalement finalisé sous peu, mais qui m’a été confirmé par le président » Xi Jinping, et « Le président Xi m’a confirmé (…) le fait que la Chine préservera son volume de commandes dans les années à venir, et préservera les parts de marché entre Airbus et Boeing. Voilà la ligne chinoise, elle a été affirmée clairement ».
Boeing estimerait le marché chinois à 7.240 avions au cours des 20 prochaines années. Autre Info : un protocole d’accord a été conclu avec Airbus prévoyant l’augmentation de la cadence de production de l’A320 en Chine. Le même jour, sur boursorama.com, un article basé sur des infos provenant de l’agence Reuters était intitulé « La commande de 184 Airbus A320 bientôt finalisée-Macron » (37). Un représentant de l’Élysée aurait déclaré « Ce sont des commandes qui n’ont pas été annoncées et qui ne font pas partie du package Merkel ».
En matière de parité des commandes, Boeing avait pris les devants avec la vente de 300 avions à l’occasion de la visite du président Trump en Chine en 2017. Puis 148 Airbus avaient été achetés par la Chine en juillet, lors de la visite du président Xi Jinping en Allemagne.
Qu’a donc décroché Macron ? La « commande » des 184 Airbus A320 s’inscrit dans une longue histoire, en partie préprogrammée, à laquelle les responsables politiques français et allemands apportent leurs contributions, sans doute moins déterminantes que les démarches des dirigeants d’Airbus et la qualité des appareils vendus. « Un contrat faramineux » !? Il ne fera sans doute pas oublier la plus grosse commande de l’histoire d’Airbus décrochée en novembre 2017 à Dubaï auprès d’Indigo Partners, une société d’investissement spécialisée dans la location d’avions : 430 Airbus A320, pour un montant de 49,5 Mds $. Avec, le même jour, une commande du loueur CDB Aviation Lease Finance de 90 appareils de la famille A320neo, pour un montant de l’ordre de 5,1 Mds $ (38). A ce moment-là, Airbus avait enregistré 13.700 commandes de l’appareil A320 entré en service en 1988. Autre bonne nouvelle, le 18 janvier : la commande par Emirates de 36 appareils A380 (39), pour 15 à 16 Mds $. Sans elle, la direction d’Airbus aurait peut-être dû arrêter le programme de construction de ce gros porteur. Avec elle, l’avionneur dispose de 10 ans pour repenser la motorisation de l’A380 afin de le rendre plus attractif. Ces précisions relativisent les performances commerciales de notre président dans la « success story » d’Airbus en Chine. Pour ne pas créer des « fake news », certains annonceurs feraient bien de ne pas déployer leur zèle à l’excès.
Macron, la Chine et les droits de l’homme
Sur le site de Contrepoints, le 11 janvier, était affiché « Le regard de René Le Honzec », un dessin, une caricature sur « Macron et les droits de l’homme en Chine ». On y voit les deux présidents se serrant la main, Macron, le visage crispé, prononçant « Je ne sais pas le dire en chinois », et Xi Jinping, un large sourire aux lèvres, répondant « Normal, ça n’existe pas » (40).
Quoi de plus bref et évocateur qu’un tel dessin pour « souligner » la « timidité » de Macron sur le sujet et la tranquille assurance de Jinping !
De telles caricatures, critiques plus percutantes que bien des messages écrits, seront-elles condamnables comme des « fake news » pendant les périodes électorales ? Les défenseurs de Charlie Hebdo doivent-ils s’en inquiéter ?
Investissement de Toyota à Onnaing, une autre pantalonnade. « Fake » ?
Le 22 janvier, dans l’après-midi, image avec le Président à l’appui, l’annonce suivante était affichée sur le portail d’Orange : « Toyota : Macron annonce en personne la grande nouvelle ». L’annonce renvoie à l’article « Toyota va investir 300 millions d’euros dans son usine d’Onnaing » (41).
Cette usine, située dans le nord, est spécialisée dans le montage des Toyota Yaris. Après les dizaines de milliards d’Airbus, « grande nouvelle » est d’autant plus « démesurée » que le journal Les Echos (notamment) avait annoncé la semaine précédente un investissement de 400 millions. Et le vice-président Monde de Toyota, qui a pris la décision, a promis « On va moderniser le site, où certains équipements sont là depuis l’origine »… C'est-à-dire depuis 1999. Mieux vaut tard que jamais !
Des reportages « déséquilibrés » sur Laurent Wauquiez suspendus sur France 3
Le 9 janvier, est née une polémique due à l’interruption par le rédacteur en chef de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes de la diffusion d’une série de cinq reportages sur Wauquiez (LW). Le deuxième volet de la série, consacré aux finances de la région a mis le feu aux poudres, suscitant de nombreuses de réactions. LW, son entourage ainsi que des élus lui ont reproché d’être à charge et sans avis contradictoire.
Le sujet se terminait, d’ailleurs, par : « Laurent Wauquiez en père Noël, père fouettard ou saint Laurent patron des plus modestes, la suite au prochain épisode… ». LW a aussitôt été accusé d’avoir fait pression pour arrêter les diffusions. Il a démenti et indiqué qu’il ne réclamait qu’un droit de réponse, une interview de trois minutes dans les journaux de 12 heures et 18 heures (comme les reportages). Une crise a éclaté au sein de la rédaction de France 3 ARA, « … la stupéfaction a laissé place à la colère… ». Le rédacteur en chef a justifié la déprogrammation par le contenu des sujets, non conformes à la commande de la chaîne et jugés « déséquilibrés ». « On ne s’empêche pas de faire de l’investigation, mais sur la forme et sur le fond, on essaie d’être équilibré et plutôt mesuré. Et là, ce n’était pas le cas ». Pour le directeur régional de la chaîne, «
On n’était pas dans les clous du point de vue politique et par rapport à notre tonalité de service public » (42). Une motion de défiance a été votée par la rédaction et, finalement, les deux derniers volets de la série, pré-visionnés, ont été diffusés vendredi 12 et samedi 13 janvier. En réponse aux critiques sur la gestion de la Région, LW a déclaré : « En revanche, et c’est la démocratie, j’ai demandé un droit de réponse pour rappeler que la région Auvergne-Rhône-Alpes est aujourd’hui classée par l’agence de notation Standard ans Poor’s région la mieux gérée de France » (43).
Le 13 janvier, LW a exercé son droit de réponse pendant trois minutes, mettant l’accent sur les mesures prises afin de réduire les dépenses des trois ex régions fusionnées (nombre de directeurs abaissé de 70 à 25, strates hiérarchiques comprimées, généralisation du temps de travail à 35 heures…), concluant par « On investit pour l’emploi, Internet, la rénovation des lycées » (44). Ces péripéties montrent assez bien des difficultés que pourraient rencontrer des « juges » qui seraient chargés d’instruire des cas de « fake news » « présumés », ainsi que les réactions diverses auxquelles ils se trouveraient confrontés. Une façon sensée et « équilibrée » de traiter les cas d’informations malveillantes contestées, sans mobiliser une justice déjà surchargée, serait de pratiquer plus systématiquement le droit de réponse. Et la mise en pratique de motivations aussi louables que celles des responsables régionaux de la chaîne redonnerait du crédit aux médias, leur éviterait de voir leurs clientèles se restreindre et limiterait la diffusion de « fake news ».
« Epingler » Marine Le Pen et ses amis : un exercice prisé de certains médias
Le 22 janvier, également sur Orange, un exploit était annoncé : « Buzzfeed et Médiapart épinglent les visiteurs du soir de Marine Le Pen » (45). « Une enquête conjointe du quotidien d’investigation et du laboratoire d’informations virales [rien que ça !] révèle l’Identité des conseillers secrets de Marine Le Pen. ». « Epingler » signifie « attirer l’attention sur un défaut, un abus – dénoncer – prendre sur le fait ». Qu’est-il reproché, alors, aux visiteurs, conseillers (présumés), « anonymes » ? De venir « de l’ENA, du monde du haut fonctionnariat, du Cac 40, de cabinets ministériels… Leur « profil » serait en contradiction avec le discours anti-élites du FN ! Autre médisance (?), « Les visiteurs du soir » est le nom du film de Marcel Carné, dans lequel « Satan délègue, sous forme de ménestrels, deux de ses suppôts, Dominique et Gilles, pour semer malheur et destruction sur Terre… » (46). De là à comprendre que les visiteurs de Marine sont des suppôts de Satan, il n’y a pas des kilomètres. Mais les auteurs de ces dénigrements ignorent ou ont peut-être oublié que les médias ont maintes fois signalé que François Mitterrand aimait recevoir incognito « des visiteurs du soir » et profiter de diverses occasions pour recueillir des avis, des opinions, de personnes qui n’étaient pas forcément du même bord que lui. Cependant, avec leur titre, ils n’ont sans doute pas voulu suggérer que Marine suivait l’exemple de l’illustre François.

L’arroseur arrosé Pas de chance pour l’Exécutif et LREM !
Au moment où ils étudient comment réprimer les « fake news », il s’avère que Rayan Nezzar, porteparole de LREM, s’est illustré par des « tweets » injurieux à l’encontre de journalistes et de politiciens. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a jugé bon de le défendre en prêchant une erreur de jeunesse : « Quand on a 18 ans et qu’on dit des bêtises, qu’après on en prend conscience, qu’on s’excuse, qu’on répare [!?] et qu’on ne le fait plus… ». Et elle a cru bon d’ajouter : « Les discussions au bistrot, dans les universités ou les manifestations, ce n’était guère mieux » (47). Pourtant, en 2012 et 2013, Rayan Nezzar avait traité Valérie Pécresse et Caroline Fourest de « pouffiasses », Alain Juppé de « fiotte », Jean-François Copé de « petite pute », avec « va niquer ta mère », Marine Le Pen de « pute », Manuel Valls « a zéro couille », Bruno Lemaire de « couille molle », etc. Au total Nezzar aurait supprimé près de 5.000 « tweets » après sa nomination (48). En outre, l’auteur de ces grossièretés n’était plus un jeunot de 18 ans au moment des faits ; il était un adulte de 22-23 ans, entre sciences-po et l’ENA, déjà affilié au PS.
Cette « erreur » a été diversement accueillie au sein de LREM, et un de ses députés, François-Michel Lambert s’est ouvertement indigné : « On nous annonce une loi contre les ‘’fake news’’ et trois jours plus tard on se retrouve avec un ministre qui ment » (47). Désirant « calmer le jeu » et éviter qu’enfle la polémique, Castaner aurait commis un impair de taille le 8 janvier à RTL. Selon la radio, il aurait défendu Nezzar en privé, évoquant des « propos d’étudiant » et « un vocabulaire de jeune de Montreuil » (49), Nezzar ayant vécu à Montreuil. Les réactions ont été immédiates. Voici la réplique du maire de Montreuil : « Monsieur C. Castaner vous êtes vraiment un ‘’narvalow’’, vos propos sur les jeunes de Montreuil sont indignes, méprisants et la preuve d’une méconnaissance complète de notre ville et de ses habitants.
J’exige des excuses publiques… ». Renseignements pris, un « narvalow » serait un farfelu, un hurluberlu, un « ouf » coupable de mille extravagances. M. Castaner a « démenti » (ou « contesté », ou « nié » ?) les propos qui lui ont été attribués. Le 9 janvier, le porte-parole avait démissionné. « Exigence d’exemplarité » oblige, selon Castaner (50). C’est, ainsi, un peu la pièce de l’arroseur arrosé qui s’est rejouée, le parti du président étant une « victime » avant l’heure de la chasse aux « fake news »… et aux comportements répréhensibles qu’il condamne.

PS : sur une polémique d’actualité non sans lien avec la liberté d’expression et le politiquement correct. Personne n’oserait plus soutenir que les neuf camps de concentration qui étaient situés en Allemagne (11 avec celui créé en Alsace annexée et celui de Manthausen en Autriche) étaient des camps « allemands » et non des camps « nazis ». Alors, je suis étonné que tant de médias et des politiciens tombent à bras raccourcis sur les dirigeants polonais qui veulent interdire que l’on qualifie de camps « polonais » les camps de concentration et d’extermination édifiés puis en activité sur le sol de leur pays, alors sous domination du Troisième Reich. Ces camps ne sont pas moins « nazis » que les précédents. L’antipathie envers les dirigeants polonais actuels, qui seraient des « conservateurs rétrogrades », ne peut justifier ni la déraison ni la culpabilisation d’une nation… dont la population a compté de très nombreux martyrs de septembre 1939 à janvier 1945.
Sources et références :
(1) « Macron annonce une loi pour faire reculer les ‘’fake news’’ », liberation.fr/france/2018/01/03/macron…
(2) «‘’Fake news’’ : Macron va-t-il museler Internet ? », contrepoints.org/2018/01/11/305668-fake-news…
(3) « Croyez-vous le Gouvernement quand il dit qu’il n’y aura pas de nouvel impôt d’ici la fin du quinquennat ? », le figaro.fr/conjoncture/2018/01/12/20002…
(4) « Dépenses de santé : le casse-tête du reste à charge zéro », leparisien.fr/edition/economie/depenses-sante…, le 19/01/2018.
(5) « Dépenses santé : un reste à charge de 248 euros par personne », mutualite.fr/actualite/depenses…, le 22/09/2017.
(6) « Comprendre les plateformes numériques », Xerfi-precepts-strategiques-tv-com/ensavoirplus/Aurelien-Duthoit-comprendre…, le 27/10/2014.
(7) « Lancement de la nouvelle plateforme post-bac sur fond d’inquiétudes », actu.orange.fr/France/lancement…, le 15/01/2018.
(8) « Alerte mobilisation. Pacte numérique pour l’Indépendance et la Sécurité Internet de la France », MesOpinions.com, janvier 2018.
(9) « Grâce à la réforme fiscale de Trump, Apple paie 38 milliards de dollars au fisc américain », lefigaro.fr/secteur/high-tech/2018/01/17/32001…
(10) « Loi numérique : loyauté des plateformes », larevue.squirepattonbogs.com/Loi-numérique…, le 10/01/2017.
(11) « Projet de loi contre les fake news : le combat personnel de Macron », leparisien.fr/politique/projet-de-loi…, le 16/01/2018.
(12) « Avant la loi, le commando ‘’anti-fake news’’ du candidat Macron », lepoint.fr/politique/avant-la-loi…, le 10/01/2018.
(13) [Doc] « Convention d’Assistance – Wikileaks », wikileaks.org/macron-emails//fileid/115/56.
(14) « Les élections municipales pourraient être décalées en 2021 », ouest-France.fr/elections/calendrier, le 23/11/2017.
(15) « Comment les médias ont fabriqué le candidat Macron », lvsl.fr/medias-ont…, le 02/02/2017.
(16) « Cette honteuse propagande pour Macron », bousorama.com/forum-politique-cette-honteuse…, le 04/04/2017.
(17) « Les entrepreneurs jugent positives les réformes de Macron », lefigaro.fr/2017/11/18/09007…
(18) « Les Français ne croient pas aux effets des réformes », lefigaro.fr/emploi/2018/01/24/09005…
(19) « ‘’Fake news’’, Kalfon ironise sur les promesses non tenues de Macro », youtube.com/watch?v=R9C-TtDP4qR, le 03/01/2018.
(20) « ‘’Fake news’’ : une loi pour rien ? », lepoint.fr/politique/fake-news…, le 04/01/2018.
(21) « Loi anti ‘’fake news’’ : une grave atteinte à la liberté d’expression », cnip.fr/2018/01/05/loi-anti…
(22) « Revue de presse – loi contre les ‘’fake news’’ : attention, danger ! », lepoint.fr/politique/revue…, le 05/01/2018.
(23) « La loi anti-‘’fake news’’ de Macron fait débat », fr.reuters/article/topNews/idFRKBN1EU1CV- OFRT, le 05/01/2018.
(24) « ‘’Fake news’’ ; Mélenchon à contre-courant de Macron », lopinion.fr/video/opinion/fake-news, le 11/01/2018.
(25) fr.irefeurope.org-Publications/Articles/Les-fake-news…, le 08/01/2018.
(26) «‘’Fake news’’ : un alibi pour une censure étatique mondiale ? », contrepoints.org/2018/01/08/306663…
(27) « Légiférer sur les ‘’fake news’’ est inutile et dangereux », contrepoints.org/2018/01/10/306908-legiferer…
(28) « Contre les ‘’fake news’’, vive le marché libre de l’info », contrepoints.org/2018/01/10/306915-contre…
(29) « 79 % des Français favorables à une loi sur les ‘’fake news’’», lefigaro.fr/medias/ 2018/01/11/2004…
(30) « Les Français aimeraient boire une bière avec… Emmanuel Macron », lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/01/04/25001…
(31) « L’indice de convivialité des Hommes politiques », ifop.com/media/politique/3939-1-study-file.pdf, le 05/01/2018.
(32) « Cul sec. Avec quels politiques les Français aimeraient-ils boire une bière ? », vanityfair.fr/monde-de-vf/articles/avec-quels…, le 05/01/2018.
(33) « 76 % des Français consomment de la bière », bienpublic.com/actualite/2017/06/13/76-des-francais…
(34) « Le ‘’top 50’’ des personnalités, décembre 2017 », ifop.fr/médias/pol/3935-1-study-file.pdf.
(35) « Chine : moisson de contrats en perspective à l’occasion de la tournée d’Emmanuel Macron », finance.orange.fr/actualite-eco/article/chine…, le 09/01/2018.
(36) « La Chine commande 184 Airbus A320 pour livraison 2019-2020 », finance-orange.fr/actualite-eco/article/la-chine…, le 10/01/2018. (37) « La commande de 184 Airbus A320 bientôt finalisée », boursorama.com/actualites/la-commande…, le 10/01/2018.
(38) « Airbus décroche la plus grosse commande de son histoire », lefigaro.fr/societe/2017/11/15/20005…
(39) « Emirates achète 36 Airbus A380 et donne 10 ans de vie au super-jumbo », latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense…, le 18/01/2018.
(40) contrepoints.org/2018/01/11/307108…, « Macron, la Chine et les droits de l’homme ».
(41) « Toyota : Macron annonce en personne la grande nouvelle », orange.fr/portail, le 22/07/2018 + finance.orange.fr/actualite/toyota-va-investir.
(42) « Reportages suspendus sur France 3 : Wauquiez dément des pressions », lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/01/12/25001…
(43) « Wauquiez dément toute pression sur France 3 », lejdd.fr/politique/wauquiez…., le 13/01/2018.
(44) « Voici comment Laurent Wauquiez se défend contre France 3 », closermag.fr/politique/voici…, le 13/01/2018.
(45) « Buzzfeld et Médiapart épinglent les visiteurs du soir de Marine Le Pen », actu.orange.fr/politique-buzzfeld…, le 22/01/2018.
(46) « Les visiteurs du soir », allocine.fr/film/fiche-film=606.html.
(47) « Muriel Pénicaud défend le porte-parole de LREM rattrapé par des tweets injurieux », lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/01/07/25001…
(48) «’’Pute’’, ‘’fiotte’’, ‘’pouffiasse’’… Rayan Nezzar, le nouveau porte-parole d’En Marche, s’excuse pour ses tweets… », huffingtonpost.fr/2018/01/06/pute…
(49) « Rattrapé par la polémique sur son porte-parole, Castaner tente de calmer le jeu », lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/01/08/25005…
(50) « Démission d’un porte-parole LREM : Castaner évoque ‘’l’exigence d’exemplarité’’», actu-orange.fr/politique/demission…, le 09/01/2018.

© 02.02.2018
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