Le visa pour venir à Mayotte existe depuis 1976 et le visa Balladur est un visa ordinaire !
L’article « un visa pour les gouverner tous », publié dans Flash Info du 24 janvier 2022, tombe comme un cheveu sur la soupe au moment où les débats au plan national s’inscrivent dans la perspective du renforcement de la lutte contre l’immigration, notamment en reprenant des propositions émises de Mayotte pour faire face à la déferlante migratoire dont est victime le 101ème département. Il appelle de ma part quelques observations que je souhaite soumettre à la sagacité de vos lecteurs.
En 1er lieu, le régime des visas entre Mayotte et les Comores n’a pas commencé avec la décision d’Édouard Balladur du 18 janvier 1995. Le régime des visas entre Mayotte et le Comores remonte à 1976, date à laquelle a été créée la collectivité territoriale de Mayotte. Ainsi, tout comorien, par nature étranger arrivant à Mayotte, était soumis à une demande visa qu’il sollicitait à l’arrivée, avec obligation de repartir à l’issue. Il était délivré soit à l’aéroport de Pamandzi, soit au port de Dzaoudzi.
Les personnes qui prétendaient venir ici pour rendre visite à la famille ne repartaient souvent plus, en raison probablement de l’état d’abandon civique, économique et social dans lequel se trouvaient déjà les Comores indépendantes.
En second lieu, dans le même temps et alors que le visa était très facile à obtenir, a débuté le système des kwassa-kwassa. Le premier à avoir franchi le bras de mer des Comores vers Mayotte en kwassa-kwassa était le frère du président Ahmed d’Abdallah fuyant le régime du président Ali Soilihi. Cela remonte remonte à 1978 ! La France ferma les yeux sur ce système des kwassa-kwassa pour prouver à la communauté internationale que le régime comorien d’alors était sanguinaire et ainsi justifier par la suite qu’il soit renversé.
Des images de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sur le site internet YouTube montrent encore des camps militaires édifiés à Pamandzi, par l’armée française, pour regrouper tous ceux, parfois arrivés par kwassa-kwassa, qui avaient fui les Comores.
Puis, en 1989, lors d’une visite aux Comores, François Mitterrand déclarait aux comoriens son souhait « qu'il n'y ait plus de barrières dressées, barrières théoriques, mais peu franchissables, entre tous les Comoriens que vous êtes, eux et vous ».
Il est donc inexact d’affirmer qu’Edouard Balladur fut le premier à instaurer un visa. Il est tout aussi inexact d’affirmer que le système avec visa à l’arrivée ou sans visa fonctionnait. La réalité est que le visa entre les deux états existe depuis le début, que c’est bel et bien François Mitterrand qui le supprima pour assouvir une promesse qu’il avait faite à son ami Ahmed Abdallah lors de la présidentielle de 1974. Sa décision était éminemment politique et alignée sur les revendications étrangères comoriennes lorsqu’il évoqua, comme motif, qu’il faut renouer l’unité des comoriens qui seraient « Mayotte et les autres et les autres et Mayotte ». L’idée sous-jacente était déjà probablement de créer le nombre à Mayotte pour que la France non gaulliste et les Comores obtiennent par la force du nombre ce qu’ils avaient perdu dans les urnes en décembre 1974, à l’occasion de la consultation en vue de l’indépendance des Comores.
Vint alors Edouard Balladur, Premier Ministre en visite officielle à Mayotte, au cours de laquelle il décida de restaurer ledit visa, non plus à l’arrivée mais au départ des Comores, auprès de nos services consulaires. Cette mesure provoqua un bras de fer entre les deux pays, car pour les Comores ce projet venait contrarier leur dessein d’envahissement, alors que la quasi-totalité des demandes de visa déposées régulièrement auprès de l’ambassade de France à Moroni recevait une suite favorable.
En troisième lieu, cet article affirme qu’il y aurait 10 000 morts dans la traversée mais sans aucune précision quant au mode de calcul effectué pour obtenir ce nombre. Il s’agit en fait d’un glissement sémantique d’un nombre de « 10 000 disparus » cités dans un rapport parlementaire vers « 10 000 morts ». Ce chiffre englobe donc les malheureux candidats à l’immigration clandestine décédés en mer en kwassa-kwassa, ceux qui ont péri en fuyant les différentes répressions des autorités comoriennes sur leur population, ainsi que tous ceux qui ont rejoint clandestinement la terre après un échouage sans encombre pour leur vie.
En quatrième lieu, l’article n’évoque pas non plus le fait que le visa ordinaire dit Balladur est venu tenter de canaliser les mouvements de populations étrangères qui commençaient déjà à poser problème du fait de leur impact sur Mayotte et qui avaient rapidement montré les limites de l’absence de visa et du visa délivré à l’arrivée.
Qu’elle est à ce jour l’état de la situation ? Mayotte demeure un territoire envahi par une immigration rythmée par un ballet incessant de kwassa-kwassa qui a débuté dès 1978 et qui n’a jamais cessé, y compris quand le visa à l’arrivée était supprimé. Mayotte est le seul territoire français où la population étrangère est plus importante que la population française. Avec 75 % des effectifs scolaires composé d’enfants dont les mères sont des étrangères d’origine comorienne - quand elles ne sont pas en situation irrégulière – avec 75% des naissances d’origine étrangères, plus personne, même le plus aveugle, ne peut ignorer la submersion migratoire et le remplacement des populations !
Aussi, venir dénoncer la mesure administrative qu’est le visa dit « Balladur », dont la vocation est d’affirmer la souveraineté française à Mayotte et de réduire l’immigration clandestine, me paraît un peu fort de café ! Cette posture confine à l’imposture et ne rend service ni à Mayotte, ni à l’État comorien, ni même aux candidats à l’immigration.
J’affirme que tous ceux qui aiment ce pays ami et voisin que sont les Comores et ses populations ne peuvent avoir pour seul et unique ambition la suppression du visa ordinaire - le visa au départ est la règle de base partout dans le monde, y compris entre des pays amis - mesure que les mahorais n’accepteront jamais sauf à chercher le chaos, car il est le seul moyen de l’affirmation de la francité de notre île au moment où les comoriens considèrent sans vergogne que c’est leur propriété.
Aimer les comoriens, c’est proposer de les aider à développer leur pays et à fixer les populations locales sur leur territoire. À titre d’exemple, moi qui aime Mayotte, les Mahorais, même si les situations ne sont pas comparables - les Mahorais étant des Français qui se rendent chez eux quand ils vont en France - je plaide pour un développement économique et social du 101ème département pour favoriser le maintien de nos compatriotes à Mayotte, où ils seront souvent plus heureux que dans l’importe quelle ville européenne. Parce que nous voulons trouver un espoir pour nos voisins et amis comoriens, nous avons proposé, en 2019, la mobilisation de notre aide publique au développement (APD) à hauteur de 150 millions d’euros sur trois ans en lieu et place des 7 millions d’euros annuels alloués précédemment.
Je regrette vivement que ce programme ait du mal à démarrer et se déployer en faveur des populations comoriennes. Dois-je rappeler, que les moyens dégagés par la France en 2005 à l’occasion de la conférence des bailleurs de fonds des Comores qui s’était tenue à Maurice n’ont pas pu être mobilisés par les Comores dont le seul projet qui les unit semble à ce jour l’intégration par la force de Mayotte dans leur Giron. /
© 01.02.2022