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par Christine ALFARGE
Dîner-débat du 10 décembre 2018
 
« Situations financière nationale et internationale »
 
En présence de Monsieur Jean-Michel NAULOT
 
 
« Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts »
 
(Charles de Gaulle).
 
 
À l’aube de l’année 2019 marquée par l’incertitude économique et financière, quel véritable défi à relever pour les Etats ? Eviter l’effondrement sur les catastrophes systémiques car nous sommes en grand danger. Est-ce maintenant le danger de la finance internationale ? Il faut faire attention, ce qui est certain, la situation ne s’améliore pas.
 
Le risque systémique.
 
La faillite d’un acteur sur un marché pourrait entraîner la chute de multiples institutions financières partout dans le monde. Pour l’éviter, les banques centrales, chez nous la Banque de France, contrôlent les comptes des institutions financières.
 
Au regard de la situation française, Jean-Michel Naulot est frappé : « le Général de Gaulle est toujours d’actualité plus d’un demi-siècle après par sa politique de redressement de la France. Au moment de son élection en décembre 1958, il prononce un discours enchaînant sur son programme économique comprenant l’augmentation des pensions vieillesse, un programme d’investissement et de dévaluation du Franc. Depuis dix-huit mois, on a fait l’inverse ».
 
L’évolution financière déterminante en France après 1958.
 
A travers la loi du 3 janvier 1973 dite loi bancaire, c’est la réforme des statuts de la Banque de France qui va changer la donne dont l’article 25 de cette même loi qui interdit à la Banque de France de faire crédit à l’Etat, obligeant la France à se tourner vers des banques privées et payer des intérêts alors qu’auparavant l’Etat pouvait emprunter sans intérêts auprès de la Banque de France. Selon l’analyse de Jean-Louis Guignard : « l’Etat français avait le droit de battre monnaie, et avec cette nouvelle loi, il perd ce droit qui est du même coup légué aux banques privées, qui en profitent pour s’enrichir aux dépend de l’Etat, en lui prêtant avec intérêt l’argent dont il a besoin ».
 
Quel impact sur la dette ?
 
A travers un entretien en 2013, Michel Rocard résumait clairement la portée de cette loi : « La Banque de France fut créée en 1801et jusqu’en 1973, elle finançait l’Etat sans intérêt. Si on en n’était resté là avec tous les emprunts qu’on a fait depuis parce qu’on emprunte tous les ans, la dette publique serait à 16 ou 17% du PNB. Mais en 1973, on a eu une loi stupéfiante qui s’appelle la loi bancaire qui a interdit à l’Etat de se financer sans intérêt auprès de la Banque de France et qui a obligé notre Etat. Nous faisions comme les allemands, c’était un peu la mode, c’était une façon de penser.
 
On a obligé les Etats à être financés sur le marché financier privé à 4 ou 5% et du coup notre dette est maintenant à 91% du PNB, c’est un peu effrayant. Ce qui veut donc dire d’abord que l’humanité a vécu quelques siècles en se finançant à l’œil et sans avoir de crise de la dette souveraine, ça donne des idées tout de même quand on sait que la Banque centrale américaine a depuis ça pour éviter la récession fait bien plus que tous les autres en prêtant mille deux cent milliards de dollars en plus des sept cent milliards du plan Obama officiel à 0.01% d’intérêt aux banques en difficulté, les banques qui nous avaient mis en difficulté et qui y étaient elles-mêmes, trouvaient leur argent pour s’en sortir à 600 fois plus cher le loyer de l’argent que la pauvre Grèce et même à 300 fois plus cher que nous.
 
Qu’est-ce que c’est que ce jeu imbécile, c’était donc possible de l’éviter, on pouvait faire autrement mais on n’a pas fait autrement donc les règles du jeu sont là et maintenant on est coincé, il faut payer la dette. »
 
La dette publique corrélée avec la crise financière.
 
Depuis le Traité de Maastricht de 1992, la dette est le résultat de l’article 123 du TFUE interdisant aux Etats d’emprunter à taux 0% à leur Banque centrale : « Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des Etats membres, ci-après dénommées « banques centrales nationales », d’accorder des découverts ou tout autre type de crédits aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publiques des Etats membres ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite ». Or, il faut l’unanimité des états membres pour changer les traités. Pour mémoire, Jean-Pierre Chevènement avait averti des conséquences du Traité de Maastricht : « C’est la bataille de la France, il faut que nos concitoyens comprennent que c’est un piège qui va se refermer sur eux ». « Voter n’aura plus de signification, le pouvoir sera dans les mains des banquiers de Francfort totalement indépendant du suffrage universel ».
 
Pourquoi les gouvernements n’ont rien fait ?
 
Selon Jean-Michel Naulot : « ils n’ont pas été à la hauteur, ils ont délaissé en ne s’investissant pas dans la finance, de même qu’est-ce qui a été fait en matière d’éducation ? Si la monnaie occupe depuis si longtemps un rôle central dans les relations entre les hommes, c’est qu’elle est un moyen efficace de limiter la violence dans leurs échanges, même si elle est également le vecteur des inégalités. Les partis politiques nous ont terriblement déçus, la démocratie s’est éloignée de la souveraineté, la gouvernance de la justice sociale. La classe politique dans son ensemble a pris ses distances avec le peuple français, sans analyser en profondeur la défiance des citoyens face aux pouvoirs qui se sont succédé, par manque de lucidité autant que par manque de courage. Les responsables politiques n’ont pas compris la souffrance du pays, c’est une crise profonde dans laquelle ils ont tous leur part.
 
Aujourd’hui, Jean-Michel Naulot pense que : « nous sommes au bout d’un cycle de quarante ans, premièrement parce qu’on a cru qu’à partir de 1980, on allait doper l’économie, au contraire il y a eu une déconnexion entre la finance et l’économie réelle. Et puis on a basculé dans la monnaie unique, avec le recul des évènements du 20ème siècle, c’est seulement une petite partie de l’élite qui a pris des décisions qui auront des conséquences ». A titre d’exemple : « C’est pendant le Conseil européen à Strasbourg le 9 décembre 1989 que François Mitterrand impose la monnaie unique ».
 
En 1984, le secteur bancaire était le secteur le plus administré de toute l’économie. Les principaux établissements avaient été nationalisés en 1945. La plupart des autres l’ont été en 1981. Les grandes banques nationalisées contrôlaient ainsi 87% des dépôts dès 1984. En l’espace de quelques années, les règles du jeu vont être bouleversées. La nouvelle loi bancaire impulsée par le Traité de Maastricht a fait sauter les barrières entre les différents métiers de banque. Le contrôle des changes a été levé et les échanges de capitaux libéralisés.
 
Pourquoi on taxe les ménages alors que l’industrie est exonérée ?
 
Jean-Michel Naulot est convaincu que nous sommes dans un moment grave, l’élite privée du peuple. Il dit : « ou bien on modifie le cap ou ils diront on ne peut plus continuer ». Il ajoute : « le Brexit est une réaction sociale puis avec celle de la France, l’idée européenne est très abîmée ».
 
Quoi qu’il en soit la finance a surtout enrichi les actionnaires. On abaisse en permanence l’impôt sur le capital, pas sur les plus humbles qui ne veulent plus subir refusant l’impôt dont la seule solution est la baisse de la dépense publique. « Vous n’avez rien fait tant que le peuple souffre » disait Victor Hugo le 9 juillet 1849 à l’Assemblée nationale, des paroles bouleversantes toujours d’actualité.

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