BUREAUCRATI E

ET GRÉVICULTURE

par Pierre Lombard,

Il est beaucoup reproché aux régimes islamistes de maintenir leurs peuples dans l’ignorance en limitant l’enseignement à la lecture du Coran. Pourquoi ne pas s’alarmer aussi du comportement d’une trop grande partie du corps enseignant français, qui organise l’ignorance de nos concitoyens en matière économique, en limitant son enseignement aux dogmes socialistes (« l’état peut tout », « chacun selon ses besoins », « faire payer les riches »), au détriment de la compréhension des échanges internationaux, et des mécanismes qui créent la richesse. Si la météo était aussi peu expliquée que l’économie, gageons que chaque tempête déclencherait des grèves et des manifestations « contre un gouvernement incapable de gérer Météo-France ».

 

Au-delà du corps enseignant, c’est toute la bureaucratie de notre pays – et pas seulement étiquetée « de gauche » - qui croit encore, comme Mao Zedong en son temps, qu’on peut changer la nature humaine par une (ré-) éducation adaptée. Faudra-t-il que la France atteigne le niveau de vie des chinois de 1976 pour infléchir cette détermination suicidaire ? Ils ne voudraient pas laisser les français comprendre que l’État n’est pas tout-puissant, et ne peut pas les protéger de tout désagrément.

 

Ils ne voudraient pas laisser les Français comprendre que la notion de secteur public, monopolisée par le terrorisme des syndicats, qui ont fait de tout ce secteur un fromage au seul profit de leurs mandants, et plus du tout au service du public, n'a plus rien à voir avec celle de Service public, éminemment honorable et nécessaire. Ni que ce secteur public, tellement voyant par son hypertrophie, casse le dynamisme de la Nation en donnant un mauvais exemple à tous ceux qui pourraient créer plus de richesse s'ils avaient envie de travailler vraiment. Ils ne voudraient pas laisser les Français comprendre que l'état doit exiger plus d’efficacité de la part des myriades de salariés-électeurs-manifestants dont il s'est alourdi. (Insistons bien sur le mot salariés, à ne pas confondre avec les travailleurs qui s'obstinent à essayer de le faire fonctionner, en général sans participer aux manifestations.)

 

 

Ils ne se rendent pas compte que ceux qui paient des impôts supportent de moins en moins bien le gaspillage effréné du fruit de leur travail, et s'en vont voir ailleurs, ou finissent par aligner leur comportement sur le modèle syndical, appauvrissant l'ensemble de la collectivité nationale. Jacques Marseille, lors d’un dîner de l’Académie du Gaullisme il y a plusieurs années, disait « La France est une Union Soviétique qui a réussi », on redoute de devoir aujourd’hui corriger « qui aura mis plus de temps à échouer ».

 

Ces jours-ci, on assiste à quelques exemples caricaturaux de la gréviculture installée dans les moeurs françaises par quarante ans de surenchères appuyées sur cette ignorance. Les pêcheurs croient que le gouvernement peut faire baisser les cours internationaux du pétrole. Il va en être de même avec toutes les professions touchées par l’inflation sur l’énergie. Et pendant qu’ils bloquent un maximum d’activités chez nous, les professionnels des autres pays s’adaptent et prennent durablement leurs parts de marché. Sur les retraites, ce sont les mêmes qui, au nom du système de répartition, refusent les fonds de pension (sauf pour leurs fonctionnaires chéris), et qui refusent aussi d’allonger la durée de cotisation contre toute évidence démographique.

 

Lorsqu’ils se trouvent vraiment coincés dans ce débat, ils proposent des prélèvements sur tout autre chose que les salaires, ce qui n’est plus la répartition fondatrice du pacte intergénérationnel. Et lorsqu’on semble les écouter en évoquant la « TVA sociale », qu’ont courageusement appliquée les dirigeants allemands, ils crient encore plus fort contre l’atteinte au pouvoir d’achat. Ils en reviennent toujours aux deux incantations :

 

- faire payer les riches (et qu’est-ce qu’on fait lorsqu’ils seront tous redevenus pauvres ou partis ailleurs, comme à Cuba ?) ;

 

- faire payer les patrons (à la grande satisfaction de leurs concurrents étrangers).

 

L’ignorance des français en la matière est telle qu’il faut beaucoup de courage pour l’affronter. Tout gouvernement qui aura ce courage devrait avoir notre soutien. Et ce combat a priorité sur tous les autres : Le Général de Gaulle n’a-t-il pas commencé par apurer la dette extérieure pour que la France soit respectée ? Aujourd’hui, avant de peser dans la recherche d'un meilleur équilibre des relations internationales, et même de conserver son indépendance, il faut que la France soit crédible à l’intérieur. Cela ne passe certainement pas par la conservation des concessions que de Gaulle a dû faire au PC en 1945, pour préserver l'unité nationale, et qui ont au fil des ans dégénéré en aberrations socio-économiques.

 

 

1° A leur décharge, remarquons qu’ils suivent en cela une voie tracée par les clercs des siècles précédents

 

 

 

 

 

 


10.06.2008
 

      Réagir à l'article :
 

HTML Web Counter