par Marc DUGOIS
Chaque année, début janvier, je fais le même vœu, la même
promesse aux dieux que je contribuerai au réveil de mon pays et chaque année à
la Saint-Sylvestre, je dois reconnaître mon échec et préparer une nouvelle
approche par un nouvel angle en espérant qu’un réveil sonnera enfin dans
quelques têtes.
L’élection présidentielle va accentuer notre écartèlement
entre d’un côté, notre désir de croire aux rêves que de remarquables
bonimenteurs tentent de nous vendre, et de l’autre, une réalité inquiétante que
chacun ressent sans en parler et en n’osant même plus en prendre conscience et
la mettre en mots.
Je fais le vœu que nous sachions résister aux médias qui vont
nous inonder de programmes divers nous disant tous que le rêve est possible si
nous votons correctement. Le message sera le même partout : il faut faire
revenir l’emploi et la prospérité. S’ils ne sont pas là, ce sera soit parce que
nous sommes mal gouvernés, soit parce qu’il faut du temps pour réparer les
mauvaises gouvernances passées, soit parce que l’on gaspille nos richesses,
soit parce qu’elles sont accaparées par divers boucs émissaires possibles.
Personne ne nous dira que la création de richesse est un
leurre et que le PIB n’est que la somme de nos dépenses. Personne ne nous
expliquera que nous finançons de moins en moins notre consommation par notre
travail mais que nous le faisons de plus en plus par l’impôt, par la dette et
par l’espoir fou que les autres paieront pour nous grâce à une balance
commerciale excédentaire qui, dans la réalité, nous fait au contraire payer
pour les autres par l’impôt et par la dette qui croissent inexorablement.
Je fais le vœu que nous soyons de plus en plus nombreux à ne
pas vouloir laisser à la guerre le soin de nous faire prendre conscience de la
réalité.
La réalité est que l’homme a besoin d’harmonie pour
s’exprimer et donner le meilleur de lui-même. Harmonie entre l’individuel, le
collectif et le sacré, harmonie entre être, agir et échanger, harmonie dans
l’approche du beau, du bien et du vrai qui génèrent les notions subjectives de
justice, de richesse et de pureté.
Je fais le vœu que nous soyons de plus en plus nombreux à ne
pas confondre richesse et production.
La vie n’est qu’échange et dans un groupe constitué par une
approche commune du bien, du beau et du vrai, donc de ce qu’est pour lui la
richesse, personne ne peut s’enrichir sans appauvrir quelqu’un d’autre et une
entreprise ne crée de la valeur réputée « ajoutée » que si un client vient
s’appauvrir de la même valeur. La prospérité n’est pas l’enrichissement
matériel de chacun qui nécessite l’appauvrissement d’un autre mais le constat
d’échanges libres et gratifiants. Mais pour obtenir cette prospérité-là il faut
avoir compris que l’avoir ne nous est important que lorsque nous avons de la
difficulté à être.
Je fais le vœu que nous soyons de plus en plus nombreux à
accepter de nous poser les questions difficiles et dérangeantes plutôt que de
nous contenter de regarder ailleurs.
Le renouvellement de la population nécessitant plus de deux
enfants par femme, quel est l’impact de la parité sur le futur de la population
si l’on ne veut ni réinventer l’esclavage ni accepter le grand remplacement ?
L’homosexualité est-elle innée, acquise ou simplement un
passage normal vers l’autre, au début pas trop différent de soi ? Si c’était la
troisième réponse à laquelle croyaient les Grecs, quelle est la bonne attitude
vis-à-vis d’une personne qui ne serait pas sortie du passage ? La responsabilité étant fondée sur les trois
pieds indispensables de la liberté, de la compétence et de l’engagement, la
démocratie peut-elle cesser d’être le paravent d’une oligarchie égoïste et
dépensière sans que soient sérieusement travaillés le tirage au sort ou le
permis de voter ?
Je fais le vœu que notre éducation oublie moins que la
transmission se fait autant par l’expérience que par la connaissance.
Je fais enfin le vœu que nous soyons tous là pour des vœux
2018 réconfortants et que cette année 2017 continue à nous apprendre à nous
soigner du matérialisme dévastateur du XXe siècle.