HARIDELLES ET POULAIN

 

par Georges AIMÉ

Les Français n’ont pas lieu d’être fiers de la de leurs représentants politiques les plus médiatisés ! Le plus navrant est qu’ils les ont élus et... pour certains réélus ! Aveuglement ? Manque de discernement ? Intoxication médiatique ? Bourrage de crâne ? Propension à suivre le troupeau ?   

Est-ce dû à une absence d’analyse des propos entendus ou rapportés ? À un manque d’esprit critique ? À une méconnaissance de l’Histoire ? À un défaut de culture politique ? À une ignorance de la psychologie du professionnel de la politique ? Où, plus simplement, à un « j’men foutisme » dû à la disparition des idéologies et à la baisse de la réflexion spirituelle ayant pour conséquence que seuls ont d’intérêt les dieux Fric et Nombril ? 

Questions et réponses restent posées et à compléter 

Triste spectacle en vérité. Voir s’affronter sans vraiment se confronter de vieilles haridelles – depuis plus de quarante ans pour certaines – sur les terrains lourds de leurs intérêts particuliers et de leurs ambitions sans limite n’a rien d’excitant et de très motivant. C’est sans doute la raison pour laquelle 50 % des électeurs inscrits se détournent des urnes. Ce faisant, ils laissent les terrains lourds devenir des friches ou ronces et épines foisonnent. Ils prennent également le risque d’aventures incertaines. 

Concussion, corruption, forfaiture, mensonges, pantouflage, phobie administrative, prévarication, tromperies, déviances comportementales ne semblent plus émouvoir qui que ce soit. Pourtant, chacun de ces mots pourrait s’appliquer à des politiciens connus de tous.  

À l’image de la grenouille dans sa bassine d’eau froide, puis chaude, puis très chaude, une partie de nos compatriotes se sont habitués à cet état de fait. Pire, ils sont capables de réélire ceux qui ont été condamnés pour cela et/ou de les prendre pour des héros !  

Ainsi se joue la comédie du pouvoir, sans renouvellement. Écrits ou prononcés, éternels mots causent de tous nos maux et mêmes protagonistes (il suffit de relire la presse des années passées en changeant les noms et les dates pour constater que vraiment rien ne bouge). Un « soixante-huitard » reconverti en journaliste oiseux s’allie avec un ancien ministre chiraquien pour soutenir un « jeune » poulain en marche qui prend modèle sur les vieilles haridelles et s’entraîne sur les mêmes terrains lourds. Cela ne vous rappelle rien ? Quel avenir ! 

Une bonne pièce ne peut être jouée par de mauvais acteurs. De mauvais acteurs ne peuvent jouer une bonne pièce. Nous sommes devant les deux cas de figure. La pièce ne peut être bonne. Elle se joue, Europe oblige, sans tenir compte de la France et des Français. Les acteurs ne peuvent être bons puisqu’inféodés à une structure de pensée dans laquelle l’intérêt général et le peuple n’ont pas leur place, si ce n’est comme variable d’ajustement pour servir des intérêts particuliers.

La génération des gens nés entre 1945 et 1960 (j’en fais partie) n’a pas à être fière de ce qu’elle laisse en héritage à celles qui suivent. Gâtée par la vie (risques de guerres disparus, plein emploi, absence de maladies, ascenseur social, etc.), elle ne s’est pas beaucoup préoccupée de l’avenir des générations suivantes, persuadée qu’il n’y avait aucune raison pour que cela s’arrête.  

La preuve en est la suppression du Commissariat général du plan, cette « ardente obligation » disait le Général. Ladite génération a pourtant bénéficié, à travers les plans quinquennaux, de l’usufruit du travail de la génération précédente sur la planification économique de notre pays. 

Ce commissariat aura duré de 1946 (créé par de Gaulle) à 2006 (supprimé par de Villepin). Il sera remplacé à deux reprises, en 2006 par le Centre d’analyse stratégique et en 2013 par France Stratégie (Commissariat général à la stratégie et à la prospective - CGSP). Pour faire bonne mesure on lui ajoutera le Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale ! Qui a entendu parler de France Stratégie et que fait son président Jean Pisani-Ferry pour porter à la connaissance des Français le résultat de ses analyses prospectives ? 

Ceux qui prétendent à la magistrature suprême sont les mêmes qui nous disaient il n’y a pas si longtemps que les emplois dans les services combleraient tous ceux perdus dans l’industrie. Ce faisant on a bradé  (rappelez-vous, 1996, 1 F pour Thomson) et on continue à brader (2016.09, la vente par Safran de Morpho [entreprise qui maîtrise une technologie d’avenir dans le domaine de l’identification] au fonds américain Advent) – une grande partie de notre industrie  et... le chômage n’a cessé de croître ! 

Comment faire confiance à ceux qui se sont toujours trompés ou qui nous ont toujours sciemment trompés ? Leurs erreurs, leurs échecs, leur manque de discernement et d’analyses, jamais ils ne les reconnaissent. Ce n’est pas de leur faute ! La conjoncture, la crise, le « manque de bol », la faute de ceux (pourtant choisis par eux) qui « « ont un pois chiche dans la tête », etc. 

Il nous faut aller vers ceux des candidats qui proposent des programmes essayant de tenir compte de l’évolution (parfois catastrophique) de toutes les sociétés humaines, qu’elles soient religieuses ou non, de l’accroissement de la population mondiale et de la démultiplication des problèmes que cela engendre pour la planète. Il ne faut plus nous laisser séduire par les bonimenteurs, berner per les camelots et dépecer par les charlatans.  

Faire de la prospective sans faire de science-fiction n’est pas chose aisée, pourtant c’est indispensable si l’on veut continuer à exister et à transmettre à nos enfants et petits-enfants ce que nous avons eu la chance de recevoir. 

Exigeons des candidats à la présidence de la République qu’ils nous parlent de leur vision du futur de la France, de l’Europe et du monde. 

L’Académie du Gaullisme recevra le 12 octobre Nedim Gürsel. Il viendra nous parler de la Turquie, à la fois si proche et si lointaine. Il tentera de nous faire comprendre l’évolution d’une de ces sociétés humaines dont je parlais ci-avant (bulletin d’inscription page 24). 

Le 15 novembre nous recevrons Jacques Sapir. L’Europe et la « démondialisation » seront au centre de notre dîner-débat. Une réflexion qui ne préoccupe guère nos haridelles et autre poulain  (bulletin d’inscription page 23). 

Le 13 décembre ce sera Jacques Nikonoff. Candidat à la présidence de la République, il viendra nous entretenir de son programme et pourquoi il convient de passer à une VIe République (bulletin d’inscription page 22).

 

© 01.10.2016