Cette poche de gaz représente 20 % des réserves naturelles de
gaz du monde. Le Qatar a commencé les forages en 1988, pour passer, à partir de
1996, en phase de production et augmenter progressivement sa capacité de
production au fil des années.
L’Iran, du fait du blocus économique qui le frappait, n'a pu
commencer l'exploitation de ce champ que bien plus tard, mais rattrape depuis
son retard.
De l'autre côté, schématiquement, l'Europe est un gigantesque
consommateur de gaz qui ne produit pratiquement rien et doit tout acheter sur
le marché international. Les trois grandes sources de gaz qui alimentent
l'Europe sont l'Algérie, les champs de la mer du Nord (exploités par le royaume
uni et la Norvège) et... la Russie.
La Russie ayant réussi à nouer des liens proches avec
l'Algérie, l'Europe vit donc dans une situation de dépendance stratégique
permanente vis-à-vis d'une coupure toujours possible du gaz russe qui, si elle
était également appliquée par l'Algérie, la plongerait dans une crise
énergétique grave.
La conjonction de ces deux facteurs, d'un côté un Qatar et un
Iran producteurs massifs d'un gaz abondant, et de l'autre d'une Europe qui voudrait
diversifier ses sources d'approvisionnement énergétiques, tout cela explique le
rapprochement entre la France et le Qatar (mais aussi le relâchement du blocus
iranien).
Donc, à partir de 2007, un Qatar ayant des quantités immenses
de gaz à fourguer a commencé à draguer l’État français, s'offrant des clubs de
foot, des coupes du monde pour devenir populaire et... en substance, monter un
projet de gazoduc direct, allant du Qatar, passant par l'Arabie Saoudite,
rejoignant la Turquie, puis rentrant en Europe par les Balkans.
Le seul problème... c'est qu'entre l'Arabie Saoudite et la
Turquie, il n'y a que deux pays, le premier étant l'Irak et le second... la
Syrie.
L'Irak étant en guerre et jugé totalement inadéquate pour y
construire un gazoduc, les Qataris et les Saoudiens ont proposé, en 2009, à Bachar El Assad de construire ce gazoduc sur son
territoire.
Bachar El Assad étant allié de la Russie,
la Russie lui fit refuser ce transit, puisque ce gaz qatari allait la priver de
son arme stratégique contre l'Europe.
Assad refusa donc, en conséquence de quoi, en 2011 le Qatar
et l'Arabie Saoudite consacrèrent quelques milliards d'euros à la création de
milices en Syrie pour entamer un conflit contre Assad, dans l'espoir de le
destituer, étant entendu que l’État qui prendrait sa place pourrait être
islamiste ou n'importe quoi d'autre, la seule obligation qui lui incomberait,
dès sa prise de pouvoir, se résumant à la construction de ce gazoduc.
Le Qatar et l'Arabie Saoudite financèrent ainsi Al Nosra, branche d'Al Qaïda en
Syrie, avec la bénédiction d'Israël qui voyait d'un bon œil la chute d'El
Assad, qui ainsi arrêterait de financer le Hezbollah qui du coup n'aurait plus
eu de financement pour continuer de tirer des roquettes sur Israël. Et la
guerre civile en Syrie éclata, et ... la guerre s'enlisa, pendant des mois, des
années...
En septembre 2013, excédés par le temps que prenait cette
petite guerre coloniale, les USA, la France et le Royaume Uni se décidèrent à
envoyer une flotte de guerre pour appuyer les rebelles syriens et faire chuter Bachar et son régime. La Russie, qui ne l'entendait pas de
cette oreille, envoya plusieurs navires de guerre s'interposer entre la côte
syrienne et la coalition qui allait passer à l'attaque.
Il faut ici comprendre que la façon de faire la guerre des
USA est très monolithique, codifiée... lorsqu'ils passent à l'attaque, ils le
font : 1° Avec des missiles Tomahawk, qui permettent de détruire les radars à
interférométrie et les radars passifs (ceux qui voient les avions furtifs) 2°
Ce qui permet ensuite d'envoyer l'aviation furtive détruire les défenses
anti-aériennes et les PC de commandement. 3° Ce qui permet ensuite d'envoyer la
vague de bombardiers classiques pour inonder les troupes terrestres ennemies de
bombes.
Donc, toute la stratégie américaine est basée sur l'attaque
première des Tomahawk. En septembre 2013, la flotte américaine, avant de lancer
le gros de ses Tomahawks en a lancé deux, de « reconnaissance »... et ils ont
eu la très désagréable surprise de les voir tomber dans l'eau, leurs missiles
ayant été brouillés par les contremesures électroniques de la flottille russe.
Donc, alors que la télévision nous bombardait avec les explications sur
l'attaque qui allait avoir lieu, que Hollande l'avait annoncée publiquement...
eh bien l'Occident a du replier ses billes et rentrer penaud à la maison,
puisque l'attaque ne pouvait pas avoir lieu. Et cette guerre annoncée fut
oubliée du jour au lendemain par nos médias.
La vengeance de l'Occident eu lieu quelques mois plus tard,
en Ukraine. Une révolution fut organisée par les services secrets européens.
Des barbouzes de la DGSE engagèrent quelques centaines de mercenaires pour
organiser un coup d’État, qui eut bien lieu, le but premier étant de punir la
Russie qui avait eu l'outrecuidance de croire qu'elle pouvait agir en tant que
superpuissance. Et l'Ukraine tomba aux mains d'une junte pro-occidentale. La
Russie réagit en récupérant la Crimée et en réussissant à utiliser le sentiment
pro-russe d'une bonne moitié de l'Ukraine pour entamer là-bas une guerre
civile.
Un avion de ligne abattu dans le ciel ukrainien permet à
l'Europe d'inventer des sanctions économiques contre la Russie, ce qui permit
de mettre à mal l'économie russe et de diminuer la valeur du rouble par deux
face à l'euro tout comme au dollar. Mais la Russie survécut sans trop de
problèmes au choc économique.
Pendant ce temps, la guerre continuait en Syrie... Al Nosra avait accouché d'un monstre, l'État Islamique, la
guerre de tranchées était de plus en plus défavorable au régime d'El
Assad...
L'Iran, considérant - à juste titre - que l'Arabie Saoudite
finançait l'EI aussi bien en Syrie qu'en Irak, l'Iran soutenant les pouvoirs
centraux syrien et irakien et étant en conflit officieux avec l'Arabie Saoudite
sur deux fronts déjà, décida d'appuyer une révolte armée au Yémen contre
l'Arabie Saoudite. Ce conflit débuta en mars 2015. Ainsi donc, l'Iran et
l'Arabie Saoudite sont en conflit désormais sur trois fronts, en Syrie, en Irak
et au Yémen... L'exploitation de la poche de gaz north
dome/south pars étant évidemment le nœud du problème.
C'est ainsi que la Russie décida d'intervenir directement en
Syrie, il y a un ou deux mois, pour assister le pouvoir central, en faisant
travailler essentiellement son aviation, sans troupes au sol. L'espoir changea
de camp, le combat changea d'âme, comme disait tonton Victor... Les troupes
d'el Assad reprenant le dessus, la construction Qatar arabo-turco-atlantiste
tombait à l'eau. Qui plus est, l'État Islamique et Al Nosra
ayant poussé le bouchon un peu plus loin que ce qui était attendu... il
devenait de plus en plus difficile pour les «
démocraties » occidentales de
faire croire qu'elles étaient du côté du « bien » ... et l'on ne peut que
constater l'habileté avec laquelle Poutine a réussi à remporter la guerre
médiatique en Occident.
(1) NDLR - Ce texte, transmis
par notre ami J.-L. Guignard, est la synthèse d’une note produite par des
observateurs turcs attentifs ne pouvant dévoiler leurs identités. Tous les
éléments contenus sont vérifiables. La découverte de grands gisements situés
entre l’Égypte et Israël (pour certains depuis 1970) remet en cause la
politique des oléoducs).