RÉVOLUTION FRANCISCAINE AU VATICAN,

MODÈLE OU MENACE ?

 

par Georges AIMÉ

Lors de ses voeux de fin d'année à la Curie, le pape François, outre le fait d'avoir déjà sur le dos les habits de docteur es-théolo-gie additionné de ceux d'expert en scolastique s'est couvert le chef du chapeau que portaient les docteurs de la peste en détectant chez ses patients quinze maladies.

Les mots pour qualifier les maux de ces malades qui ne s'ignorent pas tous ont été rudes et vont rester dans les mémoires - bien que, compte tenu de l'âge de l'auditoire on puisse avoir des doutes - à moins que quelque malin ne s'évertue à les effacer des tablettes pontificales. Ne dit-on pas que les voies du Seigneur sont impénétrables...

Or donc, en ce début d'année, période propice aux résolutions les plus folles et les plus utopiques, je vous propose, non pas de disserter sur l'incurie de la Curie, mais de nous auto-diagnostiquer.

Aussi suffit-il de changer ici ou là quelques mots du discours papal pour nous rappeler ce que nous avons peut-être oublié et mesurer ainsi la clairvoyance et la justesse de l'analyse.

Passons donc à la moulinette de notre mémoire ces maladies que nous nous sommes engagés à combattre, pour beaucoup d'entre nous il y a fort longtemps.

1. Première maladie, celle « de se penser ''immortel'', ''immunisé'' ou même ''indispensable'' » car dit le pape « une curie qui ne fait pas son autocritique, qui ne se met pas à jour, qui ne cherche pas à s'améliorer, est un corps malade ».

En effet, nombreux sont les pétris de leurs certitudes et ne dit-on pas que les cimetières sont, paraît-il, pleins de gens indispensables.

Avant d'aller plus avant dans l'analyse non médicale du docteur François, je tiens à préciser que tout rapprochement ou toute ressemblance avec quelque parti, cercle ou organisation que ce soit serait fortuit et n'engagerait que celle ou celui qui se prêterait à cet exercice.

2. Deuxième maladie, celle dite « du marthalisme » (de Marthe, personnage de l'Évangile. À trop se noyer dans le travail, on ne relève plus la tête et on passe à côté de l'essentiel).

Combien sommes-nous, combien sont-ils, à vivre dans une bulle translucide qui empêche de voir l'évolution ou l'involution de la Société ? Les dramatiques événements survenus il y a quelques semaines en sont la tragique illustration.

3. Troisième maladie, appelée « de ''l'empierrement'' ou du durcissement mental et spirituel, de ceux qui possèdent un cœur de pierre et se perdent ''sous la paperasse'' ».

Là, le pape aurait pu ajouter « combien sont-ils à considérer les hommes comme de simples numéros, de banales courbes statistiques ou mieux encore des variables d'ajustements ».

4. Quatrième maladie, dite « maladie de la planification excessive et du fonctionnarisme. Tout bien préparer est nécessaire mais sans jamais tomber dans la tentation de vouloir renfermer et piloter la liberté de penser ».

Là, je compatis. Le « prêt-à-penser » est une maladie chronique chez bon nombre de nos représentants politiques et autres donneurs de leçons, pseudo experts enfermés dans leur tour d'ivoire. À cet énoncé, nos énarques ont dû entendre le léger sifflement d'un vent venu de l'au-delà.

5. Cinquième maladie, « maladie de la mauvaise coordination, lorsque les membres perdent la communion entre eux et que le corps perd sa fonctionnalité harmonieuse ».

Aucun membre, de quelque parti, de quelque syndicat ou de quelque association que ce soit ne saurait se sentir concerné.

6. Sixième maladie, dite « maladie de l'Alzheimer spirituel que l'on constate chez ceux qui ont perdu le souvenir de leur rencontre avec le Principe - le pape dit Dieu - ou de ceux qui construisent autour d'eux des murs et des habitudes en devenant toujours plus esclaves des idoles qu'ils ont fabriquées de leurs propres mains ».

Ah ! le dieu Fric a bien des attraits. Il vous permet de parler de la faim dans le monde chez quelque chef étoilé, de dire doctement que le SMIC est trop élevé en sirotant quelque breuvage enfoncé dans le cuir profond d'un fauteuil d'un grand palace tout en surveillant la courbe de ses actions par tablette interposée. Il peut vous aider à franchir des frontières sur un tapis volant d'or et d'argent, sans ordre et sans trop de cahots ou de chao(zac)s.

7. Septième maladie, « La maladie de la rivalité et de la vaine gloire, lorsque l'apparence, la couleur des vêtements et les signes d'honneur deviennent le premier objectif de la vie ».

Là, je dois vous dire que je n'ai pas bien compris, peut-être s'agit-il d'une histoire de décorations ou plus simplement de stylo ou de montre.

8. Huitième maladie, celle « de la schizophrénie existentielle : c'est la maladie de ceux qui vivent une double vie, fruit de l'hypocrisie typique du médiocre et du vide spirituel progressif que les diplômes ou les titres académiques ne peuvent combler. Une maladie qui touche souvent ceux qui, en abandonnant le service de l'Homme - le pape dit Dieu -, se limitent aux affaires bureaucratiques et perdent ainsi le contact avec la réalité, avec les personnes concrètes. Ils créent ainsi un monde parallèle à eux où ils mettent de côté tout ce qu'ils enseignent sévèrement aux autres et commencent à vivre une vie cachée et souvent dissolue. Pour cette grave maladie, une conversion est d'autant plus urgente et indispensable ».

Là non plus, je n'ai pas bien compris, peut-être s'agit-il d'une banale histoire de scooter entre François et Marie-Madeleine finissant en queue de lapin.

9. Neuvième maladie, appelée « maladie des bavardages, des murmures et des commérages qui commence simplement parfois avec deux bavardages et s'empare de la personne en faisant d'elle un ''semeur de zizanie''. C'est la maladie des personnes peureuses qui, n'ayant pas le courage de parler directement, parlent dans le dos des gens. Frères et sœurs, prenons garde au terrorisme des bavardages ».

Il est des personnages et chroniqueurs médiatiques insensibles à cette maladie. On ne sait pas bien pourquoi !


10. Dixième maladie, dite « maladie de diviniser les chefs : c'est la maladie de ceux qui courtisent leurs supérieurs, en espérant obtenir leur bienveillance. Ils sont victimes du carriérisme et de l'opportunisme, ils honorent les gens et non ce qui dépasse l'Homme. Cette maladie pourrait aussi toucher les supérieurs lorsqu'ils courtisent certains de leurs collaborateurs pour obtenir leur soumission, leur loyauté et leur dépendance psychologique ».

Bien entendu cette maladie est inconnue de nos « zélites », aucune d'elles ne saurait se forger d'idoles.

11. Onzième maladie, identifiée sous le nom « de maladie de l'indifférence envers les autres : lorsque chacun pense seulement à lui-même et perd la simplicité et la chaleur des rapports humains ».

Je suis d'accord avec vous, il est évident que cela ne concerne aucun de nous.

12. Douzième maladie, dite « de la ''tête d'enterrement'', de ceux qui pensent que pour être sérieux il faut se colorer le visage de mélancolie, de sévérité et traiter les autres - surtout ceux que l'on pense inférieurs - avec rigidité, dureté et arrogance. Un cœur empli d'Amour - le pape dit toujours Dieu - est un coeur heureux qui irradie la joie et devient contagieux pour tous ceux qui sont autour de lui. Quel bien nous fait une bonne dose d'humour sain ! ». Sans « t » et sans commentaire.

13. Treizième maladie, nommée « maladie de l'accumulation, lorsque l'on cherche à ''combler un vide'' dans son cœur en accumulant des biens matériels, non par nécessité, mais seulement pour se sentir en sécurité ».

Alors là, je ne suis pas sûr que le pape ait raison... la nature ayant horreur du vide... Et puis il peut arriver qu'une phobie administrative et/ou une peur incontrôlable amènent à fuir les représentants de l'Administration et contraint à l'accumulation malgré soi. Il faut être indulgent.

14. Quatorzième et pénultième maladie, « La maladie des cercles fermés où l'appartenance au petit groupe devient plus forte que tout ».

Attention, cette maladie est pernicieuse, elle débute toujours avec de bonnes intentions mais à tendance à se transformer en cancer généralisé si l'on n'y prend garde.

15. Et enfin quinzième et dernière maladie diagnostiquée par le pape, celle appelée « maladie du profit mondain, des exhibitionnismes. C'est la maladie de ceux qui cherchent, sans jamais se rassasier, à multiplier leurs pouvoirs et sont capables pour cela de calomnier, de diffamer et de discréditer les autres, jusque dans les journaux et les revues ».

Là, il me faut rassurer l'évêque de Rome, elle ne concerne pas que les seuls ecclésiastiques. N'y voyez pas non plus une allusion à ces auteurs de quelconques ouvrages de tête de gondole.

J'en ai terminé ; à vous de déterminer si cette révolution franciscaine au Vatican, œuvre d'un Jésuite ne l'oublions pas, est un modèle ou une menace.

En ce qui me concerne je forme des vœux pieux pour qu'elle soit l'un sans être l'autre.

Quoi qu'il en soit, applaudissons le pape François, véritable autorité morale et spirituelle, pour son courage et cette leçon d'amour.

 



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05.02.2015
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