UNE FRANCE À DECOMPLEXER

 

par Georges AIMÉ

Quel est ce complexe qui nous pousse à l'autodérision, à la critique permanente de nos Institutions, de notre mode de vie et à trouver que « tout était mieux avant » et que « tout est mieux ailleurs ».Il est évidemment nécessaire de réformer certains aspects de nos habitudes, de notre représentation politique et de graver dans le marbre l'esprit de l'actuelle Constitution que d'aucuns ont bafoué. Est-ce une raison pour tout rejeter et tout renier ?

Étrange paradoxe de voir ceux qui veulent une VIe République se référer perpétuellement au père de la Ve ! Jeter l'eau du bain avec le bébé. Décidément ils nagent toujours en eau trouble !

Avant

En 1960, un ouvrier dépendant de la Convention collective des imprimeries de labeur (l'une des meilleures de son temps) faisait 55 heures par semaine (10 heures du lundi au vendredi et 5 heures le samedi matin), sans heures supplémentaires.

La condition paysanne, dépendante bien souvent du propriétaire de la terre, n'était guère différente de celle du manant des siècles passés.

Pour ouvrir un compte en banque une femme devait avoir l'autorisation de son mari. Inutile de préciser que pour avorter il fallait avoir de l'argent pour être accueillie dans une clinique anglaise.

Quant à l'habitat, qu'il soit rural ou urbain peu accepterait aujourd'hui d'y loger : toilettes « sèches » (chères à nos écolos) à l'extérieur à la campagne ou en banlieue, à mi pallier en ville, salles de bain ou d'eau inexistantes, charbon à la cave, etc.

Une opération de la hanche nécessitait trois semaines d'immobilisme et un mois de rééducation ; les sanatoriums er autres préventoriums étaient bien plus nombreux qu'aujourd'hui, etc.

Être noir, asiatique ou maghrébin attirait tous les regards, nombre de quolibets et parfois beaucoup de violence.

Ne pas être parisien, c'était être un « péquenot » ou un « plouc ».

Etc.

Ailleurs aujourd'hui

Nous ne sommes pas plus mal lotis que la plupart des peuples - comparables au nôtre - d'Europe et du reste du monde.

Qui aimerait aujourd'hui se faire soigner en Pologne ?

Qui aimerait aujourd'hui bénéficier de la couverture sociale britannique ?

Qui aimerait aujourd'hui ne pas avoir le choix pour l'école de ses enfants comme en Espagne ?

Qui aimerait aujourd'hui voir sa ville gérer par des mafieux perpétuellement impunis et être contraint pour survivre d'accepter une économie parallèle comme en Italie ?

Qui aimerait aujourd'hui voir son train de vie baisser et accepterait « les petits boulots » comme en Allemagne ?

Qui aimerait aujourd'hui ne pas avoir droit à la liberté de parole comme en Russie ?

Qui aimerait aujourd'hui être au chômage et/ou noir aux États-Unis d'Amérique ?

Qui aimerait aujourd'hui que les groupes religieux puissent demander à bénéficier d'une exonération d'impôt comme au Canada ?

Qui aimerait aujourd'hui être en perpétuelle insécurité comme au Brésil ?

Qui aimerait aujourd'hui être à la merci d'un coup d'État et voir la plupart des « élites » corrompues comme dans beaucoup de pays d'Afrique ?

Qui aimerait aujourd'hui habiter un pays du Moyen-Orient sans être sûr d'être en vie le lendemain ?

Qui aimerait aujourd'hui être sous la coupe d'un parti politique unique comme en Chine ?

Qui aimerait essayer de survivre au milieu d'incessantes rivalités ethniques et religieuses comme en Inde ?

Qui accepterait aujourd'hui le mode de vie des Coréens du Sud et des Japonais ?

Qui accepterait aujourd'hui d'être obligé de choisir l'une des six religions reconnues (islam, protestantisme, catholicisme, hindouisme, bouddhisme et confucianisme) pour remplir un formulaire de demande de carte d'identité  comme en Indonésie ? Etc.

Alors, plutôt que se lamenter en écoutant les pythies décadentes radiophoniques ou télévisuelles (qui, pour la plupart, sont les mêmes), les déclinologues à la solde des tenants de la financiarisation de l'économie, les pseudo experts à qui on ne ressert jamais, le moment venu, la bêtise de leurs propos ou de leurs prévisions, nous ferions mieux de réfléchir, ensemble, à faire fonctionner ce qui ne va pas.

Pour cela, point n'est nécessaire de se jeter des anathèmes, point n'est nécessaire de vociférer et de vouloir à tout prix imposer son point de vue.

Les Français, apparemment si dissemblables, se ressemblent tous. Et dans leur égoïsme et dans leur générosité, et dans leur façon d'être et de ne pas être.

Il n'est pas si difficile de les rassembler autour de la devise de notre Pays : Liberté, Égalité, Fraternité à laquelle il convient d'ajouter Laïcité.

Les vieilles notions de gauche, centre ou droite n'ont de sens que pour ceux qui les cultivent parce qu'elles les font vivre (très souvent fort bien).

Tous les systèmes politiques ont échoué, toutes les religions ont abouti à l'affrontement, seul l'adoration du dieu Fric est un point de convergence. Il est grand temps de démonter le contraire aux jeunes générations et de leur dire que la valeur d'un homme ne réside pas dans le montant de son compte en banque, de la marque de sa montre ou dans le nombre de ses maîtresses !

Le pape François a commencé, il a plus d'opposition que de soutien, la tâche est rude et le chemin emprunté compliqué ; il est temps que lui emboîtent le pas ceux, qu'ils soient croyants ou athées, pour qui l'Être est plus important que le paraître. Plutôt que de dresser les catégories sociales les unes contre les autres au risque de rendre notre Pays totalement ingérable, il convient de rassembler ce qui est épars.

Je vous souhaite à toutes et à tous, qui me faites l'honneur de me lire, de très belles, bonnes et joyeuses fêtes de fin d'année.

 

*Ceux, quels qu'ils soient, qui ont choisi ces pays d'accueil où l'argent est toujours le bienvenu, quelle que soit son origine, ne sont ni estimables ni fréquentables.

 



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04.12.2014
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