18 juin 1940 - 18 juin 2010

70 ans

Par Christine Alfarge,

« Le 18 juin 1940, c'est joué le destin de la France »

La célébration du 70ème anniversaire de l'Appel du 18 juin 1940 est avant tout un hommage à la résistance française rassemblée autour du Général de GAULLE à Londres, puis en Afrique du Nord, de tous ceux qui ont payé le prix de notre liberté dans l'action et le sacrifice pour que notre histoire française se perpétue à travers le temps. Pour les générations qui vont suivre, c'est l'exemple de la volonté et de l'espérance gravée pour toujours dans les esprits. Cette célébration est l'occasion de se souvenir et d'honorer la mémoire des Français libres qui avec courage ont décidé à l'été 1940, de prendre leur destin en main et de défendre leur pays, en ignorant la fatalité.

Le 18 juin 1940, la France libre est née du refus instinctif de la défaite et de la détermination d'un homme d'honneur, le Général de GAULLE, qui a dit «Non» à la soumission face à l'ennemi pour sauver la liberté du peuple français.

Appel du 18 juin 1940 prononcé à la radio de Londres (BBC)

 

Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.

Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.

Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.

Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.

Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.

Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.

Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.

Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.

Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres.

De toutes les épreuves que la France a traversées en plus de dix siècles, 1940 reste certainement la plus douloureuse : une armée décimée, des populations innombrables qui se rassemblent sur les routes de l'exode, affamées, ayant perdu leurs repères et tous leurs biens, puis très vite la débâcle du régime, c'est-à-dire les jours terribles qui précédèrent l'armistice du 22 juin, on y voit un pays sombrer au milieu d'un chaos inouï et dans l'ignorance des enjeux réels du conflit en cours, la désintégration de la République, la revanche de ceux qui ont choisi l'ennemi, le régime de Vichy avec ses monstrueuses lois raciales. Cependant, au coeur de l'abîme, d'autres hommes ont choisi de ne pas baisser les bras et de se battre courageusement, à partir de là, la résistance de l'ombre va naître, parmi eux Jean MOULIN, certain que le combat n'est jamais vain.

L'épopée de la France libre de 1940 restera un magnifique exemple pour toutes les générations. Le Général de GAULLE incarnera l'homme providentiel, s'imposant comme le sursaut, comme l'espoir. Il écrira plus tard dans son ouvrage le fil de l'épée : « Les armes ont détruit, mais aussi façonné le monde ; Elles ont accompli le meilleur et le pire, enfanté l'infâme aussi bien que le plus grand, tour à tour rampé dans l'horreur et rayonné dans la gloire. Honteuse et magnifique, leur Histoire est celle des hommes ».

 

Madame Christine ALFARGE

Secrétaire générale de l'Académie du Gaullisme

 

© 15.09.2010