Par Christine
ALFARGE
« Puisque tout recommence toujours,
ce que j’ai fait sera tôt ou tard une source d’ardeurs nouvelles après que
j’aurai disparu »
Cette évocation du Général de GAULLE exprime avec une
émotion particulière le fondement même de sa pensée qui nous donne à réfléchir
et à comprendre sur le fonctionnement des sociétés. L’histoire est toujours à
recommencer et ne peut se séparer des épreuves et des grands défis auxquels est
confrontée la nation.
C’est la volonté de surmonter les difficultés qui influe
sur le cours des choses. L’action du Général de GAULLE nous montre combien notre
pays s’est enrichi à travers ses décisions, ce qu’il a accompli dans l’histoire
et l’exemple qu’il laisse aux générations qui vont suivre afin de perpétuer une
histoire jamais finie.
Le rapport du Général de GAULLE à
l’histoire.
Le Général de GAULLE mènera une réflexion permanente sur
l’histoire, son affirmation la plus forte « une certaine idée de la
France » restera dans toutes les mémoires en hommage à celui qui avec
la plus grande dignité sauvera la liberté de la France. Dans une citation du 8
janvier 1959, il s’exprimera ainsi: « Depuis que voici bientôt
mille ans, la France a pris son nom et l’Etat sa
fonction, notre pays a beaucoup vécu, tantôt dans la douleur, tantôt dans la
gloire ». Au regard de l’histoire, l’idée essentielle qu’il se fait de
la France est : « Il n’y a qu’une histoire de
France ». La particularité du Général de GAULLE c’est l’importance
d’associer la révolution à la république, à l’histoire nationale en même temps
que la royauté. La révolution française porte en elle toute l’histoire de France
depuis ses origines, cet évènement qui bouleversera la vie d’un peuple et sa
conscience prouve que chaque action du passé façonne d’une certaine manière
l’avenir. Pour le Général de GAULLE, la réflexion sur le passé sera primordiale
pour mieux penser le présent et l’avenir, dans ses Mémoires d’espoir, il
invoquera « la stabilité et la continuité dont l’Etat est privé depuis cent soixante neuf ans ou le
bouleversement incessant de nos institutions depuis cent cinquante
années ».
La république incorporée à la Nation.
Ce qui caractérise le Général de GAULLE, c’est sa
volonté et sa perception des intérêts de la France qui domine en permanence, la
stabilité des institutions, la continuité dans la conduite des affaires
politiques, d’autre part le fait d’assumer toute l’histoire de France, de la
monarchie comme de la république. Mais ce qui jalonne avant tout le cheminement
de l’homme, c’est l’importance de l’Etat.
Le 28 février 1960, s’adressant aux membres du Conseil
d’Etat, il s’exprime : « Il n’y a eu de
France que grâce à l’Etat. La France ne peut se
maintenir que par lui. Rien n’est aussi capital que la légitimité, les
institutions et le fonctionnement de l’Etat. C’est
pourquoi il faut que cet Etat ait à sa tête un chef qui en manifeste la
permanence ».
La vocation de la France à la
grandeur.
La France est, à la fois, un produit de son passé et une
volonté de vivre dans le présent, mais cet équilibre entre dessein et ambition
peut sembler fragile sans un renouvellement profond. Cela implique une immense
rénovation : « la question est de l’accomplir sans que la France
cesse d’être la France » disait le Général de GAULLE, le 5 février
1962. Pour lui, il n’y a pas de place au fatalisme, seulement au volontarisme et
à l’ambition. Mais l’ambition ne doit pas être démesurée car la connaissance des
réalités appelle à la prudence.
L’idée d’une mission de la
France.
La révolution française conférera toujours un rôle
particulier à la France pour servir la cause de l’homme, la cause de la liberté
et la cause de la dignité de l’homme. L’idée d’une mission de la France est très
profonde chez le Général de GAULLE, il déclarera dans son discours du 9
septembre 1968 : « C’est dire que la France, tout en se dotant des
moyens voulus pour rester elle-même, continuera à travailler partout, et d’abord
sur notre continent, d’une part pour l’indépendance des peuples et la liberté
des hommes, d’autre part pour la détente, l’entente et la coopération, autrement
dit pour la paix ».
La nation aux mains
libres.
Tout au long de son histoire, la France assurera sa
légitimité, notion profondément ancrée dans l’esprit du Général de GAULLE et
dans toutes ses interventions qui consiste dans le service de la Nation et dans
la représentation de ses valeurs immuables.
La place du Général de GAULLE dans
l’histoire.
C’est d’abord la place d’un homme et d’un projet qui
ont profondément marqué notre temps. Non seulement le
Général de GAULLE a sauvegardé la France et son indépendance dans la Résistance
en 1940, mais il a préservé l’existence de l’Etat
français en tant qu’Etat indépendant dans la
constitution de l’Europe. Il s’inscrit dans la lignée des hommes d’Etat qui ont insisté sur l’importance du rôle de l’Etat et de son intervention dans la vie française,
souvenons-nous du rétablissement rapide de l’Etat
républicain en 1944, sa restauration en 1958.
Son ardente volonté de renforcer les institutions en
revalorisant notamment le pouvoir du chef démocratiquement élu, fera de lui un
des restaurateurs de l’Etat. Mais la pièce maîtresse
qui tiendra une place considérable pour le fondateur de la cinquième république,
c’est la politique étrangère de la France où il se placera dans la lignée des
grands réalistes privilégiant le sentiment national, l’intérêt national. Il y a
bien eu une « politique étrangère gaullienne » par la volonté d’un
homme, sa principale préoccupation des intérêts de la France et sa vision du
monde donnant à la France une diplomatie à l’échelle de la planète parmi les
grandes puissances, l’Europe et le Tiers Monde.
Enfin, l’apport le plus émouvant du Général de GAULLE
dans l’histoire, est sans aucun doute son rôle de combattant, de restaurateur et
de défenseur de la liberté. Il conduira une politique contraire à la résignation
et veillera à l’équilibre entre l’ambition qu’il faut avoir et la réalité que
l’on ne peut ignorer.
Tout au long de sa vie, le Général de GAULLE, attaché à
l’idée d’une continuité de l’histoire française, a voulu à travers son humanisme
partagé entre méditation sur l’histoire et foi en l’homme, mettre en lumière un
destin permanent de la France.
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© 12.11.2009