« LE CONSEIL NATIONAL DE LA RESISTANCE NOUS PARLE ENCORE … »

Par Christine Alfarge,

« Le combat n’est jamais vain »  

(Jean Moulin)

Pour que vive éternellement la flamme dans le cœur de tous les résistants !

La grande leçon que le général de Gaulle nous a léguée, c’est que même dans les moments les plus difficiles, il ne faut jamais désespérer. Il aura une seule idée en tête, la libération du pays, aidé jusqu’au bout par la Résistance, il accomplira le destin de la France pour notre liberté. Si une résistance se leva par un sursaut patriotique suite à son Appel du 18 juin, le refus de céder va se concrétiser par de nombreuses actions autour d’une armée secrète afin d’aider l’homme du 18 juin pour libérer le pays. L’histoire montrera que ce n’était pas seulement un élan patriotique mais la volonté profonde de combattre et ne pas se soumettre à l’ennemi. L’armée des ombres était née, plus qu’un symbole, c’était l’honneur de la France combattante.

Le symbole du patriotisme incarné par de Gaulle.

Si le 18 juin 40 marque l’acte de naissance politique du général de Gaulle, avec la résistance, une ère nouvelle va transformer le pays pendant de nombreuses années et lui redonner espoir. Mais bien avant de parler du programme d’actions du Conseil national de la Résistance, l’état d’esprit fut crucial face à l’ennemi, tous les complices et les collaborateurs, la résistance était née d’une opposition à Vichy soutenu par les tenants du fascisme contraire aux valeurs de la république. Si la Résistance autour du général de Gaulle n’avait pas été là, le destin de la France serait inachevé, Pétain provoquant honteusement la relégation du pays en faisant allégeance à l’ennemi, renforcé par un fascisme rampant pour prendre sa revanche contre le Front populaire.

La Résistance et le gaullisme.

La reconnaissance de l’autorité du général de Gaulle ne fut jamais remise en cause par le Conseil national de la Résistance. C’est sans doute cette mystique gaulliste qu’évoquait Churchill, l’élan qui s’était porté vers le général de Gaulle pour poursuivre le combat, un acte de foi. Les résistants et Jean Moulin, délégué par le général, souhaitaient ardemment que cette foi se traduise en actes. Avec l’appui de Churchill et la radio anglaise BBC, le général de Gaulle s’imposa face à Pétain et Vichy comme le représentant de la France combattante. Le gaullisme était né.

Quel fut le choix politique ?

Pour le général de Gaulle, il était indispensable de réunir les partis autour de lui, un choix qui n’était pas le plus simple mais qui aura le mérite de faire naître le Conseil national de la résistance s’inscrivant d’une manière déterminante dans la politique sociale de notre pays. Jean Moulin avait compris l’enjeu, la Résistance représentait une force héroïque prête à en découdre pour combattre sur tout le territoire. Le 12 février 1943, Jean Moulin qui pendant de longs mois avait pris la tête des organisations de résistance au nom du Général de Gaulle, retourne en Angleterre, en même temps que le général Delestraint, chef de l’Armée secrète. Les deux auront de nombreux contacts avec les responsables du Comité national français et les chefs militaires britanniques.

Le 21 février 1943, le Général de Gaulle remettra la décoration de l’ordre de la Libération à Jean Moulin le nommant « commissaire en mission » (membre du Comité national) et lui confiera ce qui représentera sa dernière mission, avec des instructions essentielles afin de rassembler l’insurrection interne (réunifiée le 11 novembre 1942) et l’organisation extérieure de juin 1940 sur un sol étranger.

« Jean Moulin devient le seul représentant permanent du général de Gaulle et du Comité national pour l’ensemble du territoire métropolitain. Il doit être créé, dans les plus courts délais possibles, un Conseil de la Résistance unique pour l’ensemble du territoire métropolitain et présidé par Jean Moulin. Ce conseil de la Résistance assurera la représentation des groupements de résistance, des formations politiques résistantes et des syndicats ouvriers résistants.

Le rassemblement doit s’effectuer sur la base des principes suivants : contre les Allemands, leurs alliés et leurs complices, par tous les moyens, particulièrement les armes à la main contre toutes les dictatures et notamment celle de Vichy, quel que soit le visage dont elle se pare avec de Gaulle, dans le combat qu’il mène pour libérer le territoire et redonner la parole aux Français. Le Conseil de la Résistance forme l’embryon d’une représentation nationale réduite, conseil politique du Général de Gaulle à son arrivée en France… »

Ce texte est capital, parce qu’il proclame l’hégémonie de l’homme de Londres et bientôt d’Alger en ces premiers mois de 1943, année charnière d’où émergera la France de la Libération.

Le 27 mai 1943.

Cette journée mémorable entrée dans l’histoire marquera le sacre du général de Gaulle par les barons de la Résistance unis et réunis pour la France avant tout. Le Conseil National de la Résistance constitué à Paris sous la présidence de Jean Moulin, réunira les représentants des mouvements de résistance, des partis, des syndicats et demandera la formation d'un Gouvernement Provisoire à Alger, présidé par le Général de Gaulle.

Le Conseil national de la Résistance affirmait que Charles de Gaulle était le seul chef légitime de la Résistance dépositaire de la souveraineté nationale. Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle écrira plus tard : « Le télégramme de Paris transmis à Alger par les postes américains, britanniques et français libre produisit un effet décisif, non seulement en raison de ce qu’il affirmait, mais aussi et surtout parce qu’il donnait la preuve que la résistance française avait su faire son unité. La voix de cette France écrasée mais grondante et assurée couvrait soudain le chuchotement des intrigues et les palabres de combinaisons, j’en fus à l’instant même plus fort, tandis que Washington et Londres mesuraient sans plaisir, mais non sans lucidité, la portée de l’événement. » Il arrivera à Alger le 30 mai 1943, s’imposera face à Giraud, et le 3 juin, le Gouvernement provisoire de la République française sera créé, préparant la mise en place des pouvoirs à la Libération.

Le programme du CNR du 25 mars 1944.

La déclaration du général de Gaulle aux mouvements de résistance en avril 1942 incarne les prémisses de ce que deviendra le programme du Conseil national de la Résistance en mars 1944. Ce texte traduisait la volonté d’organiser la France à la Libération grâce aux Résistances intérieure et extérieure, en voici un extrait :

« Nous voulons que les Français puissent vivre dans la sécurité. A l’extérieur, il faudra que soit obtenues, contre l’envahisseur séculaire, les garanties matérielles qui le rendront incapable d’agression et d’oppression. A l’intérieur, il faudra que soit réalisées, contre la tyrannie du perpétuel abus, les garanties pratiques qui assureront à chacun la liberté et la dignité dans son travail et dans son existence. La sécurité nationale et la sécurité sociale sont, pour nous, des buts impératifs et conjugués… Et nous voulons en même temps que, dans un puissant renouveau des ressources de la nation et de l’Empire par une technique dirigée, l’idéal séculaire français de liberté, d’égalité, de fraternité soit désormais mis en pratique chez nous, de telle sorte que chacun soit libre de sa pensée , de ses croyances, de ses actions, que chacun ait, au départ de son activité sociale, des chances égales à celles de tous les autres, que chacun soit respecté par tous et aidé s’il en a besoin. »

27août 1944, l’hommage du général à la Résistance. (Lettre à G. Bidault.)

Au lendemain de la libération de Paris et de la magnifique réception que la capitale vient de faire en ma personne au Gouvernement provisoire de la République, ainsi qu'au dernier détachement de nos vaillantes armées, je tiens à exprimer au Conseil National de la Résistance la gratitude du pays tout entier pour les services exceptionnels qu'il a rendus à la Patrie.

Constitué en 1943 à mon invitation et par l'action inoubliable de Max, le Conseil National de la Résistance n'a cessé d'animer l'ensemble de la Résistance française sur le territoire occupé par l'ennemi. Il a contribué à organiser et coordonner l'activité des groupements de toute nature et de toutes opinions qui rassemblaient les défenseurs de la Nation sur le sol envahi.

Il n'a pas cessé d'apporter son concours ardent au Gouvernement dans la tâche de direction de l'effort guerrier de la France et de l'Empire.

Combien fut méritoire et souvent héroïque l'œuvre du Conseil National de la Résistance ! Combien de ses membres l'ont payé de leur vie ou de leur liberté ! 

La libération de Paris et la démonstration magnifique d'amitié nationale qui a eu lieu de l'Arc de Triomphe à Notre-Dame constituent le digne couronnement de l'œuvre accomplie par le Conseil national de la Résistance.

Maintenant l'avenir se dégage devant le pays et devant la démocratie... 

Le général de Gaulle et le Conseil national de la Résistance furent unis dans le même combat pour libérer le pays, la même vision, celle de l’indépendance nationale et la justice sociale. Par leur courage et leur persévérance, le destin de la France avait retrouvé un nouveau souffle, l’espoir d’un peuple à travers sa mémoire dont nous sommes fiers et fidèles.

Le Conseil national de la Résistance nous parle encore... et pour longtemps !


*Christine ALFARGE Secrétaire générale de l'Académie du Gaullisme.

© 04.05.2020