En hommage à Jacques Dauer, président fondateur de
l’Académie du gaullisme

LETTRE DE JACQUES DAUER DU 10 SEPTEMBRE 1997
« Et si nous parlions ensemble du gaullisme ? »
Nous qui ne sommes pas grand-chose, qui appartenons à la société civile, disent les profiteurs du gaullisme avec le mépris qu’ils ont à l’égard du peuple. Le gaullisme, c’est avant tout la confiance en l’avenir et par là même dans la Nation ; c’est à la fois la monarchie et sa tradition, la république et sa continuité historique, l’Appel du 18 Juin c’est tout cela. On comprend immédiatement que cet Appel est un immense cri pour la Liberté, donc pour la souveraineté et l’indépendance nationale, mais le respect du peuple, c’est aussi l’appel à la participation dans tous ses aspects, sociaux, économiques, politiques.
Le 18 juin 1940, De Gaulle lança son Appel en priorité aux élites, elles ne répondirent point, ce fut comme d’habitude dans les grands moments de l’Histoire, les mains calleuses qui relevèrent le défi, les marins de l’île de Sein en sont l’illustration ; mais nous ne saurions oublier l’honneur d’un d’Estienne-d’Orves et de quelques autres, Cassin, Leclerc, Koenig, etc. Nous sommes ces calleux et ces Cassin, Leclerc, Koenig, etc. Nous lutterons toujours contre le « national pétainisme » de nos politiciens. Le gaullisme, c’est Antigone plus que Périclès, Platon plus qu’Aristote, Cicéron ou Marc-Aurèle plus que César, Clovis plus que Charlemagne, Philippe le Bel plus que Charles IX, Richelieu plus que Napoléon, Montaigne et Descartes plus que Sartre, Malebranche autant que Bergson.
Le gaullisme, c’est la pérennité de la France, l’universalité de son génie, le passé que nos « élites » récusent, qui forment le présent et engrangent pour l’avenir, cela s’appelle la tradition ; c’est pour cela que la France doit être souveraine et indépendante, même si elle peut suspendre – temporairement et pour des objectifs précis -, sa souveraineté dans un ensemble comme l’Europe. Encore faut-il que cet ensemble sache se battre pour son indépendance, pour sa spiritualité, donne aux peuples qui la composent l’envie de préparer le présent pour se mesurer à l’avenir, refuse la dictature d’une oligarchie totalitaire et méprisante.
Ces pauvres minables oublient que le passé c’est une réalité, que le présent est fugitif donc une réalité fragile et que l’avenir n’est pas un imaginaire, mais une virtualité. L’Appel du 18 Juin a annoncé la naissance du gaullisme. Rendre hommage d’abord aux premiers, civils et militaires, qui avaient rejoint le Général à Londres et s’étaient ralliés à celui qui lançait le mouvement national de lutte et de résistance, est toujours bienvenu. Car, si de grands militaires comme le maréchal Leclerc et le général Koenig se sont illustrés avec éclat sur des champs de bataille et sont assez bien connus des Français, il n’en est pas forcément de même d’autres héros qui ont formé l’avant-garde de cette force française de la lumière et de l’ombre, qui se sont dévoués, exposés, et/ou ont perdu leurs vies pour que la patrie soit libérée et revive.
En réponse à l’Appel, la totalité des cent vingt-quatre pêcheurs de l’Ile de Sein quittèrent leur île avec leurs bateaux pour gagner l’Angleterre. Honoré d’Estienne-d’Orves, officier de marine, envoyé en mission en France, fut pris par la Gestapo et fusillé le 29 août 1941. René Cassin fut commissaire national à la Justice au Comité de Londres en 1940. Il exerça de hautes fonctions : vice-président du Conseil d’État, président de la Cour européenne des droits de l’homme.
Il reçut le prix Nobel de la Paix en 1968. Ce sont des exemples, car il eut d’autres ralliements, d’autres combattants, d’autres serviteurs décidés et efficaces, ainsi que d’autres sacrifices. Des exemples de personnalités exemplaires qui ont contribué à ce que gaullisme soit aussi synonyme d’exemplarité.
© 02.06.2025