UN BICENTENAIRE PAS ORDINAIRE ! Christine Alfarge - Académie du gaullisme

Académie du Gaullisme
Président Jacques Myard
Secrétaire générale Christine ALFARGE
Aller au contenu
UN BICENTENAIRE PAS ORDINAIRE !
« Je n’ai voulu que la gloire, la force, le lustre de la France »
 
(Napoléon)
 
« En voyant les consciences qui se dégradent, l’argent qui règne…je songe aux grades, choses du temps passé et je suis tenté de dire, à la Chambre, à la presse, à la France entière : « Tenez, parlons un peu de l’Empereur, cela nous fera du bien. » disait Victor Hugo. Que penserait-il aujourd’hui en voyant le symbole du mythe napoléonien critiqué au moment même où l’on prépare la commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon ? Drôle d’époque que la nôtre où l’histoire divise toujours, où la culture doit jouer un rôle moteur essentiel afin de contribuer à la connaissance et au développement des talents. « Il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l’esprit du peuple car c’est par les ténèbres qu’on le perd. » écrivait Victor Hugo en 1848.
 
L’esprit stratège.
 
Au regard de son esprit de conquête, Napoléon avait une vision à long terme pour la France, la liberté a toujours reposé sur l’indépendance nationale. Le futur n’est jamais écrit à l’avance, c’est dans des circonstances exceptionnelles qu’émergent des hommes exceptionnels, Napoléon mettra son génie au service de la France, comme le général de Gaulle au siècle suivant. L’un et l’autre redonneront à notre pays ses lettres de noblesse face au chaos, incarnant l’inattendu. A leur époque, de nombreux prétendants voudront par tous les moyens le pouvoir pour le pouvoir alors que dans l’esprit de Bonaparte ou celui du général de Gaulle se dessinera l’architecture de la grandeur de la France en associant toujours le peuple français. La continuité de l’histoire s’est toujours faite par rapport à ceux qui ont su prendre l’épée ou relever le tronçon du glaive.
 
La raison d’Etat.
 
Défendre les intérêts de la France, même seul contre tous, de Napoléon au général de Gaulle, la raison d’Etat ne leur fait pas peur. Ils ont la grandeur de la France chevillée au corps et ce n’est pas le signe de leur milieu social, très différent, mais celui d’un caractère affirmé par le courage et la volonté. « La fibre populaire répond à la mienne, je suis sorti des rangs du peuple, ma voix agit sur lui. » disait Napoléon.
 
L’audace forge le destin.
 
Dix ans après la révolution, Bonaparte rentré d’Egypte, va réussir à pacifier une France profondément meurtrie, le peuple français le voit alors comme un sauveur. La période révolutionnaire a montré les hommes politiques incapables de régler les problèmes, la guerre et la violence font partie du quotidien, dix ans après 1789. « Gouverner par un parti, c’est se mettre tôt ou tard dans sa dépendance. On ne m’y prendra pas. Je suis national ! » s’exclamera Napoléon Bonaparte en 1799. Il accèdera au pouvoir le 18 brumaire de la même année, visant à rétablir l’ordre et l’égalité. « De Clovis, jusqu’au Comité de Salut Public, je me sens solidaire de tout. » dira-t-il.
 
Pour le général de Gaulle, « il n’y a qu’une histoire de France », l’importance d’associer la révolution à la république, à l’histoire nationale en même temps que la royauté. La Révolution française porte en elle toute l’histoire de France depuis ses origines, cet événement qui bouleversera la vie d’un peuple et sa conscience prouve que chaque action du passé façonne d’une certaine manière l’avenir. Dans ses Mémoires d’espoir, il invoquera « la stabilité et la continuité dont l’état est privé depuis cent soixante-neuf ans ou le bouleversement incessant de nos institutions depuis cent cinquante années. »
 
Napoléon, un travail de tous les instants.
 
« La souveraineté réside dans le peuple français, dans ce sens que tout, tout sans exception, doit être fait pour son intérêt, pour son bonheur et pour sa gloire. » Les contours d’une nouvelle France se dessinent, c’est la période du Consulat avec d’importantes réformes dont l’ensemble des grands corps de l’Etat sera nommé par Napoléon, tels que les Préfets, le Conseil d’Etat, la Cour des comptes, etc…   
 
Dans la lignée des grands réformateurs, indépendamment des partis, le général de Gaulle gouvernera par la confiance du peuple, instaurant de nouvelles institutions auxquelles il associera les Français. A son retour aux affaires en 58, si les efforts du redressement économique et social portèrent leurs fruits dès 1962, le général de Gaulle écrivait avec lucidité dans ses Mémoires d’espoir : « Aux prises avec les réalités matérielles et humaines dans un domaine où tout n’est qu’âpreté, où rien ne se trouve acquis une bonne fois, et sans retour, où, quoi que l’on obtienne, personne ne s’en contente à beaucoup près. Je vérifie chaque jour que l’économie comme la vie, est un combat au long duquel il n’y a jamais de victoire qui soit décidemment gagnée. Même le jour d’un Austerlitz, le soleil n’y vient pas illuminer le champ de bataille. »
 
La mémoire est fragile.
 
« Pour nous Français, depuis 1815 et jusqu’à 1870, ce qu’il est advenu de notre vie nationale, de nos régimes politiques, de notre situation dans le monde a été déterminé par la coalition hostile qui unissait les Etats de l’Europe contre la Révolution, les foudroyantes victoires, puis l’écroulement de Napoléon et, en fin de compte, les traités désastreux qui sanctionnèrent tant de batailles. » écrivait le général de Gaulle dans ses Mémoires d’espoir.   
 
Les braises de la Révolution sont-elles éteintes ?
 
Le temps de l’absolutisme et de la féodalité est fini grâce à Napoléon, « Napoléon a institué l’Empire mais il a accompli la Révolution … Quand il est en face des rois, il représente les droits de l’homme… L’humanité vivait sur la possession assurée par la naissance et, à la place, il a mis la conquête, assurée par l’égalité civile… Par la conquête, il a créé les nations européennes…. Il a porté la volonté d’égalité dans toute l’Europe. » écrira André Malraux.  
 
A toutes les époques, l’histoire française s’est bâtie sur les inégalités affichées, 1789 incarne le tournant brutal qui continue de marquer profondément les esprits. Cette révolution nous a enseigné que l’histoire ne se répète pas forcément sous la même forme. Deux génies politiques et militaires prendront le destin de la France en main à un moment où notre pays sombrait dans le chaos, tirant leur légitimité du peuple qui les plébiscitera, Napoléon d’abord, dix ans après la Révolution et son coup d’Etat du 18 brumaire, puis le général de Gaulle avec l’Appel du 18 juin 1940 et enfin son retour aux affaires en 1958. A travers leur action, notre devise républicaine, « liberté, égalité, fraternité », prend tout son sens, celui des hommes qui naissent et demeurent libres et égaux en droit dans un esprit de fraternité garant de l’unité nationale.  
 
Dans la légende des siècles, Victor Hugo consacrera de nombreux passages au retour des cendres de l’Empereur : « En vous voyant passer, ô chef du grand Empire ! Le peuple et les soldats tomberont à genoux. Mais vous ne pourrez pas vous pencher pour leur dire, je suis content de vous. »  
 
Aux invalides, on peut désormais admirer les Portes de bronze de la crypte où sont inscrits les mots de l’Empereur : « Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé » les dernières volontés de Napoléon y sont écrites pour l’éternité !
 
Commémorer le bicentenaire de la mort de Napoléon, c’est le sens de l’histoire que d’autres grands hommes écriront à leur tour pour notre liberté !

*Christine ALFARGE Secrétaire générale de l'Académie du Gaullisme.

© 01.05.2021

Retourner au contenu