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DE LA PENSÉE CORECTE AU TOTALITARISME
par Pierre Lombard
Une des principales caractéristiques des états reconnus comme
« totalitaires » est l’insécurité juridique entretenue par l’ensemble des
pouvoirs, qui permet de trouver une incrimination contre n’importe quel citoyen
à n’importe quel moment. La France du politiquement correct
avance de plus en plus vite sur ce chemin dangereux. Déjà, depuis de nombreuses
années, aucune entreprise ne peut être à la fois en vie et en règle, tant les
obligations qu’elle est censée respecter sont étouffantes. Désormais, ce sont
les citoyens qui se trouvent exposés à l’arbitraire des pouvoirs, surtout
lorsque le médiatique, le politique, et le judiciaire se liguent pour trouver
une qualification délictuelle, voire criminelle, à des actes, et très souvent à
de simples mots, qui n’auraient suscité qu’un haussement d’épaule avant que le
terrorisme de la bien-pensance n’installe ses réseaux
de surveillance.
À l’inverse, les
mêmes bien-pensants justifient aujourd’hui - ou s’abstiennent de critiquer -
des actes qui auraient entraîné naguère des sanctions indiscutées. Pour faire
bonne figure, on n’attaque que des cibles décrétées « méchantes », et on absout
les « gentils », mais sur quels critères constitutionnels se base-t-on pour décider,
par exemple, que les supporters du PSG ou M. Le Pen sont « méchants », donc doivent
être sanctionnés pour tout mot déplaisant, alors qu’ils ne font pas grand mal à
personne, et que tel ou tel militant pastèque (vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur)
est « gentil », donc peut commettre impunément des actions violentes qui coûtent
des fortunes à la collectivité ? Il est normal que la
presse, et les hommes politiques, soient indignés par certains propos, et le
fassent savoir.
Mais lorsque ces gens
là trouvent un magistrat pour qualifier d’ « incitation à la haine raciale »
une banderole débile, lorsqu’ils mobilisent des dizaines de policiers pour trouver
des « coupables », et qu’on va sans doute organiser un grand procès, (qu’on ne
vienne plus nous bassiner avec un manque de moyens de la justice, si c’est à ça
qu’ils servent) il faut commencer à se demander dans quel régime on vit.
Certainement plus au pays de Voltaire ! Si ces gens là pensent que le citoyen
moyen serait tellement stupide qu’il ne saurait pas accorder à des mots l’importance
qu’ils méritent, et qu’il faille l’en protéger, ils insultent la démocratie.
S’ils pensent qu’il
faut interdire toute expression déviante, le totalitarisme n’est pas loin, et
les professions d’humoriste ou de chansonnier mèneront vite en prison. Si c’est
seulement pour détourner l’attention du peuple et masquer des problèmes plus
graves, on doit s’étonner de la collusion des pouvoirs (encore une
caractéristique du totalitarisme).
19.04.2008
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