Compte-rendu du dîner-débat du 3 mai 2007 en présence de

M. Charles NAPOLEON 

La  République, son avenir 

Par Christine Alfarge 

Charles NAPOLEON nous exprime sa fierté d'être parmi nous, car selon lui “ le Gaullisme nous rassemble et notamment à travers ces thèmes de la Nation et de l'Avenir de la République qui nous sont chers.”

Après avoir écrit de nombreux récits historiques sur sa célèbre famille, notamment les rapports entre “Bonaparte et Paoli” en Corse, puis l'écriture d'un livre sur “les Bonaparte, des esprits rebelle” il nous livre à travers un nouvel ouvrage sa réflexion “Vers une France nouvelle, quel avenir pour la Nation ? ”

Pour Charles Napoléon, cette question va être suscitée au moment où la France refuse de commémorer la bataille d'Austerlitz. Il fait le lien avec le refus plus général que la France avait de son histoire, cette position un peu incertaine que nous cultivons à l'égard de nos racines  lui  paraît aussi un élément de la crise d'identité de la France, où sommes-nous aujourd'hui, à quelle nation appartenons-nous, que voulons-nous faire ensemble ? Il reprend à son compte la définition de la nation donnée en son temps par Ernest RENAN dans une conférence  à la Sorbonne dans les années 1880, “cette volonté de vivre ensemble par delà nos différences d'origine, de religion et de race.”

Alors à partir de cette réflexion, l'auteur a souhaité écrire un livre qui fasse le tour des grands défis auxquels la nation française est confrontée aujourd'hui et surtout essayer de dégager des perspectives voir comment ces défis étaient en même temps des moments ou des lieux de crise dans la société, mais aussi porteurs d'une nation nouvelle, il est bien entendu que cette volonté de vivre ensemble évolue dans le temps elle n'est pas constante, ce qui unifiait les révolutionnaires de 1789, n'était pas ce qui unifiait les partisans du Général de GAULLE à Londres. Les vrais défis auxquels est confrontée l'Europe et en particulier la France, ce sont des  défis qui touchent au tissus de sa société, défis économiques, de l'environnement mais ce qui au fond constitue le socle de la nation c'est la société et les rapports sociaux.

Le rapport de la France avec son histoire.

En s'inspirant de l'historien Pierre Nora qui a développé des thèmes   passionnants sur cette nécessaire indépendance de l'histoire par rapport à la vie politique, l'auteur évoque notamment les lois mémorielles qui en définitive posent plus de problème qu'elles n'en résolvent. Il y a l'histoire qui est une science et il y a la politique qui est une autre science mais qui n'est pas de même nature. En permanence la tentation est de juger l'histoire au regard de concepts politiques et moraux contemporains, on confond des choses qui n'ont rien à voir et donc on prend le risque de condamner des pans de l'histoire au prétexte que l'on ne partage pas les positions des personnages historiques, c'est une abérration de la pensée. Pierre NORA met également l'accent sur quelque chose d'important, nous assistons aujourd'hui à l'explosion si on peut dire sur la scène publique médiatique de choses qui ne sont pas de l'histoire et qu'on peut appeler des mémoires, ce sont un élément de l'histoire, c'est une partie de l'histoire mais c'est bien loin de constituer l'histoire à elle seule.

Au fond pour que les mémoires deviennent histoire, il faut que le travail de l'historien soit réalisé, il faut une certaine distance, il faut un travail scientifique sur les preuves qui rend mémoire élément de l'histoire. Il faut noter également que cette crise de l'histoire est une crise du  futur, ce n'est pas un hasard aujourd'hui si la France refuse de porter son regard sur le lointain, il est certain que nous manquons de perspective sur le long terme. Nous avons une crise dans le rapport avec notre passé et assez naturellement cette crise renvoie à une crise dans la capacité d'anticiper le futur. Ce que l'histoire nous apprend c'est toujours la réponse nouvelle à des questions nouvelles et donc ceux qui n'acceptent pas de comprendre l'histoire, d'accepter l'histoire se rendent par la même incapables d'envisager le futur avec des concepts nouveaux, l'histoire n'est jamais une sorte de leçon de conservatisme, l'histoire est toujours une leçon de progrès car les grands hommes de l'histoire ont toujours été grands par leur capacité à anticiper et donc quand on refuse l'histoire, on refuse à soi-même la capacité à anticiper.

Les nouvelles frontières de la Nation.

La Nation France a été longtemps une Nation paysanne comme d'ailleurs la plupart des Nations européennes, aujourd'hui réduite à 2 % de la population active, elle est aussi un territoire en mouvement qui s'est transformé de manière considérable depuis ces vingt dernières années,  il y a eu la décentralisation, des mouvements extraordinaires de population et de richesses entre Paris et les grandes métropoles provinciales. Autrefois on peut dire que la Nation c'était le regard que les français portaient sur leur capitale, sur les grands monuments, sur les palais nationaux, aujourd'hui la Nation c'est 22 régions  autonomes qui ont acquis des lieux de culture de fabrication de la mémoire, des médias et qui bouleversent considérablement l'image que la France se fait d'elle-même.

La Nation, c'est le territoire de nos cités, 6 millions de français en partie français vivent dans des barres ou des tours qui constituent leur environnement quotidien, c'est çà la Nation. La Nation est aussi un monde qui évolue, c'est la crise de l'Etat, c'est une série d'interrogations sur l'Etat, on a souvent confondu l'Etat et la Nation, ce sont deux choses complètement différentes, la Nation c'est la représentation que l'on se fait de soi-même, l'Etat c'est un outil, c'est un appareil  que l'on se donne. Très longtemps les deux concepts ont été liés, aujourd'hui l'Etat doit bien entendu s'améliorer, continuer à évoluer, il y a eu des décentralisations considérables,  trois fonctions publiques  emploient presque 5 millions de personnes. En même temps une partie de cet Etat est assurée par des entreprises privées, en terme technique des délégations de service public, les compétences autrefois étatiques, les compétences même régaliennes en général passent dans le secteur privé. L'Etat change, il y a une demande de changement de l'Etat, l'Etat se transforme dans la répartition entre le centre et la périphérie. Pour beaucoup de français c'est un facteur de déstabilisation parce qu'ils ont en vue cette vieille idée qui remonte  à la Monarchie et à l'Empire d'un Etat-Nation, on confond les deux, quand l'Etat est en crise la Nation est en crise. Et puis nous avons autour de nous le grand défi de la construction européenne qui pose la question de la coexistence entre deux entités nationales car le projet à très long terme des européens c'est bel et bien la construction d'une Nation européenne nouvelle d'un ensemble de peuples d'états-nation qui se retrouveront à terme dans une structure nouvelle, dans une Nation nouvelle.

Un autre défi posé à la Nation, c'est l'emploi.

Depuis très longtemps la Nation pourvoyait au plein emploi, alors bien  entendu il y a la problématique de l'éducation, on sent bien que le capital humain est une ressource fondamentale qui permet d'assurer le plein emploi. Quelles sont les orientations nouvelles ? Il faut refonder l'école  républicaine, elle doit devenir un lieu de formation pour les jeunes à travers notamment l'enseignement technique et technologique pour assurer ce plein emploi.

La question de la pauvreté

Des millions de français sont en dessous  du seuil de pauvreté avec plus de problèmes qui viennent s'ajouter, 6 millions de personnes vivent avec les minimas sociaux, 1 français sur dix. Il y a beaucoup de choses à dire sur le fonctionnement des services d'aide à la pauvreté. Ils font plus de la gestion de prestations que de l'accompagnement. Le président d'Emmaus france ne cesse de nous dire combien il est préoccupé par l'avenir des 2 millions d'enfants qui ont moins de 18 ans qui sont les enfants de ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté.

La question de l'immigration. 

Pour l'auteur : “ c'est une chance et une opportunité pour le pays, elle a permis au pays d'accumuler des richesses et d'avancer.”

Se pose la question des règles que l'on met en place.  La Nation ne doit pas avoir une position crispée, elle doit avoir une position claire sur la question du droit, sur les principes de la laïcité. Mais sur la question des cultures elle doit rester ouverte, car en effet ces cultures vivantes que  l'on oppose volontiers aux cultures patrimoniales sont le prélude à ce que sera la France de demain. L'auteur ne croit pas qu'il soit possible à la France de s'intégrer, de répondre aux défis de la mondialisation sans quelle soit à même de relevé le défi de ce qu'il appelle la mondialisation domestique car au fond dans nos cités qu'avons-nous d'autres que des populations venues de la terre entière que nous devons intégrer dans le cadre de la Nation française. L'auteur pense que “ les pays qui ont réussi les Nations, qui ont réussi cette intégration sont en définitive ceux qui sont aujourd'hui les plus prêts à relever les défis de la globalisation.”

La question de la laïcité  

La laïcité face aux défis des temps modernes soulève  tout particulièrement la question de l'islam laïque en France, est-il possible ou non  de mettre en place un islam laïque en France.

Au nom de la laîcité, nous devons veiller à ce qu'aucune distinction religieuse ne s'impose dans la société pour que la liberté de l'esprit, de la recherche, de la création soit garanties. Le combat primordial est de faire obstacle à  toute dérive communautariste.

Il est enfin nécessaire de faire évoluer les institutions de la France à travers trois axes principaux.

1° Renforcer le rôle du Parlement, aujourd'hui il est bridé par l'administration, il dispose de peu de moyens pour élaborer des projets de lois, le Parlement doit prendre l'initiative des lois. Le 49-3 illustre par exemple un déséquilibre entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif . Un certain nombre d'améliorations doivent être apportées dans le fonctionnement de l'exécutif. Il faut un renforcement du pouvoir présidentiel dans le sens de la fusion du pouvoir présidentiel avec le pouvoir du 1er ministre et l'obligation de la responsabilité du Président de la République face au Parlement.

2° Limiter les mandats, mettre une certaine proportionnelle pour représenter l'ensemble. Comptabiliser les votes blancs.

3° Achever la décentralisation, il y a  beaucoup de désordres dans la décentralisation telle quelle est aujourd'hui, Charles NAPOLEON prône pour sa part la fusion des départements et des régions.

La Nation est confrontée à des défis majeurs du monde moderne et les citoyens ne prennent pas la mesure  des changements en cours nécessaires au redressement de la France. Le modèle gaulliste et républicain reste cependant le meilleur garant du vivre-ensemble et de la citoyenneté.

 

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