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Sarkozy va tenter de vendre à l'UE son Union pour la Méditerranée contestée (AVANT-PAPIER)

   Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS

BRUXELLES, 11 mars 2008 (AFP) - Après avoir dû réviser ses ambitions en baisse pour contenter l'Allemagne, le président français Nicolas Sarkozy veut tenter jeudi, lors du sommet de l'UE, de rallier le reste des pays européens à son projet toujours controversé d'Union pour la Méditerranée.

La semaine dernière, après des semaines de désaccord diplomatique profond entre Berlin et Paris sur ce projet, Nicolas Sarkozy avait finalement fait des concessions à la chancelière allemande Angela Merkel, qui s'opposait à une structure semblant exclure les pays européens non riverains de la Méditerranée.

"On a trouvé un compromis autour de cette Union pour la Méditerranée que nous voulons tous les deux et qui n'exclura personne", avait ainsi assuré le président français.

"Nous sommes d'accord pour que ce soit un projet de l'Union européenne", avait souligné Mme Merkel.

Mais malgré ce compromis, Mme Merkel n'a pas encore décidé si elle participerait au sommet prévu à Paris le 13 juillet avec les pays du sud pressentis pour lancer cette Union - du Maroc à Israël, en passant la Turquie - a indiqué lundi son ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.

Et l'accord entre Paris et Berlin risque de faire sortir du bois d'autres pays européens méfiants, qui se "cachaient" jusqu'ici derrière l'opposition publique de Mme Merkel, soulignent des diplomates européens.

La Grande-Bretagne et les pays nordiques "ne sont pas très contents du projet", note ainsi Rosa Balfour, analyste au European policy centre, un centre de réflexion bruxellois.

Comme la Grèce ou la Slovaquie, la Slovénie, qui préside l'UE jusqu'en juin, est elle aussi réservée.

"Nous n'avons pas besoin de duplication, ou d'institutions concurrençant les institutions de l'UE", avait déclaré en janvier le Premier ministre slovène Janez Jansa.

Le dîner de jeudi, première discussion à 27 sur ce projet, permettra enfin de clarifier la position des Etats membres, près d'un an après le lancement de cette idée par Nicolas Sarkozy. Idée interprétée alors comme une volonté française de promouvoir une alternative à l'entrée de la Turquie dans l'UE, à laquelle M. Sarkozy s'est toujours opposé.

"Je ne pense pas que le projet sera complètement abandonné, simplement pour des raisons d'affichage diplomatique. Mais le risque est qu'il n'apporte pas beaucoup de valeur ajoutée", pronostique Rosa Balfour.

Même si ce projet a été "maladroitement présenté", "cela ne veut pas dire que rien de bon ne peut en sortir", tempère Michael Emerson, du Centre for european policy studies.

Avec un nom plus parlant que les programmes de coopération existants entre l'UE et les pays du sud de la Méditerranée comme le "processus de Barcelone" et la "politique européenne de voisinage", M. Emerson estime qu'il peut "revitaliser les politiques actuelles de l'UE", frappées de "léthargie".

Le processus de Barcelone, lancé en 1995, bute en particulier sur l'opposition entre Israël et les pays arabes, qui pourrait peut-être être dépassée par une Union faite de projets concrets, comme la dépollution de la Méditerranée.

Mais certains Etats s'interrogent sur le financement de ces projets.

Sans l'accord unanime des Etats membres, aucun fonds européen ne pourra être utilisé. "C'est +la+ pomme de discorde et je pense que Sarkozy n'arrivera pas à persuader ses partenaires sur ce point", estime Rosa Balfour.

Si malgré tout l'Union pour la Méditerranée était avalisée par les 27, il resterait à la vendre aux pays méditerranéens, dont certains n'ont pour l'instant manifesté qu'un intérêt poli.

   Les dirigeants européens débattront également jeudi et vendredi de la mise en oeuvre des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre que l'UE s'est fixés en mars 2007. Certains craignent des délocalisations et l'impact négatif des biocarburants.

   abd/cat/ai               eaf

   AFP

 

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