L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

ET LES PRINCIPES FONDAMENTAUX

DU GAULLISME SOCIAL

par Gilles BACHELIER

Trente-septans après la disparition du général de Gaulle, force est de constater la dégénérescence de la ve République, devenue la caricature de ce qu’elle fut du vivant de son fondateur. Trois cohabitations successives particulièrement paralysantes, le déséquilibre causé par l’instauration du quinquennat, la dérive monarchique de la fonction présidentielle, l’oubli et la méconnaissance, voire la remise en cause des valeurs de la République ont favorisé ce qu’avait toujours combattu le Général de Gaulle, a savoir le retour du régime des partis lequel se caractérise par l’esprit de clan, le mépris du peuple et la perte du souci de l’intérêt général au profit des intérêts particuliers. « Prétendre faire la France avec une fraction, c’est une erreur grave et prétendre représenter la France au nom d’une fraction, cela c’est une erreur nationale impardonnable » avait dit le Général le 14 décembre 1965 au cours d’un entretien télévisé avec Michel Droit. Il faut bien reconnaître qu’il n’a guère été entendu, en particulier par le parti UMP qui, d’ancien mouvement gaulliste, s’est transformé en une fraction partisane, celle de la droite dure ultralibérale, proche du Medef et des puissances financières.

À l’occasion de la présente élection présidentielle, on peut observer une situation aussi délétère que celle qui existait en 1958 avant le retour au pouvoir du Général de Gaulle. Jamais le divorce n’a été aussi manifeste entre un peuple qui se sent délaissé, abandonné face au rouleau compresseur de la mondialisation libérale et ses prétendues élites politiques, complètement coupées des aspirations populaires et qui, délaissant toute action en matière économique conformément a l’idéologie néo-libérale et aux directives européennes, n’arrivent plus à survivre qu’en pratiquant ce qu’on appelle pudiquement la « communication » qui n’est rien d’autre que la manipulation de l’opinion grâce à des médias en grande partie domestiques. Jamais la dramatique dégradation de la situation sociale n’a suscité de telles inquiétudes pour l’avenir dans l’ensemble de la société et un tel désespoir parmi les catégories les plus défavorisées. Jamais les inégalités sociales n’ont été aussi criantes. Jamais le contraste n’a été aussi saisissant entre une infime minorité de privilégies, managers gorgés de stock-options ou heureux actionnaires du CAC 40 engrangeant des dividendes records et l’immense majorité de la population,

composée de petits chefs d’entreprise, de commerçants, d’artisans, de salariés et de chômeurs, tous frappés de plein fouet par la casse industrielle, la précarité généralisée, la diminution du pouvoir d’achat, la perte de l’emploi, les difficultés quotidiennes de la vie et l’angoisse pour l’avenir de leurs enfants dont ils pressentent qu’il sera sombre et incertain.

Devant le renoncement de la classe politique à tenter de redresser une situation qui au fil du temps ne cesse de se dégrader et conduit inexorablement à la destruction du modèle social français mis en place à la Libération par le Général de Gaulle, faut-il se résigner, s’adapter, ce qui est la même chose, ou se révolter ?

Tous ceux qui n’ont pas oublié leur engagement gaulliste choisiront tout naturellement la résistance. Ils s’inspireront en particulier du programme révolutionnaire que le Général de gaulle exposa en 1943 en pleine guerre devant l’assemblée constitutive provisoire d’Alger. Ces propos gardent en 2007 toute leur force et montrent à quel point le gaullisme social est toujours d’actualité: « La France veut que cesse un régime économique dans lequel les grandes sources de la richesse nationale échappent à la nation, ou les activités principales de la production et de la répartition se dérobent à son contrôle, ou la conduite des opérations exclue la participation des organisations de travailleurs et de techniciens dont cependant elle dépend. Il ne faut plus qu’on puisse trouver un homme ou une femme qui ne soit assuré de vivre ou de travailler dans des conditions honorables de salaire, d’alimentation, de loisir, d’hygiène ; tous doivent avoir accès au savoir et à la culture ».
 

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