Un
monde
va-t-il basculer : celui des vieilles querelles idéologiques et des découpages
partisans du passé ? Depuis la fin des Trente glorieuses qui laissaient encore à
notre vieux système keynésien un espoir d’avenir ; Depuis la chute du mur de
Berlin et l’avènement, sur fond de mondialisation, d’un ultra capitalisme
débridé balayant à Moscou comme à Pékin les rêves de grand soir d’un communisme
liberticide ; Depuis la montée d’un terrorisme islamique sur fond de conflit
israélopalestinien, de dictatures corrompues dans la
plupart des pays arabomusulmans face à une croisade
évangéliste contre l’axe
du mal ;
La démographie galopante des pays émergents qui entraînera demain des
guerres
de la faim et
des mouvements de population impossibles à endiguer,
La
crise de l’énergie que l’aveuglement des peuples et de leurs dirigeants ne
permettra véritablement d’affronter qu’une fois la planète irrémédiablement
pillée ; L’étalage, à l’heure accélératrice des médias, de l’opulence des nantis
face à la paupérisation des masses aggravée par une hyper-concentration urbaine
exposant une jeunesse mal formée et mal intégrée à la délinquance ; Tout cela
constitue un cocktail explosif qui, si nous ne réagissons pas suffisamment vite,
risquera une nouvelle fois, comme ce fut le cas lors de la chute de l’Empire
romain, ou de la Grande révolution française, de marquer l’histoire de
l’humanité d’une nouvelle borne sanglante.
∴
En
France, la réponse des politiques
est déjà dépassée. Tant de promesses non tenues, à droite comme à gauche, ont
rendu leurs discours inaudibles. Et si quelques égarés s’enflamment encore aux
harangues d’un tribun comme Jean-Marie Le Pen à l’extrême droite ou au jeunisme
apparent d’un Olivier Besancenot à l’extrême gauche, un dépit désabusé s’empare
progressivement d’une majorité de nos concitoyens, insensibles aux charmes
carriéristes des élus d’une UMP déliquescente, d’un centre moribond ou d’un PS
décapité. Certes, tenant les appareils partisans et, par là, les investitures,
les « représentants du peuple » peuvent, un temps encore, faire illusion en
prétendant réformer dans tous les domaines, continuer à s’affronter dans ces
débats stériles qui ne trompent personne, gérer l’argent public avec les
résultats que l’on sait dans une agitation
donquichottesque
ou l’incurie des uns ne subsiste finalement que grâce à la connivence des
autres.
Mais
le peuple français, dont la tendance atavique à la division a largement été
encouragée par tous ceux, ploutocrates conservateurs et révolutionnaires
trotskistes qui ont intérêt à dresser entre les hommes des cloisons
mentales les
maintenant comme ennemis
de classe,
se réveillera, pour autant qu’on fasse appel à son intelligence, pour autant
qu’on lui explique avec pédagogie la complexité du monde dans lequel nous
entrons, pour autant qu’il ait le sentiment que ceux qui prétendent l’éclairer,
le conduisent vers une « société de partage, suffisamment libérale pour que
l’économie fonctionne, récompensant équitablement ceux qui risquent et
entreprennent par une juste rétribution de leurs efforts et suffisamment sociale
pour que persiste le désir de vivre ensemble dans une solidarité fraternelle ne
laissant personne au bord de la route même si elle exige de tous un comportement
vertueux ».
∴
Un
« gaulisme social libéral » doit être inventé (bien
que gaulliste, je l'ai écrit avec un seul l
pour
faire référence à un modèle gaulois
que
nous pouvons, une fois de plus, dans la tradition universaliste de la France,
imaginer, pour être utiles aux autres) où les hommes et les femmes de bonne
volonté, d’où qu’ils viennent, soucieux de dialogue, dans un esprit de tolérance
et de fraternité, rechercheront des solutions concrètes aux problèmes de notre
temps, à la lumière de notre histoire et du génie de notre peuple. Oublions donc
ces vieux carcans hérités du passé. Il restera bien sûr à l’extrême droite comme
à l’extrême gauche quelques manipulateurs irréductibles et quelques égarés
toujours prêts à les croire. Il restera, un temps, dans les formations
républicaines traditionnelles, des gens en place qui préfèreront que rien ne
change, des défaitistes peu tentés de remuer des montagnes, des cyniques ne
croyant pas aux utopies, des individualistes, adeptes du « chacun pour soi ».
Mais, comme depuis vingt ans, leurs combinaisons et cohabitations successives à
droite comme à gauche n’ont rien résolu, comme leurs tentatives de réforme ne se
ramènent, le plus souvent, qu’à des effets d’annonces, le peuple déçu, tôt ou
tard, décidera de tourner la page.
Ceux
qui veulent éclairer les hommes doivent adopter une démarche exclusivement
altruiste, ne recherchant ni poste ni récompense sinon celle d’avoir pu, un
temps, servir leur patrie et l’humanité. Ils doivent s’élever au-dessus des
partis qui étymologiquement séparent, à la fois pour élargir leur champ de
perception et pour faire bénéficier le plus grand nombre de la « lumière » de
leur réflexion. Aucun des problèmes qui agitent le monde politicomédiatique ne saurait résister à la pensée
convergente de ces « éclaireurs » de tous bords, libres et désintéressés,
cherchant inlassablement, dans une vision humaniste, des compromis acceptables,
pourvu qu’ils s’engagent dans une démarche pédagogique indispensable en
démocratie, à former le peuple et à l’entraîner dans une ascension vertueuse
seule capable de vaincre l’égoïsme des hommes. Allons ! Il est temps de
rassembler tous ceux qui, prenant conscience des difficultés à venir, renonçant
au confort d’un individualisme égoïste, veulent montrer aux hommes que, dans la
joie du partage, un nouveau chemin est possible, demandant à chacun selon ses
capacités et récompensant chacun selon ses mérites.
Le
« gaulisme social-libéral » oubliera d’où viennent
tous ceux qui veulent le rejoindre. Seule comptera pour chaque question
sociétale, éthique, économique, politique ou morale la réponse collective
raisonnable qui, au pays de Descartes, doit pouvoir être trouvée par des hommes
sincères. Les tenants d’un véritable libéralisme, doctrine profondément
émancipatrice qui, contrairement à la seule loi d’airain des marchés, veut faire
triompher progrès et équité en assurant l’autonomie et le bien-être de chaque
individu, y trouveront leur compte car rien ne s’obtiendra sans effort. Les
sociaux-démocrates, lassés de voir depuis près d’un siècle une gauche dogmatique
imposer ses alliances avec des idéologies dépassées, prétendant faire le bonheur
des peuples malgré eux pour aboutir, à force de tyrannie, à un retour de
balancier ultra-capitaliste, s’émanciperont enfin, sans perdre leur âme. Cette
troisième voie que le gaullisme historique avait fait naître avant d’être
incompris par les pauvres et trahi par les nantis, cette troisième voie que
l’élection inespérée de2002 aurait permis de retrouver si des chefs clairvoyants
avaient guidé le pays, émergera peut-être de l’accumulation de nos échecs, si
tant est que pour rebondir il faille d’abord toucher le fond. Entre la
ploutocratie conservatrice qui, aveuglée par l’argent, épuisera la planète,
démantèlera l’économie des pays développés pour la traite de nouveaux esclaves,
abandonnera à leur sort, sans état d’âme, ceux qui, un temps, l’auront aidée à
prospérer jusqu’à ce qu’elle périsse dans une révolution mondiale, Et
l’anticapitalisme trotskiste, réfutant les lois du marché, cherchant à imposer,
s’il le faut, par la force une vision dogmatique liberticide de la marche de
l’humanité, suscitant par réaction des contre-révolutions tout aussi
destructrices, Il y a place pour cette voie de la sagesse, en France, en Europe,
dans le monde.
∴
Oubliez
d'où vous venez car un débat fraternel s'engage sans a priori doctrinal.
Accordez-vous sur le cap, car une marche, même tâtonnante, ne doit jamais perdre
de vue le but à atteindre : une société libre, solidaire et responsable, une
société qui met l'homme au centre de la politique, une société de partage
équitable de la planète, une société où le bonheur des uns ne naît pas de
l'asservissement des autres. Le « gaulisme social
libéral » entre ces deux mortelles dérives qui conduiraient immanquablement
notre pays à la ruine, forme réactualisée du sursaut des peuples qui ne veulent
pas mourir, sera, n'en doutons pas, l'ultime salve du gaullisme historique tant
que des hommes et des femmes de notre pays, plaçant l'intérêt général et l'amour
de la patrie bien au-dessus des misérables et éphémères intérêts particuliers,
seront prêts à se mobiliser, à s'engager dans les combats de notre temps. Au
travail. Fourbissons nos armes car comme disait le R.P. Teilhard de Chardin:
«
Rien dans l’Univers ne peut résister à l’ardeur convergente d’un nombre
suffisamment grand d’intelligences groupées et organisées. »