Compte rendu du dîner-débat du 25 octobre 2006

En présence Mme Marie-France GARAUD

PARTAGE DES COMPÉTENCES ENTRE L’U.E. ET SES PAYS ADHÉRENTS

 

par Luc BEYER de RYKE

18 Juin 2005

On se pressait au dernier dîner-débat de l’Académie du Gaullismepour entendre Marie-France Garaud. Toute présentation était inutile pour celle qui, au côté de Pierre Juillet, fut la conseillère et l’inspiratrice de Jacques Chirac. Demain Ségolène Royal deviendra, peut-être, présidente de la République. ? On se prend à rêver et se dire que Marie- France Garaud eu pu l‘être… Connue, appréciée mais surtout respectée comme le souligna Jacques Dauer.

Si l’on m’autorise un souvenir personnel, j’ai, il y a quelques années, rencontré Marie-France Garaud dans le cadre d’une émission dont j’avais la charge à la Radio belge semblable àRadioscopie de Jacques Chancel. Je l’avais alors surnommé alors la Dame de Pique, expression reprise « con amore » par Le Figaro. J’avais été impressionné par la clarté, la sûreté des analyses. Une tête bien faite et, ce qui ne gâte rien, agréable à regarder… Des années après, à l’Académie du Gaullisme, je l’ai retrouvé, élégante, témoignant d’une acuité remarquable dans l’expression du raisonnement.

Elle ne se perd pas dans le détail. L’essentiel est dit sans fard, sans complaisance avec rigueur et… vigueur. La vie politique s’ordonnait, expliqua-t-elle, autour de deux pôles : la droite était « nationale », la gauche « populaire ». Dans les années70, la droite est devenue « européenne ». Dix ans plus tard, la gauche l’a imitée.

La France dès lors a versé dans le centrisme. Ce qui a provoqué la montée des extrêmes au point d’atteindre le « pire » du 21 avril 2002 et l’irruption de Jean- Marie Le Pen au deuxième tour des présidentielles. Aujourd’hui Nicolas Sarközy et Ségolène Royal font fi gure l’un comme représentant la droite, l’autre la gauche. Ce qui n’est qu’une apparence due bien plus à leur personne qu’à leurs idées. Comment échapper à la fois à ce « ventre mou » qu’est le centrisme et aux extrêmes ?

LA PARTICRATIE

Marie-France Garaud, avec beaucoup de pertinence, déplore la manière dont on a voulu moraliser la vie publique. On a élevé des barrages, des digues (telles les cinq cents signatures…) qui constituent des pesanteurs insupportables. Elle empêche de libérer les candidatures. Un auditeur plaide en faveur de Nicolas Dupont-Aignan. Candidature certes digne d’attention mais le cas illustre à suffi sance la démonstration de Marie-France Garaud : « Nicolas Dupont- Aignan tout en se situant en marge est et demeure membre de l’UMP. S’il ne l’était pas, il n’existerait plus. Si l’argent n’est pas donné par le parti, il ne peut pas être candidat. »

Moraliser la vie publique, c’est assurer une transparence du fi nancement et non de s’ingénier à interdire toute émergence de candidatures valables. Comme le relève l’oratrice nous en sommes revenus à la IVe République. en pire !

La loi, la dictature des partis, en un mot comme en cent, la particratie impose aux acteurs des prudences obligées. Ainsi Laurent Fabius aurait dû, lors des primaires au PS, se présenter en rassembleur du camp des « NON » à la Constitution européenne. Il n’a pas osé aller jusqu’au bout de sa démarche. À cause du Parti socialiste

QUELLE EUROPE ?

Le vrai problème est celui de la nature de l’Union européenne. Il n’est pas posé parce qu’il fracture les partis politiques. Marie-France Garaud s’attache à une analyse empreinte de justesse.

L’État-Nation est en voie de disparition sans que rien ne vienne le remplacer. L’Europe n’existe pas si ce n’est à travers une oligarchie, laquelle gagne la démocratie française à travers les partis. De plus la mondialisation nous assaille et nous informe que l’Europe n’est plus au centre du monde et la France plus le centre de l’Europe. Cette mondialisation résulte des techniques et de la politique européenne. Les barrière douanières disparaissent et, sans la moindre protection, on a ouvert à la Chine la porte de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce, présidée par Pascal Lamy, membre du PS). Ce qui de l’avis de notre invitée relève de la plus totale inconscience. Certaines voix dans l’assistance se font entendre pour que la France sorte de l’Europe.

À juste titre Marie-France Garaud, peu suspect de laxisme européen, fait valoir que jamais le Général de Gaulle n’est sorti de l’Europe. Loin d’être hostile, il se montrait en faveur d’une Europe politique. Mais cette Europe autrement devrait être fondée sur les réalités qui la font : les Nations. Or, nous avons perdu (ou sommes en passe de perdre) les quatre attributs de la souveraineté. Et Marie-France Garaud de les énumérer : le droit de battre monnaie, celui de rendre la justice, le pouvoir législatif et, enfi n, celui souverainement de décider de la guerre ou de la paix.

Nos dirigeants s’abritent au sein de l’Europe parce qu’ils sont effrayés. Devant l’ampleur du redressement à accomplir on les voit, on les sait en plein désarroi. Marie-France Garaud ne s’aveugle pas. Elle a conscience de l’évolution du monde, des limitations et des carcans qu’elle entraîne. Qu’on ait appelé ou non de ses voeux des Institutions nouvelles comme le parlement européen, il faut ne pas pratiquer l’autisme. L’instrument est là. Il faut en user, s’accorder sur les postes à tenir et y élire des représentants ayant la compétence pour le faire. Et puisque le terme compétence est prononcé il s’applique de même, dans un sens différent, aux compétences communautaires mises en regard des compétences nationales.

Avec beaucoup de détermination la parlementaire à Strasbourg que fut l’oratrice plaide pour que ces compétencessoient défi nies et circonscrites. Fusent-elles limitées. Sinon, c’est l’Europe qui s’arroge de l’entièreté des compétences et s’ébroue librement sans aucune restriction. C’est la cas aujourd’hui. Aussi entravé que puisse être notre pouvoir décisionnel en cela nous pourrions l’exercer. Il y a urgence pour soustraire à l’Europe ce qui nous revient. Ce plaidoyer argumenté, structuré, prononcé avec une clarté remarquable ou l’humour sous-tendait la sévérité, suscita une adhésion ponctuée d’applaudissements chaleureux. Une grande soirée !

 

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