Emmanuel Macron 1er ou
l’Europe médiatique.
Tous les médias européens ont publié bon gré mal gré la
tribune d’Emmanuel Macron 1er dont la lecture laisse pantois.
On y découvre à la fois les « rêveries d’un promeneur
solitaire » de Jean-Jacques Rousseau et le prêche d’Urbain II en 1095 à
Clermont appelant aux croisades, le tout dans un pathos un tantinet vaniteux
car l’auteur parle au nom de la vérité et de sa foi inébranlable dans sa vision
eschatologique de l’Europe, bien éloignée des réalités.
Un proverbe indien nous apprend à juste titre qu’il faut
certainement suivre celui qui cherche à tâtons la vérité mais qu’il faut
surtout fuir celui qui l’a trouvée.
Il est vrai que cette tribune relève davantage de la
rhétorique que d’un réalisme pragmatique dont l’Europe a besoin aujourd’hui
pour se ressaisir.
Parler de civilisation européenne comme d’un tout qui nous
unirait, c’est employer un concept valise qui ne décrit rien, n’explique rien
car il existe d’abord des cultures nationales propres à chaque peuple.
De plus, vouloir défendre notre liberté et la dénier à
certains en les disqualifiant comme nationalistes est une singulière conception
de la liberté. On ne peut que s’interroger sur son projet de créer une « Agence
européenne de protection des démocraties » : voilà un beau retour des méthodes
sentencieuses du « politiquement correct », qui rappelle la formule de Brecht :
« le peuple s’est trompé, changeons de peuple ».
Evoquer la remise à plat de Schengen est un bon projet mais
que propose-t-il ? Cette réforme passe d’abord par le contrôle aux frontières
nationales. Il n’en dit mot !
En revanche, il souhaite un traité de défense et de sécurité
propre aux Européens ; sans doute a-t-il oublié le traité de l’UEO des années
50 dont l’article V a été repris à l’article 42-7 du traité sur l’UE
(assistance mutuelle en cas d’agression) mais il passe sous silence que nos
partenaires européens, britanniques, roumains, polonais, les Etats baltes sont
des adeptes fidèles à l’OTAN avant tout autre alliance.
Vouloir rétablir une préférence communautaire est, certes,
louable, mais là encore, c’est oublier que nos partenaires, Allemagne en tête,
mais aussi pays de l’Est ont tendance à acheter américain pour leur défense et
même australien pour les gigots de mouton plutôt qu’ à
appliquer une préférence communautaire révolue à leur yeux.
Prôner la création d’une banque communautaire du climat pour
financer la transition écologique risque fort de faire doublon avec la Banque
Européenne d’Investissement (BEI) dont la mission pourrait être élargie. C’est
un effet d’annonce.
Se tourner vers l’Afrique est une nécessité mais pour
résoudre les problèmes de ce continent, il est prioritaire de maîtriser son
explosion démographique. Il n’en dit mot.
Emmanuel Macron 1er nous appelle à ne pas être les
somnambules d’une Europe amollie et propose une grande conférence pour l’Europe
à laquelle seront associés des panels de citoyens.
Voilà le Grand Débat qui revient, avec tous les risques
d’accoucher d’un projet d’une incohérence totale. C’est l’impasse assurée !
On ne peut qu’être étonné de tels propos, de ce prêche plein
de rêveries et dénué de tout pragmatisme réaliste.
Il y manque un mot qui dénote qu’Emmanuel Macron 1er est
toujours dans la fuite en avant d’une logique européenne qui mène l’Europe dans
le mur : ce mot est un principe, le principe de subsidiarité, qui permettrait
de redonner vie aux démocraties nationales face à la captation technocratique
de Bruxelles.
Nos démocraties nationales sont désormais vides de sens, les
Parlements nationaux sont des théâtres d’ombre. Il est temps que l’Union
européenne s’en tienne à l’essentiel, en cessant de vouloir tout réglementer et
contrôler, et noue des politiques de coopération dans les domaines qui
affectent le continent dans son ensemble.
Une chose est certaine, la posture de chevalier blanc
d’Emmanuel Macron 1er a plus de chance de heurter nos partenaires que de
relancer la nécessaire coopération entre les peuples européens.
|