LA VOIX DE LA FRANCE VERS UN NOUVEAU CAP DIPLOMATIQUE 

Par Christine ALFARGE 

La France est une des grandes nations qui éclairent le monde 

Dans le contexte actuel de globalisation, nous assistons à la vision d'un monde décompartimenté, l'un des soucis de la France est de le connaître afin de mieux le comprendre ce qui implique une politique diplomatique efficace et omniprésente. Une redistribution des cartes est en train de s'opérer et les décisions politiques d'aujourd'hui sont cruciales et irréversibles pour le futur si la France veut rester une grande puissance politique. Elle doit faire entendre sa voix dans les affaires du monde en adaptant les principes gaullistes au temps présent.

Les relations internationales

Grande ouverture internationale, consciente de la réalité qui l'entraîne dans le tourbillon de la compétition planétaire, elle doit montrer sa propre vision sur les actions à mener partout où l'urgence et la dignité des peuples le commandent. Dans un monde en évolution constante, il ne faut pas se renfermer dans des raisonnements tout fait, mais au contraire être force de propositions nouvelles et savoir les faire partager. C'est en premier lieu au niveau européen malgré les difficultés à se mettre d'accord à 27 pays que la France doit jouer un rôle phare s'appuyant sur la volonté politique du couple franco-allemand selon la conception même du Général de Gaulle sur la construction européenne, afin de faire émerger une puissance politique européenne capable d'agir sur l'équilibre mondial notamment le rapport entre les nouveaux protagonistes que sont les Etats-unis et la Chine.

Le monde en 2007, c'est quoi ?

Il faut d'abord se pencher sur l'environnement international afin d'avoir des analyses plus précises concernant l'appréciation de la situation dans le monde notamment au regard des évènements qui se déroulent au Moyen-Orient. Un constat d'échec permanent domine que ce soit la situation de chaos en Irak, le spectre d'une nouvelle guerre civile au Liban, la menace du nucléaire iranien avec pour toile de fond le conflit israélo-palestinien. A ce désordre vient s'ajouter une multiplication d'acteurs comme les ONG, les multinationales, les cartels qui interfèrent dans les relations internationales avec le risque constant de fragiliser les états qui bien souvent ne sont plus les maîtres du jeu.

Dans le monde d'aujourd'hui, la superpuissance américaine est sans équivalent. Par leur évolution et leur situation géographique, les Etats-unis pratiquent un isolationnisme dont l'influence est déterminante sur le reste du monde. Pour eux, les relations multilatérales ne sont pas un obstacle à toute décision politique, par le simple fait qu'ils détiennent des postes clés à la tête d'institutions les plus importantes comme la Banque mondiale, l'Unicef ou qu'ils utilisent leur droit de veto à l'ONU pour bloquer tout processus qui semblerait contraire à leurs intérêts. Cependant ils devront trouver les bons leviers pour parvenir à une solution définitive en Irak, car l'embrasement de cette région a notamment permis à l'Iran de devenir un acteur incontournable du Proche-Orient sous les regards attentifs de la Chine et de la Russie.

L'esprit français” fer de lance de la diplomatie.

La France ne manque pas d'atouts, elle a toujours eu le souci de pratiquer une diplomatie culturelle lui permettant de partager avec un grand nombre de pays francophones sa langue et de promouvoir une même culture. Malgré toute cette influence culturelle exercée à travers le monde, la France doit avoir un projet politique concret en se donnant des priorités d'actions. Le constat sur les évolutions du monde est alarmiste mais il n'y a pas de fatalité à subir éternellement les guerres, les violences et les haines, « le chemin de la paix doit s'ouvrir ». Quel autre pays que celui du Général de Gaulle peut contribuer à dénouer les fils de la discorde ? Aujourd'hui, par sa volonté et sa longue amitié avec la Terre d'Orient, la France doit jouer un rôle déterminent où la tendance réthorique doit faire place aux actes.

Renforcer notre politique étrangère.

La France ne peut être une grande puissance politique et économique que si elle est une grande puissance militaire et diplomatique. Cela mérite une réflexion sur les différents axes de notre politique étrangère à développer.

Quelles sont les priorités d’actions et avec quels partenaires ?

« Nous sommes dans une ère nouvelle où les changements politiques doivent permettre de développer nos relations en se fixant de nouveaux objectifs ».

Même si l’Europe est une construction hybride, la France pourra notamment proposer de simplifier la procédure de coopération renforçée pour qu’à partir de cinq états volontaires, elle soit réalisable. Le domaine de la recherche en est une des priorités ainsi qu’un réseau transport à grande vitesse, la sécurité des centrales nucléaires, le développement de l’industrie aéronautique et spatiale.

Nous pouvons également contribuer efficacement à la relance du co-développement en Méditerranée grâce à nos initiatives et à notre politique équilibrée en direction des grands conflits du Moyen-Orient en développant des coopérations renforçées vers l’axe Nord–Sud. Aucun pays européen ne peut contester à la France sa légitimité politique, car notre vision indépendante sur des sujets aussi brûlants que la crise irakienne ou le conflit israélo-palestinien nous donne un net avantage par rapport à la Grande- Bretagne ou à l'Allemagne. Nous disposons de puissants leviers en Europe et d'une capacité politique pour travailler avec quelques européens prêts à nous suivre dans nos analyses face à l'exigence du co-développement que ce soit en Afrique pour un effacement total de la dette, une augmentation et une réorientation de l'aide publique vers l'investissement local, l'assistance médicale, la formation, l'agriculture, la taxation sur les profits spéculatifs ou en Méditerranée pour redynamiser et lutter contre la pauvreté terreau propice au fanatisme.

Une politique étrangère indépendante dans un monde multipolaire.

Le moment est venu pour la France de faire entendre une voix autonome et indépendante sur les conflits potentiels contraires à nos propres intérêts, nous pensons particulièrement à l'Iran ou à la Syrie. Cependant notre ojectif doit rester celui de dissuader l'Iran de poursuivre son programme nucléaire à des fins militaires sous peine de sanctions économiques. Les interventions militaires n'ont jamais autant encouragé le terrorisme depuis l'occupation de l'Irak. La réponse au terrorisme ne peut être que politique. Dans un souci d'équilibre géostratégique, la politique étrangère française devra traiter globalement le dossier proche-oriental et non en fonction des particularités ou des affinités. Les enjeux sont considérables et si nous ne réussissons pas ce nouveau cap diplomatique, les conséquences seront désastreuses pour l'avenir avec le risque inéluctable d'une confrontation entre le monde occidental et le monde islamique.

La France peut jouer un rôle prédominant vers le monde arabo-musulman.

Ce n'est pas le choc des civilisations qui mettra un terme à la violence, mais la coopération Nord – Sud. Il est par conséquent indispensable d'établir un dialogue étroit avec nos partenaires arabes pour imposer une paix juste au Proche-Orient. Ce dialogue doit être constructif et non partisan, il ne s'agit pas pour la France ou l'Europe de s'ingérer dans les affaires mais de promouvoir un dialogue permanent avec chaque interlocuteur afin d'apaiser les tensions.

Parmi les pays qui peuvent aider à la résolution des conflits dans la région, il y a l'Egypte, la Jordanie et surtout l'Arabie Séoudite qui s'implique très fortement sur le plan diplomatique afin de trouver des solutions à la crise régionale. Dans ce contexte, la France à une carte à jouer avec l'Arabie Séoudite qui a notamment pris ses distances avec les Etat-unis, elle doit approfondir ses relations politiques, économiques et culturelles dans la péninsule arabique et soutenir le cas échéant les propositions qui lui sembleront partager une vision commune.

Une concertation plus importante avec la Chine et la Russie.

Nous ne sommes pas les seuls à vouloir développer une politique volontariste à l'égard du Moyen-Orient, la Chine et la Russie se placent désormais comme puissances émergentes et incontournables dans cette région. La Russie revendique notamment son autonomie concernant les relations qu'elle entretient avec la Syrie ou l'Iran et montre un rapprochement significatif avec l'Arabie Saoudite lors d'une rencontre à Ryad en février 2007 avec le chef de l'Etat russe, Vladimir Poutine. Dans son intérêt, la France doit repenser l'union avec la Russie sur la base d'un partenariat. Quant à la Chine, il ne faut pas sous-estimer sa stratégie en Asie ou en Afrique.

S'engager efficacement à la résolution des crises régionales.

Aujourd'hui, la diplomatie multilatérale apparaît comme le moyen le plus utile et surtout essentiel pour intensifier le dialogue avec d'autres états afin de permettre la mise en oeuvre de coopérations. Dans ce monde multipolaire, de nouveaux risques de conflits majeurs existent, la sécurité du monde occidental est menacée en particulier l'Europe. Grâce à une politique volontariste, la France peut changer la donne si elle saisit les opportunités d'un dialogue approfondi avec ses partenaires européens mais aussi avec le monde arabe tout en revoyant sa relation transatlantique.

« La France ne peut être la France sans la grandeur »écrivait le Général de Gaulle dans ses mémoires de guerre. Pour nous gaullistes et républicains sociaux, notre combat perpétuel sera toujours la résistance. Aujourd'hui il s'agit d'une nouvelle résistance, celle dont la nation a besoin pour garantir sa souveraineté et son indépendance face à une globalisation économique et finançière dévastatrice mais aussi une résistance diplomatique qui inlassablement doit faire entendre la voix de la France à travers le monde.
 

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