Par
Jacques MYARD,
C'est avec une certaine stupéfaction que nous avons pris
connaissance des propos du Président de la République sur l'Algérie et ceux en
réaction au discours du Premier Ministre malien à la tribune de l'ONU.
ALGERIE : Le 30 Septembre dernier, devant des "petits-enfants"
de la guerre d'Algérie réunis à l'Elysée, E. Macron dénonce le discours des
autorités algériennes qui "repose sur la haine de la France" , il accuse une propagande portée par les Turcs qui
réécrit l'histoire et surtout il s'interroge sur la nation algérienne : "
est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ?
" Il poursuit en pointant la Turquie qui fait oublier le rôle de
colonisateur qu'elle a joué en Algérie.
Quant au système algérien, il le juge "fatigué".
On pourrait croire que ces propos bien peu diplomatiques,
pour ne pas dire « cash » et brutaux, n'étaient pas destinés à être
divulgués, eh bien non !
On apprend par un article de presse fort bien renseigné, aux
meilleures sources, que les déclarations du Président avaient été mises au
point avec précision afin qu'elles soient divulguées, bref qu'elles aient
l'impact maximal.
La cible a été atteinte, le gouvernement algérien est furieux
et prend des mesures de rétorsion.
MALI : A peine le Premier Ministre malien est-il descendu de
la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU que E. Macron fustige ses
déclarations et le voue sans appel et publiquement aux gémonies
anti-démocratiques.
Mais les initiatives iconoclastes ne se limitent pas à des
commentaires persifleurs, il vient de réinventer le traditionnel sommet
France-Afrique sans inviter les chefs d'Etats africains ; et il le fait
savoir, conseillé par un nouveau gourou, contempteur de la Françafrique.
Il propose de remplacer le sommet de chefs d'Etats par des
tables rondes de la société civile française et africaine qui pourront ainsi
réinventer tout à loisir l'Afrique, en dénonçant les affreux colonialistes et
surtout, en mettant en porte-à-faux les chefs d’Etat africains qui vont
remercier la France : beau gâchis en perspective !
Il se propose enfin de remplacer les sommets France-Afrique
par des sommets Europe-Afrique, ainsi nos intérêts seront-ils
mieux défendus par Bruxelles et l’Allemagne ...
La question est très simple :
Est-ce le rôle du Président de la République de se lancer
dans des interrogations historiques sur l'existence réelle de la nation
algérienne avant la colonisation ou de traiter publiquement le régime algérien
de "régime fatigué" ?
Est-ce le rôle du Président de la République de répondre par
un "smash" au Premier Ministre malien ?
En d'autres termes, es- ce le rôle du Président de jeter de
l'huile sur le feu ?
Sur le fond, E. Macron n'a pas tort dans les reproches qu'il
adresse à l'Algérie, il a même raison; il en va de
même pour ses commentaires sur le Premier Ministre mali
Mais dans l'ordre international, E.Macron agit en amateur et même en
incendiaire ; loin de calmer le jeu, il l'aggrave au détriment de nos
intérêts, sans possibilité de trouver de solution à brève échéance en raison du
paroxysme des tensions qu'il provoque.
Dans l'ordre international, les chefs d'Etats constituent le
sommet des relations internationales, il n'y a rien au-dessus d'eux pour
rattraper, corriger leurs fautes et éviter l’affrontement.
Evincer les chefs d'Etats des réunions diplomatiques pour les
organiser autour de palabres estudiantins est-il un grand pas en avant sur la
compréhension du monde, bel amateurisme !
Les bouches de canons du Roi de France portaient une devise
célèbre et fort instructive :
" Ultima ratio regum "
La force est le dernier argument des Rois.
E. Macron devrait la méditer car c'est toujours dans cet
adage que s'inscrit la géostratégie mondiale, loin très loin de ses utopies et
de ses commentaires oiseux qui nous brouillent avec l'Afrique !
Membre Honoraire du
Parlement
Maire de
Maisons-Laffitte
Président du Cercle
Nation et République
Président de l'Académie du Gaullisme
© 09.10.2021