par Georges AIMÉ
Il y a moins de six mois qui aurait pu imaginer pareil
bouleversement du paysage politique national ?
PS décapité, LR explosé, FN en voie de décomposition, seul
Mélenchon fait entendre sa voix... par rue interposée quand elle est à sa
botte. L’horizon du Président de la République est dégagé. Les Français
auraient pu envoyer un contrepoids à son pouvoir lors du second tour des
élections législatives... ils ont préféré vaquer à des occupations sans doute
bien plus importantes ! La démocratie, le droit d’expression, le droit de vote,
c’est comme tout, on s’y habitue et puis on s’en lasse ! On s’en lasse à tel
point qu’on justifie son abstention par un « ça ne sert rien de voter
puisque de toute façon ‘’ils’’ ne nous écoutent pas ». Plus grave encore :
« Y’en a marre, on vote de trop ! ». Et il est de pseudo
analystes-experts pour relayer et approuver ce type de bêtise ! Bien pratique
pour chasser de sa mémoire tous les écrits, discours, luttes, combats et
guerres qu’il a fallu mener pour être des hommes libres ayant le droit de
s’exprimer. Être soigné sans que l’on vous demande de verser un dépôt de
garantie, avoir accès au savoir par l’enseignement quel que soit votre milieu
social, pouvoir vieillir dans la dignité, avoir un toit et ne pas mourir de
faim, être considéré comme un être humain à part entière, avoir la possibilité de faire entendre
sa voix sans troubler l’ordre public, sont des acquis fragiles que l’on a le
devoir de confirmer en mettant un bulletin dans l’urne.
Ne pas le faire c’est accepter qu’un jour tout cela puisse
être remis en question ou récupérer par je ne sais qui à des fins bien opposées
à la démocratie. Il sera alors top tard pour gémir.
Certes, ce n’est évidemment pas le cas de nos dirigeants.
Laissons donc Président et Gouvernement agir mais soyons réactifs devant tout
abandon de souveraineté et/ou de suivisme pro-atlantique sans discernement.
À ce sujet, avec Jacques Myard,
nous devons être attentif à « l'annonce du rachat de Alstom par Siemens...,
elle scelle la mort totale de ce fleuron de l'industrie française qui survient
après le dépeçage de son département énergie au profit du groupe américain
General Electric avec la bénédiction du ministre de l'époque Emmanuel Macron
». Est-ce un acte d’allégeance à Berlin pour obtenir des avancées sur la
refondation de l’Europe ?
Par contre, soutenons le Président dans sa volonté de
réformer la représentation et la pratique politique ainsi que le millefeuille
administratif.
Au demeurant, quel est ce pays :
Où le débat d’idées est quasiment absent à l’Assemblée
nationale ?
Où les journalistes ne savent plus ce qu’est un publiciste et
préfèrent nous présenter des numéros de duettistes de boulevard ?
Où politiques et maire de Paris préfèrent nous abreuver de
sport-« bizzness » et de JO
inutiles en se servant de la tour Eiffel comme support publicitaire pour
arriver à leurs fins ? (Au passage on peut noter qu’il n’a pas été compliqué de
trouver l’argent nécessaire à cette promotion alors que dans le même temps on
nous dit qu’il n’y en a pas pour les sans-abris !)
Où la télévision diffuse des jeux ou des émissions de
télé-réalité plus stupides les uns que les autres, nous chante les louanges de
tel ou telle chanteur ou actrice voué à l’oubli et dont on se moque totalement
?
Où les médias nous parlent de ce qui se passe aux fins fonds
du Middle West sans nous faire connaître les us, coutumes, habitudes et mœurs
politiques de ces pays de l’Union européenne que l’on voudrait unir ?
Il est vrai que lorsqu’un peuple ne s’intéresse pas à son
propre avenir, il n’y a pas beaucoup de chances qu’il s’intéresse à celui de
ses voisins...
Contrairement à une idée répandue, le peuple français est
très largement dépolitisé. Hormis au sein de certains partis politiques et de
quelques cercles ou clubs de réflexion, il n’y a plus de véritables débats
d’idées. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale la multitude de journaux
d’opinion – issus pour la plupart des différents mouvements de résistance –
permettait à chacun de trouver « chaussure à son pied » et alimentait le débat
pour le meilleur et le pire jusqu’au cœur des entreprises, des bureaux et... le
dimanche matin dans les rues de Paris (les invectives du lecteur de L’Aurore à
l’égard du vendeur de L’Huma ne manquait pas de saveur, quand ce n’était pas le
lecteur de Combat ou de France-Soir, à laquelle venait s’ajouter la gouaille
des marchandes des quatre saisons). La disparition de cette presse d’opinion a
eu comme conséquence une dépolitisation de masse. Pour 80 % des électeurs, la
seule source d’information c’est la grand-messe du 20 heures
! Les techniques modernes de présentation (d’orientation ?) de l’information
ajoutées au fait que l’on ne retient que 40 % de ce que l’on entend et voit
sont sans doute les raisons de ce manque d’appétence pour la politique. Bien
entendu, il convient d’y ajouter la disparition des idéologies, l’absence de
spiritualité, le développement d’une société où le paraître est plus important
que l’être, le mépris affiché par les professionnels de la politique à l’égard
des électeurs (référendum de 2005, attitude des passés Présidents), le
dévoiement de nos Institutions, la corruption et la confiscation de tous les
pouvoirs par une oligarchie consanguine peu encline à se remettre en question
(les récentes élections sénatoriales viennent de nous en apporter une nouvelle
preuve).
Ce constat établi, comment ré-intéresser
le citoyen à la vie de son pays ? Comment lui faire comprendre que ne pas aller
voter c’est régresser et c’est dangereux ?
Voilà un chantier auquel tout citoyen soucieux de l’avenir de
la démocratie devrait réfléchir.
Vite !