par Marc DUGOIS
Le moral est bas chez ceux qui aiment la France car nous venons de
départager une perdante qui n’était pas au niveau et un gagnant qui va nous
faire perdre, lui qui n’a été élu que par les optimistes en mal de support.
Le gagnant va nous faire perdre car il n’aborde pas le fond des
problèmes et ne propose que de repeindre la façade d’un édifice délabré.
Rajeunir un peu le personnel plait aux vieux mais ne résout rien. Les valeurs
de l’obscure clarté de la République ne sont pas des dynamiques et ne mènent
nulle part. L’incompétence de fond du gagnant se dévoilera avec le temps dès
que la forme se fissurera. La seule question est de savoir à quel rythme. En
attendant il continue à inverser le sens des mots en se jugeant patriote contre
la nationaliste alors qu’il est pour le droit du sol, du lieu de naissance, natio en latin et contre le droit du sang, celui du père,
pater en latin. Est-ce un signe qu’il dise l’inverse de ce qu’il croit penser ?
L’échec du Front National est plus intéressant car ses différentes
personnalités n’ont abordé la complexité du problème que par l’angle qui les
intéressait. Ne prenant pas la hauteur nécessaire, elles ont été incapables de
se sortir du qualificatif d’extrême droite dans lesquelles les médias les ont
enfermées.
La ligne officielle sous l’impulsion de Florian Philippot a voulu
reconstituer le non au référendum sur la Constitution européenne qui a été
majoritaire, après avoir frôlé la majorité pour celui de Maastricht. Cette
ligne a obtenu un succès dans le rapprochement avec Nicolas Dupont-Aignan mais
elle a subi un échec cinglant du côté de Jean-Luc Mélenchon car trop
superficielle chez ces deux énarques, sans oublier le troisième énarque des
Horaces, Jean Messiha.
L’énarchie, admirable sur la forme, n’a pas encore pris le temps de
s’intéresser au fond. Il faut peut-être pour ce faire qu’elle soit moins
contente d’elle-même. L’opposition à la Constitution européenne avait été
majoritaire car elle regroupait plusieurs oppositions de tendances très
différentes sur ce qu’il fallait faire. Tous ceux qui se croyaient à la
manœuvre étaient favorables à cette constitution fuite en avant et l’ont
d’ailleurs imposée au peuple par le traité de Lisbonne. Si Le Pen, Dupont Ai-gnan, Mélenchon et Asselineau
ont fait ensemble 47 % des suffrages exprimés et voient tous la Nation comme
seul cadre réaliste d’un réveil efficace, aucun n’a poussé très loin l’analyse
de fond sur ce qu’il fallait faire et ils se sont tous contenté, sauf Asselineau, de tout financer par la croissance, par
l’augmentation des dépenses. Cette faiblesse de l’analyse a permis de ne pas
voir la faiblesse identique de l’analyse des autres qui ont aussi tout fondé
sur la croissance sans laquelle ils ne peuvent rien faire. Quand personne ne
veut être réaliste, l’optimisme gagne toujours sur le pessimisme car il donne
l’impression de faire reculer l’orage La ligne de Marion Maréchal Le Pen a voulu retrouver les valeurs
traditionnelles de toute civilisation, la famille, l’honneur, le serment, le
bon sens, n’accueillir les autres qu’après avoir fait ce qu’il faut pour être
accueillant soi-même. Mais cette ligne n’a pas pris le temps ou ne l’a pas eu,
d’étudier complètement ce qu’il fallait faire pour devenir accueillant et a
complètement éludé l’harmonie économique indispensable que si peu de gens
comprennent, qu’aucun Politique ne porte et que l’Union Européenne néglige.
Tous ne se sont battus que sur le cadre, national ou européen. Aucun
candidat n’a sérieusement étudié la disharmonie économique actuelle et ses
raisons.
Le problème de fond est là : personne ne s’intéresse à l’harmonie
économique qui est elle-même un savant mélange de liberté individuelle, de
coopération collective et de gestion commune de ce qui nous dépasse tous et que
l’on appelait religion.
Chacun préfère croire à Mammon, à la religion du PIB. Lorsque les
médias diffusent que la dépense publique représente 57 % du PIB, chacun aime
comprendre qu’il reste à se partager 43 % de cette manne alors que la réalité
est que ces 43 % sont de la dépense privée qui s’ajoute à la dépense publique
pour faire le PIB somme de toutes les dépenses. Avec quoi les paye-t-on ?
Va-t-on continuer éternellement à monter les impôts et la dette par
incapacité de faire payer tous les autres dans cette foire d’empoigne égoïste
qu’est la mondialisation ? Va-t-on continuer à tout fonder sur les trois
esclavages que sont la dette, la mondialisation et l’immigration pour continuer
à croire à ce que l’on appelait avec dérision la semaine des quatre jeudis au
temps où le travail était une valeur ? Est-ce être passéiste que de regarder la
réalité en face ?