DÉCLIN DE L'UNION EUROPÉENNE DANS LE MONDE ET LOURDES MENACES

SUR LE "MODÈLE SOCIAL" FRANÇAIS

par Paul KLOBOUKOFF

C

omme deux de mes articles récents, « Un pavé du Nobel Stiglitz dans la mare de l'euro » et « L'union européenne et l'euro dans la tourmente », celui-ci apporte des arguments en faveur d'une rénovation complète de l'Union et d'une monnaie « unique » ou « commune ». Il montre le déclin de l'UE et de la zone euro dans le monde, que l'on s'efforce de nous cacher, et que, sans « réformes » radicales, rien ne semble pouvoir enrayer. Il souligne la grande difficulté pour les pays membres de conserver le « modèle économique et social » auquel ils semblent attachés et les « acquis sociaux » que leurs citoyens défendent. Ceci, dans l'UE telle qu'elle est, ouverte à tous vents et complètement déprotégée, livrée à des concurrences avivées, y compris à de déloyales. Il montre aussi des aspects de la diversité des situations et des stratégies des pays, fiscales, en particulier, choisies pour faire face à cette mondialisation incontrôlée, et respecter, avec des succès variables, les critères de Maastricht que le respect des traités signés, impose. Contre l'avis des Français exprimé au référendum de 2005. Il souligne à nouveau un problème majeur de l'UE, le poids écrasant de la dette publique dans un nombre croissant de pays forts dépensiers, dont il compromet l'avenir, et que la politique monétaire et financière aggrave. Accessoirement, il confirme qu'il vaut mieux éviter de parler à la légère d'harmonisation politique et fiscale dans « l'Europe » ou dans le monde, comme l'ont fait plusieurs candidats à la présidence de la République ces dernières semaines.

la vérité ne peut pas proposer de bons choix !

Puissent les gouvernants et les « influents » prendre conscience des risques d'explosion que provoque le statu quo dans l'UE. Celle-ci a besoin de démocratie, et non de centralisation bureaucratique et technocratique éloignée des réalités et des spécificités locales. Il lui faut rétablir la souveraineté des nations et non bafouer chaque jour la subsidiarité. Des coopérations entre les États et des projets communs à plusieurs pays sont préférables à la volonté de quelques-uns d'imposer plus d'intégration et la marche au même pas cadencé, les yeux rivés sur un horizon invisible, de tous les pays, les grands et les petits, les puissants et les faibles, les riches et les pauvres, les insulaires et les continentaux, les libéraux et les étatistes... L'euro, monnaie unique, a été un échec. Des pays de l'UE ne l'adopteront jamais. Sa survie est menacée. Une monnaie commune « recalibrée » et plus flexible, complémentaire des monnaies nationales, est une solution envisageable pour le remplacer. Elle ne doit pas être écartée, rejetée sans un examen rigoureux, sous des prétextes sans cesse rabâchés qui reviennent à dire qu'il n'y a plus le choix, que « quand le vin est tiré, il faut le boire » jusqu'à la lie, même s'il tourne au vinaigre et fait mal aux tripes. Il faut de la lucidité et du courage pour bousculer les lignes Maginot de l'inertie et de l'immobilisme. De telles propositions ont été exprimées de différentes façons.

Un gouvernement fort et résolu est nécessaire pour faire entendre les convictions des Français sur « l'Europe ». Je crains que la présidentielle en cours et les législatives qui vont suivre laissent trop peu de place à l'espoir.

Quelques rappels «historiques» explicatifs, d'abord

Sur le seuil du XXIe siècle, la mondialisation n'était pas encore un épouvantail comme elle l'est devenue ensuite pour une partie des peuples d'Europe. L'Union européenne (UE) s'élargissait, tendait les bras aux pays de l'Est délivrés de l'ex URSS, et donnait naissance à l'euro. Elle « misait » sur les bénéfices que ses « avantages comparatifs » (industrialisation avancée, hautes technologies, recherches de pointe, niveau d'éducation, formation...) lui apporteraient dans une compétition internationale étendue, plus vive. Elle était, et est restée longtemps, moins sensible aux risques qui pourraient la desservir, aux profonds changements qui viendraient, notamment avec l'accélération de la « multinationalisation » des entreprises, la financiarisation des économies, le poids plus déterminant des « coûts des facteurs » (travail, fiscalité...) dans l'orientation des investissements, la localisation et la mobilité des activités, les « concurrences déloyales » auxquelles elles pourraient donner lieu. Avec les États-Unis, le Japon et les autres « grands » de l'époque, elle s'est « plantée ».
 

© 10.05.2017