« IL NOUS FAUT LA PASSION DE LA FRANCE »

(Charles de Gaulle)

par Christine ALFARGE

A

l’heure d’un choix démocratique crucial de l’histoire de la Ve république où les citoyens ont plus que jamais leur destin en main pour leur propre avenir et celui de leurs enfants, la seule question qui vaille est celle du redressement national, la lutte contre le terrorisme, la place de la France en Europe et dans le monde. L’enjeu est immense. Il faut nous interroger sur quelle France voulons-nous ? La viabilité du modèle social français largement issu de la Libération fait débat, cela mérite des réponses claires auprès des Français. Les combattants de l’armée des ombres n’avaient pas attendu la victoire pour rebâtir le pays.

Aujourd’hui, la France ne sait plus où elle va, il nous faut la force et le courage de résister pour continuer à défendre nos idéaux, ceux de la Résistance, inspirant les grandes réformes de la Libération, enracinés dans l’histoire française, issus de la France de Londres et de la France de l’ombre, s’inspirant d’un humanisme démocratique aux aspirations sociales, servant de nombreuses fois de points de repère dans notre histoire nationale. Le redressement du pays est vital sinon il s’affaiblira peu à peu. Redonner un équilibre entre la France et l’Europe est aussi un défi majeur pour notre avenir.

« Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités » (Charles de Gaulle)

La réalité que nous vivons, au jour le jour, est pour bon nombre d’entre nous, insupportable. À cette inquiétude s’ajoute le désespoir de se sentir abandonné par un pouvoir politique qui a cédé les leviers de commande sans apporter de réponses aux problèmes quotidiens des Français. Un autre chemin que l’affaiblissement du pays est possible, montrant la nécessité de sortir de la spirale infernale de la dette et du chômage. La France est au bord du gouffre.

Lors de son retour au pouvoir le 1er juin 1958, le Général de Gaulle mise tout sur le redémarrage économique, la seule voie. Il n’y a pas de plus bel exemple que celui qui a œuvré au redressement de la France, pour l’honneur de la France. C’est cette ambition qu’il faut incarner en ayant le souci d’une société cohérente et rassemblée, éclairée par une vision gaulliste des intérêts de la France, basée sur l’intérêt général contre les corporatismes, la souveraineté nationale contre l’Europe technocratique.

Une méthode pour redresser la France

Les onze années de Charles de Gaulle passées au sommet de l’État (1958-1969) ont marqué la France d’un sceau indélébile. Pour exercer pleinement sa fonction de président de la république, le Général de Gaulle sait à ce moment particulier de l’Histoire qu’il lui faut avant tout se doter des moyens de la politique qu’il entend mener pour provoquer un sursaut national de redressement économique et social. Il engage une thérapie de choc visant à traiter frontalement les problèmes structurels de l’économie française, une stratégie mise en œuvre par Valéry Giscard d’Estaing alors ministre des Finances. Aujourd’hui, notre pays se trouve dans une situation de quasi faillite devant affronter des défis historiques, redresser la France en déclin économique, gagner la guerre contre le totalitarisme islamique, réinventer l’Europe qui se disloque.

La France doit se relever et retrouver son rang

Notre pays a perdu ses repères et son destin est menacé. Il faut un projet fort bâti pour l’avenir de la France face aux fléaux qui nous guettent entraînant le pays dans l’abîme et le déclassement si nous ne faisons rien. Il ne faut jamais oublier que la place de la France est celle que nous avons la volonté de lui donner. « La vie en société consiste à être soi-même, à affirmer sa personnalité, sans porter atteinte à celle des autres. De même, la vie internationale doit permettre à chaque nation de s’affirmer, sans porter préjudice aux autres. L’indépendance est aux peuples ce que la liberté est aux individus. Un peuple a besoin d’être fier. Il faut qu’il ait la fierté de se dire : « Je suis le fruit d’une histoire qui n’est celle d’aucun autre » écrivait le Général de Gaulle. Le gaullisme est notre histoire commune.

Où est la voix de la France ?

À son époque, le Général de Gaulle disait : « Actuellement, l’Europe se compose de nations. C’est à partir de ces nations qu’il faut organiser l’Europe et la défendre ». Souveraineté et indépendance sont le socle d’une nation libre. Dans ce XXIe siècle qui tend vers le continent asiatique, l’Europe doit constituer pour la France un amplificateur de souveraineté. Il faut une analyse lucide à la fois de la nécessité de l’Europe et en même temps des insuffisances profondes de la construction européenne et de l’urgence d’agir. L’idée européenne ne peut être une parenthèse de l’histoire. Elle doit revenir telle que voulait l’achever le Général de Gaulle loin de toute supranationalité pour la paix et l’équilibre entre les blocs.

« L’Europe n’a pas été faite et nous avons eu la guerre » Robert Schuman, le 9 mai 1950, devenu la « Journée de l’Europe ».

Il y a soixante ans, la France, l’Allemagne, l’Italie, les pays du Bénélux signaient à Rome le traité fondateur de la construction européenne. Alors que notre continent avait connu trois guerres en soixante-dix ans, il est aujourd’hui en paix depuis soixante-dix ans. Alors que notre continent était ruiné et dévasté, il est aujourd’hui la première puissance économique du monde. Aujourd’hui, l’Europe vacille. Les Européens doutent de l’Europe, ils ne lui font plus confiance. Ils ne veulent plus d’une Europe passoire, ouverte aux quatre vents. Ils ne veulent pas que l’Europe se fasse au détriment des nations. Le Brexit est un ultime signal d’alarme de cette désaffection. L’Europe doit se réinventer et se dépasser. Il faut plus de liberté pour nos nations. D’abord il faut faire de l’Europe une grande puissance économique souveraine. L’Europe doit de toute urgence se doter d’une véritable politique de l’immigration et de l’asile. Il est plus que temps que les Européens bâtissent leur défense. Nous ne pouvons plus nous en remettre exclusivement à l’OTAN.

Le Conseil national de la Résistance face à la globalisation

Nous sommes à un moment de notre histoire où il existe un choc de cultures entre les idéaux de la résistance et la globalisation. Enracinés nationalement, ces idéaux ont aussi valeur universelle en raison de ce qu’ils représentent sur des principes acquis (Sécurité sociale, retraite par répartition…) apparaissant plus que jamais au cœur du débat politique. Ce n’est pas une vue de l’esprit mais au regard du temps qui nous éloigne du Conseil national de la Résistance inspirant notre modèle social français, il est parfaitement légitime de s’interroger sur un processus de globalisation dont on pressent qu’il façonne déjà le XXIe siècle sans que nous en connaissions véritablement les contours et les limites.

Dans la continuité de notre histoire française, fidèles au Général de Gaulle et à tous les combattants à qui nous rendons hommage, les paroles du Chant des partisans révèlent en nous l’esprit fraternel nécessaire à la longévité d’une nation libre avec la volonté d’accomplir le meilleur de nous-mêmes, le secret d’une grande espérance : « Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place ». La génération de la Libération nous apprend beaucoup sur l’homme, la seule et vraie France que les résistants nous ont léguée pour toujours.

 

© 10.05.2017