TABLEAU D’UNE EXPOSITION MÉDIATIQUE (fin)

par Georges AIMÉ

F

in de l’exposition médiatique. Grâce ou à cause de primaires faites pour éliminer des candidats que la majorité des sympathisants des deux principaux partis, qui se partageaient jusqu’à présent le pouvoir, ne souhaitaient plus revoir ; en raison de l’incapacité à s’entendre des barons du parti Les Républicains, n’ayant pu contraindre leur représentant, empêtré dans les affaires, à retirer sa candidature pour quelqu’un de plus présentable ; chez les Socialistes, le candidat des « réformateurs » a été choisi alors que tout indiquait qu’il ne représentait qu’une très petite minorité depuis le ralliement au mouvement En Marche de ceux pour qui les intérêts personnels passent avant les convictions et le ralliement à La France insoumise de ceux qui se sont reconnus dans les discours incantatoires du responsable de ce mouvement qui n’est pas encore un parti, loin s’en faut.

Bref, l’un des deux finalistes n’était pas attendu à ce stade de la compétition.

Allions-nous assister à un débat d’idée – on pouvait l’espérer tant les programmes de chacun des deux protagonistes étaient diamétralement opposés – digne de la fonction si convoitée ? Eh bien non ! De plus par un de ces retournements dont les professionnels de la politique ont le secret, on put voir en direct le sabordage du navire de celui qui était considéré – même par ses détracteurs – comme un capitaine incapable de trahir ses idéaux gaullistes. Faut-il que la politique rende à ce point aveugle pour se faire hara-kiri sans s’en rendre compte ? Faut-il que l’illusion d’être à ce point indispensable permette d’oublier tout ce que l’on a pu dire et affirmer ? Ou, plus prosaïquement, les campagnes coûtent-elles si chères qu’elles justifient toutes les trahisons ? Pour l’avoir soutenu, je condamne d’autant plus ce capitaine.

Le candidat arrivé en quatrième position se délecte régulièrement en traitant le président de la Ve République de « monarque républicain ». (Son modèle, Janus-Machiavel, s’en est pourtant fort bien accommodé !) Encore une sottise ! Il ne peut y avoir de monarchie absolue sans pouvoir absolu et encore faut-il que celui qui détient ce pouvoir décide d’en user. Il est fort probable que l’actuel président n’aura pas de majorité à l’Assemblée nationale malgré la « machine » médiatique à son service qui, au lendemain de ces présidentielles est repartie de plus belle. Il est encore plus vraisemblable que les électeurs de notre pays, désormais coupé en quatre parties, enverront à la Chambre des représentants de chacune de ces quatre composantes. Les nostalgiques de la IVe et les rêveurs d’une VIe République vont pouvoir se réjouir : les accords pour construire des majorités de circonstance vont aller bon train et vont pouvoir faire exister des partis groupusculaires. Il faut accorder au chef de file du Modem d’avoir compris cela très vite. Il n’est pas le seul, certains « verts » aussi. Il en est même un qui dormait depuis trois ans et qui, soudainement, s’est réveillé...

Dans un pays où certains élus n’hésitent pas à dire qu’ils ne respecteront pas telle ou telle décision ou telle ou telle loi l’on peut s’attendre à des manifestations et des contestations violentes dans la rue et au sein des usines type « Whirlpool ». Les communautarismes – fléaux de notre société – vont s’en donner à cœur joie pour obtenir des avantages ou des aménagements particuliers, ce qu’une République laïque ne saurait accepter sans risque de dislocation.

Il va donc falloir au Président de la République beaucoup de qualités et de savoir-faire pour appliquer un programme qui ne semble pas garantir notre modèle social, notre système de santé, notre laïcité et notre bonheur de ne pas vivre dans un pays anglo-saxon, fut-il européen.

Nous ne ferons aucune concession quant à la refondation du fonctionnement de l’Europe, au suivisme sans discernement de la politique étrangère de ladite Europe et de celle des États-Unis d’Amérique en particulier, au nécessaire développement de nos relations avec les pays de l’Europe du Sud, au développement de la francophonie et à la préservation de la langue française (grand absent des débats lors de ces présidentielles) et, bien sûr, de l’attention qui sera portée à l’aide au développement des pays d’Afrique.

Même si les propos tenus ne nous laissent guère d’illusions, ne faisons pas de procès d’intention. Soyons attentifs à tout mettre en œuvre pour que la France redevienne la France, soucieuse de son indépendance et garante de la liberté de tous dans le respect de chacun au sein d’une République ouverte, accueillante et laïque, fière de ses valeurs, soucieuse de la dignité de chacun en donnant à tous un travail, symbole de liberté.

Ne gémissons pas, continuons d’agir et espérons

 

© 10.05.2017