CHOISIR UN PRÉSIDENT

 par Pierre CHASTANIER

Reprise et actualisation d’un texte publié en octobre 2011 dans « La Lettre du 18 Juin »

RAPPEL DU TEXTE DE 2011

Ils sont déjà nombreux sur la ligne de départ : Nicolas Sarkozy, président sortant ; le ou la futur(e) élu(e) de la primaire PSMRG ; Jean-Louis Borloo ; François Bayrou ; Jean-Luc Mélenchon ; Marine Le Pen et peut-être quelque embusqué (!), plus les inévitables figurants de Droite, de Gauche ou d’ailleurs dont le système des partis qui caractérise la Ve République (erreur, s’il en est, du Général qui pourtant les avait tant critiqués) impose la présence d’un candidat aux présidentielles, ne serait-ce que pour des questions de « gros sous » que les initiés connaissent parfaitement. 

J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises d’exposer les raisons institutionnelles pour lesquelles tout en reconnaissant le surplus démocratique de l’élection du Président de la République au suffrage universel, je préférais pour ma part, plutôt que l’actuel scrutin uninominal à deux tours qui crée une bipolarisation de la France et empêche l’expression populaire de s’exprimer dans toute sa complexité et sa diversité, le scrutin uninominal à un tour, reprenant la tradition initiale de la monarchie élective - où le roi n’était que le primus inter pares - et élisant un président arbitre (comme en Allemagne, en Autriche ou en Italie…) équivalent républicain des souverains d’autres États européens (comme en Angleterre, en Belgique, en Espagne, aux Pays-Bas ou au Danemark...), par principe au-dessus des partis, qui serait, au long d’un septennat, particulièrement utile au pays, notamment en temps de crise, aux côtés d’un premier ministre ou d’un chancelier, chef d’une majorité législative, par définition plus brève - pourquoi pas à mi-mandat – conduisant la politique de la nation sous contrôle du Parlement. 

Mais président-chef de l’exécutif (voire hyper président) ou président-arbitre flanqué d’un véritable chef du Gouvernement,  il  faut  tout  de  même  que  l’action  politique  soit conduite par un« chef » ce qui est dans l’ordre ontologique des choses car les puissants individualismes qui s’opposent ne peuvent s’accorder sur des compromis acceptables que si quelqu’un propose un cap confirmé par le peuple, ultime détenteur de la souveraineté, puis tient fermement la barre pour que les coups de butoirs donnés à hue et à dia par les uns et les autres ne transforment le sillage du navire en un ridicule mouvement brownien !

Un bon chef, à la différence des dictateurs ou même des despotes éclairés, ne doit rien revendiquer pour lui-même. Il tient son pouvoir momentané de la volonté populaire. Celle-ci est aujourd’hui lasse de voir des politiciens de tous bords ne tenir aucune de leurs promesses (qui, comme le rappela Félix Rome à propos de Jacques Chirac, n’engagent que ceux qui les reçoivent). Une fois la route tracée, il déploie des trésors d’imagination et une volonté de fer pour maintenir quoi  qu’il en coûte la voie de l’intérêt général, dût-il, au bout  du compte, en périr car la grandeur n’a qu’un temps et bien vite les intérêts catégoriels et leurs lobbies reprennent le dessus ! 

Nous en avons connu de tels êtres dans le passé et l’histoire des peuples est émaillée de l’apparition salvatrice aux moments les plus sombres, d’hommes ou de femmes qui s’élevèrent en leur sein et qui, un temps, les conduisirent vers des destinées augustes ! 

À nouveau, l’image du Général nous vient naturellement à l’esprit, suivie bien vite des « dix ans ça suffit » de mai 68 ou du « oui mais » giscardien qui conduisit au 28 avril 69 ! Mais à son instar, pour ne prendre que quelques exemples, des Pierre Mendès-France, des René Lévesque au Canada ou des Gerhard Schröder en Allemagne n’ont-ils pas, eux aussi, lancé délibérément des réformes indispensables tout en sachant qu’à terme, elles entraîneraient presque immanquablement leur défaite électorale. Et pourtant ils l’ont fait car plus que d’être réélus, ils voulaient être utiles aux hommes. Aujourd’hui la situation financière de la France comme celle d’autres pays de l’Europe du Sud est particulièrement préoccupante. 

Certes nous ne manquons ni d’intelligences, ni de ressources, ni d’atouts géographiques mais notre peuple est inquiet. De Gaulle déjà ne craignait-il pas que la France ne devienne une grande lumière qui s’éteint ? Ceux qui réclament la justice fiscale sont déçus. La progressivité de l’impôt sur le revenu par exemple, tire sa légitimité de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, qui stipule en son article 13 que, « pour l’entretien de la force publique, une contribution commune doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés ». 

Or, entre niches fiscales, parts familiales et déductions diverses chacun sait que si les pauvres paient peu d’impôts directs (mais ils paient la TVA, la TIPP, la CSG, les cotisations sociales et les taxes locales…) la pression est surtout exercée sur la classe moyenne car paradoxalement le 1 % des Français les plus riches (qui  contrôlent  24  %  du  patrimoine national) voient leur part relative fortement diminuer (quand ils acceptent encore, pour partie au moins, de déclarer leurs revenus en France ! Une réforme fiscale d’envergure reste à accomplir et il est dommage que le président Sarkozy, justifiant à peine élu, du Fouquet’s au yacht de Bolloré, le qualificatif de « président des riches » ne l’ait pas entreprise. 

Pour être réélu il faudra qu’il puisse convaincre les Français de sa volonté inébranlable de « travailler à l’avènement d’une démocratie apaisée soucieuse de concorde et de compréhension mutuelle, une démocratie qui libère tout en garantissant la solidarité, qui attribue à chacun des chances égales de réussite et qui donne à tous la volonté de vivre ». Ceux qui réclament la justice sociale sont également déçus. L’assistanat généralisé a plombé notre économie. En réalité tout ce qui a été donné sans contrepartie depuis trente ans aux chômeurs, rmistes et autres bénéficiaires de l’aide sociale équivaut exactement au montant total de la dette publique accumulée par les gouvernants successifs de droite et de gauche. On peut  certes  s’enorgueillir  d’être  le  pays  le  plus  généreux  de  la planète mais cette générosité provient de « l’argent des autres » que nos enfants devront rembourser un jour !

Or si un État moderne ne doit laisser personne au bord de la route, rien ne l’empêche, en échange de la solidarité nationale, de demander aux assistés physiquement et intellectuellement aptes, passée pour certains une période d’assurance chômage, de contribuer sur la base du SMIC à des travaux d’intérêt public, sans que cette proposition qui, comme le disait autrefois René Capitant et Henri Wallon, leur donnerait, avec le pain quotidien, la dignité quotidienne, ne soulève des tollés dans l’hémicycle ou dans les médias dès qu’un pauvre ministre ose en évoquer même partiellement la possibilité. Sont déçus aussi dans cette France aux trois millions d’illettrés les 120.000 jeunes qui, selon le Rapport de la Cour des Comptes, quittent chaque année notre système éducatif sans la moindre qualification. Sont déçus les 4.701.000 chômeurs (juillet 2011) - les gouvernements successifs s’accrochent à présenter exclusivement les chiffres de la catégorie A (2.700.000 aujourd’hui) faignant d’oublier les chômeurs à temps partiel inscrits à Pôle Emploi - désespérément à la recherche d’un travail stable alors que, victimes d’une mondialisation incontrôlée au seul profit d’un ultra capitalisme triomphant trouvant meilleur compte  à  exploiter  les  esclaves  d’Asie du  Sud-est, nous avons bête- ment laissé s’instaurer une irréparable désindustrialisation du pays. Sont déçus les citoyens agressés par des incivilités de plus en plus fréquentes dans certains quartiers, les malades aux prises à un système hospitalier public entièrement à revoir, les étudiants malmenés dans des universités peu contrôlées qu’un véritable salaire-jeune sous condition de ressources des familles pourrait enfin conduire à la responsabilité, les retraités qui à l’heure où s’installe la dépendance dans une société individualiste qui a oublié les solidarités les plus élémentaires s’inquiètent pour leur devenir, les immigrés attirés tels les papillons par les lumières de la ville qu’on ne sait ni réellement dissuader, ni encadrer, ni intégrer et dont les enfants nés en France nourriront demain la cohorte de ces bandes qui estiment avoir des droits mais pas de devoirs ! La liste est longue… 

Or ai-je dit nous ne manquons ni de matière grise, ni de bonnes volontés. Il faut donc faire jaillir l’étincelle qui créera le choc catalytique nécessaire pour relancer la machine. Il faudra qu’un candidat présentant les qualités et aptitudes attendues d’un chef entre en lice posant un diagnostic, proposant des solutions puis s’il a su convaincre, arrive aux affaires pour conduire à terme le « pacte » proposé aux Français quoi qu’il lui en coûte, en sachant d’emblée qu’il ne trouvera sa récompense qu’au regard de l’Histoire. Il n’est ici ni le lieu ni l’heure de désigner un tel chef.

Il peut s’agir d’un candidat ou d’une candidate qui dans ce colloque singulier s’établissant entre lui ou elle et le peuple soit brutalement embrasé par cette vocation de servir la nation. Il peut s’agir du président sortant qui au vu des erreurs du passé prenne conscience, s’il en a le profond désir, du rôle éminent qu’il peut continuer à jouer pour sortir le pays de la crise. Il peut s’agir, car l’Histoire surprend souvent, de l’arrivée inopinée d’un « inattendu » surgi de l’âme du peuple. Il peut malheureusement aussi, une fois de plus, s’agir d’un rendez-vous manqué ! 

Notre rôle à nous, dans le total désintéressement, est d’évoquer des pistes, de contribuer à faire des propositions, d’exposer des manières d’être ou d’agir, pour que ceux qui prétendent représenter nos concitoyens s’en saisissent, se forgent une conviction et se préparent à tenir le cap. 

C’est pour la France que nous devons trouver pour les cinq prochaines années ce chef capable de la conduire avec la représentation populaire, les corps constitués et les membres engagés de la société civile, sans faiblesse et dans le seul souci de l’intérêt national vers les réformes indispensables qui espérons-le seront refondatrices d’une République humaniste.

 

2017

François Fillon a remplacé Nicolas Sarkozy.

François Hollande, dévasté par la cote de confiance la plus basse qu’un Président de la République n’ait jamais connue a jeté l’éponge.

Marine Le Pen est là plus que jamais.

La Gauche outre ses petits candidats « alimentaires » marginaux traditionnels sera sans doute éclatée entre trois prétendants :

° Emmanuel Macron ; 

°Le vainqueur de la Primaire de Gauche ; 

°Jean-Luc Mélenchon.

Assurés donc s’ils ne trouvent pas un arrangement de ne pas être présents au second tour, à moins qu’un « Deus Ex Machina » n’écarte brutalement un candidat comme ce fut le cas la dernière fois avec DSK.

Adieu Juppé, Bayrou, Borloo et autres ténors d’une vie politique où pourtant, comme dit le vieil adage, il n’y a que la mort qui tue !

Je rappelais récemment que cette France désormais écartelée entre 6 pôles irréductibles, n’était pas encore prête, en raison même de l’ancienne bipolarisation, à « couper les deux bouts de l’omelette » en faveur d’une coalition des possibles, apte à réformer le Pays.

Seule une proportionnelle intégrale, peu conforme à l’esprit de la Vème République, pourrait y parvenir à condition de ne pas rendre le Pays ingouvernable grâce à des mesures simples comme celle, par exemple, d’un 49.3 rénové où une motion de censure ne serait enregistrée que si elle réunissait une majorité autour d’un nouveau Premier Ministre (ce qui obligerait les contestataires à s’entendre préalablement et ne laisserait pas le Pays sans Gouvernement.

Macron poursuit sa Marche. Marine Le Pen fourbit ses armes, Jean-Luc Mélenchon continue son pilonnage frondeur, François Fillon ne devrait pas oublier  la  fable  du lièvre et de la tortue s’il veut rester dans la course après ses déclarations inaugurales concernant des réformes trop brutalement présentées qui, pour convenir à un candidat à une Primaire de Droite, ne siéent point à un candidat à la Présidence qui doit rassembler.

Le peuple qui rejette ses élites ne croit plus en un système auto reproducteur qui « se sert au lieu de servir » comme disait déjà Victor Hugo dans Ruy Blas !

Dernière trouvaille de Benoît Hamon, le « Revenu Universel ».  Cinq cents ans après Thomas More, voilà ressurgir ce vieux serpent de mer reposant cette fois sur des arguments que je trouve un peu fallacieux (disparition du travail grâce au développement technologique).

Sans être hostile à l’idée d’une unification des aides de toutes sortes qui représentent un maquis invraisemblable de plus de 700 Milliards d’€ (faisant de la France le champion toutes catégories de la protection sociale avec une dépense totale de 50 % plus élevée en % du PIB que la moyenne des Pays de l’OCDE) dont une partie notable se perd en frais de gestion, je n’oublie pas cette phrase célèbre de René Capitant rappelée ci-contre : « le travail s’il permet de gagner son pain quotidien permet aussi de gagner sa dignité quotidienne ». 

Au Revenu Universel seul je préfère donc l’idée d’un travail universel générateur d’un Revenu dont ne seraient dispensés que les Français physiquement ou mentalement inaptes et les retraités.  

Comment faire ?

Parmi les Prestations sociales mentionnées ci-dessus certaines ont un caractère assurantiel comme les Allocations chômage ou les prestations d’invalidité pour accident du travail, d’autres sont liées à des cotisations perçues sur les salaires (dépenses de santé par exemple) d’autres enfin se fondent sur la solidarité nationale (RSA, CMU, PPE, Fonds de solidarité vieillesse, Allocation logement, CAF…).

Ce maquis peut être réformé (fraudes, frais de gestion) et remplacé par un « crédit d’impôt » sans pour autant supprimer l’effort assurantiel de ceux qui veulent plus de protection (assurance chômage à taux variables comme nos assurances voiture, mutuelles santé, retraites complémentaires…).

L’aide individuelle versée par l’État pourrait prendre la forme moderne, pour ceux qui le désirent, d’un revenu mensuel en échange d’un travail d’intérêt général à temps partiel jusqu’à l’âge légal de la retraite à choisir dans un vaste domaine de possibilités (tutorat scolaire, aide aux personnes âgées, emplois du service public (administrations centrales, territoriales, hospitalières), emplois dans des associations agrées, service national, armée etc.

Ce revenu mensuel serait cumulable avec toutes les autres sources de revenu et inciterait donc à la recherche d’un emploi complémentaire puisqu’il ne pénaliserait plus comme c’est le cas aujourd’hui le Rmiste qui retrouve un travail à temps partiel.

On pourrait même aller beaucoup plus loin en fiscalisant des aides s’appuyant actuellement sur des cotisations salariales ou patronales qui n’ont rien à voir avec le travail (allocations  familiales, assurance maladie hors accidents du travail). Cette fiscalisation donnerait à nos entreprises un formidable avantage de compétitivité qui permettrait bien mieux que toutes autres mesures de concurrencer les produits étrangers sur notre marché intérieur et de favoriser nos exportations.

Le maintien d’un impôt progressif (article 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen) garantirait une solidarité fondée sur une plus grande justice sociale. 

L’affaire étant d’importance je la détaillerais prochainement dans un édito qui lui sera réservé.

Pour la suite de la campagne présidentielle, souhaitons qu’émergent des propositions crédibles de la part des grands candidats.

Pour ma part je défendrai : Ceux qui veulent faire de l’éducation équitable une grande cause nationale (tutorat scolaire, lutte contre l’illettrisme, écoles de la seconde chance, développement d’un apprentissage permettant toutes les passerelles ultérieures à celles et ceux qui le veulent et qui le peuvent, accès à l’Université conforme aux besoins du pays, développement de l’enseignement sous contrat privé et confessionnel, suppression des blocages inutiles (âge par exemple) pour certaines formations, attribution d’un revenu-étudiant sous contrôle d’assiduité,…)  Ceux qui veulent favoriser le vivre ensemble (mixité sociale, service national, lutte contre l’incivilité dans les banlieues, justice plus efficace mais aussi tournée vers la prévention et la réinsertion).

Ceux qui veulent réformer notre économie (innovations, création d’emplois, mesures spécifiques favorisant l’emploi des jeunes en fin de scolarité obligatoire comme par exemple la suppression pendant 2 ans des charges sociales (contrepartie équitable pour ceux qui ne font pas d’études supérieures à l’effort de la Nation envers les étudiants) 

Ceux qui veulent défendre l’équilibre financier de la France (réduction de la dette, réduction des déficits, lutte contre la fraude fiscale, suppression des impôts contre-productifs comme l’ISF favorisant l’émigration, amélioration des conditions fiscales relatives aux droits de succession taxant moins les donations précoces et exonérant les donations inférieures à 300.000 €

Ceux qui veulent une France forte dans une Europe confédérale imposant le principe si mal appliqué de la subsidiarité, exigeant une participation à l’effort européen de défense, luttant contre une immigration irréductible grâce à un véritable Plan Marshall européen en faveur des pays émergeants, apportant sa contribution financière et militaire à l’ONU pour le maintien de la Paix dans le monde, s’opposant par un protectionnisme intelligent aux concurrences faussées sociales, fiscales environnementales à l’intérieur et aux frontières de l’Union.

Ceux qui  veulent préparer l’avenir de notre jeunesse en leur léguant : 

°Une France apaisée, éduquée, industrieuse, imaginative, ouverte au monde 

°Une dette maîtrisée contrairement aux surenchères apportées par tous les gouvernements successifs de Droite et de gauche depuis 1981 

°Une démocratie participative et décentralisée s’exerçant au plus près des citoyens et faisant largement appel à leur consultation 

°Une solidarité sans faille ne laissant personne au bord du chemin (politique de Santé, retraites plus équilibrées, aide à la dépendance, aide aux handicapés, lutte contre la pauvreté) 

°Une Europe revivifiée enfin crédible jouant avec ses alliés géographiques naturels le rôle qui est le sien dans un monde multipolaire  

°Une Francophonie généreuse tournée vers le continent de demain qu’est l’Afrique où nos usines seraient mieux décentralisées qu’en Asie du Sud-Est 

°Une défense nationale et européenne crédible dans un monde dangereux luttant contre l’insécurité et le terrorisme

Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité, Humanisme, La France, gardienne d’une civilisation ancestrale mais ouverte à l’Universalisme  trouvera en elle-même, une fois de plus,  le sursaut salvateur dont elle a besoin.

 

 

 

 

 

© 04.02.2017