PARAÎTRE, ANNONCER, NE PAS FAIRE FACE

par Georges AIMÉ

Une épidémie de grippe (en hiver est-ce bien normal ?) et l’un des pays au monde le plus à la pointe en matière de prévention médicale n’est pas capable de faire face !

Un afflux de personnes âgées dans les hôpitaux et l’un des pays les plus développés au monde en matière de soins médicaux a bien du mal à faire face !

De fines analyses, des statistiques « scientifiquement prouvées » et des prévisions « quasi certaines » nous font nous glorifier de l’accroissement de la durée de vie et... nous amènent à constater, faute de praticiens et de professionnels de santé formés à prendre en charge une population vieillissante, que nous sommes incapables de faire face !

Un pays qui s’enorgueillit d’avoir mis en place la meilleure protection sociale au monde et qui, plus de trente après Coluche et ses « Resto du cœur », institutionnalise la charité publique – en plus culpabilise ceux qui s’élèvent contre cet état de fait – et ne fait que constater, incapable de résoudre le problème, la paupérisation de sa population, incapable de faire face ! 

Un refroidissement de la température (en hiver est-ce bien normal ?) et le pays le plus doté au monde, proportionnellement à son nombre d’habitants, en nombre de réacteurs nucléaires, productrices d’électricité « à un prix anormalement bas », n’est pas capable de faire face !

Être le troisième ou quatrième vendeur d’armes de la planète, se targuer d’avoir conçu le plus bel avion de combat au monde, un porte-avion exceptionnel et une kyrielle d’armes plus sophistiquées les unes que les autres et être incapable de faire face au besoin des armées  de se doter d’un nouveau fusil d’assaut.

Se vanter de posséder les « jeunes pousses » en informatique les plus performantes au monde et confier à une société américaine, ayant des accords particuliers avec la CIA, le soin de remplacer le matériel informatique de l’armée de Terre sous prétexte de contraintes budgétaires, c’est constater l’incapacité chronique de certains militaires à faire face ! (Quant à savoir si, pour eux, souveraineté et indépendance ont un sens...)

L’énumération pourrait se poursuivre... Alors qui sont les responsables, à qui la faute ?

- aux malades trop assistés ? ;

- aux vieux qui ont tort de vieillir, donc fragiles ? ;

- à un Ordre des Médecins trop conservateur ? ;

- aux « sur-consommateurs » de soins ? ;

- aux écolos-sectaires ? ;

- aux militaires « otanisés » ? ;

- aux politiques incompétents ?

- aux prévisionnistes qui ne savent rien sur tout ? ;

- aux « experts » auto-déclarés ;

- aux pythies aux ordres ? ;

- aux électeurs versatiles ? ;

- à Voltaire ?

- à Rousseau ?

Sans doute sommes-nous tous responsables. 

Les uns un peu, conséquence d’un assistanat permanent ; les autres un peu plus, conséquence d’une incapacité chronique à assumer les tâches dont ils prétendent avoir la charge ; enfin beaucoup pour une minorité dont les seules guides sont l’intérêt personnel, l’orgueil démesuré et la cupidité.

Cette dernière catégorie est puissante et détient la plupart des leviers du pouvoir et des moyens de communication. Elle se sert de ces idiots utiles que sont les pseudos « experts » et  autres cumulards médiatiques, louvoyant entre chaînes de télé, stations de radio et presse écrite  (dépendante du bon vouloir de ses actionnaires), pour faire avaler des couleuvres à une population qui, préoccupée par son avenir, serait tentée de croire au Père Noël. On pourrait ajouter aux nombres des idiots utiles beaucoup de professionnels de la publicité ; flattant les instincts les plus bas, vendeurs de rêves, Rolex au poignet, menteurs patentés ; ils contribuent eux aussi largement à la désinformation organisée.

Cette dernière catégorie est puissante et détient la plupart des leviers du pouvoir et des moyens de communication. Elle se sert de ces idiots utiles que sont les pseudos « experts » et  autres cumulards médiatiques, louvoyant entre chaînes de télé, stations de radio et presse écrite  (dépendante du bon vouloir de ses actionnaires), pour faire avaler des couleuvres à une population qui, préoccupée par son avenir, serait tentée de croire au Père Noël. On pourrait ajouter aux nombres des idiots utiles beaucoup de professionnels de la publicité ; flattant les instincts les plus bas, vendeurs de rêves, Rolex au poignet, menteurs patentés ; ils contribuent eux aussi largement à la désinformation organisée.

Un pays dans lequel, sans état d’âme, on peut, dans le même journal télévisé, dans la même minute, parler du montant du minimum vieillesse et du salaire d’un joueur du Paris-Saint-Germain ou bien interroger une starlette qui vient de se faire dérober ses bijoux et le sans-abri qui va peut-être mourir de froid ; faire de la publicité pour tel ou tel produit alimentaire après que l’on ait vu un reportage sur la faim dans le monde, etc., révèle en réalité une totale indifférence de la part de ses « élites » à l’égard des plus démunis et/ou un cynisme difficilement supportable (d’où la charité institutionnelle pour se donner bonne conscience).

Plutôt que de pérorer ou de vouloir s’attribuer une image charitable en discutant du « bon » nombre d’immigrés à accueillir et de savoir si tel ou tel pays est admirable ou pas en ce domaine, la France ne ferait-elle pas mieux de convaincre ses partenaires européens que son avenir n’est pas de suivre aveuglément la politique déstabilisatrice voulue par les groupes de pression pétrolo-militaro-industriels américains mais d’aider l’Afrique. Aider ce continent si proche de nous à s’électrifier, à s’équiper d’un réseau d’eau potable accessible à tous, à s’alphabétiser, à construire des dispensaires et des hôpitaux, à donner les moyens à ses habitants de se débarrasser de tous leurs dirigeants corrompus, à contribuer au développement de l’économie en mettant en place une politique commerciale basée sur des échanges équitables.  

Cela ne semble pas intéresser les candidats aux primaires de droite et de gauche. Le reste du monde ne les intéresse pas plus d’ailleurs. Nos relations avec la Russie ? Les protectionnismes chinois et indien ? Notre quasi disparition dans les pays du sud-est asiatique ? L’abandon de notre langue, c’est-à-dire de notre culture, base de notre civilisation ?  Nos échanges avec les pays d’Amérique latine ? Silence.

Les tenants de l’ultra capitalisme et de la financiarisation de l’économie ont compris qu’un grand danger les menaçait : les deux principaux partis au pouvoir en France depuis quarante ans étant en passe d’être rejetés par la population, ils nous ont, à grands renforts de capitaux et de moyens médiatiques dont ils sont les propriétaires, fabriqué un candidat à leur botte, docile, dévoué et zélé serviteur de leurs intérêts. Un candidat qui n’est en marche que pour eux-mêmes.

Allons-nous continuer à laisser la France dépérir sans réagir ?

Cela fait des années que j’écris dans ces colonnes que la confiscation de tous les pouvoirs par une oligarchie arrogante et méprisante aboutira à une catastrophe. Nous y sommes.

La « professionnalisation » de la vie politique ayant pour corollaire la non-volonté de graver dans le marbre l’esprit de la Ve République (probité, transparence de l’usage des fonds publics, non cumul des mandats limité à deux de suite, reconnaissance du vote blanc comme suffrage exprimé, etc.) nous a conduit dans le mur. Ce n’est pas en instituant une VIe République de type parlementaire que nous éviterons – bien au contraire – les magouilles et les « petits arrangements ». Ce n’est pas ainsi que nous redonnerons confiance dans ses élus à un peuple à qui l’on demande chaque jour plus de sacrifices. Il faut cesser de nous prendre pour des crétins en nous servant du « prêt-à-penser » nauséabond !

Que les parlementaires, en particulier les Sénateurs, commencent par donner l’exemple en faisant la transparence sur l’usage des fonds dont ils disposent et sur leur lien de parenté avec bon nombre de salariés de cette Institution d’un autre temps.

Que les candidats à la magistrature suprême fassent la transparence sur l’origine des fonds leur permettant d’aller de ville en ville faire des réunions coûteuses pour aller dire la messe à des ouailles convaincues par avance ou payées pour faire la claque.

En un mot comme en mille, tout usage et toute origine de l’argent public doivent être justifiés comme servant l’intérêt général. Nous verrons si cela figure dans les programmes que nous commençons à recevoir.

 

© 04.02.2017