LE REVENU UNIVERSEL :

UNE MENACE POUR NOTRE MODÈLE SOCIAL ?

  par Paul KLOBOUKOFF 

Un concept flou à géométrie variable

Le « revenu universel » surfe actuellement sur la vague de la mode dans des pays « prospères » d'Europe et d'Amérique du Nord. Il annonce sans doute de profondes révisions de systèmes de protection sociale « à bout de souffle », coûteux, qui ont pris des dimensions démesurées et laissent peu de libertés aux citoyens. Ils sont devenus trop complexes, peu « lisibles » et ne paraissent plus à même de s'adapter aux bouleversements apportés par la mondialisation et aux impacts des progrès technologiques (robotisation, numérique...) qui menacent de réduire le nombre des emplois futurs. Il est donc probable que le « revenu universel », dont l'évocation peut faire rêver, s'invitera dans les débats qui vont précéder et suivre la prochaine élection présidentielle.  Le plus souvent, « revenu universel », ou « revenu inconditionnel », est entendu comme le versement à toutes les personnes d'une collectivité, quelle que soit leurs activités (ou non activités), depuis leur naissance jusqu'à leur mort, d'un revenu permettant de satisfaire leurs besoins élémentaires. Cependant, parmi les concepteurs et les gouvernants qui envisageraient de le mettre en pratique, « l'universalité » du revenu n'est pas prônée ou retenue par tous. Pour certains, un tel revenu doit être réservé aux pauvres et aux nécessiteux, ou bien encore, être modulé en fonction des autres revenus des personnes, ou des foyers. Pour d'autres, les enfants et les ados doivent en être exclus. Les avis sur le montant d'un « tel » revenu sont variés. Un plus grand flou encore règne sur les prestations sociales dont les bénéficiaires seraient éventuellement privés en contrepartie de son attribution.   L'idée (ou les idées) d'un revenu universel n'est pas (ou ne sont pas) nouvelle (s), puisque des historiens en trouvent des racines en Angleterre au XVIe siècle dans les essais de philosophie politique de sir Thomas More intitulés « L'Utopie » et le « Traité de la meilleure forme de gouvernement ». D'autres en font remonter la première formulation à la fin du XVIIIe siècle, avec le traité sur « La Justice agraire » du philosophe « progressiste » américain Thomas Paine, qui proposait l'attribution à chaque adulte majeur d'une dotation en terre puis d'une rente foncière lorsqu'il serait vieux. Dans sa filiation, se retrouvent de nombreux partisans d'un « revenu d'existence », ou encore d'un « revenu de base », qui ont constitué d'influentes organisations telles le réseau mondial « Basic Income Earth Network » (Réseau mondial pour le revenu de base), le « Mouvement français pour le revenu de base (MFRB) » et « l'Association pour l'instauration d'un revenu d'existence (AIRE) ». Pour elles, ce revenu est un moyen à privilégier pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion. En France, elles auraient inspiré les mises en place du revenu minimum d'insertion (RMI), puis du revenu de solidarité active (RSA) et de l'actuelle prime pour l'emploi (1).  

Dans une acception d'essence libérale, un revenu universel de base devrait être alloué à tous de façon égalitaire et pourrait s'ajouter aux revenus provenant du travail ou d'autres sources. L'économiste américain Milton Friedman avait ouvert la voie en proposant l'octroi à tous d'un crédit d'impôt, ou « impôt négatif », d'un montant correspondant à celui du minimum vital. Son but était d'éradiquer la pauvreté sans être dissuasif pour l'emploi comme peuvent l'être des allocations qui cessent lorsqu'on retrouve du travail. D'ailleurs, dans la plupart des plaidoyers en faveur du revenu universel, figure en bonne place l'argument selon lequel le fait de disposer d'un « revenu garanti » ne détourne pas de l'emploi et, au contraire, encourage ses bénéficiaires à accepter des emplois plus précaires, peu rémunérés, à se montrer moins exigeants quant à la qualité des postes proposés et à se consacrer à des emplois « solidaires » ou d'utilité publique, notamment. Il va sans dire que cette « analyse » est loin de recueillir l'unanimité. 

L'idée de l'impôt négatif est revenue, portée en France par le cercle de réflexion « Génération libre », qui voit également en lui la possibilité de simplifier et d'améliorer la politique des aides sociales et de la redistribution. 

 Des héritiers de Friedman encore plus « libéraux » pensent même que le revenu de base peut permettre de rationaliser le système des transferts sociaux dans son ensemble et de donner à chacun la possibilité de choisir librement les assurances qu'il va contracter (1). Cette dernière façon de voir rencontre un certain succès dans les pays nordiques, les pays anglo-saxons et la Suisse. En France, elle est en complète opposition avec la politique dirigiste et interventionniste de l'État.

Des expérimentations en Finlande, aux Pays-Bas et en Suisse

Avant de revenir en France, un rapide survol des projets nourris en Finlande, dans des villes des Pays-Bas et en Suisse donne un aperçu de la variété des conceptions du « revenu » envisagé et des prudentes expérimentations qui vont précéder d'éventuelles mises en œuvre « en grandeur nature ». 

En Finlande : 

La Finlande pourrait être le premier pays à expérimenter un Revenu universel de base (RUB), dès 2017. Pourtant... De 2011 à 2014, la Finlande a connu de graves difficultés économiques, notamment en raison de son manque de compétitivité à l'export, des contreperformances du géant Nokia dans la téléphonie mobile et de la chute des achats d'une Russie asphyxiée par les sanctions de l'UE et l'effondrement des cours du pétrole et du gaz. Pendant ces trois ans, le PIB a reculé de plus de 2,5 % jusqu'à 204 Mds € en 2014 (2), le chômage a augmenté jusqu'à 8,5 % (puis à 9,1 % en 2015), le déficit budgétaire s'est creusé (- 2,3 % en 2014 et - 3,3 % en 2015). En mai 2015, la Commission de Bruxelles a annoncé le lancement d'une procédure de déficit excessif contre la Finlande (3).   Pendant ce temps, les « généreuses » prestations sociales n'ont cessé de croître pour atteindre 66,5 % Mds € en 2014, soit 32 % du montant du PIB. Leur financement a été assuré pour presque moitié par l'État et les municipalités, pour 36 % par les employeurs et environ 14 % par les assurés sociaux (4).  À la suite des élections législatives d'avril 2015, un gouvernement de coalition a été formé, mené par le parti du Centre de Julia Sipilä et associant le parti populiste eurosceptique des Vrais Finlandais ainsi que le parti conservateur du Rassemblement national. Ses priorités : une forte baisse des dépenses publiques et le rétablissement de la compétitivité des entreprises. Le Gouvernement a tenté de convaincre les « partenaires sociaux » d'accepter un pacte visant une diminution de – 5 % du coût du travail. Sans succès. Puis il a annoncé des mesures de « Flex sécurité » à venir (qui devaient être précisées d'ici juin 2016) favorables aux travailleurs qui perdent leur emploi et au travail des femmes avec enfants, d'un côté, et, de l'autre côté, des facilités pour l'augmentation par les entreprises de la durée du travail, avec, en prime, un abaissement conséquent de la contribution des employeurs à la Sécurité sociale (3).  Dans un tel contexte, la création d'un revenu universel de base (RUB) qui serait pris en charge par le Gouvernement central ne répond surement pas à un élan de générosité porteur d'une hausse du coût des prestations sociales. On peut même penser que le RUB, présenté comme une intéressante avancée sociale, plébiscitée par près de 70 % de la population et approuvée par les principaux partis politiques, est, en réalité un pas (discret) vers la remise en cause du complexe et onéreux système « nordique » de protection  sociale, que le pays a de plus en plus de mal à financer et qui fait l'objet  de critiques d'inadéquation, voire d'obsolescence.  Le RUB serait versé à toute la population. Le montant mensuel, encore discuté, qui retient le plus l'attention est de 800 €. Il remplacerait une grande partie (à préciser) des prestations sociales allouées aujourd'hui. Pour une population de 5,4 millions de personnes, son coût serait alors de 52 Mds €... s'il était effectivement versé entièrement à tous (voir ci-après). Ce qui pose un important problème de financement, car le montant total des impôts et des cotisations sociales collectées en 2015 est de 92,1 Mds €, dont 43,4 Mds reviennent au Gouvernement central, 21,9 Mds vont au Gouvernement local et 26,7 Mds alimentent les Fonds de Sécurité Sociale (5).   Prudent, le Gouvernement a décidé de commencer en 2017 par une expérimentation « pilote » d'une durée de deux ans, portant sur environ 10.000 personnes d'âge actif qui recevraient... 550 € par mois. C'est le montant d'une variante basse envisagée dès l'origine. Cela n'exclut pas la possibilité d'adopter un RUB plus élevé ultérieurement.  

Ce montant de 550 € apparait assez faible en comparaison du seuil de pauvreté, qui était de 1.185 € par mois en 2014, ainsi que du revenu disponible brut moyen par habitant, qui était alors de 2.330 €. Il serait sensé couvrir les dépenses d'alimentation, d'hygiène personnelle et d'habillement. Un « minimum vital », en quelque sorte. 

D'après Reuters et The Independent, à ce revenu pourraient s'ajouter des prestations « sous condition de ressources », telles des allocations logement, lorsque cela serait nécessaire. Quant à ceux qui toucheraient un salaire, ils devraient restituer l'argent reçu par le canal d'une majoration de leur impôt sur le revenu (6). On s'éloignerait alors d'un même Revenu universel versé à tous, en réalité, dans un système « hybride » avec des versements nets variables en fonction des autres revenus... qui viserait à garantir à tous un revenu d'au moins 550 €. Son coût serait évidemment beaucoup plus faible. Pour quels résultats ? Pour quels changements ? Pour les concepteurs et les dirigeants politiques « à la manœuvre », une grande difficulté est de prévoir, d'anticiper, les comportements des personnes qui « entreront » dans le nouveau système.

Selon le professeur qui dirige le groupe de travail, le RUB aurait pour vertu d'encourager ceux qui craignent de perdre leurs indemnités de chômage ou d'autres aides sociales à accepter des emplois de courte durée.  

De forts doutes et des hésitations subsistent donc quant au choix de la « formule gagnante », avec une crainte « viscérale », celle de s'éloigner d'un système redistributif et protecteur des personnes à faibles revenus pour aller vers un système plus « libéral », plus « égalitaire », que l'on a du mal à imaginer avec précision. Un saut dans l'inconnu.   

Aux Pays-Bas : 

En août 2015, Utrecht, ville des Pays-Bas de plus de 320.000 habitants, a décidé de mettre en place un Revenu universel de base (RUB). Elle a été suivie par sept autres villes qui ont mis la question à l'étude. Le programme d'Utrecht prévoit de fournir à tous les résidents (y compris aux résidents étrangers et aux migrants) un revenu de base destiné à couvrir les « coûts de la vie » et à donner la possibilité aux bénéficiaires de consacrer plus de temps aux soins personnels, au volontariat et à l'éducation. Le montant du versement en espèces envisagé est compris entre 900 € et 1.300 € par mois selon la taille du ménage. Le but en est aussi de favoriser la flexibilité du travail. Et les concepteurs espèrent que le RUB aidera à promouvoir une société plus efficace, créative, inspirée, moins hostile à l'immigration... à Utrecht, et, pourquoi pas, dans tout le pays et dans l'UE (7). 

Ensemble avec d'autres villes, Utrecht explore aussi d'autres options. C'est pourquoi, en janvier 2016, elle a lancé une expérimentation pilote d'une durée de trois ans destinée à tester à quel point le modèle social existant décourageait ses bénéficiaires de rechercher de l'emploi, notamment par crainte de perdre tout ou partie de leurs avantages s'ils travaillaient. Au moins 250 personnes sans emploi recevant des prestations sociales participeront à l'expérimentation. Elles seront réparties en cinq groupes. L'un d'eux, le groupe témoin, verra les conditions relatives aux prestations reçues par ses membres inchangés. Trois groupes verront des modifications (à tester) affecter leurs prestations sociales. Le dernier ne connaitra presqu'aucune « régulation sociale ». Il sera le plus proche des conditions de mise en œuvre du Revenu universel de base d'Utrecht. Une évaluation sera réalisée par l'Université d'Utrecht au terme de deux ans (8).  

La ville d'Utrecht ne tient visiblement pas à précipiter les choses. Je crains qu'avec des échantillons aussi modestes elle ne puisse pas tirer de l'expérimentation des observations suffisamment « instructives ».

En Suisse : 

Un débat a été ouvert en 2013 avec une pétition en faveur d'un revenu universel de base qui a recueilli plus de 100.000 signatures. Il a débouché, malgré l'opposition du Gouvernement confédéral, sur la décision de tenir le 5 juin 2016 un référendum national sur l'introduction d'un revenu de base. Ses proposants soutiennent que la Suisse est un pays riche qui peut se le permettre. Selon eux, des centaines de milliers de Suisses sont confrontés au risque de perdre leur emploi en raison des progrès technologiques, et l'introduction d'un revenu de base leur apporterait une plus grande sécurité.  

Ils voudraient que le Gouvernement de la Confédération garantisse à chaque adulte, sa vie durant, un revenu de 2.500 Francs suisses par mois (soit environ 2.200 euros) et que 625 FS soient attribués aux moins de 18 ans. Ce revenu serait inconditionnel et ne serait pas imposé. 

Les personnes travaillant et gagnant moins que ce Revenu verrait leur paie complétée. Ceux qui n'auraient pas de travail (et de ressources) recevraient le montant total (9). 

Les montants évoqués sont assez conséquents, puisque le Revenu garanti d'un adulte serait un peu supérieur au seuil de pauvreté, de 2.219 FS, et que pour un ménage avec deux enfants, il serait de 6.250 FS (soit environ 5.500 €), alors que le salaire médian est de 6.200 FS (10). 

Ce revenu remplacerait une grande partie des prestations sociales. En sus de cette « économie », pour assurer son financement, le Gouvernement a déclaré qu'il devrait trouver 25 Mds FS de ressources (le budget total de la Confédération est de 65 Mds FS en 2014) et a estimé que de nouveaux impôts ou des coupes dans ses dépenses seraient dommageables pour l'économie du pays. La compétitivité est un souci majeur pour le pays, très ouvert sur l'extérieur, dont le montant des exportations est voisin de deux tiers de celui du PIB (11). 

Pour être introduite cette innovation doit être approuvée par la majorité de l'électorat ainsi que par les 26 cantons. Le Gouvernement confédéral lui est hostile. Il en est de même des cantons et, semble-t-il, de nombreux Suisses qui considèrent qu'elle adresserait un signal désastreux aux jeunes en les décourageant de se former et de travailler, ou, plus crûment, qui refusent ce droit de vivre « sur le dos d'autrui ». Aussi, le rejet du projet lors du référendum du 5 juin 2016 est-il pronostiqué. Ensuite... ?   

(NDLR : le référendum a été rejeté par 76,9 % des électeurs pour un taux de participation de 46 %.) 

 

En France, des fourmillements devant un système hypertrophi

La tentation du « revenu universel » peut-elle gagner la France ? Pour le moment, le Gouvernement, saisi de la question, ne brûle pas les étapes. Il prépare une remise en ordre dans la dizaine de minima sociaux existants, accompagnée d'un élargissement du champ des bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) aux jeunes de 18 ans et plus. Il y avait 4,02 millions d'allocataires des minimas sociaux en 2013 et les dépenses d'allocations se montaient à 22,87 Mds €, sur un total de prestations sociales de 672 Mds € (12). Il s'agit donc d'un petit pas en avant pour « rationaliser » et « simplifier » un peu le système d'ici 2018. 

Manuel Valls, lui, voit le bénéfice d'un éventuel revenu « universel » limité aux nécessiteux. 

Pour sa part, la fondation Jean Jaurès, « proche » du PS, a chiffré des hypothèses de financement d'un revenu de base qui serait attribué à tous les Français, avec trois variantes de niveaux d'allocations, 500, 750 ou 1 000 € par mois. L'étude, qui sera poursuivie, reste sommaire et peu explicite sur les contreparties de ce revenu pour les bénéficiaires. En outre, elle n'évoque pas l'éventualité ou le risque de privatisation de pans du système de protection sociale qui peut suivre un tel revenu de substitution. Wikipédia le fait, et a d'ailleurs, également « chiffré » des exemples de mobilisation de ressources budgétaires pour financer un revenu universel.  

Une protection sociale française « généreuse » très redistributive 

Pour nos gouvernants et des personnes qui en sont « bénéficiaires », le « modèle social français », empreint de générosité et de justice, a le mérite d'organiser une vaste redistribution des revenus de ceux qui « gagnent trop »   vers ceux qui « gagnent moins » ou sont dans le besoin, auxquels il réserve la quasi-totalité des aides sociales qu'il prodigue. Il est nettement plus « redistributif » que les « modèles sociaux libéraux » scandinaves et nordiques.  

Le premier outil de la redistribution, la fiscalisation « progressive » des revenus, ponctionne copieusement les « riches » et épargne les « pauvres ». Il y a tellement de ces derniers que plus de la moitié des foyers fiscaux ne paient pas l'impôt sur le revenu (IRPP). Et être « non imposable » ouvre la voie à des allègements fiscaux (de la taxe d'habitation, par exemple) et donne droit au bénéfice de prestations sociales dans des conditions privilégiées.  

Le principal outil complémentaire est l'attribution « sous condition de ressources » du droit aux prestations d'aides sociales à un nombre important (et croissant) de personnes. Il a été jusqu'à déposséder des enfants de parents « riches » d'une partie de leurs allocations familiales, faisant perdre aux « allocs » leur caractère universel. Les aides sociales sont dites « non contributives » car il n'est pas demandé de contrepartie (cotisation sociale, impôts...) à leurs bénéficiaires. C'est pourquoi ces aides doivent être distinguées des prestations « assurantielles », telles les pensions de retraite ou les allocations chômage, auxquelles elles se trouvent mélangées dans le grand ensemble hétéroclite que l'on qualifie de « Prestations de protection sociale », dont le montant dépasse 30 % du PIB.  Personne ne cherche à évaluer la redistribution en France, ni même le montant total des « aides sociales » qui sont distribuées. Pourtant, il est possible d'en chiffrer les principaux éléments. Dans l'article de la Lettre du 18 juin d'octobre 2014 intitulé « Insatiable, inchiffrable et indéchiffrable redistribution » j'avais montré qu'en « épluchant »   les comptes de la Protection sociales de 2011, on pouvait retrouver 122 milliards € de prestations d'aides sociales. En y ajoutant seulement les aides sociales dispensées dans l'Éducation, un haut lieu et un maquis de la redistribution, et les aides au logement (allocations et tarifs réduits dont bénéficiaient 5,2 millions (Mi) de locataires de logements sociaux subventionnés), le montant des aides sociales était d'au moins 150 Mds €. C'était le triple des recettes de l'impôt sur le revenu (50,8 Mds €) et 7,5 % du montant du PIB.  Les dépenses consacrées aux minima sociaux ne constituent que de l'ordre de 15 % du montant de toutes ces « aides sociales ». Cela devrait conduire à s'interroger (chiffres à l'appui) sur les véritables priorités et les bénéficiaires du système de protection-redistribution, et peut-être le « repenser » ... avant, ou au lieu, de parler de revenu universel. 

Descente d'un revenu universel à une « couverture socle unique » pour les minimas sociaux 

Dans une tribune publiée mardi 19 avril sur Facebook (https...), Manuel Valls a précisé son projet de « refonte globale » des minimas sociaux destinés aux jeunes (/société/article/2016/04/16...). Le Premier ministre prône une « simplification » des prestations sociales à compter de 2018 (13).

Pour Valls, « Il faudra engager une refonte globale, en élargissant l'accès aux minima sociaux aux jeunes en difficulté [à partir de 18 ans et non plus de 25 ans], en les fusionnant tous (RSA, AAH, ASPA...) afin de les remplacer par une couverture socle unique pour celles et ceux qui en ont besoin, complétée en fonction des situations individuelles (recherche d'emploi, situation de handicap, etc.) ». 

Pour lui, le premier principe sur lequel fonder la rénovation des prestations sociales est « la simplification », notamment afin que tous le éligibles soient mieux à même de faire valoir leurs droits. Toutes les prestations sociales sont concernées. Le deuxième principe est « l'accompagnement » : « donner à chacun le moyen de rebondir, de prendre un nouveau départ ».   Concernant le revenu universel, sa vision est explicite : « Ce chantier que nous ouvrons, c'est bien celui du revenu universel : pas une allocation versée à tous, y compris à ceux qui disposent de revenus suffisants - cela serait coûteux et n'aurait aucun sens - mais une allocation ciblée, versée à tous ceux qui en ont réellement besoin » (13). 

Cette vision, apparemment « conservatrice », conduirait à consolider le système actuel, déjà caractérisé par un ciblage sélectif minutieux et très complexe des aides accordées, presqu'unique en Europe. 

Un travail approfondi et constructif a été effectué par une commission dirigée par le député socialiste Christophe Sirugue qui a fait l'objet d'un rapport parlementaire (portant son nom). Ce rapport précis et détaillé (170 pages), intitulé « Repenser les minima sociaux - Vers une couverture socle unique » présente les propositions concernant la restructuration des minimas sociaux. J'en recommande la lecture à ceux qui veulent en savoir plus sur ces minimas et sur la jungle administrative dans laquelle certains peuvent, effectivement, avoir du mal à se retrouver.  

Un bref coup d’œil sur le minima social en question 

En 2014, 4,8 millions de personnes ont reçu des allocations sensées leur apporter, ainsi qu'à leurs conjoints (6,8 Mi personnes au total), un revenu ou un complément de ressources leur permettant de vivre (ou survivre), les minimas sociaux. Ces allocations sont au nombre de dix et ont coûté, au total, environ 25 Mds €.  La très grande majorité des bénéficiaires des aides relèvent de quatre minima sociaux : le Revenu de solidarité active (RSA), l'Allocation pour adultes handicapés (AAH),

L’Allocation de solidarité pour personnes âgées (ASPA) et l'Allocation de solidarité spécifique (ASPA) (14). On peut encore signaler l'Allocation supplémentaire d'invalidité (ASI) et l'Allocation pour demandeurs d'asile (ADA) qui ont bénéficié, ensemble, à plus de 160.000 allocataires.  

Voici, brièvement, quelques données sur ces six minimas sociaux en 2014 : 

RSA socle et activité : 2,46 Mi d'allocataires ; 10,5 Mds €. Pour personnes d'âge actif sans ressources ou à revenus faibles. Voir des précisions en annexe : « Le RSA et l'obsession de l'Allocation multifonctions taillée sur mesure ». 

AAH : 1,0 Mi d'allocataires ; 8,2 Mds €, financés par la CAF et la MSA. Conditions : taux d'invalidité d'au moins 50 %. Montant maximum : 808,46 € pour une personne seule. 

ASPA (et minimum vieillesse) : 0,558 Mi d'allocataires ; 2,3 Mds €, financés par le Fonds de solidarité vieillesse (FSV). Conditions : retraité. Maximum : 801 € pour une personne seule, 1 243 € pour un couple. 

ASS : 0,475 Mi d'allocataires ; 2,57Mds €. Pour chômeurs en fin de droits à la recherche d'un emploi : 16,25 € par jour, pour un revenu mensuel inférieur ou égal à 1 137,5 €. 

ASI : 0,08 Mi d'allocataires. Avant d'atteindre l'âge de la retraite et de recevoir l'ASPA. Maximum : 685,41 € pour une personne seule (en 2016). 

ADA : 0, 085 Mi d'allocataires. Maximum : 524,80 € pour une personne seule. 

D'autres allocations et aides sociales représentant des dépenses plus substantielles encore. Ainsi, 18,5 Mds € d'Allocations familiales ont été versés à 4,8 Mi de foyers. 17,4 Mds € d'Allocations logement (Alloc personnalisée APL, Alloc sociale ALS et Alloc familiale ALF) ont été versés (en 2013) à plus de 6,3 Mi de foyers (comptant plus de 13,2 Mi de personnes). En 2014, la CMU C (complémentaire) versée à 5 Mi de bénéficiaires a coûté 2 Mds €. 

Et, ne doivent pas être oubliées les « prestations en na- ture », parmi lesquelles, par ex. la Couverture maladie universelle (CMU) et l'Aide médicale d'Etat (AME) ? Bien connues dans les milieux médicaux, ou les loyers à tarifs réduits dont bénéficient de logements sociaux qui hébergent 10 millions de personnes. 

Ceci, pour rappeler, avec quelques chiffres, que les minimas sociaux ne sont qu’une petite partie des aides sociales, et que la mise en place d'un revenu universel, futil de base, ne peut se passer d'un lourd, complexe et douloureux réexamen préalable d'un très grand nombre d'aides sociales, de natures et de cibles très diverses... qu'un RU serait susceptible de remplacer « à l'aveugle » si l'on n'y prenait pas garde.   

  « Le revenu de base, de l'utopie à la réalité ? » 

C'est le titre de la présentation en 17 pages de l'étude de la Fondation Jean-Jaurès qui donne des indications sur les trois variantes examinées et fait part de sa nette préférence pour un revenu de base mensuel de l'ordre de 750 €, proche du seuil de pauvreté, évalué à 828 €. Pour ses auteurs, « Le financement d'un revenu de base apparaît crédible mais constituerait une transformation radicale de la protection sociale ». D'après le document, qu'il faut aussi lire entre les lignes, on peut comprendre que « crédible » signifie que la mobilisation d'une plus ou moins grande partie des ressources actuellement consacrées à des prestations de protection sociale pourrait permettre de couvrir celles que couterait le versement à chaque personne de la population, de sa naissance à sa mort, d'un revenu de base (RB) mensuel, suivant le cas, de 500 €, de 750 € ou de 1.000 €. 

Pour calculer le coût total du RB, des hypothèses ont été retenues prévoyant des versements : de 100 % du RB de référence aux adultes, réduits à 30 % du montant du RB de référence pour les enfants de moins de 15 ans, et réduits à 50 % pour ceux de plus de 15 ans. Selon les chiffres servant aux calculs, il ressort que les étrangers (4,18 millions, soit 6,3 % de la population résidente en 2014), seraient aussi bénéficiaires du revenu de base. 

Avec ces hypothèses, la population de la France est de 55,94 millions « d'équivalents adultes », et les montants totaux à financer seraient de 336 Mds € pour un revenu de base de référence mensuel de 500 €, de 504 Mds pour un RB de 750 € et de 671 Mds € pour un RB de 1.000 €.   Il se trouve que le montant total des dépenses de prestations sociales a été de 672 Mds€ en 2013. 

« Des choix concernant la socialisation de certaines dépenses sociales » ont aussi été faits.  

Pour les auteurs, « Le choix du niveau de revenu de base pose inévitablement la question du périmètre de la protection sociale actuelle qui contribuerait à son financement ».  

Il a été décidé de ne pas inclure, les coûteuses (66 Mds €) Affections de longue durée (ALD) dans ce « périmètre », et d'en simuler « un financement autonome du revenu de base afin de maintenir une redistribution horizontale depuis les bien-portants vers les malades atteints d'ALD ». Je me suis demandé pourquoi le même raisonnement n'avait pas été tenu à l'égard des interventions chirurgicales lourdes. 

Pour des raisons évidentes, les retraites complémentaires AGIRC-ARRCO (70 Mds €) ont été exclues du périmètre. Les cotisations à ces caisses de retraites n'ont pas été intégrées dans l'assiette du financement du revenu de base.   

Résultats des « simulations » :  

1 - Pour 500 € par mois (336 Mds de dépenses), « Les branches maladie et famille, ainsi que l'assurance chômage seraient incluses dans le revenu de base ». On comprend que les dépenses publiques consacrées à ces prestations seraient « recyclées » (terme employé par les auteurs) dans le financement du RB. En contrepartie, les allocataires du RB ne recevraient plus les allocations, les aides, les indemnités... et devraient payer entièrement les soins, les médicaments... correspondant à ces prestations recyclées ? Le document présentant l'étude n'est pas explicite à ce sujet capital et n'évoque quasiment pas les importants problèmes qui lui sont associés. 

 

Il est précisé que les cotisations de la branche vieillesse ne seraient pas mobilisées pour financer le revenu de base.  « Par conséquent, chaque individu pourrait le cumuler avec une retraite ». Il est ajouté que 38 Mds € d'impôts supplémentaires seraient nécessaires pour équilibrer les finances publiques. 

2 - Pour 750 € par mois (504 Mds € de dépenses), l'ensemble des dépenses actuelles de la protection sociale (sans les montants consacrés aux ALD et aux retraites complémentaires) devraient être mobilisées. Un petit excédent de 14 Mds € serait, toutefois, dégagé.  

3 - Pour 1 000 € par mois (675 Mds de dépenses), au total des dépenses « recyclées » précédentes, il serait nécessaire d'ajouter 153 Mds € de prélèvements obligatoires. Impensable, donc ! 

L'étude s'intéresse aussi aux effets « désincitatifs » éventuels du revenu de base sur le travail, ainsi qu'aux effets sur le partage de la valeur ajoutée selon les branches d'activités. Malheureusement, sans pouvoir s'appuyer sur des études et des observations qui conforteraient les raisonnements empruntés.   

Elle présente deux tableaux qui indiquent les variations de revenus qui résulteraient de l'introduction du RB et, en même temps, de leurs pertes de droits à des prestations sociales par les bénéficiaires du RB regroupés par classes d'âge. Avec un RB de 500 € par mois, toutes les classes d'âge seraient bénéficiaires, tandis qu'avec le RB à 750 €, les classes d'âge seraient bénéficiaires jusqu'à 54 ans et elles seraient très perdantes au-dessus de 65 ans. « ...des effets redistributifs allant des plus de 65 ans vers les plus jeunes, ce qui suppose un choix de société plus fondamental qu'avec le revenu de base inférieur ». On retrouve ici l'obsession maladive de la ponction des « trop et injustement riches » retraités ! 

Pour atténuer un peu cet excès « redistributif », les auteurs ont apporté une modification à cette dernière variante en majorant le revenu de base des retraités à partir de 65 ans, le faisant passer de 750 € à 1.125 €. Résultat : les pertes diminuent de 4.500 € dans les classes d'âge de 65 à 74 ans et de 75 ans ou plus, s'établissant à – 12.498 € par an dans la première et à – 8.271 € dans la seconde. Alors que les classes des moins de 54 ans sont toutes bénéficiaires de plus de + 5.100 € par an. Un transfert intergénérationnel géant, somme toute ! 

Cette dernière version est la variante préférée des auteurs. Elle a fait titrer par Le Figaro - AFP un article enthousiaste intitulé « Un revenu universel ? Oui, mais au moins de 750 euros mensuels » (15). 

Les impacts théoriques calculés sur les classes d'âge sont intéressants, mais ils sont loin de représenter les impacts au niveau des individus et des familles, selon leur âge personnel, leur état de santé, d'invalidité, de dépendance, leur situation familiale, matrimoniale, leur activité de fonctionnaire ou privée, ou leur inactivité, leurs revenus, leurs lieux de résidence et de travail, leurs conditions de logement, etc. Et, à l'intérieur des classes d'âge regardées, ces grandes variétés de situations très différenciées sont « résumés » par un seul chiffre, le revenu moyen. C'est évidemment un peu court pour fonder une opinion sur un dispositif, par ailleurs, très partiellement décrit. 

En tout état de cause, l'approche de la Fondation est très différente de celle, méticuleuse et moins ambitieuse, du rapport Sirugue. Elle est aux antipodes de la vision de M. Valls.

Le revenu universel de base n'implique-t-il pas la privatisation de la protection sociale ? 

Dans « Revenu de base » de Wikipédia (16), se trouve une intéressante analyse de différentes conceptions du revenu universel de base ainsi que des avantages et des questions que peut poser son adoption. Elle comporte aussi des « chiffrages » du même type que ceux de la Fondation, basés sur des données relatives à 2013. Exemple « parlant » : « Les 457 milliards de recettes de la Sécurité sociale répartis de la même façon [entre les 65,543 millions de citoyens] aboutiraient à une allocation de 6.972 € par personne et par an afin de s'assurer contre les risques sociaux auprès d'assureurs privés ». Si on additionnait aux recettes de la Sécu les dépenses du budget de l'État (395,484 Mds €, au total) les 165,603 Mds € qui ne correspondent pas aux fonctions régaliennes, ce sont 9.500 € par an que l'on pourrait verser à chaque citoyen. Ceci, sans compter un éventuel « recyclage » de dépenses des collectivités territoriales. Réaliste ou crédible ? Au stade actuel, là n'est pas la question. 

Un revenu universel implique une plus grande liberté de choix de la part des « assurés sociaux » actuels de l'usage du revenu qui leur serait alloué et le rétrécissement du domaine des assurances publiques (et privées) obligatoires. La porte serait alors ouverte au remplacement de pans de notre système d'assurance sociale par des organisations privées, françaises, étrangères, multinationales. La boite de Pandore ?! Wikipédia a raison d'attirer l'attention sur le sujet. Il mérite réflexion, patience et observation de ce qui va se passer là où des expérimentations auront lieu. « Attendre et voir ». Sans se faire d'illusions sur l'adoption d'un revenu véritablement universel, même de base, en France, tant que notre système fiscal et social sera aussi (volontairement) « complexe » et que les politiciens au pouvoir ne renonceront pas à le régenter dans les moindres recoins.

Annexe :

 Le RSA et l'obsession de l'Allocation multifonctions taillée sur mesure

Le cas du RSA illustre bien la complexité et l'instabilité du système (au gré ou non des alternances politiques), même pour les minimas sociaux dont il a mobilisé environ 40 % des ressources, soit 10,5 Mds € distribués à 2,46 millions d'allocataires en 2014. Le RSA existe depuis 2009. Il s'est substitué au Revenu minimum d'insertion (RMI), à l'Allocation aux parents isolés (API) et à des aides temporaires telles la prime de retour à l'emploi. Pendant un temps, Il a comporté un RSA socle, réservé aux personnes sans revenus, et un RSA d'activité. Depuis le 1er janvier 2016 une prime d'activité (qui ne fait pas partie des minima sociaux) est venue remplacer le RSA activité ainsi que la prime pour l'emploi (17).

Pour bénéficier du RSA nouveau, il faut avoir au moins 25 ans et n'être pas retraité ou, de 18 à 24 ans, se trouver « dans certains cas », tel celui de parent isolé. Et être sans revenu ou avec des revenus faibles. Sous certaines conditions, les étrangers résidant en France peuvent en bénéficier. Sur le site Service - Public.fr (18), un document de huit pages indique les conditions d'attribution, le principe du calcul du montant du RSA, les démarches à suivre pour demander le RSA puis renouveler la demande chaque trimestre, les droits et les obligations du bénéficiaire (et notamment celle de rechercher un emploi ou de suivre des « actions de réinsertion »).  

Le formulaire de « Demande de RSA » pour les salariés (19) compte 7 pages abondamment garnies d'innombrables questions précises et de sollicitations d'informations chiffrées... que très peu de postulants sont probablement en mesure de fournir sans erreurs et omissions volontaires ou non... et que l'ADMINISTRATION n'a probablement la possibilité de vérifier que très partiellement. Pour moi, ce formulaire est une pièce de musée dont je recommande l'examen, presque une caricature du désir (illusoire) « de tailler sur mesure » les allocations à dispenser pour les attribuer à qui de droit.  

Comme la plupart des autres minimas, le RSA est un complément aux ressources du foyer allocataire. Son montant est celui d'une Allocation forfaitaire, qui varie en fonction de la composition du foyer et du nombre d'enfants à charge, duquel sont déduites les autres ressources « prises en compte » du foyer. « Certaines ressources (ARE,

Indemnités journalières, allocations logement, prestations familiales, revenus de placement, etc.) sont prises en compte, d'autres [lesquelles ?], non. » Est également déduit « l'avantage en nature dont vous bénéficiez si vous occupez un logement gratuitement ou si vous en êtes propriétaire ». Des montants « forfaitaires » dépendant du nombre de personnes du foyer sont prévus pour cette dernière amputation. 

Depuis le 1er avril 2016, selon le barème mensuel de l'Allocation forfaire, sans enfants, une personne seule a droit à 524,68 €, un parent isolé, à 673,75 €, et un couple, à 787,02 €. Avec des enfants, le parent isolé est « privilégié » : son allocation est majorée de 224 € avec chaque enfant. Ainsi, avec deux enfants, elle est de 1.122 €. C'est plus que l'allocation de 1.101,83 € attribuée à un couple avec deux enfants (soit pour quatre personnes et non trois). Cela est dû à ce que chacun des deux premiers enfants ne vient majorer l'allocation du couple que de + 157,4 €. C'est également plus que l'allocation de 944,43 € attribuée à une personne seule ayant deux enfants (18). 

Le bon peuple serait en droit de demander des explications... Mais, le « simulateur », devenu incontournable pour connaître ses droits, n'a pas vocation à en fournir. Il est là pour « éviter » de montrer précisément comment le RSA est calculé. Trop compliqué pour le commun des mortels ! C'est d'ailleurs la même chose maintenant pour le calcul de notre impôt sur le revenu (IRPP). Vive la transparence et le « tout numérique » !

Sources et références : 

(1) lemonde.fr/idees/article/2016/04/21/le-revenu-universel-genealogie-d-une-utopie.  

(2) europa/eu GDP at current market prices.

(3) diplomatie.gouv.fr/dossiers-pays/finlande/presentation..., 2016.

(4) THL/SVT Tilastoraportti/FOS Statistikrapport/OSD Statistical report 2/2016.

(5) Source: National Accounts. Statistics Finland, le 16/03/2016.

(6) Reuters.com/article/us-finland-basic-income..., le 30/03/2016 + independent.co.uk/news/world/europe/finland-to-consider-introducing-basic-income-in 2017, le 01/04/2016.

(7) The Netherlands to Experiment with Universal Cash Benefits borgenproject.org, septembre 2015 - sources: Al Iazeera, The Independent, The Guardian, Vihreat.

(8) blog.ubact.eu/2016/02/universal-basic-income-crazy-idea-or-one-whose-time-has-come-?

(9) Will Switzerland give every adult 2 500 $ a month? money.cnn.com/2016/05/24/news/economy...

(10) « Attention à la dangereuse utopie du revenu de base », letemps.ch/opinions/2016/05/09...

(11) Office fédéral de la statistique Suisse, bfs.admin.ch/bfs/portail/fr/index.html.

 (12) Insee Références 2015 - Fiches - Niveaux de vie et redistribution.

(13) « Les minima sociaux pour les jeunes seront mis en œuvre en 2018 », selon Manuel Valls, lemonde.fr/politique/article/2016/04/19...

 (14) Rapport parlementaire de Christophe Sirugue + minima sociaux et prestations sociales - édition 2015, DREES.

(15) msn.com.fr/fr/actualite/france/un-revenu-universel-oui-mais-au-minimum-de-750-euros-mensuels le 23/05/2016. 

(16) « Revenu de Base », Wikipédia, 03062016.mht.

(17)  RSA 2016 : simulation, montant et calcul journaldunet.com

(18) service-public.fr/particuliers/vos droits/F15553.

(19) Cerfa n° 15481*01.  

 

© 06.06.2016

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