par
Georges AIMÉ
Qu’il est affligeant d’entendre tous ces
candidats à l’élection présidentielle ne parler que des problèmes franco-français.
Ont-ils oublié que le Président de la République, sous la Ve République,
conduit la politique extérieure de la France ? Ont-ils décidé, une fois pour
toutes, de confier cette tâche au « machin » européen ? Hydre aux multiples
têtes tantôt coiffées par des technocrates serviles serviteurs de
multinationales sans scrupule, tantôt coiffées par les agents d’un État
frontalier plus soucieux de ses intérêts que de ceux des peuples européens
qualifiés – quel cynisme
– de « partenaires » ou d’ « alliés » quand cet État est de
l’autre côté de l’Atlantique ?
Plutôt que de nous parler de VIe
République et d’Institutions non adaptées aux « temps modernes », il est urgent
que nos apprentis sorciers lisent – pour une petite minorité relisent – notre Constitution. Que les
nostalgiques de la « chienlit » institutionnelle de la IVe République restent
ce qu’ils ont toujours été : des communautaristes, des corporatistes et des
fédéralistes, c’est-à-dire des destructeurs de l’identité française. Ceux qui
souhaitent une Europe forte doivent comprendre que pour y parvenir il convient
de passer par l’étape Europe des Nations. Ce n’est qu’à partir d’États forts
que l’on pourra faire une Europe forte de laquelle naîtra, après que ses
membres aient harmonisé leurs différentes législations, une Europe unie,
c’est-à-dire souhaitée et décidée par les peuples. En appauvrissant les plus
faibles et en donnant de perpétuelles leçons de « bonne conduite » économique,
sociale et financière ont abouti à l’inverse et on fait le jeu des extrémistes
de tous poils.
Mesdames et Messieurs X...
ou Y..., vous qui serez désignés par vos partis, primaires ou serez le (la)
candidat(e) d’une volonté populaire exprimée via la Toile, et avant que vous
n’ayez obtenu les signatures d’élus nécessaires pour vous présenter, que
comptez-vous nous dire sur la façon dont vous conduirez les politiques
européenne et étrangère de la France.
Notre Pays a-t-il
encore un rôle à jouer dans le monde ?
Doit-il continuer à clamer haut et fort
que ses valeurs républicaines de liberté, égalité, fraternité, laïcité sont
plus importantes que tout dogme ?
Doit-il rappeler que les peuples ont le
droit de disposer de leur avenir sans que des États ou des sociétés apatrides
viennent s’interposer dans leurs décisions ?
Continuerez-vous à nous dire que vous
ferez « passer » telle ou telle loi alors que 80 % de celles-ci sont décidées
par la technostructure bruxelloise, faute d’opposition ou tout simplement
d’intérêt de la part des élus censés nous représenter ?
Continuerez-vous à clamer haut et fort
que notre Justice est indépendante et que ses décisions sont sans appel alors
que la Cour européenne de justice prévaut sur notre Droit ?
Alors que l’euro prouve chaque jour
qu’il n’est pas adapté à l’économie de beaucoup de nations, continuerez-vous à
nous promettre, sans aucune preuve, l’Apocalypse si nous en sortons ?
Continuerez-vous dans un même élan à
nous promettre une baisse du chômage, à approuver la politique européenne sur
les travailleurs détachés et à accepter le fait qu’il n’existe pas un salaire
minimum commun à tous les pays de l’UE ?
Continuerez-vous à appliquer une
fiscalité confiscatoire pour les classes moyennes et dans le même temps
laisserez-vous à ceux qui en ont les moyens la totale liberté d’organiser
expatriation et évasion fiscales à moins de trois cents kilomètres de Paris ?
Continuerez-vous à faire de beaux
discours sur les libertés, les droits de l’homme et la condition féminine tout
en acceptant la vente ou la gestion d’une partie de notre patrimoine à des
ressortissants de pays qui n’ont que faire des libertés individuelles et qui
ont une idée de la justice pour le moins expéditive ?
Continuerez-vous à ignorer la
francophonie et à ne pas donner aux alliances et lycées français implantés hors
métropole et dom-tom les moyens de rayonner ?
Continuerez-vous à ignorer ceux qui dans
le monde souhaitent voir la France contrebalancer les influences chinoise et
américaine ?
Continuerez-vous à ne rien dire et à
laisser la Chine spolier l’Afrique ?
Continuerez-vous à approuver les
États-Unis dans leurs missions planétaires de pyromanes au service des intérêts
de leurs groupes militaro-industriels ?
Ne pas parler de tout cela ou simplement
effleurer le sujet, c’est mettre sur le même niveau le rôle de chef de l’État
et celui de président d’un Conseil régional. C’est précisément ce que veulent
les européistes béats et bornés, les tenants de la libre circulation des hommes
et des marchandises et les adeptes de la financiarisation de l’économie.
Ne nous endormez pas avec des discours
et des promesses qui n’ont d’autres buts que d’apaiser les préoccupations
personnelles de chacun, de faire oublier l’intérêt général et le devenir de
notre Pays. Tout ça pour obtenir coûte que coûte un bulletin de vote.
L’important n’est pas de savoir si le
statut de telle ou telle catégorie socio-professionnelle sera revalorisé mais
de s’inquiéter sur son devenir dans une Europe sans frontière où tout est
permis et au sein de laquelle nous ne sommes même pas capables d’adopter une
politique commune concernant l’immigration, la défense et l’attitude à tenir
vis-à-vis de la Turquie ou du traité transatlantique si cher aux
Étatsuniens.
Ne nous parlez plus de la pluie et du
beau temps, des inondations et de la sécheresse, de la protection du hanneton
en Basse-Provence, de la composition de l’équipe nationale de balle au pied, de
la taille des cages des poules pondeuses, de l’ouverture des magasins à Pâques
ou à la Trinité, etc.
Parlez-nous de l’Europe, du rôle et de
la place de la France dans celle-ci et dans le monde.