Par Christine ALFARGE
« Résister ou périr, la grande leçon
de l’histoire »
L’esprit de résistance,
c’est la flamme qui est en nous, le courage de ne jamais céder, combattre.
Fidèle à Jean Moulin et son action de résistance, Daniel Cordier dira « le
seul choix qui vaille dans la vie, c’est celui de combattre pour la liberté ». Il
n’y eut jamais plus bel exemple que 1940. Que vaut la vie sans une mystique qui
l’élève ? C’est ce qu’écrira Yves Guéna en 1941,
dans une lettre à son ami Daniel Cordier. Winston Churchill, quant à lui, artisan
infatigable auprès du Général de Gaulle pour permettre à la France de
reconquérir sa liberté, écrira « …La résistance qui est au cœur de la mystique
gaulliste… ».
Lorsqu’il n’y a plus de
repères, où retrouver un sens, une direction ? Comment garder la foi comme
Daniel Cordier et tous ceux qui ont accompli des actes de bravoure, sûrs de
prendre la bonne décision ?1940, le mystère des deux Frances taraude notre
esprit depuis longtemps. L’une représentant la majorité silencieuse sur les
routes de l’exode, subissant aveuglement, n’étant plus disposée à défendre les
valeurs républicaines, plongée dans l’inconscient collectif sans doute par
manque de discernement et de volonté laissant s’installer un chaos inouï dans tout
le pays. Alors que l’effondrement des institutions précipite le peuple exsangue
dans un profond renoncement, tout semble perdu définitivement. Et pourtant, le
sort de la France va en être décidé autrement parce qu’il n’y a pas de
fatalité.
C’est cette France-là que
nous voulons honorer, celle de la résistance, la France combattante du Général
de Gaulle sans laquelle nous aurions été humiliés dans la défaite et bien plus
encore la soumission. A l’été 1940, la force de l’engagement dans
la France libre est déterminante pour résister tant sur le plan extérieur que
sur le plan intérieur. Les premiers résistants venaient de tous les horizons
sans jamais se résigner à la défaite, combattre pour libérer la France, c’est
dans cette conviction instinctive qu’ils gardaient l’espoir de vaincre.
Pourquoi avaient-ils choisi de se rallier à
la France libre ?
« Pétain avait tué la France
glorieuse »
écrira Daniel Cordier. Avant tout, ces volontaires de la France libre ne
voulaient pas subir l’occupation de leur pays, par un réflexe conditionné à un
refus absolu de penser que la guerre était perdue, ils rejoindront
l’Angleterre. Chacun garde le souvenir fort où pour la première fois il a vu
surgir le Général de Gaulle. Aucun de ces jeunes n’avait entendu l’appel du 18
juin ni ne connaissait son nom. Quand le Général apparaît quelques instants le
6 juillet 1940, à l’Olympia de Londres, il lance ces mots « Je ne
vous féliciterai pas d’être venus, vous avez fait votre devoir. Quand la France
agonise, ses enfants se doivent de la sauver. Vous avez de la chance, jeunes
Français, car vous voyagerez beaucoup. Ce sera long, ce sera dur, mais à la
fin, nous vaincrons ». L’instant est crucial, la France libre est née de
cette conviction et de cette volonté.
Le Général de GAULLE incarnera la pierre
angulaire de cette volonté à travers son
appel à la radio de Londres. Extrait de l’appel du 18 juin 1940 : « Moi,
général de GAULLE, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les
soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à
s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et
les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en
territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport
avec moi. Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre
et ne s’éteindra pas. Demain comme aujourd’hui, je parlerai à la Radio de
Londres ».
Cet appel à continuer le combat en
constituant une force militaire sous le drapeau français aura l’adhésion de
civils ou de militaires qui s’engageront dans les Forces françaises libres et
porteront avec une fidélité sans faille les armes de la France libre jusqu’à la
capitulation allemande. Les évènements de l’histoire montreront combien leurs
combats furent héroïques sur tous les champs de bataille.
En 1941, le Général de Gaulle, au nom de la
France libre, propose à Staline l’envoi d’une formation combattante en Russie,
le groupe d’aviation de chasse GC-3 Normandie. Arrivés fin 1942 en Russie, les
43 premiers volontaires français combattent aux côtés du 18ème
régiment de chasse de la garde russe. Jusqu’à la fin de la guerre, le GC-3
Normandie devenu le « Normandie-Niemen », participe à trois
campagnes majeures contre les armées allemandes. « Normandie-Niemen »
une des grandes pages héroïques des Forces Françaises Libres, permet au Général
de renforcer sa crédibilité en des temps où il en a un besoin urgent.
Entre le 26 mai et le 11 juin 1942, la
bataille de Bir Hakeim
incarnera le courage de la première Division française libre face aux troupes
allemandes de l’Africa Korps
et la division blindée italienne Ariete. Le Général Saint-Hillier écrira dans ses « carnets » qu’il
tenait précieusement, la détermination et l’héroïsme de ses compagnons
disparus. Grâce à la bravoure des Français Libres, cet épisode capital de Bir Hakeim permettra aux
Britanniques en difficulté de se replier et finalement triompher dans une oasis
égyptienne à El Alamein. Churchill en liesse après la
deuxième bataille triomphale de EL Alamein, lancera à
Londres : « Ce n’est pas la fin, ni même le commencement de la fin,
mais c’est la fin du commencement ».
Le soutien britannique sera déterminant.
A cet égard, notre reconnaissance aux
Britanniques est sans borne, née de cette entente entre Churchill et le Général
de Gaulle, la « France libre » changera le cours de l’histoire. Le
premier objectif du Général de Gaulle était que pas un jour ne s’écoule sans
que des Français soient présents au combat. Ils seront au mieux 7000
volontaires en août 1940, mais il fera tout pour que leur statut en fasse les
représentants d’une France toujours en guerre. Son deuxième objectif, est qu’il
y ait des terres françaises où s’exerce une autorité régalienne française
libre. C’est le cas dès l’été 1940, grâce au ralliement de l’Afrique
équatoriale, du Cameroun, de l’Inde française et des possessions françaises du
Pacifique. Son troisième objectif est de faire reconnaître cette France libre
comme une entité politique française, cela lui prendra des années.
Dans son discours du 18 juin 1942, deux ans
après son célèbre appel, le Général de Gaulle s’exprimera :"Mais,
puisque la France a fait entendre sa volonté de triompher, il n'y aura jamais
pour nous ni doute, ni lassitude, ni renoncement. Unis pour combattre, nous
irons jusqu'au bout de notre devoir envers elle, nous irons jusqu'au bout de la
libération nationale. Alors, notre tâche finie, notre rôle effacé, après tous
ceux qui l'ont servie depuis l'aurore de son Histoire, avant tous ceux qui la
serviront dans son éternel avenir, nous dirons à la France, simplement, comme
Péguy : « Mère, voyez vos fils, qui se sont tant battus ».
Le Général de Gaulle, dernier héros de
notre histoire, est à jamais dans le cœur des Français parce qu’il a combattu
et sauvé le pays pour la liberté.
A
la mémoire d’Yves GUENA, disparu le 3 mars 2016