3 janvier 1973

  RÉFORME DE LA BANQUE DE FRANCE

 DEUX MODÈLES DE SOCIÉTÉ

 

par Jean-Louis GUIGNARD  

Après la dernière guerre la France a entrepris un immense travail de reconstruction et de décolonisation. Le financement a pu être assuré par des dispositifs complexes, comme les bons du Trésor, toujours basés sur la monnaie. Un billet de banque  ne serait qu'un joli morceau de papier s'il n'était gagé par l'Etat; il n'a de valeur qu'en vertu de la confiance que l'on attribue à l'émetteur. La dématérialisation de la monnaie pose bien évidemment la question de la confiance. Une règle intangible est que la quantité de monnaie en circulation doit être adaptée à l'activité économique réelle (hors finance) dans des zones économiques cohérentes. En période de croissance du PIB (il mesure les échanges pas la richesse) cette masse doit augmenter au prorata, pas assez c'est la déflation, trop c'est l'inflation. Les trente glorieuses ont ainsi pu être financées par une saine gestion de la monnaie; les grands programmes comme le nucléaire, les télécoms, le concorde, le TGV... ont profité de cette gestion monétaire.  

Tous le tissu économique a profité de cette reconstruction. Cependant un reproche était fait car cette création de monnaie profiterait principalement  à l'économie administrée d'où la tentation de la loi dite « Pompidou » qui n'avait rien à refuser au grand capital. 

Dans la loi portant sur la réforme des statuts de la Banque de France, nous trouvons en

particulier cet article 25 très court, qui bloque toute possibilité d’avance au trésor :  

« Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la banque de France. » 

Ce qui signifie que l’article 25 de la loi 73-7 du  3 janvier 1973 interdit à la Banque de France de faire crédit à l’État, condamnant la France à se tourner vers des banques privées et à payer des intérêts ; alors qu’avant cette loi, quand l’État empruntait de l’argent, il le faisait auprès de la banque de France qui, lui appartenant, lui prêtait sans intérêt.  

Autrement dit : auparavant, l’État français avait le droit de battre monnaie, et avec cette nouvelle loi, il perd ce droit qui est du même coup légué aux banques privées, qui en profitent pour s’enrichir aux dépends de l’État en lui prêtant avec intérêt l’argent dont il a besoin.  

Cette décision correspond à une privatisation de l’argent et ramène la NATION au même rang que n’importe lequel de ses citoyens.  

L’accroissement sans fond de la dette publique trouve son origine précisément là. Voici en effet un graphique représentant l’évolution de la dette, avec et sans intérêt. La courbe rouge représente bien sûr la dette constatée, calculée avec les intérêts.

La dette à fin 1979 était de 239 milliards d’euros (*), déjà injustifiables ; la dette à fin 2008 s’établit à 1327 milliards d’euros ! Ainsi, entre 1980 et 2008, la dette a augmenté de 1088 milliards d’euros et nous avons payé 1306 milliards d’euros d’intérêts.  

1327 - 1306 = 21 Milliards d’Euros ! : Si nous avions pu créer notre monnaie — faire exactement ce qu’ont le droit de faire les banques privées —, la dette publique serait quasiment inexistante aujourd’hui.  

Georges Pompidou a été le directeur général de 

la banque Rothschild ; il en était le valet, il n’est  par conséquent pas étonnant qu’il ait fait cette loi du 3 janvier 1973 qui interdit à l’État français de battre monnaie et qui a endetté la France d’une façon structurelle et incommensurable auprès de banques privées comme la banque Rothschild. 

C’est pourquoi, cette loi, je propose de l’appeler désormais la loi Rothschild.  

NOTE (*) : La dette à la fin 1979 était en réalité de 82,8 milliards d’Euros, soit 21% du PIB ; mais en tenant compte de l’inflation, cela fait aujourd’hui 239 milliards d’Euros.

Le tableau résume deux modes de société par le biais de leur Banque Centrale.

C'est  un choix de société que l'on a imposé aux Français et la construction européenne supra fédérale, contrairement à l'Europe des Nations, va vers l'asservissement à la finance internationale et, si l'on n'y prend pas garde à des groupes plus puissants que les Etats; on a bien vu le  créateur de Microsoft intervenir à la COP21 comme un chef d'État ! 

L'ECU permettait cette respiration des monnaies. On peut imaginer plusieurs solutions

comme la sortie de l'€ avec fin de la loi du 03/01/1973, la possibilité pour chaque membre de l'UE de « tirer monnaie » en € à hauteur de leur croissance, ou... Une méthode plus radicale. 

Parmi les plus grands actes de civilisation il existe une méthode radicale, l'effacement de la dette de l'Egypte des pharaons à Solon le Grec. Le code d'Hammourabi parlait des « jubilés » où l'on effaçait la dette... à condition de ne pas reprendre les mauvaises habitudes!

« Pour que le fort n’opprime pas le faible, pour faire justice à l'orphelin et à la veuve, à Babylone, la ville dont Anu et Enlil ont élevé le faîte, dans l'Esagil, le temple dont les fondements sont aussi stables que les cieux et la terre, pour porter les jugements concernant le pays, pour prendre les décisions concernant le pays, pour faire justice à l'opprimé, j'ai écrit mes paroles précieuses sur ma stèle et je l'ai dressée devant ma statue de « Roi de justice. »

 

© 06.04.2016

HTML Web Counter