CHARLES DE GAULLE,

L'HOMME DE TOUS LES COMBATS

 par Christine ALFARGE

« Je suis un homme qui n’appartient à personne et qui appartient à tout le monde. »

Quarante-cinq ans après sa disparition le  9 novembre 1970, le Général de Gaulle continue d’incarner le consensus français face aux crises et une France respectée dans le monde. Sa personnalité est omniprésente dans le débat public où l’on se réfère la plupart du temps à sa pensée et son action d’homme d’État. Sa réflexion et ses principes s’inscrivent avant tout avec l’idée de « redressement national ». 

Dès 1940, le Général de Gaulle qui n’aura cessé en vain de démontrer le choix  en faveur d’une armée de blindés alors que la France traverse les heures les plus sombres de son histoire, dira en s’adressant à tous les français, « la France a perdu une bataille mais la France n’a pas perdu la guerre ». Dans son esprit, il n’y a qu’une seule chose qui vaille, le redressement de la France pour l’honneur de la France. Il lancera son appel du 18 juin et parviendra à réunir autour de lui, à Londres, tous ceux qui sont décidés à poursuivre la lutte contre l’Allemagne nazie.   

L’Appel du 18 juin 1940 

L’Appel du 18 juin, c’est avant tout le discours prononcé par le Général de Gaulle, le soir du 18 juin 1940, à la radio de Londres. Son visage était inconnu des Français qui ne connaissaient que sa voix. Ecouter la radio de Londres et l’émission « les Français parlent aux Français » était une chose interdite. Le gouvernement de Vichy et les Allemands brouillaient les émissions. Aussi les résistants décidèrent d’afficher l’Appel du 18 juin pour appeler les Français à la Résistance et faire connaître dans les rues l’action du Général de Gaulle. Les affiches ne donnaient pas l’exact texte de l’Appel, mais une version simplifiée. André Malraux, son fidèle parmi les fidèles écrira de lui, « Un chêne élancé, massif, inflexible. Comme l’arbre, il ne plie pas dans la tempête. Ni en 1940, face à l’ennemi et à Vichy, ni à Londres devant les alliés à qui il finit par imposer une certaine vision de la France. Ancrée sur une souveraineté non négociable ! ». 

L’homme qui ne transigera jamais 

« Croyez-moi, c’est nous qui jouons la bonne carte, la carte de la France. » Charles de Gaulle s’exprimera ainsi en s’adressant à Christian Fouchet, le 19 juin 1940. Ce qu’il reste à accomplir est immense, le pays est dévasté, l’urgence est le rétablissement de l’État de droit et la justice, retrouver l’unité nationale. Un projet de société émanant du Conseil national de la résistance (CNR) se concrétisera par des avancées sociales portées à bout de bras par le Général de Gaulle à la Libération.    

Son retour au pouvoir en 1958 

Pendant une traversée du désert d’une douzaine d’années, il écrira ses Mémoires à Colombey-les-Deux-Eglises. Président d’une République refondée totalement, il considérera que le destin de la France est entre ses mains, « la légitimité que j’incarne depuis vingt-cinq ans »lui arrivera-t-il de dire, faisant sienne toute l’histoire de France, de la République Comme de la royauté. Il sera habité sa vie durant par le sentiment d’incarner l’État et en assumera l’entière responsabilité à travers toutes ses prises de décisions. Le 28 février 1960, s’adressant aux membres du Conseil d’État, il s’exprimera : « Il n’y a eu de France que grâce à l’État. La France ne peut se maintenir que par lui. Rien n’est aussi capital que la légitimité, les institutions et le fonctionnement de l’État. C’est pourquoi, il faut que cet État ait à sa tête un chef qui en manifeste la permanence. ».

Un homme libre 

Lorsque le Général de Gaulle disait : « Il est important que ce que nous disons et ce que nous faisons le soit indépendamment des autres », cette pensée sera le socle de toute sa politique étrangère basée sur le refus absolu de dépendre des blocs par nature hégémonique comme il le rappelait constamment dans ses interventions ou ses écrits. À travers la personnalité du Général de Gaulle, la France s’est hissée dans la cour des grands.

Admiré et respecté de l’étranger 

Si des fins connaisseurs du Général sont des universitaires britanniques, ce n’est  pas sans raison tant sa relation avec Winston Churchill fut déterminante pour vaincre l’ennemi pendant la deuxième guerre mondiale. Une relation hors du commun, un respect mutuel que les deux hommes entretiendront en partageant une même vision historique à tel point que le Général de Gaulle fera compagnon de la Libération celui qui en aura été l’artisan infatigable à ses côtés. Son image de libérateur et de combattant sur l’idée d’indépendance et de liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes lui conférera un statut éternel d’un des plus grands hommes de l’histoire du monde.  

Le Général de Gaulle continue d’incarner la fermeté pour l’intérêt général de la France et une générosité extraordinaire face à la détresse des gens. Il aura parfaitement compris son époque à travers un pays qui en 1940 basculait dans le chaos, une France s’abandonnant à elle-même.  

Lui, Charles de Gaulle qui n’acceptera jamais la défaite, parviendra à organiser à l’aide de Jean Moulin, l’unité de la Résistance dont la plupart des hommes et des femmes furent torturés, assassinés ou déportés. Ils donneront leur vie pour la France, pour notre liberté. Le Général de Gaulle ne se résignera jamais à perdre contrairement à bien d’autres militaires ou hommes politiques qui accorderont les pleins pouvoirs à Pétain. Il voulait coûte que coûte vaincre l’ennemi face à l’enfer auquel était confronté notre pays. 

Quelques années plus tard, le 20 juillet 1960, lorsque le Général de Gaulle se rendra pour la première fois au camp de déportation du Struthof, accompagné de deux anciens déportés appartenant au Gouvernement, Edmond Michelet et Pierre Sudreau, il sera profondément bouleversé et marqué par l’ampleur des souffrances endurées pendant la guerre et prononcera ces mots, « Saint Exupéry avait raison, il était plus difficile d’être un otage que de combattre sous un uniforme. La déportation est la voie la plus douloureuse de la Libération. Il faudra que les Français s’en souviennent ».  

À travers cette période manichéenne, nous n’avons pas fini de nous interroger sur la barbarie qui peut surgir de l’humain, alors accomplissons fidèlement notre devoir de transmission des valeurs qui nous sont chères pour retrouver les repères solidaires et fraternels dont nous avons besoin aujourd’hui comme hier en participant collectivement ou individuellement au redressement de la France et maintenir son rang de grande puissance dans le monde.

 

© 08.11.2015