par Georges AIMÉ
Société
du baratin. Société du mensonge. Société du paraître.
Tout est bon pour se faire
élire. Tout est bon pour se faire passer pour ce que l’on n’est pas. Tout est
bon pour se vendre et pour vendre.
Le mensonge est devenu une
vertu. Pris la main dans le (Cahu)sac,
droit dans les yeux, j’affirme que je suis innocent. Peu importe mon niveau de
responsabilité, je peux parler de choses que je ne connais pas, voter des lois
concernant des domaines auxquels je ne me suis jamais intéressé, les défendre
avec une évidente mauvaise foi et traiter ceux qui osent mettre en doute mes
propos de dangereux individus, voire de réactionnaires qu’il est urgent
d’enfermer.
Président de la République,
je peux sans vergogne faire le contraire de ce que l’ai promis. Conseiller,
puis ministre de l’Intérieur auprès d’un
ancien Président de le République je peux parler des heures pour dire qu’il
faut combattre la délinquance et dans le même temps détourner à mon profit de
l’argent public. Élu d’une collectivité locale, je peux faire un usage
personnel de biens qui ne m’appartiennent pas, demander
à des fonctionnaires de travailler pour moi et tenir de grands discours pour
fustiger la délinquance. Siégeant à l’Assemblée nationale, je peux parler des
logements qu’il convient de réserver aux plus démunis et habiter moi-même un
somptueux appartement, classé « logement social », de la ville de Paris ; je
peux également créer de fauxemplois, dire que j’ai la
phobie de l’Administration et m’élever contre le travail au noir et la fraude
fiscale. Président-directeur général
d’un grand laboratoire pharmaceutique ou de l’une des plus grandes sociétés au
monde de produits laitiers, je peux vanter les bienfaits sur la santé de mes
produits sans l’avoir jamais prouvé. Pis même, je peux être condamné pour cela
et continuer à les vendre !
Dirigeant d’une grande
firme automobile, je peux faire de la publicité pour vanter les performances de
mes véhicules et dans le même temps les équiper d’un logiciel qui faussera les
résultats des contrôles techniques. Merveilleux ! Pris les doigts dans le pot
d’échappement il ne m’est pas interdit de continuer à dire que mes voitures
sont les plus extraordinaires du monde.
À la tête d’une
multinationale de l’agro-alimentaire, je peux continuer à empoisonner les
utilisateurs de mes produits, affamer une partie de la planète en rendant mes
semences stériles et continuer à affirmer que je suis un bienfaiteur de
l’humanité. Etc.
Que je sois un « politique
», le « manager » d’une multinationale de l’industrie, de l’agro-alimentaire ou
de l’armement j’ai une armée de soldats serviles et dévoués, soucieux de leur «
carrière » et... de leur compte en banque. Avocats en mal de notoriété ;
journalistes peu préoccupés d’éthique et de morale ; scientifiques peu soucieux
de vérifier l’exactitude de leurs propos ; anciens élèves de telle ou telle «
grande » école attirés par les trompettes bien mal embouchées de la renommée ;
pseudo experts au langage imbitable capables de tout mesurer, tout expliquer...
tout... sauf leurs erreurs de diagnostics ; publicitaires à l’imagination sans
borne, redoutables alchimistes capables de transformer l’inutile en or.
Ces derniers sont en aucun doute les idiots utiles des
précédents. Rois de la « com » ils sont à l’origine
de cet environnement qui tend à nous fait croire que l’on se préoccupe de nous
ou que l’on nous veut du bien. Ainsi sont les annonces d’attente au téléphone
n’ayant d’autre but que de faire grossir votre facture (c’est tout à fait
agréable, surtout lorsque vous appelez parce que l’article acheté est
défectueux ou que l’Administration a commis une erreur) ; charte de ceci ou de
cela non observée (l’APHP en est un pénible exemple) ; concours pour « être
l’heureux gagnant » (ou le cochon de payant) d’une voiture lors de la diffusion
d’un événement sportif. Autre invention « géniale » : la journée de ceci, la
journée de cela. Formidable pour donner le change, faire croire que l’on se
préoccupe de la mise en valeur ou du bien être de telle ou telle catégorie
sociale alors que le seul but recherché est le profit et, dans le meilleur des
cas, la fausse image positive que l’on veut donner de soi.
Triste société en vérité où baratin, mensonge et paraître
sont les côtés d’un triangle au sommet duquel chacun s’imagine en
pyramidion.
Commençons par éliminer tous ces « conseillers » en
communication et autres publicitaires, béquilles indispensables à la plupart de
nos représentants politiques. Sans tuteurs, ne pouvant plus faire illusion, ils
ne nous tromperont plus sur leur incapacité et leurs réelles intentions.
Inutile de trouver des vertus à ces gens-là qui, depuis des décennies, sont les
acteurs d’un jeu de dupes.
Reprenons notre destin en main et confions les rênes de notre
Pays à un Gouvernement de Salut public composé de ceux1 pour qui les mots
Nation, Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité ont un sens. Je suis certain
qu’ils seront suivis par beaucoup d’entre nous et par beaucoup d’élus
locaux.
Ceci est une quasi obligation pour la génération 1945-1955
qui n’a pas su transmettre les valeurs de « notre vivre ensemble » et prévoir
les évolutions du monde, trop préoccupée par son bien-être matériel et à « vivre pour elle » tout en donnant des
leçons à la génération précédente à qui elle doit beaucoup.
1. Tels Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Dupont-Aignan,
Michel Onfray pour ne citer que les plus connus.