NOS VOISINS

par Georges AIMÉ

J'écrivais dans la Lettre du 18 juin, datée de juin 2013 qu'il fallait être attentifs aux manifestants qui, dans toute l'Espagne, toutes générations confondues, « criaient leur indignation et assuraient qu'ils allaient changer la façon de faire de la politique... ».

Eh bien !, jour après jour, dimanche après dimanche, semaine après semaine, mois après mois, le mouvement s'est inscrit dans le paysage politique et à rallier à lui ceux qui lui prédisaient un avenir précaire et ne voyaient en lui que la révolte d'une jeunesse désœuvrée. Au point que lors des dernières élections locales les deux plus grandes villes d'Espagne ont renvoyé dos à dos les oligarques au pouvoir depuis des décennies. Non pour les remplacer par quelques tribuns populistes ou quelques élus opportunistes prônant l'indépendance de leur région (depuis le scandale Pujol, les Catalans se sont aperçus qu'ils avaient été manipulés) mais pour mettre à leur place des femmes et des hommes « nouveaux », ayant fait preuve d'altruisme, non corrompus par des années de pouvoir ou d'activisme « politicard » au sein d'un parti.

Nos politiques et autres médias ont fait bien peu de cas et ont peu relaté ce qui se passait outre-Pyrénées : « les indignés, de dangereux gauchos et anarchistes » et dans le meilleur des cas « de doux rêveurs » ! Aujourd'hui, il en est de même avec le résultat des élections locales : « C'est un épiphénomène, un acte d'humeur contre quelques élus corrompus ! » Et puis « ça se passe en Espagne, ça n'a aucune importance. C'est comme ce qui se passe en Grèce, au Portugal ou en Italie ».

Le mépris affiché par la classe politique et par ses camelots - les pseudo « journalistes bien informés » - pour tout ce qui touche au sud de l'Europe n'a d'égal que la béate admiration qu'ils ont pour le « modèle » germanique. Aux grands niais les yeux de la Lorelei.

Pauvre dirigeants français, malades de leurs complexes d'infériorité et de supériorité. Pauvres Français désinformés à qui l'on rebat les oreilles d'une information dont on ne parle plus quelques jours plus tard. Plus important est de savoir si Pierre, Paule ou Jacques seront dans deux ans candidat(e) à l'élection présidentielle ; plus important est de savoir si la motion X l'emportera sur la motion Y ; plus important est de savoir si la fille va tuer le père ; plus important est de savoir si demain telle entreprise privée de joute de balle au pied, financée par des propriétaires n'ayant qu'une très vague idée des droits de l'homme et employant des mercenaires, sera championne !

Pas un jour ne passe sans que l'on nous parle de cette « formidable » Europe ! Toutes ces heures de bourrage de crâne sans jamais nous informer sur les habitudes et les modes de vie de nos voisins. Que connaissons-nous d'eux ? Pas grand-chose. On préfère nous abreuver de musique anglaise ou américaine, nous expliquer en long et en large comment l'on vit au fin

fond des États-Unis et comment on y prépare la dinde, que la bûcheron X... - fait d'une très haute importance - a gagné le concours du lancer de troncs d'arbre ! Tout ça en utilisant une espèce de sabir imbitable (dans cet exercice, le patron de la société qui contrôle le journal Libération est imbattable). Peu importe si la moitié des lecteurs, téléspectateurs ou des auditeurs ne comprend pas, ça n'a aucune importance !

Faites-nous confiance, aimez-vous les uns les autres sans vous connaître, laissez-nous vivre nos vies de princes et de courtisans, laissez-nous nous enrichir entre nous !

Soyons justes, il arrive que l'on nous informe sur les habitudes des habitants de ces pays avec qui nous avons liés notre avenir malgré nous (rappelons-nous... il y a dix ans les Français rejetaient le traité établissant une Constitution pour l'Europe). C'est, en général, pour mieux les dénigrer : Anglais anormaux, Espagnols inconséquents, Grecs fainéants, Italiens pas sérieux, Polonais fachos », Portugais insignifiants...

Jamais, aux grandes heures d'écoute de réelles informations sur ce qui s'y passe. Il est évident que cela est un acte délibéré.

Pour asservir il ne faut pas informer mais laisser croire que l'on informe ; pour asservir il faut uniformiser et ne pas relater ce qui pourrait faire tache d'huile ! Vieille habitude !

Imaginez qu'un dimanche de juin se rassemblent place de la Concorde, au-delà de leurs clivages politiques, culturels, cultuels ou sociaux des Franciliens, toutes générations confondues, et qu'ils se mettent à lancer un appel à l'adresse de la classe politique dans son ensemble : « qui que vous soyez, dehors, disparaissez, nous n'avons plus confiance en vous, laissez votre place à des gens qui ne feront pas de la politique un métier mais la vivront comme un service au service du plus grand nombre. ». Imaginez...

C'est ce qui vient de se passer en Espagne.

 

Divertissement

Pourquoi dit-on qu'il y a un embarras de voitures quand il y en a trop et un embarras d'argent quand il n'y en a pas assez ? Pourquoi parle-t-on des quatre coins de la terre, alors qu'elle est ronde ? Quand un homme se meurt, on dit qu'il s'éteint, quand il est mort, on l'appelle « feu »… Pourquoi appelle-t-on « coup de grâce » le coup qui tue ? On remercie un employé quand on n'est pas content de ses services. Pourquoi dit-on d'un malheureux, ruiné, qui n'a même plus un lit dans lequel se coucher, qu'il est dans de beaux draps ? Comment distinguer le locataire du propriétaire lorsque ces deux personnes vous disent à : «Je viens de louer un logement»? Pourquoi un bruit transpire-t-il avant d'avoir couru ? Pourquoi lave-t-on une injure et essuie-t-on un affront ? On passe souvent des nuits blanches… quand on a des idées noires. Pourquoi, lorsque l'on veut avoir de l'argent devant soi faut-il en mettre de côté ? Pourquoi, lorsque l'on ne partage pas l'avis de quelqu'un dit-on que « les avis sont partagés » ? Et pour terminer réjouissons-nous que ce soient les meilleurs crus qui donnent les plus fortes cuites.

 
Free counter and web stats
HTML Web Counter