BELGIQUE, PROFILS DE DJIHADISTES

par Luc BEYER de RYKE

Lhôte de notre prochain dîner débat sera Alain Juillet. Parmi les hautes fonctions qui furent les siennes on épinglera la Direction du renseignement au sein de la DGSE. Ce qui le rend particulièrement qualifié pour traiter le sujet dont il a choisi de nous parler, « Le terrorisme, méthode d’identification et moyens de défense ».

En matière de prologue et pour alimenter nos échanges de vue je relaterai dans le cadre de cet article le résumé de l’écoute d’un chercheur, Sofiane Gharbaoui, rencontré à Bruxelles.

L’objet de sa recherche se rapporte à cette interrogation « Qui sont les djihadistes belges ? ».

Questionnement d’autant plus opportun que, proportionnellement, c’est la Belgique qui compte le plus de candidats au djihad parmi les pays de l’Union Européenne.

La majorité part des provinces flamandes. Cela peut s’expliquer par une dérive accrue en raison des différences de langues.

Les familles à l’origine, hormis l’arabe, parlent le français ou en ont des notions. L’environnement

néerlandophone rend plus malaisé encore l’intégration d’une population obsédée par le sentiment - vrai ou non - d’un rejet de l’islam.

Cela étant, si les djihadistes venus de Flandre pour rejoindre en particulier la Syrie sont les plus nombreux, ceux en provenance de l’agglomération bruxelloise et de Wallonie sont en passe de les rattraper.

Deuxième considération d’ordre générale : les djihadistes, pour l’écrasante majorité, sont d’origine maghrébine.

Le phénomène ne touche pas ou guère la communauté d’origine turque. Il s’emble que l’encadrement social et culturelle de cette dernière est infiniment plus structuré.

Enfin dernière observation d’ensemble et non des moindres.

On tient généralement pour acquis que les djihadistes sont issus de milieux défavorisés.

Il y en a mais, en règle générale, cette croyance est fausse.

Qui sont-ils ?

Quel portrait sociologique peut-on brasser des djihadistes belges ? Sofiane Gharbaoui établi quatre profils.

Précédés d’une statistique à propos de leur âge. 80 % d’entre eux ont moins de trente-cinq ans. Sur ce nombre 50 % ont entre quinze et vingt-cinq ans.

Ils se répartissent, selon le chercheur, en catégories. Les plus nombreux figurent dans celles des rebelles.

Ils sont jeunes parfois très jeunes. Trop pour se trouver déjà dans la vie active.

Ils appartiennent à des familles pas aisées nécessairement mais autonomes financièrement.

Leur radicalisation se fait graduellement à l’école ou dans leur quartier. C’est pourquoi souvent ils partent en groupe. Surtout pour la Syrie qui répond à « un effet de mode ».

Une fois arrivés sur place ils constatent que la réalité est autre que celle dont les recruteurs leur ont parlé.

Certains, à leur retour intentent des procès à leurs mauvais bergers.

Plusieurs de ses jeunes djihadistes venus de Belgique se font tuer à cause d’un État islamique qui les utilise comme chair à canon.

Il y a ensuite ceux que l’on pourrait qualifier de meneurs. Eux aussi proviennent de familles disposant de certains moyens. Ils sont pourvus d’un bagage scolaire qu’ils utilisent à travers une logique militante. S’il en est pour rejoindre le djihad, la plupart demeure sur place. Ils sont là pour recruter et endoctriner.

Dans le tableau dressé il y a certes les marginaux. Ceux dont on croit généralement qu’ils constituent les gros bataillons du djihad. En fait ils sont peu représentés. Dénués de tout moyen financier ils chevauchent leurs rêves sans pouvoir les réaliser.

Enfin reste les irréductibles. Ce sont les plus dangereux. Ceux qui ont famille et profession. Fanatisés ils sont prêts à tout sacrifier. Ils sont peu nombreux mais redoutables.

Une prise en compte tardive

L’État belge a-t-il toujours pris en compte la menace sas cesse grandissante que représentent des islamistes ?

On peut en douter lorsqu’on voit le temps qu’il a fallu pour s’intéresser aux dérives du Centre islamique à Bruxelles ou à Sharia 4 Belgium ; n’oublions pas que les assassins de Massoud en Afghanistan venaient de Bruxelles.

Que la veuve de l’un deux bénéficie d’une admiration non dissimulée dans une partie de la communauté musulmane. Elle se trouve aujourd’hui en prison. Comme Fouad Belkacem alias Abu Imran le dirigeant de Sharia 4 Belgium condamné le 12 février 2015 à douze ans de prison. L’homme cumule les condamnations. Au Maroc pour trafic de stupéfiants. En Belgique pour incitation à la haine raciale. Cette fois il encourt une lourde peine parce que suspecté d’avoir envoyé en Syrie au moins 10 % des djihadistes venus de Belgique.

Plusieurs personnalités politiques belges ont été menacées de mort « si elles ne se repentent pas ».

L’Exécutif des musulmans de Belgique a pris ses distances à l’égard de Sharia 4 Belgium ne tenant pas l’organisation pour représentative de la communauté musulmane. Il n’en demeure pas moins que la Belgique se révèle un terreau pour l’extrémisme que fournit à l’islamisme sa « légion Arabe ».

 

 
Free counter and web stats
HTML Web Counter