VATICAN, UNE RÉVOLUTION « FRANCISCAINE »

 

par Luc BEYER de RYKE

 

Les météorologues donnent des noms aux cyclones. Les vaticanologues aussi.

Celui qui s'est abattu sur la Curie porte le nom de François. Jamais jusqu'ici un pape n'avait tenu en public un tel discours.

S'adressant aux cardinaux qui en font partie François a parlé de leur « coeur de pierre » de leurs « fossilisation mentale et spirituelle » de leur « face funèbre » de leur « rivalité pour la gloire » et les ressembla tous en les définissant comme « l'orchestre qui émet des fausses notes ».

J'étais à peine revenu de Rome lorsque François appela au-dessus des calottes cardinalices « les orages désirés ». Désirés par lui… La rudesse des paroles a pu surprendre. Pas l'orientation des propos.

Sans trahir mes sources, en respectant leur anonymat j'avais pu longuement m'entretenir avec des diplomates de haut rang accrédités auprès du Saint-Siège. L'un d'eux, fin connaisseur de la politique vaticane, m'avait parlé de « la révolution copernicienne » entreprise par François.

Une révolution qui se dessine depuis Vatican II mais à petits pas. L'actuel pontife rompt en cela avec ses prédécesseurs et fait un thème majeur. Il s'agit ni plus ni moins que d'une « inversion du gouvernement de l'Église » institution séculaire, l'Église romaine dans sa gestion, ses orientations, ses dogmes est coiffée par la coupole vaticane. François souhaite que désormais Rome soit au service des évêques et des diocèses.

La Curie : une bastille au Vatican

Une révolution de cette ampleur explique les réticences pour ne pas dire l'hostilité de la Curie.

Au-delà de la défense de ses intérêts propres, au-delà du réquisitoire accablant de François à son égard, la Curie redoute la fragmentation de l'unité de l'Église et la remise en question de ses pierres angulaires spirituelles.

Déjà au cours de sa longue histoire et malgré l'autorité pontificale l'Église a connu nombre de schismes.

La Curie redoute de voir la clef de voûte représentée par Rome affaiblie et fissurée.

C'est dire le pari risqué, hasardeux auquel François s'adonne. Il le fait en se dépouillant de toute prudence feutrée propre habituellement aux évolutions romaines et à la diplomatie d'Église.

« Rome tremble et chancelle… » Les paroles extraites du chant (très anticlérical) des étudiants de l'Université Libre de Bruxelles trouvent ici un contexte bien différent. Il ne s'agit pas, comme clament les potaches ulbistes, de se « grouper […] contre la papauté » mais de la refonder dans une optique moins autoritaire et plus compassionnelle. Le mythe de Sisyphe ? Non. Le retour à l'Évangile. Les deux risquent peut-être de se confondre. ¾

 



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07.01.2015
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