TOUT LE MONDE S'EN MOQUAIT !

 

Par Georges AIMÉ

Le déficit de la France a franchi la barre des 2.000 milliards d'euros.

Tout le monde le sait.

Tout le monde le déplore.

Tout le monde s'en moque !

La défense des intérêts particuliers est depuis longtemps bien plus importante que la défense de l'intérêt général. Toutes couches sociales confondues.

Que l'on soit député, employé de la SNCF ou de la SNCM, buraliste, chauffeur de taxi, footballeur, huissier, intermittent du spectacle, notaire, pharmacien, pilote de ligne, marchand de choux-fleurs, responsable d'une grande entreprise, sénateur, syndicaliste, etc., la réaction à toute tentative de réforme est la même : « d'accord pour réformer, amender, rectifier à condition que cela ne me concerne pas ! »

Nos représentants politiques sont d'accord pour affirmer haut et fort qu'il faut augmenter la durée légale du travail et dans le même temps les salariés du Sénat font 32 heures, ceux de la chambre des Députés ont une prime pour travail de nuit... même quand ils ne participent pas aux nocturnes séances. Quant à nos chers élus, ne leur demandez pas ce qu'ils font de leur réserve parlementaire ou du montant qui leur est alloué pour leurs frais, ce serait indécent (évidemment, payer une permanence ou employer l'un de ses enfants avec de l'argent public

non imposable n'est pas très respectable). Les mêmes sont capables d'imposer un âge de départ à la retraite mais ne voient pas d'inconvénient à ce que des octogénaires et autres nonagénaires soient les représentants de la Nation !

2.000 milliards de déficit ! En réformant nos représentations nationales et régionales, en réduisant notre mille-feuille administratif, cent milliards d'économie sont possibles... Eh bien non !

Tous les prétextes, toutes les arguties sont de mise pour ne pas véritablement réformer. Véritablement, car lorsqu'on le fait c'est à la marge, pour laisser accroire que l'on en est bien conscient. Ainsi en est-il, entre autres, de la réforme territoriale et du cumul des mandats.

En foi de quoi, on peut entendre un journaliste sur une radio populaire affirmer qu'il faut aller chercher l'argent là où il est, c'est-à-dire chez les... retraités : tous des privilégiés et pour certains, pis encore, des profiteurs puisque propriétaire de leur résidence principale. . Un comble ! Le même ajoutant que les 10 % d'abattement dont ils bénéficient sur leur IRPP sont anormaux... Ce donneur de leçon doit être amnésique... qu'il regarde sa propre feuille d'impôt.

Même ceux dont on pourrait penser qu'ils seraient des porte-paroles crédibles pour proposer dans leur programme ces indispensables réformes ne le font pas ! Évidemment ramener le nombre de communes à deux mille six cents (nombre d'intercommunalités et autres regroupements d'intérêts économiques), supprimer les départements, diminuer le nombre de députés, réformer le Sénat rendent une élection beaucoup plus aléatoire et transforment la « chasse » aux cinq cents signatures pour se présenter à l'élection présidentielle en un parcours du combattant très difficile !

Alors où est la solution ? Quand on a à ce point perdu le sens du bien général ; quand on ne pense qu'à préserver avantages, prébendes et privilèges ; quand on ne se soucie plus de l'autre ; quand la seule valeur qui reste est le montant de son compte en banque ; quand le sentiment d'appartenance à un groupe interdépendant a disparu ; quand les mots Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité ne veulent plus rien dire, que reste-t-il d'une Nation ?

Sommes-nous à ce point décadents qu'il n'y ait plus d'espoir ?

Je ne puis m'y résoudre. Il existe dans notre Pays des hommes et des femmes pour qui altérité n'est pas qu'un simple mot de la langue française.

Le sens du bien commun existe encore et nous en avons journellement la preuve à travers le dévouement de certains élus et de celui des membres bénévoles de toutes ces associations venant en aide aux plus démunis et aux plus défavorisés.

Pourquoi n'exigeons-nous pas de tous ceux qui ont l'honneur de nous représenter la même attitude ?

Nous ne sommes pas prêts à accueillir à bras ouverts ceux qui, hier, nous ont menti ou ont failli dans leur mission. Nous ne sommes pas prêts à nous laisser manipuler par une caste médiatico-politique dont chacun sait qu'elle a partie liée et qui a pour point commun un nombrilisme exacerbé.

Exigeons des lanceurs d'anathèmes (sortie de l'euro, énergie(s), code du Travail, protection sociale, immigration, etc.) des explications claires, précises, étayées et compréhensibles par tous sur le bien-fondé de telle ou telle affirmation (1).

Au-delà des procès d'intention, des idées toutes faites et des clivages politiques, chacun se fera une idée de ce qui est bon pour la France et les Français... même si ce n'est pas bon à titre individuel.

Si nous ne sommes pas prêts à cela, eh bien continuons à attendre la chute. Rassurons-nous cela ne va pas tarder !

Le déficit de la France était de plus de 2.000 milliards d'euros.

Tout le monde le savait.

Tout le monde le déplorait.

Tout le monde s'en moquait ! ¾

(1) Dans cet esprit, l'Académie du Gaullisme a prévu d'organiser un dîner- débat dont le thème sera « Indépendance énergétique, enjeux stratégiques pour la France ». Participeront à cette soirée des spécialistes non politiques des différentes sources d'énergie.
 



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08.10.2014

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