par Paul
KLOBOUKOFF
Les « prestations sociales » (PS)
croissent, se multiplient et envahissent notre quotidien. On les loue, avec
notre « enviable » protection sociale, et on les critique pour les « déficits
publics » qu'elles creusent, presque sans modération. Les réduire, ou les
ralentir, comme les autres dépenses publiques, d'ailleurs, est devenu une
ardente obligation. Elle demande une franche détermination, de vraies réformes
et un changement profond d'attitude en matière de gouvernance visant à redonner
plus de liberté, d'initiative... et de moyens au secteur privé (entreprises
et ménages) afin qu'il prenne toute sa part dans le développement économique et
social du pays.
L'effort nécessaire sera inévitablement douloureux et devra être
d'autant plus vigoureux que la croissance du PIB sera faible. Il ne sera pas
sans effets sur notre sacro-sainte redistribution et, beaucoup plus largement,
sur l'économie, notamment parce que les prestations sociales sont déterminantes
dans les revenus des ménages, pour l'évolution de leur consommation et, par
voie de conséquence, pour la croissance du PIB. Cette dépendance à
l'égard des « prestations sociales » est une faiblesse du « modèle français
», dont on n'a pas suffisamment conscience, qui contrariera donc la
relance de la croissance en 2014 et en 2015, au moins. En outre, elle n'est
pas compatible avec l'engagement de la France dans une mondialisation
dominée par la concurrence, loyale ou non, servie par une Union
européenne libre-échangiste déprotégée.
La Comptabilité nationale (CN), principale source globale
d'informations sur les prestations sociales, a donné de celle-ci une définition
« officielle » très large, en faisant un « patchwork » hétérogène comportant à
la fois des « revenus de remplacement », les retraites et les indemnités
chômage, des prestations relevant de l'aide sociale ainsi que des prestations
de santé et d'éducation. Des prestations dites « contributives » ou « non
contributives » selon qu'elles donnent lieu ou non à versement de contreparties,
de cotisations par leurs bénéficiaires ou par les employeurs pour le compte de
ces derniers.
Cet « agrégat » complexe montre l'étendue des interventions de l'État,
de plus en plus envahissant, collectiviste et dirigiste,
dans la formation des revenus des ménages et la détermination d'une partie
croissante de leurs consommations individuel-les et communes. Il accapare
les ressources nationales et se laisse aller à des dépenses pléthoriques
des Administrations (État, collectivités locales et SS), qui atteignent 57 %
du montant du PIB, aux dires mêmes de Manuel Valls
le 26 août, jour de la constitution de son deuxième gouvernement.
Un mérite de cet agrégat, dont le niveau et l'évolution sont inquiétants, est de
rassembler les éléments du Revenu des ménages qui ne proviennent pas
directement de leurs activités de l'année (salaires et revenus des
indépendants) et de leur patrimoine financier et immobilier.
Les comptes nationaux distinguent les
prestations en espèces (PSE) et les prestations en nature (PSN).
Les PSE comprennent, pour une
grande part, les retraites et les indemnités chômage, ainsi que les aides aux
familles et celles consacrées à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion. Les
ménages peuvent utiliser à leur gré les ressources financières reçues,
notamment pour leurs dépenses de consommation individuelle.
Il n'en est pas de même des PSN, qui regroupent les coûts pris
en charge directement par l'Etat, les Collectivités locales pour l'Education,
et avec la Sécurité Sociale (SS) pour le financement de prestations maladie et
invalidité, ainsi que pour les remboursements par la SS aux ménages d'actes
médicaux ou chirurgicaux et de médicaments.
En 2013, les Prestations en espèces se montent à 457,6
milliards d'euros. Cela représente 34,5 % du montant du Revenu
disponible brut (RDB) des ménages (1.326,3 Mds €).
Le montant des Prestations en nature, lui, est évalué à 372 Mds €.
Ensemble, les montants de ces prestations s'élèvent à 829,6 Mds €, soit à 39,2 % du PIB de l'année (2113,7 Mds €). C'est dire combien les revenus des ménages et la
croissance du PIB en sont tributaires. En effet, la « reprise » des activités
productives, que chacun attend avec impatience, devrait être favorable à
l'emploi et aux salaires (des seuls secteurs productifs, d'ailleurs) ainsi
qu'aux revenus des indépendants, tandis que les prestations sociales
poursuivront leur chemin, plus politique, peu influencé directement par
l'amélioration de la conjoncture. Dans un contexte de « serrage des boulons
», les prestations sociales seront des « ralentisseurs », des freins. Alors
qu'elles ont servi de « stimulants » de la croissance presque sans discontinuer
pendant des décennies... au prix de la dégradation des comptes publics et de
l'explosion de l'endettement.
Une composition inquiétante du revenu des ménages
Presque personne ne semble se soucier de ce que les prestations
sociales en espèces (PSE) reçues par les ménages atteignent 34,5 % de leur
Revenu disponible brut (RDB) en 2013, ni que les revenus d'activités (des
salariés et des non-salariés) n'en procurent plus que 60 %... avant d'être
amputés par des impôts directs qui ramènent leur part nette en dessous de 50
% du RDB. Dans L'économie française, édition 2014, l'INSEE expose la
situation, graphique en couleur à l'appui. Mais c'est un miroir de notre santé
peu regardé. Le contraste avec 1970 est saisissant.
En 1970, les PSE ne formaient que 20,3 % du RDB. 72,8 % étaient
apportés par les revenus d'activités, dont 51,1 % par les salaires (nets des
cotisations sociales) et 21,7 % par les revenus des non-salariés, entrepreneurs
individuels et autres « petits patrons », essentiellement. La part des
salaires, 50,8 % en 2013, s'est à peu près maintenue, tandis que celle des
non-salariés s'est effondrée de plus de moitié et ne représente plus que 9,2 %
en 2013. C'est
un résultat de la « salarisation » croissante de l'économie, observe l'INSEE.
C'est aussi la marque d'un fort déclin, d'un abandon de l'initiative
individuelle, et une conséquence de l'écrasement des petites entreprises
industrielles, artisanales et commerciales par des « unités » de gros
calibre. Un choix économique et de société qui a eu un impact négatif notable
sur l'emploi et le chômage. Encore hésitante, la prise de conscience en est
bien tardive. Les larmes de crocodiles des gouvernants et des autres
responsables politiques, patronaux et syndicaux ne vont pas « inverser la
courbe du chômage ». Il faut cesser de gémir, changer d'optique et agir
résolument.
Artificiellement « gonflée », la part des « revenus de patrimoine » a crû de 13,8 % du RDB
en 1970 à 21,1 % en 2013. En son sein, celle des revenus de la propriété,
notamment financiers, est passée de 5 % à 8,3 %, tandis que celle des revenus
fonciers et des loyers imputés (ou fictifs) est passée de 7,9 % à 12,9 %.
Arrêt explication : les loyers imputés sont les loyers que les
ménages propriétaires sont censés se verser à eux-mêmes pour l'occupation de
leurs logements. De 5,1 Mds € en 1970, ils sont
passés à 162 Mds € en 2013. Cette multiplication par
plus de 30 explique à elle seule une grande partie de
la hausse de la part des revenus de patrimoine ci-dessus dans le RDB. Si l'on
s'en tient aux revenus réels, la variation n'est plus que d'environ 6 % à 9 %,
soit une hausse de + 3 %. C'est nettement moins spectaculaire.
Nous savons que la fiscalité a
beaucoup crû. Entre 1970 et 2013, le fardeau des impôts qui grèvent le
Revenu des ménages (impôt sur le revenu (IR), CSG et CRDS, taxe d'habitation,
ISF) s'est alourdi de 6 % à 15,6 % du RDB. Entre 2009 et 2013, seulement,
l'aggravation a été supérieure à + 2 %. La proportion des contribuables payant
l'IR ayant diminué pendant la période, le poids de
cet impôt progressif s'est davantage concentré sur les « classes moyennes ».
Nous y reviendrons dans le prochain article.
Les retraites: un moteur auxiliaire de la croissance du
PIB qui s'essouffle
Les pensions de retraite et les indemnités de chômage sont des
»revenus de remplacement » (ou des revenus d'activités différés). Sauf
dérogations, pour en bénéficier, il faut avoir cotisé. Et le montant des
pensions reçues dépend des cotisations qui ont été versées... ainsi que des
décisions prises par l'État et les « partenaires sociaux »(particulièrement
sur les retraites complémentaires, pour ces derniers). Comme les revenus
d'activités, elles sont soumises aux impôts directs. Cependant, elles « entrent
» dans les « prestations sociales », comme d'autres prestations de caractère
véritablement social. C'est même le constituant majeur des PSE... sans lequel
ces prestations seraient nettement plus modestes.
La DREES du ministère des Affaires sociales et de la
Santé, qui établit les comptes de la Protection sociale, fournit, avec un
certain retard, des détails sur les prestations. Ainsi, en 2011, le
montant des prestations « Vieillesse et Survie » s'est élevé à 290,1 Mds €, soit à 14 % de celui du PIB. Sa
progression a été de + 67 % entre les années 2000 et 2011. Elle a soutenu le
PIB... qui n'a crû que de + 39 %. Sur plus longue période, de 1990 à 2011,
le montant des retraites a crû de + 156 %, contre + 94 % pour le PIB. Les
retraites ont ainsi servi de moteur auxiliaire à la croissance. Pourquoi un
silence complet à ce sujet ?
Nous avons déjà regardé les principales raisons de la vive
progression du montant total des retraites : l'accroissement du nombre des
retraités lié à l'allongement de la durée de vie, conjugué à celui de la durée
de cotisation, à l'augmentation du montant moyen des retraites versées,
essentiellement dû à l'élévation constante des niveaux de qualifications et des
revenus des personnes prenant leur retraite (« effet de noria »). Nous
connaissons aussi les moyens utilisés, toujours contestés, pour ralentir le
creusement des déficits des différents régimes : report de l'âge légal de la
retraite, allongement des durées de cotisation, relèvement des cotisations
et/ou diminution de la valeur du point cotisé, etc. Dans le proche avenir, on
peut s'attendre à la poursuite du ralentissement de la masse des retraites
versées... et à la hausse des ponctions sur les cotisants ainsi que sur les
revenus des retraités. Mais, vu les réformettes « politiciennes » récentes,
timides concernant l'âge de la retraite et laxistes (ou complaisantes) à
l'égard des retraites des fonctionnaires et des régimes spéciaux, il est
difficile d'imaginer que le montant total des retraites croîtra moins vite que
le PIB.
Le chômage aussi a tiré vers le haut les « prestations
sociales »
Les prestations versées au titre de l'emploi sont
fluctuantes, plus souvent en hausse qu'en baisse. De 30 Mds
en 2000, elles sont montées à 37 Mds en 2006 puis
42,1 Mds € en 2011.
Les
situations présentées par l'Unédic montrent qu'entre
fin 2011 et fin 2013 le nombre des demandeurs d'emploi sans emploi (catégorie
A) est passé de 2,875 millions à 3,963 Mi (+ 38 %) et celui des demandeurs ayant
une activité réduite (catégories B et C), de 1,396 Mi à 1,631 Mi (+ 16,8 %). Il ne
sera donc pas surprenant de voir les prestations emploi atteindre, voire
dépasser, les 50 Mds en 2013, et davantage en 2014... s'il n'est
pas décidé de revoir à la baisse les barèmes d'indemnisation du chômage.
Et, tandis que les espoirs des
gouvernants se concentrent sur le « Pacte de responsabilité », on nous répète
que le chômage ne reculera pas tant que la croissance du PIB sera inférieure à +
1,5 %. Patience, donc !
Les dépenses de santé encore au secours de la croissance
malade ?
Évaluée à 151,2 Mds € en 2000,
la Dépense courante de santé (DCS) a crû rapidement jusqu'à 2007, de +
39 %. Puis avec la crise et les mesures prises pour la freiner, elle a ralenti,
augmentant de + 15,6 % entre 2007 et 2012. Sur les douze ans, elle a ainsi
connu une hausse de + 60,7 % pour atteindre 243 Mds
en 2012. Particularités observées: le coût des soins de longue durée a
bondi de + 125,8 %, jusqu'à 18,5 Mds €, pendant que
les dépenses de prévention progressaient « peu » (+ 41,4 %), se limitant à 5,8 Mds en 2012 (Comptes de la santé - base 2005 - DREES, ministère
de la Santé et des Affaires sociales).
De 9,5 % du PIB en 2000, la DCS s'est élevée
à 12 % en 2012. Elle a indiscutablement contribué à « soutenir », à
donner un coup de pouce à la croissance du PIB, devenue malade et dépendante de
ce type de thérapeutique.
En 2012, la part de la Dépense de santé « financée »par la
Sécurité Sociale, l'État et les collectivités locales (eux-mêmes financés par
les cotisations sociales et les impôts) s'est montée à 192,4 Mds, soit à 79,2 % de son montant total. Les 20,8 %
restants ont été « financé s » par les ménages, directement ou via les
mutuelles, les sociétés d'assurance et les institutions de prévoyance.
Sur les dépenses de la SS, de l'État et des Collectivités,
176,3 Mds sont consacrés aux dépenses pour les
malades et pour la prévention. Ce sont elles qui sont comptées dans les
prestations en nature de santé reçues par les ménages. Elles ont crû de
près de + 60 % de 2000 à 2012.
Que prévoit-on pour les années à venir ? La loi de
financement de la Sécurité Sociale (LFSS) pour 2014 a fixé des « objectifs
» des dépenses maladie des régimes obligatoires de base de la SS à 184,7 Mds pour 2012, 189,4 Mds pour
2013, 194 Mds pour 2014, 198,9 Mds
en 2015 et 203,7 Mds en 2016. Fini le « soutien »
du PIB par ce type de dépenses ? Peut-être. Mais, compte tenu de la faible
croissance actuelle et encore attendue pour 2015, il est probable que le poids
de ces dépenses dans le PIB ne baissera pas.
Des « prestations sociales » d'éducation coûteuses, pour
de mauvais résultats
Dans un article récent, j'ai déjà
souligné l'importance de la Dépense intérieure d'éducation (DIE). En 2011,
elle a atteint 137,2 Mds €. S'y sont ajoutés 30
Mds consacrés à formation continue (ou
professionnelle). 167,2 Mds au total, c'est 8,1 % du
montant du PIB... et un « investissement » considérable, à la très mauvaise «
rentabilité », vu les nombreuses sorties du système éducatif sans diplômes ou
sans qualifications permettant de trouver un emploi et, qu'on le veuille ou
non, une baisse de qualité de nos enseignements qui fait encore reculer la
France dans les classements internationaux et la situe au-delà de la vingtième
place mondiale, très loin des meilleurs. Redresser vigoureusement la
situation, sans faiblesses et sans complaisance, est vital. Priorité
absolue à l'enseignement. Exigence à l'égard des élèves. Education et «
socialisation » des enfants : davantage d'engagement des parents. Idéologie
et théorie du genre : exit. Il y a mieux à faire !
L'État s'est déchargé
d'une partie des dépenses sur les Collectivités locales (CL), non sans leur
poser des problèmes financiers, et la CAF. En 2011, il n'en a plus couvert que
57,8 %, tandis que les CL en ont financé 24,5 %. La participation des ménages
est de l'ordre de 8% et celle des entreprises, de 7 %.
Une part, prépondérante
de la Dépense d'éducation, celle prise en charge par l'État, les Collectivités
locales et les autres administrations publiques, est comptabilisée dans les «
prestations sociale » en nature (PSE), pour 117 Mds en 2011. Cela représenté-te 5,7
% du PIB et aussi 15 % de la totalité des PS.
Des « aides sociales » très partiellement comptées dans
la redistribution
Les comptes de la DREES évaluent à 88,5 Mds
en 2011, la somme des principales « aides sociales » qui ne sont pas dépendantes
de versements de cotisations de la part des bénéficiaires, mais relèvent
principalement de la « solidarité » (fisc et cotisations) nationale ou locale.
Elles ne représentent que 11,3 % du total des « prestations sociales » et
un peu plus de 4 % du PIB. C'est à peine plus qu'en 2000, car la
croissance de ces prestations prises ensemble (+ 55 %) a été un peu supérieure
à celle du PIB. Ce type d'effort collectif n'a donc pas fléchi. Ces aides
sociales comprennent les prestations Famille (pour 48,5 Mds en 2011), les prestations Maternité (7,7 Mds), les prestations Logement (16,8 Mds) et celles consacrées à la Pauvreté et à l'Exclusion
sociale (15,5 Mds).
Ces comptes indiquent aussi que des parties des prestations Maladie
(2,4 Mds), Invalidité (9,9 Mds), Vieillesse et survie (9,9 Mds)
ne relèvent pas de régimes d'assurance sociale mais de « régimes d'intervention
publique ».
Le montant total de ces deux ensembles de prestations qui ne sont pas
liées à des contributions (cotisations) versées par leurs bénéficiaires, et que
l'on peut considérer comme des « aides sociales », s'élève à 110,7 Mds, soit à 5,4 % de celui du PIB. À
l'exception d'allocations familiales dont chaque famille peut bénéficier « sans
conditions de ressources », la plupart de ces prestations sont allouées « sous
condition de ressources », notamment, à des individus et à des ménages aux
revenus « modestes ». Elles jouent un rôle important dans la redistribution des
revenus au sein de la population.
Nous verrons dans le prochain article que les calculs qui sont faits
de la redistribution monétaire entre ménages n'en retiennent, pour des
raisons diverses, qu'une partie, dont le total est chiffré
à 52 Mds en 2011. Nous verrons aussi, à l'aide
d'exemples surtout, en l'absence d'évaluations chiffrées récentes, que la
redistribution est beaucoup plus large et multiforme, qu'elle s'étend et
s'insinue presque partout.
Les ISBLSM : des incongruités fourvoyées dans les «
prestations sociales »
Le quidam ne connait pas les ISBLSM, bien
qu'il en entende parler et en côtoie chaque jour. Pour l'INSEE, « les
institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) regroupent
l'ensemble des unités privées dotées de la personnalité qui produisent des biens
et des services non marchands au profit des ménages ». (cf. L'économie
française, édition 2014).
En leur vaste sein, on trouve des ISBLSM qui exercent : 1° des
activités d'action sociale, au profit d'enfants et d'adultes handicapés et/ou
en difficulté, en particulier; 2° une multitude d'activités créatives,
artistiques, de spectacle, culturelles... ainsi que des organisations diverses:
partis politiques, syndicats de salariés, églises, associations de défense de
droits et/ou de lutte contre..., etc.
Ces activités sont classées dans les prestations
sociales en nature fournies aux ménages. Pour un montant impressionnant de 43,5
Mds € en 2013. Depuis 2009, son augmentation a
été de + 13 %. L'INSEE avait évalué le poids de ce « secteur associatif » en
2008 à 900 000 emplois, soit à 3 % de l'ensemble de l'emploi, de 2,4 % de la
masse salariale, et sa contribution au PIB à 1,4 %..
En 2008, ces ISBLSM ont reçu 26,2 Mds de subventions publiques... sans compter les
apports des ménages et des entreprises. Depuis, vu le développement du secteur
associatif et la sympathie dont les gouvernants l'entourent, ce « petit pactole
» a du s'élever à + ou - 30 Mds en 2013.
Dans ce « fourre-tout », j'ai du mal à placer sur le
même pied « social » des ONG, telles « Les restos du coeur
» ou « Les petits frères des pauvres », que des syndicats, des partis
politiques et de nombreuses associations sportives, récréatives... ou même
telles « SOS racisme ». Bien que cette dernière ait compté parmi ses dirigeants
M. Harlem Désir, qui avait ensuite pu accéder aux
hautes fonctions de secrétaire général du Parti Socialiste.
Redonner un sens au mot « social », libérer les forces
vives de la France
Une clarification de la terminologie en matière de «
social »est indispensable si l'on veut que des informations importantes qui les
concernent soient compréhensibles par les citoyens, et non plus réservées à une
infime minorité d'initiés. Les politiciens pourraient en profiter aussi pour
mieux fixer leurs caps et définir les priorités pour la France. La présente
revue des « prestations sociales » suggère que la recherche d'économies dans
les dépenses publiques ne devrait pas épargner certaines subventions, notamment
parmi les dernières. Un tri sélectif serait bienvenu. Une hiérarchisation
explicite des besoins sociaux, aussi.
S'il faut cesser de surexploiter et de dévaloriser les
mots république (et républicain) et démocratie qui servent à « grandir » la
pensée unique et les discours creux, Il serait bon aussi de renoncer à l'usage
abusif, souvent dénué de sens, du mot social. Au point que le plan de licenciement
est devenu le plan social. Et que les « analystes » médiatiques s'empêtrent, ne
sachant plus comment qualifier le Président de la République et son Premier
ministre. « C'est un social-démocrate ! » ou un « démocrate libéral »ou encore
un « social libéral », dit-on de l'un et de l'autre. Cela doit dépendre des
jours et des discours, des déclarations d'intention. Pour mériter ces
dénominations, ces distinctions, devrais-je dire, il a fallu pratiquer une
politique d'austérité (qui n'ose pas avouer son nom) caractérisée par une
fiscalité dévorante et la volonté affichée (mais non respectée) de se plier aux
exigences (plusieurs fois renégociées) de l'Union européenne en matière de
déficits publics. Ainsi, pris à la gorge, les gouvernants sont sur les pistes
d'autres saignées fiscales, telles la hausse de la TVA. Il a fallu aussi
renoncer à devenir l'ennemi de la Finance et devenir son ami dévoué (et fidèle
?). Tout comme il a fallu, en dernier recours, tenter de séduire le patronat à
l'aide des promesses de monnaie sonnante et trébuchante du Pacte de
responsabilité pour les entreprises patriotes, en comptant sur leur diligence
pour embaucher et sortir le pays de la stagnation, voire de la déflation... qui
sévissent aussi dans d'autres pays de l'UE. La contagion
!
Dans tout cela, la volonté d'un véritable désengagement de
l'État, de l'allègement de son emprise sur tout ce qui bouge, est totalement absente. Et l'on entend plus qu'avant que si les uns et les
autres (syndicats et patronat, notamment) ne se mettent pas d'accord, l'État
(c'est moi, François ou Manuel) « prendra ses responsabilités ». Cela a encore
été le cas pour le pacte de responsabilité. Si de telles menaces
autoritaristes, avec lever de menton et regard sur la ligne bleue des Vosges,
n'effraient pas les impétrants potentiels, elles révèlent clairement que la «
libéralisation » n'est pas en marche. Pourtant, il eut été beau et grand que le
25 août soit aussi célébré pour la libération de l'économie française porteuse
du redressement national, et l'adoption d'un nouveau modèle économique et
social adapté aux besoins et aux caractéristiques de la France, résistant aux
invasions, aux dépersonnalisations et aux « normalisations » venant de
l'extérieur.
(À suivre, prochain article : La
redistribution.)
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02.09.2014