par
Christine ALFARGE
«
Au-delà
des partis, une vision française commune. »
Aujourd’hui,
la France doit se préparer à des temps difficiles en retrouvant des marges de
manœuvre pour agir sur son destin. Un débat sérieux doit s’engager sur l’état de
notre pays en particulier sa dette publique et sa compétitivité par des choix à
notre portée, en redonnant du sens à l’action publique dans l’intérêt général du
pays. Fort d’un arrondissement de 205.000 habitants, cosmopolite, composé d’une
population parmi les plus jeunes et les plus de soixante ans, Jean-Yves
Bournazel compare le XVIIIe à une petite France, selon lui : « ça permet
d’apprendre beaucoup plus vite, l’engagement est différent, ça forge une
identité, un caractère. La politique est un mouvement. Les choses ne sont jamais
figées et vont aujourd’hui dans le sens de la construction d’un nouveau système
politique.
Il faut avoir
une vision pour son pays, que sera la France demain? Pour parler de l’Europe, il
faut parler de la France et de quelle manière être une voix qui porte, une voix
singulière qui rassemble dans le cas notamment de sa politique nationale de
défense. Quelle stratégie sur ce que doit être une politique d’immigration qui
se pose dans la réalité de la vie européenne ? Idem sur les questions de
justice, c’est quoi la sanction et la réparation. S’intéresser à l’endettement
de la France, le droit du travail, la réforme de l’assurance maladie, la réforme
fiscale ». Partageant la même réflexion, Patrice Bessac pense également qu’il faut avoir une vision pour le
pays et une opinion de l’état de l’Europe, il ajoute concernant l’Ukraine : «
Nous sommes une grande nation militaire, de renseignements et lorsque le
président Vladimir Poutine envoie des avertissements, un message dans le cadre
atlantiste, ce grand pays qu’est la France soutient l’installation d’un nouveau
pouvoir et lui permet d’interdire la langue officielle.
D’un cas
simple, notre grand pays part à l’aventure sans connaître son issue. Il faut
avoir le sens de l’histoire, première chose à enseigner aux dirigeants s’ils
entendent diriger ce vieux pays. Le projet de capacités est de ne pas s’aliéner
aux puissances. La France ne sait pas où elle va, au-delà des postures
politiques compte-t-elle avoir une voix en Europe et sur quelle base politique
si nous ne créons pas d’alliance nous permettant d’exister ? ».
Redonner
du sens à l’action publique
Ce sont les
réponses politiques nationales qui font les réponses politiques européennes. La
raison doit être remise au goût du jour, la société ne peut retrouver un sens
que dans un cadre collectif. Seul l’état peut fixer ce cadre instaurant des lois
et des règles de fonctionnement, notamment dans le monde financier.
La démocratie
ne se limite pas à sa dimension électorale, même si dans toutes les sociétés
démocratiques contemporaines, on a pu constater une hausse très caractéristique
du taux d’abstention du milieu des années 1970 à la fin des années 1990.C’est le
même constat pour le taux de participation aux élections européennes qui n’a
cessé de faiblir depuis les premières élections au suffrage universel direct
pour le Parlement européen dans l’ensemble des États membres. L’architecture
européenne connaît des limites qu’il faudra bien redéfinir, les institutions
actuelles sont trop impuissantes et trop contestées. Quels sont les espaces
politiques dans lesquels il est vraiment possible de traiter des questions qui
préoccupent les citoyens : emploi, santé, retraite, pouvoir d’achats, école… ?
Quelles institutions peuvent permettre de formuler des réponses politiques à ces
préoccupations ?
L’Europe est
devenue le bouc-émissaire des populations se traduisant à la fois par la montée
des extrêmes et le désengagement individuel. Il ne faut pas interpréter ce
retrait citoyen comme une désaffection des citoyens mais plus comme une mutation
de la citoyenneté qui s’organise surtout autour d’un principe de défiance. La
défiance peut précisément être démocratique en manifestant les exigences des
citoyens vis-à-vis du pouvoir, mais garantit-elle pour autant la vitalité de la
démocratie.
La société a
perdu ses repères et le mécontentement fait rage sur tout le territoire
national, cela se traduit par une défiance vis-à-vis du politique. Cet
emballement de la défiance représente une caractéristique majeure du monde
politique aujourd’hui et s’exprime à travers ce que l’on peut appeler le
populisme, force de dénigrement, de dénonciation, de dévalorisation de la sphère
politique pointée du doigt par les conséquences sociales de la vie économique.
Beaucoup de monde semble s’entendre sur les dérives actuelles de la société
française mais toute la difficulté est d’identifier les groupes sociaux en
difficulté. En effet, la précarité est diffuse et on ne peut pas forcément
l’appréhender en termes de classes, qu’elles soient ouvrières, populaires ou
moyennes. Il existe un problème structurel auquel il faut apporter un ensemble
de solutions et le rôle du politique s’inscrit plus que jamais dans la démarche
nécessaire d’inventer « un nouveau modèle social ».
Le
sens de l’intérêt général
L’intérêt
général doit dominer notre système de pensée. Le pouvoir politique directement
confronté aux problèmes économiques et sociaux est soumis à une nécessité
d’efficacité et doit courageusement mener les réformes nécessaires au
redressement économique du pays. Le rôle de l’État consiste également à fixer
des orientations, des priorités et de s’y tenir. Il doit être porteur d’un
projet réaliste ce qui implique de prendre des risques, celui de dire la vérité
au peuple pour lui redonner espoir et confiance en lui-même. Selon Jean-Yves
Bournazel : « Les français veulent qu’on leur parle de leur pays, le plébiscite
permanent du vouloir vivre ensemble d’Ernest Renan.». Il dit : « La seule cause,
c’est la France avec ses forces et ses faiblesses, les partis n’auraient plus de
pertinences car les français les croient de moins en moins capables de remettre
en question de nombreux fondements. Heureusement, il y a des institutions
solides. ». Il ajoute notamment sur la question de la réforme territoriale : «
Quelles décisions doivent être pertinentes au regard des besoins des citoyens et
des évolutions ? La suppression des départements serait une erreur contrairement
aux conseils généraux car ce n’est pas la même chose.
Cependant il
faut veiller à ce que le regroupement des régions ne devienne pas des
contre-pouvoirs mais l’occasion de revoir les dépenses de fonctionnement en
faisant des économies pour une fonction publique utile dans le sens de l’intérêt
général.». On invoque souvent la résistance du corps social ou l’administration
tentaculaire pour expliquer « la résistance au changement ». Ce sont des
réalités. Dans les régimes démocratiques l’alternance des dirigeants, la
diversité des instances de décisions, la mobilisation des contre-pouvoirs, tels
que les médias, les partis, les syndicats, les lobbies permettent à de nombreux
acteurs de la vie politique de faire prévaloir leurs intérêts favorisant la
négociation, les tran-sactions, les compromis plutôt
que les politiques offensives. La société vit dans un chaos social, divisée
entre les réseaux oligarchiques dominant toutes les structures et les véritables
acteurs de la production des richesses du pays. Selon Patrice Bessac : « D’un gouvernement à l’autre rien a changé, où il
se décide des choses la France est silencieuse. ».
L’action
politique est plus que jamais nécessaire, elle doit trouver sa source dans la
morale faite de devoirs et d’interdits. Mais la volonté politique suffira-t-elle
? Pour que la vie politique soit humainement satisfaisante, avec un avenir qui
ait du sens, il faut que les hommes politiques soient responsables devant les
citoyens. Une nouvelle société dépend d’hommes et de femmes déterminés à agir et
en ayant les moyens. S’engager, résister, agir, trois mots très lourds de sens
dans notre histoire française incarnant à la fois le courage, la persévérance et
la victoire. Il faut être fier de la France combattante du Général de GAULLE,
celle qui nous permet de vivre libres et de partager un avenir commun avec
d’autres nations. Aujourd’hui, c’est un double défi national et européen que
nous devons réussir en ayant confiance dans nos propres capacités mais aussi
dans des actions communes où les pays européens puissent se reconnaître et se
réunir.