Compte rendu du dîner-débat du 14 mai 2014

présidé par Patrice BESSAC et Pierre-Yves BOURNAZEL,

 

EUROPÉENNES,

DÉFIS FRANÇAIS ET DÉFI EUROPÉEN

    par Christine ALFARGE

« Au-delà des partis, une vision française commune. »

Aujourd’hui, la France doit se préparer à des temps difficiles en retrouvant des marges de manœuvre pour agir sur son destin. Un débat sérieux doit s’engager sur l’état de notre pays en particulier sa dette publique et sa compétitivité par des choix à notre portée, en redonnant du sens à l’action publique dans l’intérêt général du pays. Fort d’un arrondissement de 205.000 habitants, cosmopolite, composé d’une population parmi les plus jeunes et les plus de soixante ans, Jean-Yves Bournazel compare le XVIIIe à une petite France, selon lui : « ça permet d’apprendre beaucoup plus vite, l’engagement est différent, ça forge une identité, un caractère. La politique est un mouvement. Les choses ne sont jamais figées et vont aujourd’hui dans le sens de la construction d’un nouveau système politique.

Il faut avoir une vision pour son pays, que sera la France demain? Pour parler de l’Europe, il faut parler de la France et de quelle manière être une voix qui porte, une voix singulière qui rassemble dans le cas notamment de sa politique nationale de défense. Quelle stratégie sur ce que doit être une politique d’immigration qui se pose dans la réalité de la vie européenne ? Idem sur les questions de justice, c’est quoi la sanction et la réparation. S’intéresser à l’endettement de la France, le droit du travail, la réforme de l’assurance maladie, la réforme fiscale ». Partageant la même réflexion, Patrice Bessac pense également qu’il faut avoir une vision pour le pays et une opinion de l’état de l’Europe, il ajoute concernant l’Ukraine : « Nous sommes une grande nation militaire, de renseignements et lorsque le président Vladimir Poutine envoie des avertissements, un message dans le cadre atlantiste, ce grand pays qu’est la France soutient l’installation d’un nouveau pouvoir et lui permet d’interdire la langue officielle.

D’un cas simple, notre grand pays part à l’aventure sans connaître son issue. Il faut avoir le sens de l’histoire, première chose à enseigner aux dirigeants s’ils entendent diriger ce vieux pays. Le projet de capacités est de ne pas s’aliéner aux puissances. La France ne sait pas où elle va, au-delà des postures politiques compte-t-elle avoir une voix en Europe et sur quelle base politique si nous ne créons pas d’alliance nous permettant d’exister ? ».

Redonner du sens à l’action publique

Ce sont les réponses politiques nationales qui font les réponses politiques européennes. La raison doit être remise au goût du jour, la société ne peut retrouver un sens que dans un cadre collectif. Seul l’état peut fixer ce cadre instaurant des lois et des règles de fonctionnement, notamment dans le monde financier.

La démocratie ne se limite pas à sa dimension électorale, même si dans toutes les sociétés démocratiques contemporaines, on a pu constater une hausse très caractéristique du taux d’abstention du milieu des années 1970 à la fin des années 1990.C’est le même constat pour le taux de participation aux élections européennes qui n’a cessé de faiblir depuis les premières élections au suffrage universel direct pour le Parlement européen dans l’ensemble des États membres. L’architecture européenne connaît des limites qu’il faudra bien redéfinir, les institutions actuelles sont trop impuissantes et trop contestées. Quels sont les espaces politiques dans lesquels il est vraiment possible de traiter des questions qui préoccupent les citoyens : emploi, santé, retraite, pouvoir d’achats, école… ? Quelles institutions peuvent permettre de formuler des réponses politiques à ces préoccupations ?

L’Europe est devenue le bouc-émissaire des populations se traduisant à la fois par la montée des extrêmes et le désengagement individuel. Il ne faut pas interpréter ce retrait citoyen comme une désaffection des citoyens mais plus comme une mutation de la citoyenneté qui s’organise surtout autour d’un principe de défiance. La défiance peut précisément être démocratique en manifestant les exigences des citoyens vis-à-vis du pouvoir, mais garantit-elle pour autant la vitalité de la démocratie.

La société a perdu ses repères et le mécontentement fait rage sur tout le territoire national, cela se traduit par une défiance vis-à-vis du politique. Cet emballement de la défiance représente une caractéristique majeure du monde politique aujourd’hui et s’exprime à travers ce que l’on peut appeler le populisme, force de dénigrement, de dénonciation, de dévalorisation de la sphère politique pointée du doigt par les conséquences sociales de la vie économique. Beaucoup de monde semble s’entendre sur les dérives actuelles de la société française mais toute la difficulté est d’identifier les groupes sociaux en difficulté. En effet, la précarité est diffuse et on ne peut pas forcément l’appréhender en termes de classes, qu’elles soient ouvrières, populaires ou moyennes. Il existe un problème structurel auquel il faut apporter un ensemble de solutions et le rôle du politique s’inscrit plus que jamais dans la démarche nécessaire d’inventer « un nouveau modèle social ».

Le sens de l’intérêt général

L’intérêt général doit dominer notre système de pensée. Le pouvoir politique directement confronté aux problèmes économiques et sociaux est soumis à une nécessité d’efficacité et doit courageusement mener les réformes nécessaires au redressement économique du pays. Le rôle de l’État consiste également à fixer des orientations, des priorités et de s’y tenir. Il doit être porteur d’un projet réaliste ce qui implique de prendre des risques, celui de dire la vérité au peuple pour lui redonner espoir et confiance en lui-même. Selon Jean-Yves Bournazel : « Les français veulent qu’on leur parle de leur pays, le plébiscite permanent du vouloir vivre ensemble d’Ernest Renan.». Il dit : « La seule cause, c’est la France avec ses forces et ses faiblesses, les partis n’auraient plus de pertinences car les français les croient de moins en moins capables de remettre en question de nombreux fondements. Heureusement, il y a des institutions solides. ». Il ajoute notamment sur la question de la réforme territoriale : « Quelles décisions doivent être pertinentes au regard des besoins des citoyens et des évolutions ? La suppression des départements serait une erreur contrairement aux conseils généraux car ce n’est pas la même chose.

Cependant il faut veiller à ce que le regroupement des régions ne devienne pas des contre-pouvoirs mais l’occasion de revoir les dépenses de fonctionnement en faisant des économies pour une fonction publique utile dans le sens de l’intérêt général.». On invoque souvent la résistance du corps social ou l’administration tentaculaire pour expliquer « la résistance au changement ». Ce sont des réalités. Dans les régimes démocratiques l’alternance des dirigeants, la diversité des instances de décisions, la mobilisation des contre-pouvoirs, tels que les médias, les partis, les syndicats, les lobbies permettent à de nombreux acteurs de la vie politique de faire prévaloir leurs intérêts favorisant la négociation, les tran-sactions, les compromis plutôt que les politiques offensives. La société vit dans un chaos social, divisée entre les réseaux oligarchiques dominant toutes les structures et les véritables acteurs de la production des richesses du pays. Selon Patrice Bessac : « D’un gouvernement à l’autre rien a changé, où il se décide des choses la France est silencieuse. ».

L’action politique est plus que jamais nécessaire, elle doit trouver sa source dans la morale faite de devoirs et d’interdits. Mais la volonté politique suffira-t-elle ? Pour que la vie politique soit humainement satisfaisante, avec un avenir qui ait du sens, il faut que les hommes politiques soient responsables devant les citoyens. Une nouvelle société dépend d’hommes et de femmes déterminés à agir et en ayant les moyens. S’engager, résister, agir, trois mots très lourds de sens dans notre histoire française incarnant à la fois le courage, la persévérance et la victoire. Il faut être fier de la France combattante du Général de GAULLE, celle qui nous permet de vivre libres et de partager un avenir commun avec d’autres nations. Aujourd’hui, c’est un double défi national et européen que nous devons réussir en ayant confiance dans nos propres capacités mais aussi dans des actions communes où les pays européens puissent se reconnaître et se réunir.

 




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12.06.2014
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