Par Christine
ALFARGE
«
Terre
d’accueil, le Mexique est un pays tourné vers l’avenir.
»
Il y a
cinquante ans, le Général de Gaulle effectuait un voyage au Mexique du 16 au 19
mars 1964 à l’invitation du président Adolfo Lopez Mateos pour sceller l’amitié
franco-mexicaine nécessaire aux deux pays, la fidélité d’un soutien
inconditionnel à la France libre. Par un détour de l’histoire, il est important
de rappeler la contribution des Mexicains à la France combattante du Général de
Gaulle comme ce fut le cas dans toute l’Amérique latine où se sont constitués
des comités de soutien à partir de 1942. Durant son séjour, le Général de Gaulle
sera accueilli avec une immense ferveur par le peuple mexicain qui le percevait
comme un libérateur opposé à toute hégémonie obligeant d’autres peuples à se
soumettre. Il prononcera des mots très forts depuis le palais national place
Centrale de Mexico : «Voici donc ce que le peuple français propose au peuple
mexicain : Marchemos la mano
en la mano». À l’université de Mexico, il s’adressera
également à la jeunesse mexicaine enthousiasmée, en leur disant : « Pour la
jeunesse, le monde moderne est celui de l’espoir ».
http://www.ina.fr/video/I00012502
« discours du Général de Gaulle à Mexico ».
L’esprit
de conquête
Si par le
passé, le Mexique fut l’objet de convoitises incessantes au regard de ses
ressources minières (fer, argent, cuivre), de son agriculture, de ses terres
fertiles, il incarne aujourd’hui un pays tourné vers le progrès avec un esprit
de conquête. Après avoir connu une tourmente financière et monétaire sans
précédent, l’économie mexicaine a su se redresser. S’appuyant notamment sur le
grand potentiel de son industrie énergétique, le pays a repris avec espoir les
chemins de la croissance. Lancé depuis la fin des années 70 dans une politique
de modernisation, le Mexique avait réussi à se faire admettre dans le cercle des
pays émergents mais sans vraiment réussir à stabiliser son économie. Secoué
entre des réformes et des contre-réformes bancaires, des programmes successifs
de nationalisations et de privatisations, le pays restait soumis à une inflation
galopante et une dette extérieure pénalisante. Au début des années 90, une
baisse des matières premières dont le pétrole, principale ressource du pays, va
affecter sérieusement la balance commerciale.
En 1994, les
investisseurs commencent à douter et les cours s’effondrent sur les marchés
financiers (on parlera de l’effet téquila). Le Gouvernement est alors contraint
de dévaluer sa monnaie et l’année suivante le pays entre en récession. Mais ce
pays au climat rude est habitué aux difficultés de tous ordres. Après le
lancement d’une politique d’austérité draconienne, l’économie mexicaine redresse
la situation en 1996 avant de connaître une année exceptionnelle en 1997 avec
une croissance à presque 7 % et une inflation réduite à 15,7
%.
La
proximité avec les États-Unis, un atout
De nombreuses
opportunités en faveur du développement économique, que ce soit sur le
territoire américain où les produits mexicains investissent les secteurs de
l’électronique et du textile ou que ce soit au Mexique où les sociétés
américaines délocalisent leurs productions, ont trouvé leur source dans l’accord
de libre-échange nord-américain (ALENA) signé entre le Mexique, les USA et le
Canada en 1992, applicable en 1994 permettant un développement des relations
commerciales depuis vingt ans entre ces différents
partenaires.
Dans ce
contexte, une réforme migratoire américaine est devenue un enjeu déterminant
vis-à-vis du Mexique avec des retombées économiques et sociales réciproquement
bénéfiques. Selon le Pew Hispanic Center (PHC) : « Les Mexicains représentent 30 %
des immigrés, loin devant les Chinois (5 %) et 80 % des exportations du Mexique
sont destinées aux États-Unis tandis que 40 % des exportations américaines ont
été fabriquées par une main-d’oeuvre mexicaine
».
Le
secteur de l’énergie, phare du développement
industriel
Principales
richesses du Mexique, les hydrocarbures représentent plus d’un tiers des revenus
de l’État. Les réserves de pétrole placent le pays au septième rang mondial et
le désignent sixième producteur mondial. Si l’industrie de l’or noir est encore
assurée par la société d’État PEMEX (PEtroleos MEXicanos), ce n’est plus le cas du gaz naturel dont les
activités du transport, de la distribution et du stockage ont été largement
ouvertes aux capitaux privés. Seule la production et le réseau de transport
existant restent du domaine du secteur public. Cependant le Mexique,
conformément au souhait de ses dirigeants, voudra assouplir en août 2013 le
monopole public en permettant à la compagnie pétrolière PEMEX de s’associer à
des privés dans ses activités de raffinage, de pétrochimie, de transport et de
stockage en vue de dynamiser l’entreprise et les activités pétrolières du pays.
Finalement, un projet de loi approuvé en décembre 2013 ouvrira aux investisseurs
privés le monopole public sur le pétrole, le gaz et l’électricité. Selon le
président mexicain Enrique Pena Nieto: « La production pétrolière du pays passera à trois
millions de barils par jour en 2018 puis à 3,5 millions à l’horizon
2025».
En 1964, la
politique étrangère du Général de Gaulle sera menée sous le signe de l’Amérique
latine par une diplomatie française visant à resserrer les liens culturels et
développer des grands projets dans les secteurs économique, industriel,
énergétique. Aujourd’hui, le Mexique est l’un des pays-phares du développement
international dans le domaine des hydrocarbures, bénéficiant de grandes
capacités de production ainsi que d’un marché avec un formidable potentiel de
croissance dans le secteur industriel. Les nations qui avancent sont celles
capables de se lancer les plus grands défis, la France et le Mexique ont cela en
commun de s’ouvrir au monde avec l’ambition de développement et d’échanges sur
les plans culturel, économique et social.
À son époque,
le Général de Gaulle a montré ce chemin dont les repères sont toujours présents
dans les esprits par l’admiration qu’il suscita, le respect des différences
qu’il avait envers chaque peuple, le principe fondamental de se battre pour la
liberté dont il connut le prix à payer à travers le destin de la France.
Inlassablement et fidèlement, continuons de préserver cet héritage moral et
philosophique qui nous permet d’enrichir le présent pour construire un avenir
meilleur au-delà de tout ce qui rend les choses moins vertueuses pour
l’humanité. La France n’oublie jamais l’amitié et le soutien témoignés par le
peuple mexicain lorsqu’elle traversait la plus douloureuse période de son
histoire.