CHRONIQUE D’ESPOIR

par Georges AIMÉ

Notre pays est bien difficile à gouverner ! Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il est urgent de faire des réformes et que « ça ne peut plus continuer ainsi » ! Encore faut-il que chacun accepte de remettre en cause ses avantages acquis, ses certitudes, ses habitudes et ses façons de faire.

Ainsi en est-il des collectivités locales et territoriales. Tous s’accordent pour dire qu’il y a là un important gisement d’économies mais aucun n’est d’accord sur les réformes à apporter.

Ainsi en est-il de la protection sociale. Je suis à peu près persuadé que personne dans notre Pays n’a dressé le tableau complet de ce que recouvre cette appellation. Vaste « usine à gaz » où services inutiles, doublons, prestations non dues et fraudes sont légion. Il y a dans ce domaine de considérables économies à faire sans pour cela remettre en cause les prestations servies et la qualité des soins. Pourtant personne n’ose ou n’a la volonté de s’attaquer à ce chantier ; « fromage » de beaucoup de professions de santé, faire-valoir de nombreux politiques, raison d’être de moult professionnels du syndicalisme, d’ONG dispendieuses, d’associations aux buts incertains et banquier de systèmes de retraites complémentaires en déficit, etc.

Cette toile d’araignée emprisonne :

- la Sécurité sociale (Assurance maladie, retraite, prestations familiales, accidents du travail, maladies professionnelles) ;

- l’État (AME, CMU, coût des 35 heures, allègement Fillon, RSA, aide à l’énergie) ;

- les collectivités locales et territoriales (aides diverses et variées en matière sociale et d’aide aux familles, etc.) ;

- les entreprises et les salariés (chômage, formation professionnelle, caisses de retraite complémentaire, mutuelles, aide à l’export, etc.) ;

- à tout cela il convient d’ajouter – et j’en oublie – le handicap, les EPHAD, les normes sociales, les dons aux associations, les accords intra-européens pour la santé, la prime de rentrée scolaire.

Cet inventaire, loin d’être exhaustif, donne une idée de l’ampleur de la tâche.

Mais il ne suffit pas de vouloir, encore faut-il pouvoir se donner les moyens de faire taire tous ceux pour qui la protection sociale est l’équivalent du tonneau des Danaïdes.

Réapprendre – ou apprendre – aux Français que la grandeur d’une Nation ne se conçoit que dans l’effort collectif et dans la solidarité suppose que l’on mette de côté egos et intérêts particuliers.

Ainsi ces « managers » pour reprendre le mot de Jacques Dauer (qui pensait à juste titre qu’ils ne méritaient pas le nom de « patrons ») de grandes entreprises dont le seul but est de tirer le maximum de profit pour leurs actionnaires et pour eux-mêmes. Peu importe les dégâts qu’ils causent... le contribuable paiera. Ils n’ont aucun respect pour leurs salariés et pour notre Pays qu’ils ne cessent de dénigrer. Ils placent leurs dividendes dans des paradis fiscaux et se soucient fort peu du devenir de l’entreprise qui les a enrichit. Pis encore, il leur arrive de prêcher pour une diminution du revenu de leurs salariés alors que dans le même temps, sans vergogne, sans aucune moralité, ils n’hésitent pas à s’octroyer de pléthoriques frais de représentation, de très substantiels revenus ou de gigantesques parachutes dorés.

Quand l’entreprise est exsangue on s’en sépare comme l’on jette une vieille chaussette. Peu importe le prix à payer par la Nation Ce qui ne rapporte plus ne nous concerne pas et l’État est là pour payer !

Cette financiarisation de l’économie amène à considérer et à accepter qu’un maçon puisse s’occuper d’énergie et de transport et, parce qu’il n’a pas réussi en matière de communication à faire ce qu’il voulait, à vendre sa participation dans une entreprise sans avoir une seule pensée pour le devenir de ses salariés, de ses sous-traitants et sans se soucier de son principal client qui est l’État !

Il est également une attitude dont ne parlent jamais les donneurs de leçons, livreurs de « prêt-à-penser », petits télégraphistes de la pensée unique, lorsqu’ils nous rebattent les oreilles du « modèle allemand », elle est pourtant partagée par la majorité des citoyens d’outre-Rhin (quel que soit leur niveau social) : c’est le réflexe qui consiste à d’abord acheter « in Deutschland gemacht ».

Devisant il y a quelques jours avec un de nos plus importants imprimeurs, il me confiait que son principal souci était... ses concurrents allemands. Devant mon étonnement – matériels et coût du travail étant sensiblement les mêmes qu’en France –il ajouta : « Les imprimeurs allemands ont une clientèle de grandes entreprises beaucoup plus stable et fidèle, qui accepte de payer le juste prix et ne remet pas en cause tous les matins ses fournisseurs. Cela leur permet, lorsqu’ils ont des heures-machine de libre de venir chercher du travail en France qu’ils vendent à un coût moindre que celui vendu chez eux. Et que font alors nos chers clients ? À l’inverse de leurs homologues allemands ils s’empressent alors de nous faire du chantage afin que nous baissions nos prix ». Ohne Kommentar.

Ce qui est valable pour les grandes entreprises, l’est aussi pour le consommateur lambda. Citroën vient de cesser la fabrication de son modèle de prestige C6... les Français préférant acheter les grosses berlines allemandes. Peugeot se vend aux Chinois, beaucoup s’émeuvent, crient au risque de voir disparaître des emplois et au péril jaune... confortablement installés dans un véhicule fabriqué hors de l’hexagone.

Peu se posent la question de savoir d’où vient l’argent qui permet de les soigner, de leur verser leur retraite, d’envoyer leurs enfants à l’école gratuitement, etc. Mais tous, si l’on ose toucher à leurs avantages acquis devenus des droits sans devoirs, crient au scandale et à l’imposture !

Ainsi va la France et ainsi vont de plus en plus mal les Français.

Il est temps de changer non seulement de politique mais aussi de mentalité. Le 25 mai nous offre la possibilité de nous exprimer, sachons utiliser notre bulletin de vote pour renvoyer à leurs études ceux qui promettent de faire ce qu’ils n’ont pas fait hier quand ils étaient au pouvoir et ceux qui sont au pouvoir et qui font le contraire de ce qu’ils promettaient hier quand ils étaient dans l’opposition. Tous ont un point commun : ils ne veulent pas admettre (cela dérange sans doute leurs intérêts) que la construction européenne telle que nous la connaissons est à repenser en essayant cette fois de ne pas oublier le caractère propre de chaque peuple et l’Histoire de chacun d’eux.

 




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12.05.2014
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