par
Paul KLOOBOUKOFF
Seconde partie
:
derrière le
cache-sexe de l'égalité femmes-hommes
La croissance,
la création d'emplois, le pouvoir d'achat, on en parle, on se répète, on scrute,
on promet, on parie, mais, pas grand-chose de probant depuis presque deux ans.
On essaie alors de se défausser sur le patronat avec un pacte à responsabilité
non déterminée. Normal, le Président et son Gouvernement ont des démangeaisons
sociétales et d'autres chats à fouetter d'urgence. La priorité n° 1 du
quinquennat est la réduction, que dis-je, l'élimination, l'éradication, la
déconstruction des inégalités, des stéréotypes et des discriminations sexistes,
homophobes de tous poils qui gangrènent et rongent notre société de la
maternelle à la maison de retraite. Pour le « bien commun », il faut forcer les
personnes et les familles de la France traditionnelle, rétrograde, égoïste, peu
intelligente, fermée, sous l'emprise de religions, voire de doctrines fétides
d'extrême droite, frileuse, repliée sur elle-même et son passé étroit. Elle
refuse avec obstination tous les bienfaits « progressistes » socialistes ou
socialo démocrates qu'on veut lui imposer, et en particulier ceux que nous
pouvons admirer dans des pays phares de la chère Union
européenne.
Ah, la Suède,
quel bel exemple que ce royaume scandinave, ce grand pays de 450.000 km2 peuplé
par 9,5 millions d'habitants ! Un modèle du genre, auquel nos gouvernants sont
tant attachés. Et, pour la contraception, chapeau ! Pas loin de 37.700 IVG en
2011. Presque le tiers du nombre des naissances
vivantes.
Courons y prendre conseil, car chez nous, le nombre annuel d'avortements est
estimé à 220.000 environ. C'est un peu plus du quart du nombre de naissances
vivantes. Nettement plus que dans les pays voisins... sauf l'Espagne, qui vient
de combler son retard et dépasse 25 % en 2011. Mais oublions ! RAS en France.
D'ailleurs, sur l'avortement, le Gouvernement a fait le plus gros du travail: il
a brisé des chaînes qui n'entravaient pas.
En pleine
crise, il est symptomatique que le premier grand geste emblématique ait été
d'offrir le mariage et l'adoption aux «couples » composés de personnes de même
sexe. Frustrés, des citoyens et des familles attardées ont manifesté, mais pas
l'enthousiasme attendu. Ils ont osé exprimer dans la rue leur désapprobation
quant au sort réservé aux enfants concernés et leur opposition, surtout à
l'adoption et à la gestation pour autrui (GPA), ainsi qu'à la procréation
médicalement assistée (PMA), qui étaient initialement dans le paquet cadeau. Le
Président a dû reculer, suspendre l'envol de la GPA et de la PMA... le temps que
passent les élections municipales de mars et européennes de mai. Pour montrer sa
compassion et sa bonne foi aux électeurs croyants, il est allé se faire voir à
Rome auprès du pape François. Peu après, le hasard du calendrier l'a conduit à
la grande mosquée de Paris afin de réanimer l'amitié entre le Gouvernement et
les Musulmans de France. Quel sursaut de piété, grand Dieu
!
Pendant que «
le mariage pour tous » occupait le terrain médiatique, que la droite tentait de
se reconstruire après les brillantes élections du président de l'UMP, après
l'onde de choc provoquée au centre par l'appui (fatal à Nicolas Sarkozy) de
François Bayrou au candidat François Hollande et, tandis que Marine Le Pen
prenait son parti en main et dédiabolisait, les
Socialistes se mettaient en branle en toute discrétion pour rééduquer la France.
Et par où commencer, si ce n'est pas par l'Éducation nationale, opportunément
perturbée par la déterminante « réforme » improvisée des rythmes scolaires. Mais
pas question d'avancer séparés sur des questions sociétales vitales. Il faut les
associer les unes aux autres : éducation, lutte pour l'égalité garçons et
filles, hommes et femmes, combats contre les discriminations, luttes contre le
sexisme, le racisme, l'antisémitisme, les phobies (homophobie, xénophobie,
etc.). Et il faut naviguer, louvoyer, groupés dans le brouillard et l'ambigüité,
ne pas révéler les intentions réelles, le vrai dessein. Lequel ? Celui rêvé par
les plus égalitaristes des bobo libéraux sexuels...
poussés par les groupes de pression féministes et LGBT (Lesbiennes, gays,
bisexuels, transsexuels), qui semblent avoir bien infiltré les cercles du
pouvoir ?
À mon avis, le
déclenchement des hostilités par les forces combinées gouvernementales est
intervenu en février 2013 avec la Convention interministérielle pour l'égalité
entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système
éducatif 2013-2018. Celle-ci est passée presque inaperçue et le silence règne
toujours à son propos. J'en parle donc ici. Depuis, les accrochages et les
péripéties se sont multipliées. Des « partis d'opposition » rechignaient à se
mouiller au début, abandonnant les initiatives et les premières lignes du front
aux résistants de la société civile. Plus motivés à l'approche des élections,
ils veulent se faire voir aussi comme des défenseurs des droits des enfants et
de ce qui dans la société traditionnelle mériterait d'être sauvé, préservé... et
peut-être transmis aux générations futures. Vexés, furieux du revers essuyé sur
la « loi famille », les promoteurs de la modernité sociétale, ministres en tête,
s'emportent, haussent le ton et le son, fustigent comme jamais ceux qui refusent
de se soumettre, qui mentent, inventent, affabulent, hystérisent. Il y a
longtemps que les Français n'ont pas été autant dressés les uns contre les
autres, que la fracture sociétale n'a été aussi profonde.
Les valeurs de
la France ne s'arrêtent pas à quatre mots, liberté, égalité, fraternité et
laïcité dont on peut abuser et déformer les significations sans vergogne. Il ne
faut pas confondre liberté avec libertinage porté aux nues, égalité avec
égalitarisme et négation des différences, laïcité avec anticléri-calisme, guerre aux religions. Quant à l'Union
européenne, dont la France fait partie, le scepticisme y progresse partout. Sa
technocratie confisque aux nations leurs libertés et, au plan économique et
social, c'est la panne. Il serait temps de faire le bilan de ses « apports » en
matière d'évolution sociétale, de regarder où les idées qui y deviennent
dominantes nous conduisent... et de voir si nous sommes d'accord avec elles
toutes. La question n'a pas été abordée jusque-là. Le sera-elle aux européennes
?
Dans les
«travaux» préparatoires aux décisions du gouvernement, une étude récente
illustre bien «l'engagement » partisan d'auteur(e)s sélectionné(e)s et les
extrémités auxquelles elles (ils) peuvent pousser leurs propositions... qui
risquent un jour de devenir des obligations légales. C'est cette étude qui est
d'abord examinée ci-après.
« Comment
augmenter
le taux
d'activité des femmes »
Tel était
l'objet de l'étude commandée à « l'économiste Séverine Lemière » par Najat Vallaud Belkacem, ministre des Droits des femmes. Cette dernière
avait provoqué à mi-décembre 2013 une effervescence médiatique passagère en
évoquant la « préconisation » 96 du rapport sur l'emploi des femmes
qui lui avait été
remis : « Lever les freins à l'emploi des femmes par la politique fiscale,
notamment en étudiant l'hypothèse de l'individualisation de l'impôt sur le
revenu et à minima en plafonnant le quotient familial ». Le reste du rapport
avait été ignoré des médias. Pourtant, ce « pavé » de 178 pages est révélateur
de l'état d'esprit de gouvernants qui font du combat contre les inégalités
hommes-femmes un instrument pour satisfaire à des revendications de « féministes
» plutôt extrémistes. Les partis d'opposition ont tort de ne pas dénoncer les
«excès» et les dangers d'un tel rapport.
Sa réalisation
a été un « modèle du genre », puisque c'est l'oeuvre
de 7 femmes + 1 stagiaire de la CNAF portant un prénom masculin. Parmi les 18
personnes rencontrées citées (y compris celles de 5 associations), je n'ai
repéré que 2 hommes. Une sélection « sexuée » ou « sexiste » ? Les compé-tences sur le sujet sont à ce point le monopole de
femmes ? Nourri des convictions de ses auteures, le rapport est «engagé», «
militant », « orienté »... presque obnubilé par une pensée unique. Plus de
mixité dans l'équipe en aurait peut-être élargi la vision et amélioré
l'équilibre.
Bien que les
médias n'aient parlé que du volet fiscal, il n'est pas inutile de citer les
principaux volets du rapport, car ils fourmillent « d'idées » qui pourraient
devenir des « pistes » pour le Gouvernement en 2014 ou
2015.
Une douzaine
de pages sont consacrées aux conclusions et à l'énumération de 96 préconisations
(et/ou doléances). Il comporte une bibliographie de pas moins de 10 pages de
références, d'oeuvres choisies.
D'abord, sont
décortiquées (en 48 pages) les nombreuses inégalités, en partie peu visibles,
auxquelles sont confrontées les femmes, et les discriminations dont elles
souffrent dans l'accès, le maintien et le retour à
l'emploi.
Suit une
critique acérée (50 pages) de la politique de l'emploi (des femmes) visant, en
particulier, les « contrats aidés », s'interrogeant aussi sur la qualité de
l'aide à domicile en tant que gisement d'emplois, et n'omettant pas de
préconiser de « développer et pérenniser les financements, notamment des
associations, pour l'emploi des femmes ».
Puis, les
politiques familiales se trouvent dans la ligne de mire (22 pages), avec pour
première cible la garde et les modes de garde de la petite enfance, conditions
importantes de «l'emploi» des femmes. Il est également recommandé de rendre le
CLCA (complément de libre choix d'activité) plus favorable aux
femmes.
Ensuite, dans
«Les femmes dans la politique sociale» (15 pages) l'accent est mis sur deux
objectifs : inciter à la bi-activité dans les couples et repenser le RSA (Revenu
de solidarité active) afin qu'il ne s'oppose pas à cet
objectif.
Parmi les 95
préconisations qui concernent ces sujets, certaines relèvent du bon sens.
D'autres invitent à croire que la persécution des femmes est beaucoup plus
répandue et forte que ce nous pouvons penser et observer de nos propres yeux, et
qu'il est urgent de mobiliser tous les moyens pour en venir à bout, pour
l'interdire, la mettre hors-la-loi, pour la démasquer et la sanctionner. Voici
quelques exemples, qui interpellent. A regarder
attentivement.
Préconisation
8 : Créer une campagne d'information sur le harcèlement sexuel et le harcèlement
discriminatoire en tant que discrimination fondée sur le sexe
:
- page 12 :
introduire une procédure collective dans le contentieux de la
non-discrimination. (?) ;
- page 15 :
développer la mission d'alerte des conseillers pôle emploi en tant que témoins
de discriminations (délation ?) ;
- page 16:
soutenir la création d'associations visant à lutter contre les inégalités
professionnelles et les discriminations contre l'accès à l'emploi des femmes
et/ou développer des subventions spécifiques sur ces champs d'intervention
;
- page 17 : engager une réflexion sur la
possibilité et les moyens pour les CIDFF [Centres d'information sur les
droits des femmes et des familles] et autres associations des droits des
femmes d'intervenir devant des juridictions ;
- page 30 : réexaminer l'ensemble des textes
relatifs à l'emploi dans la fonction publique exigeant des conditions d'aptitude
physique spécifique ;
- pages 52 et 53 : développer les contrats aidés
marchands et les ateliers et chantiers d'insertion, ainsi que l'apprentissage,
dans les secteurs et les métiers les plus féminisés ;
- page 54 : intégrer une clause de parité dans
l'obligation faite aux entreprises d'employer 6 % de personnes handicapées ;
- page 58 : créer au sein des Conseils généraux
des comités pour l'emploi des femmes... et créer et actualiser un annuaire
régional des acteurs ressources (?) pour l'emploi des femmes ;
- page 63 : imposer l'analyse sexuée dans tous
les rapports institutionnels concernant la politique de l'emploi et
la lutte contre la précarité ;
- page 65 : développer la budgétisation
sensible au genre, au-delà du seul programme 137. Veiller à ce que
toutes les dépenses de l'emploi soient analysées en terme de genre ;
- page 79 : mettre en place un service public de
la petite enfance en charge d'un droit opposable à la garde ;
- page 80 : indique un « manque estimé d'entre
300.000 et 400.000 places d'accueil» en crèches et garderies.
Créer des droits que l'on ne pourra pas satisfaire
et des obligations « légales » que l'on ne remplira pas ! L'expérience
catastrophique du droit au logement opposable (DALO) ne suffit pas. Il en faut
une aussi pour la garde d'enfants !
La théorie du genre n'existe pas
mais le concept est partout
C'est un constat que fait un article sur
lefigaro.fr le 3 février 2014. Il explique avec justesse : « En
utilisant le concept de genre, le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault (pour qui la
théorie du genre n'existe pas) s'est engagé sur un terrain polémique qui sous
couvert d'égalité hommes-femmes, touche à la question de l'identité sexuelle. ».
En exemple, l'article indique que dans le
programme d'actions gouvernementales contre les violences et les discriminations
commises en raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre d'octobre
2012, il est question de sensibiliser les personnels de santé à « la lutte
contre l'homophobie, la lesbophobie, la transphobie » via un « module sur l'orientation
sexuelle et l'identité de genre »... comportant le terme « genre » 23
fois en 13 pages.
Pour le Conseil de l'Europe, « identité de
genre: désigne l'expérience intime et personnelle de son genre profondément
vécue par chacun, qu'elle cor-responde ou non au sexe
assigné à la naissance ». (cf. Observatoire de la théorie du
genre).
Sur le site de
cet observatoire (theorie du genre.fr) se
trouve un long article intitulé « 11 documents qui prouvent que la Théorie du
Genre existe », dont je recommande vivement la lecture, même rapide. En
deuxième position, il affiche la lettre de mission, datée du 4 septembre 2012,
de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, à Najat Vallaud-Belkacem, ministre du
Droit des femmes, qui débute ainsi: « Madame la ministre, À l'occasion de
la marche des fiertés organisée le 30 juin dernier, j'ai rappelé la
détermination du Gouvernement à assurer la mise en oeuvre des engagements pris pendant la campagne
présidentielle en matière de lutte contre les discriminations liées à
l'orientation sexuelle et à l'identité de genre ». Pendant la
campagne, ce genre d'engagements n'avait pas sauté aux yeux. Cette lettre
confirme l'existence de liens entre la promotion du mariage entre homosexuels,
d'un côté, et la pénétration à l'école de l'éducation à la sexualité et au
genre, avec pour cache-sexe l'égalité entre les filles et les garçons, les
femmes et les hommes, de l'autre.
Jusqu'au-boutistes,
Christiane Taubira, ministre de la Justice et Najat
Vallaud-Belkacem voudraient
que la notion d'identité sexuelle soit remplacée par l'identité de genre dans le
droit français. Le 8 janvier 2013, elles ont sollicité l'avis de la Commission
nationale consultative des Droits de l'homme sur la définition et la place de «
l'identité de genre » dans le droit français, ainsi que sur les conditions de
modification de la mention du sexe dans l'état-civil. L'avis rendu le 27 juin
2013 ne brille ni par sa clarté ni par sa détermination. Il est vrai que le
sujet est particulièrement délicat et sensible. De son quatorzième et dernier
paragraphe, il ressort que la CNDH soutient le principe de l'introduction dans
la législation française de la notion d'identité de genre ... notamment parce
qu'il mettrait le droit national en conformité avec le droit européen. Tout est
donc à craindre en la matière.
Pour passer de
la théorie du genre, notamment, à la pratique sur les nombreux terrains où
l'éduction des enfants et des jeunes est en jeu, le Gouvernement n'a pas attendu
et, dès février 2013, il a enjoint à six ministères d'entamer sans désemparer la
marche forcée vers l'égalité des sexes et/ou des genres
(?).
Convention
interministérielle pour l'égalité entre les filles et les
garçons,
les
femmes et les hommes
dans le
système éducatif 2013-2018
Les médias et
nombre de politiciens semblent découvrir maintenant seulement des intentions,
des directives et des pratiques qui sont entrées dans les faits (ou méfaits)
depuis un an au moins, et ont été « officialisées », en toute discrétion,
semble-t-il, à l'aide de la Convention cosignée le 7 février 2013 par
:
- le ministre
de l'Éducation nationale, V. Peillon
;
- la ministre
des Droits des femmes, porte-parole du Gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem
;
- le ministre
du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social,
Michel Sapin ;
- la ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso ;
- le ministre
de l'Agroalimentaire et de la Forêt, Stéphane Le Foll
;
- la ministre
déléguée chargée de la Réussite éducative, George
Pau-Langevin.
Le site
www.education.gouv.fr/pid2535/bulletin_offi- ciel héberge cette convention, dont
tous les parents d'élèves et les autres citoyens devraient être informés... mot
à mot Elle montre le vrai visage de la « feuille de route » du Gouvernement
ainsi que, de façon incontestable, les hypocrisies, les faux-fuyants et les
mensonges auxquels se sont livrés ses membres et défenseurs depuis plusieurs
mois sur ces questions devenues brûlantes de : l'éducation à la sexualité dans
les écoles, la lutte contre les préjugés sexistes ou homophobes, la
déconstruction des stéréotypes sexistes, la vulgarisation et la diffusion des
recherches sur le genre... En quelques pages, c'est une vraie bible avec ses dix
commandements. Elle ne manque pas de mettre les points sur tous les i et d'user
à outrance de la méthode Coué, comme si elle s'adressait à des demeurés et non,
en premier lieu, à des éducateurs « matures ».
Un préambule
de combat édifiant
La mixité dans
l'éducation est un des chevaux de bataille de la Convention. Le préambule
commence par situer le début de sa promotion en 1989, oubliant qu'en 1963 un
décret a institué la mixité dans l'enseignement secondaire, qu'en 1975 la loi
Haby a rendu obligatoire la mixité dans tous les
établissements publics d'enseignement et que la loi d'orientation sur
l'éducation du 10 juillet 1989 visait, elle, à favoriser l'égalité des chances
entre hommes et femmes (cf. grelon.net)... et non la mixité. Au demeurant, la
mixité n'a apporté de résultats visibles ou probants ni dans les performances
scolaires des garçons et des filles, ni dans la « déconstruction des stéréotypes
sexistes », ces grands accusés ici de tous les maux et, en particulier, des
différences entre les femmes et les hommes.
Une des
affirmations et directives clés du préambule, socle et pilier de la Convention,
est : « Préjugés et stéréotypes sexistes, ancrés dans l'inconscient collectif,
sont la source directe de discriminations et, à ce titre, doivent être combattus
dès le plus jeune âge. Ainsi, la mixité acquise en droit et ancrée dans la
pratique demeure une condition nécessaire mais non suffisante à une égalité
réelle entre filles et garçons et plus tard entre femmes et hommes. Elle doit
être accompagnée d'une action volontariste des pouvoirs publics, de l'ensemble
des acteurs de la communauté éducative et des partenaires de l'Ecole.»
Mobilisation générale, branle-bas de combat et sus !
En complément,
« L'éducation à la sexualité, dans toutes ses dimensions, soit assurée pour les
filles et les garçons. Les savoirs scientifiques issus des recherches sur le
genre, les inégalités et les stéréotypes doivent nourrir les politiques
publiques mises en place pour assurer l'égalité effective entre filles et
garçons, femmes et hommes.»
Avec «
L'impulsion au niveau national favorise l'initiative, l'innovation, l'engagement
d'expérimentations au niveau local et la mutualisation des expériences », la
philosophie de la Convention est assez explicite et une grande partie de la
messe est dite... sans les parents et/ou dans leur dos.
L'affichage de
« chantiers prioritaires »
qui
semblent presque anodins
La Convention
est « articulée autour de 3 chantiers prioritaires qui seront déclinés dès 2013
:
1. Acquérir et
transmettre une culture de l'égalité entre les sexes.
2. Renforcer
l'éducation au respect mutuel et à l'égalité entre les filles et les garçons,
les femmes et les hommes.
3. S'engager
pour une plus grande mixité des filières de la formation et à tous les niveaux
d'étude ».
La « création
de hauts fonctionnaires de l'égalité» surprend à peine, tant procurer des postes
de «responsabilité» à des copains et copines dévouées et renforcer l'encadrement
des ‘’avancées’’ progressistes sont des pratiques courantes, surtout depuis
presque deux ans. ‘’Ce fort engagement intermi-nistériel dans le système éducatif n'est pas
isolé’’... ‘’D'autres engagements ambitieux pour l'égalité entre les femmes et
les hommes seront mis en oeuvre dans le domaine de la
culture, du sport, des médias, des violences faites aux femmes’’, etc. » Nous
voilà prévenus.
C'est dans la
déclinaison de ces trois priorités que les intentions et les directives se
montrent sous leur vrai jour.
1 - Acquérir
et transmettre
une
culture de l'égalité entre les sexes
Le cinquième
rapport de la commission européenne sur l'égalité entre les femmes et les hommes
a recommandé de s'attaquer aux stéréotypes sexistes dans l'éducation dès le plus
jeune âge (les enfants sont plus réceptifs et malléables, sans défenses
immunitaires). Alors, ne trainons pas. Il faut « Mettre en place un plan
d'action spécifique à l'école primaire de manière à développer dès le plus jeune
âge une culture de l'égalité entre les sexes ». Il faut aussi que les éditeurs «
évitent » les stéréotypes sexistes dans les manuels et ouvrages scolaires (sous
peine d'être portés sur liste noire ?). Et prévoir des « formations à l'égalité
et à la déconstruction des stéréotypes sexistes dans le cahier des charges de la
formation des personnels enseignants, d'éducation et d'orientation
».
La Convention
semble attendre beaucoup de l'apport des « recherches sur le genre » pour
remettre les enfants sur le droit chemin. Il faut les «rendre visibles», ainsi
que «les expert(e)s, à l'aide de la mise en place de recensements nationaux»,
«réaliser un travail de vulgarisation et de diffusion» de ces recherches. Et «la
formation des formateurs et formatrices ainsi que la formation des personnels se
destinant à travailler auprès d'enfants, d'ado-lescent(e)s, de jeunes adultes doivent comprendre une
formation au genre et à l’égalité... ». En bref, il faut formater
les formateurs et les autres « éducateurs » pour qu'ils formatent au genre les
enfants. La convention est totalement muette sur la nature et le contenu de
cette formation au genre, comme sur les recherches sur le genre si souvent
sollicitées ici.
Quelques mots
sont glissés en faveur de la parité dans les instances représentatives des
lycées et des établissements d'enseignement supérieurs. Une figure imposée
inévitable qui s'apparente ici à un service minimum.
Une des
hypocrisies favorites des auteur(e)s est de faire croire qu'il ne s'agit que de
déconstruire des « stéréotypes sexistes », c'est à dire porteurs de
discriminations fondées sur le sexe. En réalité, ce sont tous les « stéréotypes
» faisant état ou traduisant des différences qui sont visés. Les clichés des
filles jouant à la poupée tandis que les garçons préfèrent le train électrique,
ou bien ceux tels: les femmes, infirmières, les hommes pompiers, sont bien des
reflets de réalités observées, plus ou moins stéréotypées, en effet. Mais où
est la discrimination sexiste, l'atteinte à l'intégrité
des intéressé(e)s ? Le réchauffement climatique sera-t-il ralenti si les garçons
jouent plus avec des poupées et les filles aux gendarmes et aux voleurs ?
Aujourd'hui garçons et filles passent leur temps avec leurs consoles, leurs jeux
vidéos et leurs « phones » + ou - intelligents. Certains types de « combats
féministes » qui ont été utiles, voire indispensables, dans le passé, ne sont
plus d'actualité. Surtout lorsque des idéologies et des «théories» très
contestées les minent et les détournent de véritables progrès. Il en est ainsi
des «recherches sur le genre».
2 - Renforcer
l'éducation au respect mutuel
et à
l'égalité entre les filles et les garçons,
les
femmes et les hommes
Le postulat
introductif ne manque pas de prétention et d'ambigüités: « Construire (rien que
ça !) une société où les rapports entre les sexes
évoluent vers plus d'égalité, de liberté et d'émancipation implique, dès le plus
jeune âge (encore !), la reconnaissance et le respect de la dignité de la
personne, et l'interdiction absolue des atteintes à autrui ». De quels rapports
entre les sexes s'agit-il, et vers qu’elles égalité, liberté et émancipation
veut-on pousser les enfants ? Des enfants déjà coupables, au moins
potentiellement, de graves méfaits, comme on peut le lire
ensuite.
« L'éducation
à la sexualité occupe une place de premier ordre dans ce dispositif (la
«démarche globale » choisie), en tant qu'elle touche, au-delà du domaine de
l'intime, à des enjeux de société décisifs ». Pour les auteur(e)s la démarche
est « légitimée par la protection des jeunes vis-à-vis des violences ou de
l'exploitation sexuelles, de la pornographie ou encore par la lutte contre les
préjugés sexistes et homophobes ». Nous y revoilà ! Et on ne craint pas de
noircir le tableau de la situation dangereuse et perverse présumée sévir dans le
système éducatif.
Dans ce
contexte (malsain), il faut, notamment, « Mieux identifier et recenser les
situations de violences sexistes, selon le niveau de gravité (les statistiques
n'en montrent sans doute pas assez)... ‘’Inciter les chefs et les cheffes
d'établissement à utiliser les résultats de l'enquête de victimation pour se situer et arrêter les priorités de leur
projet d'établissement dans ce domaine’’... ‘Mettre en place des actions de
prévention des violences sexistes et sexuelles dans les établissements
d'enseignement supérieur, notamment en matière de harcèlement sexuel’’...
’Veiller à ce que les appels d'offres des études portant sur les violences
prennent en compte la part des violences à raison du genre’’»... et je passe
d'autres directives, de la même veine.
Il n'est pas
question ici des violences entre filles et entre garçons, ni des harcèlements
qui n'ont rien de sexiste qui frappent et détruisent des enfants et des
adolescents, faibles et vulnérables, voire handicapés, qui leur font redouter et
déserter l'école et les poussent parfois jusqu'au suicide. Rien de bien grave lorsque ce n'est pas sexiste ou homophobe. Le
rétablissement de la discipline, la restauration de la sécurité, du respect et
de l'autorité des maîtres(se)s ne font pas partie des
priorités, des urgences. La lutte contre l'usage des drogues, non plus.
Obnubilée par le sexe et le genre, la Convention est borgne, malvoyante. A côté
de vrais problèmes.
L'éducation à
la sexualité doit aussi « Faire de l'information à la contraception régulière
une priorité... et faire connaître aux élèves et étudiant(e)s leurs droits en
matière d'accès à la contraception ».
La «politique»
de contraception (s'il y en a une) est un échec caractérisé, en particulier, par
environ 220.000 avortements par an. Un nombre qui ne baisse pas, malgré la
promotion et l'usage des différents types de préservatifs. Pourtant, en plus de
trente lignes consacrées à la contraception, la question n'est même pas évoquée,
les causes n'en sont pas recherchées, analysées et, évidemment, aucune solution
n'est mise en avant.
Des
déclarations d'intentions telles celle de renforcer la « prévention des
grossesses non désirées, notamment par la délivrance gratuite de la
contraception d'urgence (pilule du lendemain ?) et le
renouvellement de la prescription de la contraception régulière » ou celle du «
développement d'actions de prévention des grossesse précoces...» en se référant
au « Pass contraception », sonnent tristement comme
des aveux d'impuissance.
3 - S'engager
vers une plus grande mixité des filières de formation et à tous les niveaux
d'étude
Si la
convention s'en tenait à cet objectif, on pourrait dire qu'il n'est pas nouveau
et qu'elle enfonce une porte ouverte. Mais, le but immédiatement avoué est « la
création d'un monde professionnel pleinement mixte et égalitaire ». Pour cela la
création d'un service public de l'orientation est annoncée. « Le nouveau service
public s'attachera à renforcer et publier les statistiques qui rendent visibles
et indiscutables (avec lucidité et objectivité, naturellement) la réalité des
disparités d'orientation et de profession (sans chercher à les comprendre et les
expliquer, bien sûr). Il rendra visibles les réussites des femmes et des hommes
experts (?!) dans un métier ‘’de l'autre’’ pour encourager les vocations »...
ou, plutôt, téléguider les choix ?
Une bonne
information des élèves et étudiant(e)s (des parents aussi, d'ailleurs) est
indispensable sur les très nombreux métiers, actuels et d'avenir, afin que
chacun(e) soit conscient(e) des possibilités ouvertes ainsi que des savoirs, des
qualités et des ressources (mentales, physiques...) qui seront sollicité(e)s,
des avantages et des contraintes, des possibilités d'évolution. Cette
information est une grande faiblesse de notre système éducatif, que les stages
en entreprise (éminemment souhaitables) compensent trop peu. Mais pourquoi
diable vouloir que les hommes et les femmes exercent les mêmes métiers aux mêmes
postes et désirer imposer la parité dans ce domaine aussi. Stupidité ! Informons
correctement et laissons aux jeunes la liberté de choisir leur métier et leur
destin.
Vu l'objectif
retenu, il est à peine surprenant de voir « Proposer la prise compte de données
sexuées dans la construction des projets annuels de performances ministériels et
définir des objectifs (encore des quotas en vue!) pour
la mixité des filières d'enseignement et l'orientation scolaire »... ainsi que «
Veiller à exclure tout stéréotype sexiste dans l'information délivrée (est-ce le
terme approprié ?) sur les métiers et les filières de
formation ».
Ce dernier
volet comprend notamment « Appliquer, au regard des circulaires en vigueur,
l'usage de la féminisation des noms des métiers, fonctions, grades et titres et
utiliser le langage épicène ». D'après Hachette 2009, « épicène se dit d'un nom
qui désigne indifféremment l'un ou l'autre sexe d'une espèce animale (ex.
grenouille, crapaud) » ou « qui ne varie pas morphologiquement au masculin et au
féminin (ex. je, enfant) ». Intéressant, révélateur et
probablement décisif, n'est-ce pas ? Il est (re)commandé de « promouvoir les formations qui sont les
moins attractives pour les jeunes filles, mais aussi pour les jeunes hommes ».
Pour leur (re)donner le goût aux études
?
Et il faut «
définir des objectifs de progression de la mixité dans les internats ». Toutes
les filles et tous les garçons « interné(e)s » ne s'en plaindront sans doute
pas. Plus grave, et coûteux, « Le déploiement des emplois d'avenir et des
contrats de génération sera l'occasion de promouvoir cet objectif de mixité en
direction des employeurs concernés ». Là, nous pataugeons dans la gadoue de la
discrimination. Moyennant finances (publiques), les employeurs devront «
privilégier » tantôt les recrutements de (jeunes) femmes ou (plus rarement)
d'hommes, au détriment d'une sélection objective. Décidément, même les emplois
aidés doivent être accommodés à la sauce socialo féministe
!
Surdose de
méthode Coué
pour les
petits soldats de l'éducation
La partie du
texte présentée ici, de moins de 9 pages de format 21 x 29,7, ne compte pas
moins de 41 fois les expressions «’égalité entre les sexes, « entre les filles
et les garçons », « entre femmes et hommes », 17 fois « stéréotypes sexistes »
et 1 fois seulement « stéréotype de sexe », 13 fois « violences (y compris à
caractère sexiste) à l'école », 10 fois « mixité », 10 fois « éducation à la
sexualité », 3 fois « données ou analyses sexuées », 9 fois « genre », 8 fois «
contraception », 2 fois « prévention des grossesses » (précoces et non désirées)
et 6 fois « discriminations ».
Méthode Coué,
surdose de la répétition de ces termes, dans un texte dont l'objet n'est pas
d'analyser, de faire réfléchir, de convaincre. Il n'est que d'affirmer, de
donner des ordres aux petits soldats des ministères et des gages à une partie
des féministes ainsi que des groupes de pression LGBT qui soutiennent et
guident, orientent les gouvernants. La convention n'en est pas moins néfaste et
dangereuse.
Aux urnes,
citoyens!
Il est très
regrettable que la droite laisse le champ sociétal aux seules mains de la gauche
et de bobos soixante-huitards. Par sa résistance et sa déter-mination, une partie active de la société civile a
montré toute l'importance qu'elle attachait à la protection des enfants et de la
famille, à ses valeurs, ses us et coutumes. Puisque les partis de droite et du
centre ont entrepris de redéfinir, de préciser, leurs « projets », il leur faut
absolument y intégrer cette dimension sociétale. Faute de quoi, ils décevront
maintenant beaucoup de citoyens et d'électeurs.
En attendant,
avec impatience, l'alternance politique, les prochaines élections municipales et
européennes sont des occasions rares d'exprimer concrètement son approbation ou
son mécontentement, son désaccord, son opposition à la « politique » conduite
depuis mai 2012. La gauche craint un vote sanction et prétend que les
municipales sont des élections à enjeux locaux uniquement et pas nationaux.
Pourquoi tant de « députés-maires » et « sénateurs-maires », alors ? Certes, la
qualité de la gestion locale est un critère, mais, bien des décisions et
orientations prises au niveau national déterminent et/ou influencent des
positions locales... et réciproquement. Tous aux urnes, donc
!
NB -
Propos
recueillis : beaucoup de femmes ne nourrissent pas de complexes d'infériorité
vis à vis des hommes et trouvent blessants des quotas égalitaristes ou d'autres
formes de discriminations sensées être positives à leur égard, qui font d'elles
des sous-hommes ne pouvant se passer de secours. Nombre d'entre elles ne
souhaitent pas être les « égales » des hommes, elles tiennent à leurs
différences et à la complémentarité hommes-femmes. Et la concurrence qu'on
s'efforce d'instaurer entre sexes (ou genres) n'est pas spécialement leur tasse
de thé.